Paroles publiques et figures du public en France dans la première partie du XVIIe siècle - article ; n°26 ; vol.7, pg 51-66
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Politix - Année 1994 - Volume 7 - Numéro 26 - Pages 51-66
Public discourse and forms of the public in France during the first part of the 17th Century.
Hélène Merlin. [51-66]
During the 17th Century, the absolutist structure of the power is consolidated in France, and, according to R. Koselleck, this structure is based on the dissociation between the public and the private. Les Belles Lettres, a public activity of the private, is in a position to break this rational division of things : by publishing the private and by projecting the public into a number of representations, the «literary- activity separates itself from the private and the public sphere but at the very moment when these two spheres are dissociated : the literary activity accompanies and help this dissociation, producing a form of the public which is both part of this new socio-political configuration and of the old model of the political body.
Paroles publiques et figures du public en France dans la première partie du XVTIe siècle.
Hélène Merlin. [51-66]
Le XVIIe siècle voit en France se consolider la structure absolutiste du pouvoir dont R. Koselleck a montré qu'elle repose sur la scission du public et du particulier. Les Belles Lettres, activité publique du particulier, se trouvent en position de perturber ce partage rationnel : en publiant le particulier, en projetant le public dans des représentations variées, l'activité 'littéraire» se détache et de la sphère privée et de la sphère publique mais de façon contemporaine à leur scission même, c'est-à-dire en l'accompagnant et en la travaillant, pour produire une figure du public qui tient à la fois de la nouvelle configuration socio-politique et de l'ancien modèle du corps politique.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Hélène Merlin
Paroles publiques et figures du public en France dans la
première partie du XVIIe siècle
In: Politix. Vol. 7, N°26. Deuxième trimestre 1994. pp. 51-66.
Abstract
Public discourse and forms of the public in France during the first part of the 17th Century.
Hélène Merlin. [51-66]
During the 17th Century, the absolutist structure of the power is consolidated in France, and, according to R. Koselleck, this
structure is based on the dissociation between the public and the private. Les Belles Lettres, a public activity of the private, is in a
position to break this rational division of things : by publishing the private and by projecting the public into a number of
representations, the «literary- activity separates itself from the private and the public sphere but at the very moment when these
two spheres are dissociated : the literary activity accompanies and help this dissociation, producing a form of the public which is
both part of this new socio-political configuration and of the old model of the political body.
Résumé
Paroles publiques et figures du public en France dans la première partie du XVTIe siècle.
Hélène Merlin. [51-66]
Le XVIIe siècle voit en France se consolider la structure absolutiste du pouvoir dont R. Koselleck a montré qu'elle repose sur la
scission du public et du particulier. Les Belles Lettres, activité publique du particulier, se trouvent en position de perturber ce
partage rationnel : en publiant le particulier, en projetant le public dans des représentations variées, l'activité 'littéraire» se
détache et de la sphère privée et de la sphère publique mais de façon contemporaine à leur scission même, c'est-à-dire en
l'accompagnant et en la travaillant, pour produire une figure du public qui tient à la fois de la nouvelle configuration socio-politique
et de l'ancien modèle du corps politique.
Citer ce document / Cite this document :
Merlin Hélène. Paroles publiques et figures du public en France dans la première partie du XVIIe siècle. In: Politix. Vol. 7, N°26.
Deuxième trimestre 1994. pp. 51-66.
doi : 10.3406/polix.1994.1841
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1994_num_7_26_1841Paroles publiques et figures du public
en France dans la première partie du XVIIe siècle
Hélène Merlin
Université de Flandres-Artois
TOUTES SORTES DE QUESTIONS traversent aujourd'hui la réflexion sur
l'espace public, sous la forme d'une inquiétude à la fois politique et
théorique : si d'un côté la démocratie de masse a affecté la nature de
l'opinion publique, si de l'autre les collusions de la scène politique et de
la scène médiatique a provoqué une crise générale de la représentation, si
l'usage de la télévision implique à la fois l'extension maximale de l'horizon du
commun et le repli parallèle sur les plus étroites préoccupations du propre, si
enfin de façon générale le lien social apparaît considérablement fragilisé à la
fois par la crise économique et l'absence de projet politique capable de
susciter adhésion et débat, peut-on encore penser ces phénomènes qui
affectent nos sociétés à partir du «concept normatif» de V espace public tel que
J. Habermas l'a dégagé dans son livre majeur, L'espace public. Archéologie de
la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise1 ?
Vaste problème, que je ne prétends pas résoudre ici. Je partirai cependant
d'un constat : même si toutes sortes d'analyses en ont renouvelé l'approche, le
XVIIIe siècle reste une référence obligée pour toute réflexion menée sur le
public, comme si quelque chose de décisif et d'originel se nouait là pour notre
modernité — comme si le siècle des Lumières fournissait le chantier définitif
de toutes les questions possibles concernant à la fois les modalités de
formation d'une opinion publique fondée sur une éthique de la discussion et
de la publicité et les mises en scène ou les modes d'apparition de la
communauté.
Il est notamment frappant de constater à quel point le XVIIe siècle français est
ignoré par cette réflexion, sauf à le considérer comme un moment-étape dans
le processus de genèse de la sphère publique bourgeoise. Deux textes
fondateurs autorisent cette perspective : Le règne de la critique de Reinhardt
Koselleck2 et le livre de Jürgen Habermas, déjà mentionné. Dans Le règne de
la critique, R. Koselleck a montré comment les guerres civiles de religion
avaient débouché sur une solution politique de compromis, la solution
absolutiste qui, réservant au souverain le monopole de la décision politique,
décharge les sujets de toute responsabilité à l'égard de l'État et exige d'eux
désormais une obéissance passive et extérieure qui n'engage pas leur
conscience ; en retour, le souverain leur concède la liberté d'opinion :
«L'homme se coupe en deux : une moitié privée et une moitié publique ; les
1. Habermas (J.), L'espace public. Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la
société bourgeoise, Paris, Payot, 1978.
2. Koselleck (R.), Le règne de la critique, Paris, Minuit, 1979-
Politix, n°26, 1994, pages 51 à 66 51 Hélène Merlin
actions et les actes sont soumis sans exception à la loi de l'État, la conviction
est libre, in secret free»1 .
Au XVIIIe siècle, «la morale qui aspire à la politique sera le grand thème du
XVIIIe siècle»2 et la conscience privée réinvestira le public dans l'oubli des
conditions historiques qui avaient rendu nécessaire une telle dichotomie.
Analyse capitale. En insistant sur la logique du secret développée par la
scission du public et du particulier — secret de la décision politique, secret de
la conscience privée — elle semble toutefois induire l'idée selon laquelle il ne
saurait y avoir au XVIIe siècle ni parole publique — parole dotée d'une
fonction publique — ni évidemment figure de public.
L'espace public renforce cette perspective. J. Habermas y analyse en effet les
facteurs socio-historiques qui font émerger la «sphère publique bourgeoise» au
XVIIIe siècle par différenciation de «la sphère publique de représentation». En
opposant à l'Etat l'ensemble de leurs intérêts communs, les personnes privées
ouvrent un espace de communication par lequel, dans un mouvement auto-
réflexif, elles se posent comme public capable d'exprimer, par le libre usage
unificateur de leur raison, une opinion publique transcendant les différences et
les différends particuliers.
Dans l'analyse de J. Habermas, la «sphère publique de représentation»
apparaît essentiellement comme le négatif de la sphère publique bourgeoise :
simulacre ou mystification, elle sert essentiellement à manifester et à légitimer
l'autorité. Elle vaut en quelque sorte comme un pseudo-fondement : «Cette
sphère publique structurée par la représentation ne se constitue pas tel un
domaine social, comme la sphère de ce qui est public : au contraire, si l'on
peut encore y appliquer ce terme, c'est qu'elle joue, à peu de choses près, le
rôle d'être signe caractéristique d'un statut [...]. Cette sphère publique
représentative [...] est liée à l'existence concrète du seigneur, et [...] donne à
son autorité une certaine aura»3.
Or cette notion de «sphère publique de représentation»4 pose autant de
problèmes qu'elle en résout : pour Habermas, malgré des réaménagements
notables, elle semble s'étendre du Moyen Âge au XVIIe siècle. Sous Louis XIV,
avec l'institution de la Cour, écrit même Habermas, «les grandes lignes de la
sphère publique fondée sur la représentation ne se contentent pas d'être
simplement conservées, elles ressortent même davantage et plus nettement»^.
Tout se passe comme si le constat d'un défaut (la «sphère publique de
représentation» manque de tout ce qui apparaît comme les caractéristiques
non seulement positives mais indispensables de la «sphère publique
bourgeoise») suffisait à identifier des rapports au politique et à la
représentation publique pourtant forts différents voire opposés : ainsi,
1. Kosel

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