Les ONG comme vecteurs de la mondialisation de l'opinion publique

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Vincent DAVID Année 1998/1999 Directeur de mémoire: Jacques GERSTLE                Les ONG comme vecteurs de la mondialisation de l'opinion publique   
               DEA de Science politique (Communication, Sociologie Politique) UFR 3èmeCycle Sciences des organisations Université Paris IX- Dauphine  
 
1
 Sommaire  I. Les opinions publiques nationales comme source de légitimité politique des ONG sur le plan international.  A] La place des ONG dans le système politico-économique international.  1/ La participation des ONG aux décisions politiques mondiales.    a) La participation des ONG aux grandes conférences des Nations Unies. b) La participation des ONG dans les organisations internationales.  2/ La prépondérance des Etats, des organisations internationales et des multinationales.  a) Le rôle institutionnel des Etats et des organisations internationales.  b) Les acteurs dominants de la mondialisation économique.  B] Le lobbying citoyen lors des campagnes internationales menées  par des ONG.  1/ La sensibilisation et la mobilisation des opinions publiques nationales.    a) Le rôle des réseaux militants.  b) Le rôle des médias.  2/ La pression des opinions publiques nationales sur les décideurs.    a) Les pétitions, les lettres et les cartes postales.  b) Les manifestations et leur médiatisation.
     
 
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II. Les mouvements d'opinion à l'échelle internationale : entre opinion publique mondiale, conscience mondiale et société civile mondiale.  A] L'opinion publique mondiale comme fiction.   1/ Les discours sur l'opinion publique mondiale.    a) Le discours des médias et des ONG sur l'opinion publique mondiale.  b) Le discours des chercheurs sur l'opinion publique mondiale.   2/ Les obstacles à l'avénement de l'opinion publique mondiale.    a) Les obstacles théoriques.  b) Les obstacles politiques et culturels.                
 
B] La conscience mondiale et la société civile mondiale, protectrices de l'humanité et du globe.   1/ La conscience mondiale comme idéal.   a) Les fondements théoriques de la conscience mondiale .  b) Les manifestations juridiques et politiques de la conscience mondiale .  2/ La société civile mondiale comme un futur en élaboration.   a) Les ONG, une des composantes de la société civile mondiale.  b) Les preuves de l'émergence de la société civile mondiale.  
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INTRODUCTION  Portant un grand intérêt depuis longtemps aux phénomènes d'opinion publique, et aux problématiques liées aux pays en développement et à la mondialisation, nous avons voulu mieux comprendre les transformations à l'œuvre dans la vie politique internationale, du fait de campagnes internationales initiées par des organisations non-gouvernementales dont l'objectif est d'améliorer le devenir de l'humanité et du globe. Les enjeux politiques et philosophiques de ces processus nous ont alors semblé suffisamment intéressants pour engager une recherche universitaire au moyen de ce mémoire.  L'emploi de l'expression " ONG " (Organisations Non-Gouvernementales) évoque pour le sens commun, une certaine catégorie d'ONG, à savoir les associations humanitaires d'urgence, telles qu'elles se font connaître lorsque des conflits ou des grandes catastrophes surviennent dans le monde. Pour autant et malgré son titre, l'objet de ce travail n'est pas l'étude du lien entre ONG, médias et charité.1   En fait, il existe des ONG de toute nature, puisque l'Union des associations internationales estime qu'elles couvrent une centaine de secteurs d'activité, regroupés en dix rubriques : politique, pratique religieuse, activités récréatives, éducation, conditions de vie, problèmes sociaux, industrie et commerce, transports, emploi, société, médecine, sciences fondamentales (Laroche, 1998, 127).  Du fait de son imprécision, des alternatives à l'expression " ONG " ont été envisagées comme par exemple " Associations de Solidarité Internationale ". Cette expression est en général utilisée en France par les structures elles-mêmes et semble davantage s'appliquer aux associations des pays occidentaux. Néanmoins, l'utilisation de l'expression " ONG " dans les textes fondateurs des Nations Unies et sa consécation par l'usage, font qu'elle continue à être employée dans les documents internationaux et dans les recherches universitaires. Nous la conserverons donc tout au long de ce mémoire.  Ces hésitations sémantiques sont liées à la difficulté de définir précisément ce qu'est une ONG. Or cette définition est déterminante, puisqu'elle va conditionner le recensement et la typologie des ONG, et donc d'une certaine manière, l'évaluation de leur force symbolique vis-à-vis d'autres structures.                                                                    1 des approches intéressantes sur ce sujet, voir Luc Boltanski, PourLa souffrance à distance. Paris : Métailié, 1993. Rony Brauman et René Backmann,Les médias et l'humanitaire. Paris : Editions du CFPJ, 1996. Rony Brauman, Devant le mal. Rwanda : un génocide en direct. Paris : Arléa, 1994. Spyros Franguiadakis, "Affichage humanitaire..." , in Jacques Ion et Michel Peroni (dir.),Engagement public et exposition de la personne : Editions de l'Aube,. Paris 1997. 
 
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Ainsi Gerard Clarke, dans un article incitant la science politique à effectuer davantage de recherches sur les ONG eu égard à leur essor, parle de 110 000 ONG au Brésil et de 100 000 en Inde ; ce qui laisse penser qu'il existe des centaines de milliers d'ONG dans le monde. Cette comptabilité nous paraît quelque peu ethnocentriste, dans la mesure où elle semble considérer, par exemple, des associations de réinsertion dans les pays du Sud comme des ONG, tandis que des associations de réinsertion en Europe seraient rangées dans la catégorie des associations. Cet auteur semble en fait qualifier d'ONG, certaines associations situées dans les pays en développement ou bien les associations occidentales agissant pour les pays en développement. Selon sa définition, une ONG est une structure privée, sans but lucratif, professionnelle, avec un statut juridique et poursuivant un objectif de bienfaisance. Il exclut de cette définition les hôpitaux et écoles privées, les groupes religieux et les clubs de sport. En outre, il distingue les ONG des organisations populaires, qui elles ont un caractère local et non professionnel. Dans la définition qu'il donne des ONG, il ne parle absolument pas d'une dimension internationale (Clarke,Political Studies, march 1998, 36).  Riccardo Petrella estime, quant à lui, qu'il y a entre 500 000 et un million d'ONG dans le monde (Petrella, 1997, 93).  D'autres internationalistes (spécialistes des relations internationales), avec peut-être aussi une vision ethnocentriste, parlent eux de 5 000 ONG dans le monde, précisant leur caractère essentiellement occidental et négligeant sans doute à ce titre, l'émergence de structures comparables dans les pays du Sud (Jacquier, 1993, 146. Jouve, 1992, 102. Moreau-Desfarges, 1998, 142. De Senarclens, 1998, 46). L'écart entre ces deux évaluations est considérable, du fait sans doute d'une définition des ONG totalement différente.  Selon Bernard Jacquier, les ONG peuvent se définir par opposition aux organisations internationales et aux sociétés multinationales. A la différence des premières, elles sont des groupements privés formés de personnes physiques ou morales, appartenant à différents pays et qui se regroupent pour poursuivre certains objectifs. A la différence des sociétés multinationales, les ONG se limitent à des objectifs non lucratifs (Jacquier, 1993, 145). Selon Pierre de Senarclens, leur champ d'action se situe dans les relations internationales (de Senarclens, 1992, 155). Edmond Jouve parle, lui, d'organisations non-gouvernementales internationales (ONGI), peut-être pour les différencier des ONG des pays en développement (Jouve, 1992, 102).  Compte-tenu de la diversité des approches et des critères retenus par les différents auteurs, il nous semble plus pertinent de ne retenir que la définition de l'Union des associations internationales. Selon elle, une ONG est une association composée de représentants appartenant à plusieurs pays et qui est internationale par ses fonctions, la composition de sa direction et les sources de son financement. Elle n'a pas de but lucratif et bénéficie d'un statut consultatif auprès d'une organisation intergouvernementale (Laroche, 1998, 126). Josepha Laroche retient cette définition et avance le chiffre de 30 000 ONG (Laroche, 1998, 127).       
 
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Néanmoins, lors des campagnes internationales que nous allons évoquer, des associations du Sud qui n'ont pourtant pas de vocation internationale dans leur objet social et ne peuvent donc être qualifiées d'ONG, ont pu s'associer à ces campagnes et ainsi être considérées comme des ONG ou du moins affiliées à des collectifs d'ONG. On le voit, la difficulté de parvenir à une typologie des ONG acceptable à la fois par les chercheurs, les instances internationales et les acteurs eux-mêmes, semble insurmontable. Elle rappelle les mêmes problèmes que rencontrent les sociologues travaillant sur le fait associatif en France, dans la mesure où derrière les 700 000 associations recensées en France, se cache l'extrême diversité de leur objet social et de leur réalité sociologique.  Ainsi ne prétendant pas résoudre la difficulté et souhaitant une clarté dans notre démonstration, nous prendrons l'expression " ONG ", malgré son ambiguïté, dans une acception générique et considérerons comme étant des ONG, toutes les associations participant aux campagnes internationales que nous évoquerons.  Si nous avons beaucoup utilisé les écrits des chercheurs en relations internationales, ce mémoire n'est en aucun cas une réflexion théorique dans cette discipline. Nous ne prendrons donc pas position dans les débats qui opposent les divers courants en présence quant aux questions relatives à la souveraineté, à l'interdépendance, à l'hégémonie, à la gouvernance ou à la puissance2. Toutefois, compte-tenu de la démarche qui a guidé le choix de ce sujet, et de la façon dont nous l'avons traité, nous avons conscience de nous inscrire plutôt dans le courant constructiviste, notamment représenté en France, par Marie-Claude Smouts et Bertand Badie ; aux Etats-Unis, par James Rosenau et Robert Cox ; en Grande-Bretagne, par Susan Strange.  Ce courant s'oppose au réalisme, c'est-à-dire à une vision stato-centrée des relations internationales, telle qu'elle a pu être développée par Hans Morgenthau, Henry Kissinger, Raymond Aron ou plus récemment Kenneth Waltz. Pour les constructivistes, les Etats ne sont plus les seuls acteurs des relations internationales car ils sont amenés à coopérer avec d'autres, comme les organisations internationales, les multinationales ou les ONG.   Ce courant, s'il analyse parfaitement bien les phénomènes d'hégémonie et de puissance, est néanmoins attaché à une vision normative des relations internationales, car il plaide pour un monde de plus en plus responsable, juste et solidaire.  Même si dans ce travail, il sera question des rapports entre ONG et organisations internationales, il ne s'agit ni d'étudier le financement des ONG par les organisations internationales, ni d'évaluer la coopération complexe entre organisations internationales, ONG du Nord et ONG du Sud dans le développement des pays du Sud. Ceci relèverait de l'économie du développement et de la géographie du développement, et ne concerne pas nos interrogations.  Notre objectif, à travers différentes approches relevant essentiellement de la science politique, sera double. D'une part, nous souhaitons mieux comprendre les liens entre ONG et opinion publique, au niveau international. D'autre part, il nous paraît intéressant de déconstruire l'expression "opinion publique mondiale" et d'explorer d'autres notions susceptibles de la concurrencer.                                                            2 un résumé clair et objectif sur ces théories, voir Jean-Claude Ruano-Borbalan, PourSciences Humaines, n°91. En outre, ces théories sont en général exposées dans chaque manuel de relations internationales. 
 
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