Réseaux de sociabilité et adhésion syndicale. Le cas de la CFDT - article ; n°63 ; vol.16, pg 17-51
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Description

Politix - Année 2003 - Volume 16 - Numéro 63 - Pages 17-51
Social Networks and Union Membership: The Case of the Confédération française démocratique du travail (CFDT) Bruno Duriez, Frédéric Sawicki This paper is based on results from a questionnaire sent to a sample of members of the French trade-union CFDT (Conféderation française et démocratique du travail, Nord-Pas-de-Calais branch). The survey was completed by a series of interviews about the logic of trade-union membership. It distinctly shows the importance of people-networking for any decision-making process on becoming a member. As one of various types of relationship, obviously work-connections do matter more than other connections, as with the voluntary sector, political parties or, to a lesser extent, family surroundings. This change is partly due to the way CFDT recruits its members. Since they gather persons who have few strong links - or at least few multiplex ones - with each other, trade-unions seem to have difficulties in being able to develop their own sociability. More than ever faith in the institution relies on activists' and local representatives' capacity to keep a relationship among members to a minimum.
Réseaux de sociabilité et adhésion syndicale. Le cas de la CFDT Bruno Duriez, Frédéric Sawicki L'analyse d'une enquête par questionnaire menée auprès des adhérents de la CFDT du Nord-Pas-de-Calais, complétée par une série d'entretiens centrés sur les logiques de l'adhésion syndicale met clairement en évidence l'importance des réseaux relationnels dans le processus d'engagement. Parmi ceux-ci, les relations professionnelles l'emportent nettement aujourd'hui sur les relations extraprofessionnelles dans le cadre associatif, politique et, dans une moindre mesure, familial. Cette évolution est en partie le fruit de la politique de recrutement menée par la CFDT. En rassemblant des personnes qui ont peu de liens forts entre elles, ou en tout cas peu de liens multiplexes, les syndicats semblent difficilement être en mesure de développer une sociabilité propre. Plus que jamais la fidélité à l'institution repose sur la capacité des militants et des délégués de terrain à maintenir un minimum de liens, souvent ténus, entre les adhérents.
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 88
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Bruno Duriez
Frédéric Sawicki
Réseaux de sociabilité et adhésion syndicale. Le cas de la
CFDT
In: Politix. Vol. 16, N°63. Troisième trimestre 2003. pp. 17-51.
Citer ce document / Cite this document :
Duriez Bruno, Sawicki Frédéric. Réseaux de sociabilité et adhésion syndicale. Le cas de la CFDT. In: Politix. Vol. 16, N°63.
Troisième trimestre 2003. pp. 17-51.
doi : 10.3406/polix.2003.1291
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_2003_num_16_63_1291Résumé
Réseaux de sociabilité et adhésion syndicale. Le cas de la CFDT
Bruno Duriez, Frédéric Sawicki
L'analyse d'une enquête par questionnaire menée auprès des adhérents de la CFDT du Nord-Pas-de-
Calais, complétée par une série d'entretiens centrés sur les logiques de l'adhésion syndicale met
clairement en évidence l'importance des réseaux relationnels dans le processus d'engagement. Parmi
ceux-ci, les relations professionnelles l'emportent nettement aujourd'hui sur les relations
extraprofessionnelles dans le cadre associatif, politique et, dans une moindre mesure, familial. Cette
évolution est en partie le fruit de la politique de recrutement menée par la CFDT. En rassemblant des
personnes qui ont peu de liens forts entre elles, ou en tout cas peu de liens multiplexes, les syndicats
semblent difficilement être en mesure de développer une sociabilité propre. Plus que jamais la fidélité à
l'institution repose sur la capacité des militants et des délégués de terrain à maintenir un minimum de
liens, souvent ténus, entre les adhérents.
Abstract
Social Networks and Union Membership: The Case of the Confédération française démocratique du
travail (CFDT)
Bruno Duriez, Frédéric Sawicki
This paper is based on results from a questionnaire sent to a sample of members of the French trade-
union CFDT (Conféderation française et démocratique du travail, Nord-Pas-de-Calais branch). The
survey was completed by a series of interviews about the logic of trade-union membership. It distinctly
shows the importance of people-networking for any decision-making process on becoming a member.
As one of various types of relationship, obviously work-connections do matter more than other
connections, as with the voluntary sector, political parties or, to a lesser extent, family surroundings.
This change is partly due to the way CFDT recruits its members. Since they gather persons who have
few strong links - or at least few multiplex ones - with each other, trade-unions seem to have difficulties
in being able to develop their own sociability. More than ever faith in the institution relies on activists'
and local representatives' capacity to keep a relationship among members to a minimum.Réseaux de sociabilité et adhésion syndicale
Le cas de la CFDT
Bruno DURIEZ
Frédéric Sawicki
« Chaque salarié est un adhérent
potentiel de la CFDT, sans examen
de passage. »
Nicole Notât1
Qu'elle soit envisagée comme une condition ou comme un résultat,
l'insertion dans des réseaux sociaux mettant en relation un individu
et des agents mobilisés est fréquemment présentée comme l'une des
variables explicatives de l'enrôlement dans une action ou une organisation
militante, en complément des variables « dispositionnelles2 ». En amont de
l'engagement, la famille, les amis, les collègues de travail ou les camarades
d'école, les voisins, etc. apparaissent non seulement comme des instances de
socialisation, mais comme les vecteurs de la prise de contact avec les
organisations ou les groupes agissant en faveur de la défense d'une cause.
Les relations et les informations qu'ils procurent et la contrainte qu'ils
1. « Visages et sens de l'engagement syndical », in Wieviorka (M.) et al., Raison et conviction :
l'engagement, Paris, Textuel, 1998, p. 142.
2. Cf. les articles fondateurs de Snow (D.A.), Zürcher (L.A.), Ekland-Olson (S.), « Social
Networks and Social Movements: A Microstructural Approach to Differential Recruitment »,
American Sociological Revieiv, 45, 1980 et Stark (R.), Brainbridge (W.S.), « Networks of Faith:
Interpersonal Bonds and Recruitment to Cults and Sects », American Journal of Sociology, 85, 1980.
Politix. Volume 16 - n° 63/2003, pages 17 à 51 Politix n° 63 18
exercent, dans un sens positif ou négatif (approbation, sollicitation ou
désapprobation, stigmatisation, voire ostracisme), facilitent ou au contraire
freinent le passage à l'acte. En ce sens, « [c]es interactions sociales [...]
servent de passerelle pour relier les structures à l'intention de l'acteur3 ». En
aval, les relations nouées au sein des organisations sont souvent analysées
comme des éléments forts du maintien de l'engagement, la fidélité à
l'institution étant en quelque sorte médiatisée par la fidélité aux personnes
qu'on y côtoie. Le terme « engagement » révèle ici toute sa portée
heuristique. S'engager, ce n'est pas seulement épouser une cause et y
consacrer une partie de son temps, c'est aussi endosser un rôle et une
identité sociale, s'inscrire dans un système d'échanges et d'obligations
réciproques, bref prendre des engagements à l'égard des autres4. Quand
ceux-ci sont devenus des amis, des proches, le désengagement devient
coûteux affectivement, identitairement et, pour tout dire, moralement, y
compris dans les situations de dissonance cognitive5. Ainsi peut-on faire
l'hypothèse que plus les liens au sein d'un groupe militant sont denses et
intenses, plus la fidélité à l'institution qu'il constitue sera forte6.
Ce scheme interprétatif général a bien des mérites. Il éclaire le rôle central de
certains milieux sociaux dans la production de l'adhésion et du militantisme
et permet de rapporter les niveaux de mobilisation des groupes à la densité
des relations sociales qui les sous-tend7. De fait, les milieux propices à
l'engagement se caractérisent souvent par un enchevêtrement de liens de
divers ordres (familiaux, amicaux, professionnels, syndicaux, associatifs,
politiques ou religieux) qui produisent de la solidarité et de la loyauté, et
3. Passy (F.), L'action altruiste, Genève, Droz, 1999, p. 80.
4. Sur ce point, cf. notamment Becker (H.S.), « Notes on the Concept of Commitment », American
Journal of Sociology, 66, p. 32-40 et Joule (R.-V.), Beauvois (J.-L.), La soumission librement consentie.
Comment amener les gens à faire librement ce qu'ils doivent faire ?, Paris, PUF, 1998, chap. 3 : « La
psychologie de l'engagement ».
5. Festinger (L.), Riecken (H.W.), Schachter (S.), L'échec d'une prophétie. Psychologie sociale d'un
groupe de fidèles qui prédisaient la fin du monde, Paris, PUF, 1993 [lre éd. : 1956].
6. C'est ce que montre, parmi beaucoup d'autres, le témoignage de G. Belloin à propos du parti
communiste des années 1950-1970 (Mémoires d'un fils de paysans tourangeaux entré en
communisme. L'enfance dure longtemps, Paris, Editions de l'Atelier, 2000) dans lequel il admet être
resté au parti bien après avoir cessé d'en partager les orientations. C'est ce qui explique, par
contrecoup, le caractère passionnel ou affectif des scissions dans ce type de structure.
7. On rejoint ici l'idée qu'exprime la notion intraduisible de « catnetness », popularisée par
Ch. Tilly, qui associe les sociabilités volontaires {net) et les identités catégorielles (cat). Si l'on
s'en tient au cas français, ce phénomène est illustré par les recherches de F. Sawicki sur les
enseignants du Pas-de-Calais (Les réseaux du Parti socialiste. Sociologie d'un milieu partisan, Paris,
Belin, 1997) ou (avec L. Berlivet) sur les syndicalistes CFTC bretons de l'après-guerre (« La foi
dans l'engagement », Politix, 27, 1994) ; ainsi que celles de J.-P. Molinari sur les « matrices
ouvrières communistes » (Les ouvriers communistes, Thonon-les-Bains, L'Albaron, 1991), que
complète utilement la thèse récente de J. Mischi (Structuration et désagrégation du
communisme français. 1920-2002. Usages sociaux du parti et travail partisan en milieu
populaire, Thèse pour le doctorat de science politique, EHESS, 2002). Réseaux de sociabilité et adhésion syndicale 19
rendent difficile la défection. Cette perspective rend en outre
compréhensible le maintien des engagements dans la durée, voire leur
réactivation après des périodes de latence

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