Sectes,mensonges et idéaux
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12 HISTOIREVIVANTE
LA LIBERTÉ VENDREDI 20 NOVEMBRE 2009
Sectes, mensongeset idéaux PARADIS HELVÉTIQUE¥ Les sectes ne sont plus sous le feu mÈdiatique depuis une dizaine dÕannÈes. Elles restent pourtant actives dans un pays moins coercitif que ses voisins et qui respecte les minoritÈs religieuses.
THIERRY JACOLET Il y a toujours un groupe re-ligieux sur le-quel la popu-lation rejet-te ses peurs et ses fan-tasmes. En Suisse, cÕest lÕislam. La polÈmique autour de lÕini-tiative visant ‡ interdire la construction des minarets en votation le 29 novembre le rap-pelle chaque jour. Les sectes ne sÕen plain-dront pas. Il y a une dizaine dÕannÈes encore, ce sont elles qui tenaient le rÙle peu envieux de boucs Èmissaires. ´Mais ‡ partir des attentats du 11 sep-tembre 2001, le dÈbat sur lÕis-lam a remplacÈ celui sur les sectesª, observe RenÈ Pahud de Mortanges, directeur de lÕInsti-tut de droit des religions ‡ lÕUniversitÈ de Fribourg.
Moins spectaculaires Dans les annÈes 1990, les mouvements endoctrinants Ètaient pourtant sous le feu mÈdiatique entre drames, pro-cËs et autres coups dÕÈclats. Avec pour paroxysme, la mort de 48 adeptes de lÕOrdre du temple solaire (OTS) ‡ Cheiry (Fribourg) et ‡ Salvan (Valais), le 5 octobre 1994. Ces derniËres annÈes, les dÈrives ne sont plus aussi spectaculaires. Ce qui ne signifie pas pour autant que les sectes sont moins actives. Ou moins dan-gereuses. Si certaines se sont faites plus discrËtes, Èvitant par exemple le racolage dans la rue, dÕautres continuent dÕutiliser les bonnes vieilles mÈthodes. Pour le recrutement, les TÈ-moins de JÈhovah ou les mor-mons font toujours du porte-‡-porte.
Il faut rester vigilant Sur les 5734 groupes locaux religieux recensÈs dans le pays par lÕObservatoire des religions, ‡ Lausanne, environ 250 reprÈ-sentent de nouveaux mouve-e ments religieux (fondÈs au XX siËcle), tels que les sciento-logues ou les raÈliens.Un nombre stable, selon le direc-teur Jˆrg Stolz. Tandis que ces derniers groupes ont parfois de la peine ‡ trouver de nouveaux
SEMAINE PROCHAINE
DU SANG DANS NOS PORTABLES Des enfants meu-rent dans les mines d’Afrique pour que d’autres, en Occi-dent, puissent s’amuser. Au cœur de ce scandale, le coltan, composant indispensable dans la fabrication des appareils électro-niques. A voir sur TSR2 lundi 20 novembre, à écouter sur RSR1 dès lundi et à lire vendredi dans «La Liberté».
RSR-La Première Du lundi au vendredi de 15 à 16 h
Histoire vivante Dimanche 20 h 30 Lundi 23 h 20
Les organismes d’obédience scientologue utilisent des moyens déguisés pour se présenter au public ou infiltrer une institution internationale.KEYSTONE
membres, un milieu spirituel plus flou a le vent en poupe: les guÈrisseurs alternatifs. Il s'agit bien souvent de marchands du temple, proposant des mÈ-thodes de dÈveloppement per-sonnel ou des thÈrapies spiri-tuelles dont la dimension ´guÈrisonª sÈduit les gens, en particulier sur internet.
peuse. ´Il peut y avoir des pro-blËmes rÈels comme lÕescro-querieª, poursuit le directeur. Il faut donc rester vigilant aux dangers de mouvements qui exploitent les faiblesses de lÕhomme. Car les dÈrives sec-taires font toujours autant lÕob-jet de plaintes. ´On en reÁoit en-viron 22% venant dÕanciens membres de grands groupes comme a le lÕEglise de scientolo-gie ou RaÎl et 19% liÈs aux groupes thÈra-atifspeutiquesª, souligne DaniËle Muller-Tulli, prÈsidente de lÕAssociation suisse pour la dÈfense de la fa-mille et de l'individu (ASDFI).
Un milieu spirituel vent en poupe: les guérisseurs altern
´Cela marche trËs bienª, re-lËve Joerg Stolz. ´Ils ont gÈnÈra-lement bonne presse et les gens qui sÕy intÈressent nÕont pas tout de suite une impression nÈgative comme avec les ´sectesª car on parle dans ces cas de praticiens qui proposent des thÈrapies.ª Vitrine trom-
Respect des minorités Pas de quoi faire fuir les sectes. Le territoire helvÈtique tient du sanctuaire pour les or-ganisations spirituelles ou reli-
gieuses. Si elles ont craquÈ pour GenËve et Zurich, ce nÕest pas pour les paysages de cartes postales. La Suisse est la patrie du pluralisme religieux, de la li-bertÈ de conscience et de croyance. ´Notre pays a une particularitÈ: il sÕest construit sur la diversitÈ linguistique et le respect des minoritÈs.Et les gens ont le libre choix dÕappar-tenir ‡ un groupe religieuxª, re-lËve Brigitte Knobel, directrice du Centre intercantonal d'in-formation sur les croyances (CIC), ‡ GenËve. Cette neutralitÈ bien-veillante envers la religion fait de la Suisse une terre dÕasile qui accueille toute une constella-tion de sectes. Le mouvement raÈlien a ainsi quittÈ la France pour sÕy Ètablir. En France, en Belgique ou en Allemagne, les autoritÈs ont serrÈ la vis face aux dÈrives sectaires. Il y a une
semaine encore, lÕEglise de scientologie a ÈtÈ condamnÈe ‡ une amende par un tribunal parisien.
Proches du pouvoir La Suisse est moins coerci-tive. ´AprËs le drame de lÕOTS, tout le monde pensait quÕil fal-lait prendre des mesures sur le plan nationalª, explique RenÈ Pahud de Mortanges. ´Il a ÈtÈ demandÈ au Conseil fÈdÈral de dÈvelopper une politique sur les sectes. Mais il a rÈpondu que les instruments lÈgaux Ètaient suffisants dÈj‡ avec les mesures dans le droit privÈ et pÈnal.ª Et puis les sectes ne sont ja-mais trop ÈloignÈes du pouvoir et de lÕargent. Entre un pays qui abrite une multitude dÕinstitu-tions internationales et la rÈpu-tation dÕun peuple gÈnÈreux, ces groupes sont servis.I
L’art d’infiltrer les institutions La présenced’institutions internationales en Suisse attire les sectes comme des mouches. Cherchant désespé-rément à obtenir une légitimité ou une reconnaissance, elles se rapprochent du pouvoir, de la Genève internationale en l’oc-currence. Jusqu’à instrumenta-liser les institutions. Dernier exemple en date, à la fin du mois d’août dernier: la sciento-logie a tenté de s’inviter au e 6 Sommetannuel internatio-nal des droits de l’homme 2009 des Nations Unies. Dans ce cadre, l’organisme d’obé-dience scientologue «Des jeunes pour les droits de l’homme international» (HYHRI), a mis sur pied une manifestation avec Village suisse. «Cette ONG, qui a un statut consultatif auprès de l’ONU, a l’avantage de pouvoir organiser des colloques, confé-rences dans les locaux des Nations Unies», explique Danièle Muller-Tulli, vice-prési-dente de Fédération euro-péenne des Centres de recherche et d’information sur le sectarisme (FECRIS). Du pain bénit pour HYHRI qui uti-lise Village suisse comme cheval de Troie. «Elle a acheté l’association pour louer ses bureaux et accoler à son nom celui de l’ONU et des droits de l’homme.» Des noms qui crédi-biliseraient son action. L’ONU s’est rendu compte du strata-gème suffisamment à temps pour refuser de prêter ses locaux à HYHRI.
Les tentativesd’infiltration de ce type font partie d’une stra-tégie bien huilée. «Différents groupes développent depuis des années des activités de lobbying pour faire valoir leur point de vue, pour leur image de marque ou afin d’obtenir un statut comme le vote consulta-tif aux nations Unies», éclaire Jean-François Mayer, historien des religions à l’Université de Fribourg et spécialiste de la question.TJ
Tom Cruise,l’apôtre de la scientologie
PASCAL FLEURY Si les sectes entretiennent volontiers le culte du secret, elles savent aussi se montrer trËs mÈdiatiques pour se faire connaÓtre du public et reconnaÓtre des autoritÈs. La plupart alimentent des sites internet, sÕinvitent dans des rÈ-seaux sociaux et se fendent de commu-niquÈs de presse pour dÈfendre leur idÈologie. Pour sÕassurer un maximum de visibilitÈ, certains mouvements cher-chent Ègalement ‡ sÕadjoindre le sou-tien de cÈlÈbritÈs. LÕexemple le plus marquant aujourdÕhui est assurÈment celui de Tom Cruise, militant autopro-clamÈ, fer de lance et bienfaiteur de lÕEglise de scientologie.
Le célèbre acteuret producteur amÈri-cain, qui sÕest fait connaÓtre dans ´Top Gunª en 1986 et a assis sa notoriÈtÈ avec des films comme ´NÈ un 4 juilletª, ´Le Dernier SamouraÔª ou lÕincontournable trilogie ´Mission: Impossibleª, serait de-venu officieusement le ´numÈro 2ª de la scientologie. Il sÕimplique ´dans toutes
les questions de planification et de stratÈgieª de lÕorganisation, prÈcise le jour-naliste britan-nique Andrew Morton, dans 1 une biographie de la star, pu-bliÈe lÕan der-nier. Si cette allÈgation a ÈtÈ dÈmentie, Tom Cruise nÕen apparaÓt pas moins comme lÕambassadeur vedette du mou-vement international, dÈfendant active-ment la scientologie et ses principes dans les mÈdias, les soirÈes mondaines et jusque dans les plus hautes sphËres gouvernementales. LÕintÈrÍt de Tom Cruise pour la scientologie Ð et vice versa Ð coÔncide avec son premier grand succËs cinÈma-tographique. Le fondateur de lÕEglise, L. Ron Hubbard, avait instaurÈ dËs 1955 un projet ´CÈlÈbritÈsª, exhortant ses fi-dËles ‡ recruter des acteurs de cinÈma,
des musiciens et des sportifs de haut ni-veau pour donner plus de crÈdibilitÈ au mouvement. CÕest ainsi quÕon vit des stars comme John Travolta, Chick Co-rea, Leonard Cohen, Van Morrison ou Lisa Marie Presley adhÈrer, du moins pour un temps, ‡ la scientologie.
Tom Cruisea ÈtÈ choyÈ par lÕorganisa-tion et par son leader, David Miscavige, qui est vite devenu son ami, lui offrant de somptueux cadeaux, faisant avec lui de la moto ou du saut en parachute. Convaincu dÕavoir pu surmonter sa dyslexie gr‚ce ‡ la ´dianÈtiqueª, Tom Cruise met toute son ardeur dans la scientologie. Il approfondit la doctrine jusquÕ‡ en atteindre le niveau suprÍme, au dÈsespoir de ses proches, qui subis-sent son prosÈlytisme. Plusieurs de ses conquÍtes amoureuses, dont les ac-trices Nicole Kidman et PÈnÈlope Cruz, finissent par rompre. DÕautres connais-sances se rÈsignent. Le rÈalisateur Ste-ven Spielberg accepte ainsi quÕune tente scientologue soit dressÈe dans les stu-
dios, lors du tournage de ´La Guerre des mondesª. Le zËle missionnaire de Tom Cruise nÕa pas de limite. Il va jusquÕ‡ dÈ-fendre les thÈories mÈdicales les plus farfelues de son mentor sur les plateaux de tÈlÈvision, ne craignant pas les raille-ries. Et pour susciter la polÈmique, il nÕhÈsite pas ‡ endosser le rÙle mythique du colonel Claus Schenk von Stauffen-berg dans le film ´Walkyrieª, jouant les victimes alors que lÕAllemagne cherche ‡ se dÈbarrasser de la secte.
L’an dernier,son apologie de la sciento-logie sur internet Ð avec des affirmations telles que: ´Nous sommes les mieux pla-cÈs pour dÈsintoxiquer les toxico-manesª Ða fini par Ènerver les citoyens. A Bruxelles et ailleurs, ils sont descen-dus dans la rue, comme le montre le do-cumentaire ´Scientologie, la secte dÈ-masquÈeª, ‡ voir dimanche sur TSR2. Pour ces anciens fans de ´Top Gunª, le hÈros sÕest br˚lÈ les ailes...I1 «Tom Cruise – Sa vraie histoire», Andrew Morton, Editions Michel Lafon, 2008.
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