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HISTOIRE
Que reste-t-il de la révolution d’Octobre ?
TABLE RONDE . Les historiens Marc Ferro, Nicolas Werth et Serge Wolikow
reviennent sur la signification de cet événement qui a marqué l’histoire du XXe siècle.
Il y a quatre-vingt-dix ans, dans la nuit du 6 au 7 novembre (du 24 au 25 octobre dans le calendrier
julien en vigueur à cette époque en Russie), des unités de soldats ralliées au parti bolchevik de
Lénine prennent le contrôle de la capitale russe, Petrograd. Kerenski, président du gouvernement
provisoire (constitué depuis l’abdication du tsar Nicolas II en février), s’enfuit. Le 7 novembre, le
Comité militaire révolutionnaire de Petrograd (CMRP) proclame la dissolution du gouvernement
provisoire, tandis que, le soir, le Palais d’hiver, siège du gouvernement, est occupé. Dans la nuit,
s’ouvre le congrès des soviets à l’institut Smolny. L’insurrection est ratifiée par les seuls représentants
bolcheviks et socialistes révolutionnaires de gauche (les autres partis, minoritaires, ayant quitté la
salle). Le 8 novembre, le congrès vote la constitution d’un gouvernement bolchevik présidé par
Lénine, le Conseil des commissaires du peuple. Acte d’ouverture pour les dirigeants bolcheviks d’une
révolution mondiale à venir, la révolution d’Octobre entrait dans l’histoire.
Comment caractériser les événements d’Octobre 1917 : était-ce une révolution ou un coup
d’État ?
Marc Ferro
. Les deux, évidemment… La révolution d’Octobre est née des tentatives inabouties de
février 1917. On ne dit pas suffisamment que février a également été une révolution. Peut-être pas à
la façon dont l’entendaient la doctrine marxiste ou les dirigeants de l’époque. Mais une révolution
intégrale, dans la mesure où, entre février et octobre, se sont produits des phénomènes inégalés dans
l’histoire. J’aime citer les ouvriers à Moscou qui dictent un nouveau Code ouvrier à leur patron, les
étudiants d’Odessa qui dictent à leurs profs un nouveau programme d’histoire, les soldats qui
demandent aux aumôniers de venir à leurs réunions pour donner enfin un sens à leur vie, les enfants
qui veulent qu’on arme les adolescents pour être enfin les égaux des adultes. C’est un monde
renversé. Un peu anarchique, qui n’aboutit à rien politiquement. Le régime en place échoue à
promulguer les réformes qui eussent légitimé tous ces changements. Et c’est cette impuissance qui
conduit inéluctablement à une deuxième révolution, celle des comités ou soviets multiples : de
ravitaillement, de quartier, de sécurité… En octobre, tout ce pullulement de comités sans tête se
trouve avoir un parti qui le pilote. Ce dernier a réussi à les coloniser en mettant à leur tête des bureaux
qui les gèrent pour autant que les mencheviks ont failli dans leur gestion de l’État.
Mais parallèlement à cette révolution par en bas, qui est le fait de ces multiples comités qui vont
renverser un gouvernement qui n’a plus d’État pour le soutenir, il s’est produit un coup d’État. Le
congrès des soviets, qui, en majorité bolchévik, pouvait s’instituer nouveau pouvoir soviétique, s’est
trouvé distancé par un organe issu du soviet de Petrograd. C’est ce comité qui a déclaré aboli le
gouvernement provisoire et proclamé le nouveau régime. Disons que Lénine a su gagner les siens
pour qu’aboutisse cette opération. C’est lui qui veut qu’une insurrection ait lieu pour que, les soviets
l’emportant, on ait un gouvernement qui ne soit pas intersoviétique mais purement bolchevik. Là se
trouve le coup d’État. Et il y a même un petit coup d’État à l’intérieur du coup d’État puisque dans ce
comité issu du soviet de Petrograd, Lénine signe tout seul un décret disant qu’il en est le président,
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