Les mesures pour « la moralisation de la vie publique » apparaissent très majoritairement inefficaces Austérité ou pas austérité ? Il s’agit là encore d’un bien beau débat… inutile. En effet, 6 Français sur 10 considèrent que la politique actuellement menée est une politique « d’austérité ».
Enquête réalisée auprès d’un échantillon de Français recrutés par téléphone et interrogés par Internet* les 11 et 12 avril 2013.
Echantillon de 1 223 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, profession du chef de famille et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération .
* Il ne s’agit pas d’un access panel.
Note sur les marges d’erreur
Comme pour toute enquête quantitative, cette étude présente des résultats soumis aux marges d'erreur inhérentes aux lois statistiques. Le tableau ci-dessous présente les valeurs des marges d’erreur suivant le résultat obtenu et la taille de l’échantillon considér é :
Exemple de lecture : Dans le cas d’un échantillon de 1 000 personnes , pour un pourcentage obtenu par enquête de 20% , la marge d’erreur est égale à 2,5 . Le pourcentage a donc 95% de chance d’être compris entre 17,5% et 22,5%.
Synthèse La moralisation de la vie publique
1. Les mesures pour « la moralisation de la vie publique » apparaissent très majoritairement inefficaces Tout le monde, ou presque (89%), a entendu parler des dispositions annoncées par François Hollande pour moraliser la vie politique. Malheureusement pour François Hollande, non seulement ce ne sont pas du tout les priorités des Français en ce moment, mais en plus, aucune des mesures annoncées n’apparaît efficace aux Français. Ainsi, une écrasante majorité de Français ne pense pas que ces mesures seront efficaces pour : -mettre fin aux paradis fiscaux (80% ne le pensent pas), -réduire la fraude fiscale (67%) -assurer la transparence de la République (57%) Et surtout, comme l’affirme l’opposition les deux-tiers des Français (66%) sont persuadés que ces mesures n’auraient pas été efficaces pour « empêcher des affaires comme l’affaire Cahuzac » A ce niveau de rejet, évidemment, toutes les catégories composant la population manifestent une large majorité de jugements négatifs. Seuls les sympathisants de gauche sont une majorité à penser que ces mesures permettront d’assurer la transparence de la République (73%), de réduire la fraude fiscale (60%) et même d’empêcher des affaires comme l’affaire Cahuzac (58%). En revanche, même eux ne croient pas (63%) que cet arsenal de mesures permettra de mettre fin aux paradis fiscaux.
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Synthèse La moralisation de la vie publique
2. Publication du patrimoine : soutenue, mais considérée comme une diversion
Les Français sont favorables (61% contre 38%) à ce que, comme l’a souhaité le Président, les patrimoines des ministres et des parlementaires soient rendus publics. Mais vue la faible conviction de l’efficacité perçue des mesures annoncées, et l’importance du sentiment du « tous corrompus», il est probable que cette mesure, si elle est un jour votée, n’apportera aucune plus-value au Président dans l’opinion (l’honnêteté est déjà une des rares qualités qui lui est prêtée) et pourrait lui coûter fort cher auprès de l’ensemble des élus, petits et grands, de gauche comme de droite.
Déjà, certaines catégories de la population se montrent beaucoup plus partagées que les autres sur l’opportunité d’une telle mesure. Outre les sympathisants de droite (56% y sont opposés), et les professions libérales (50% y sont opposés contre 46% qui y sont favorables) qui sont majoritairement contre, les cadres (45%), les Français les plus aisés (44%) et les plus diplômés (42%) sont nombreux à se montrer dubitatifs (même s’ils sont majoritairement pour).
Surtout, cette mesure qui heurte beaucoup d’élus sans pour autant vraiment changer le regard des Français sur l’action de cette majorité, est interprétée par les Français comme une diversion mise en place pour « détourner l’attention de l’affaire Cahuzac » (53%) plutôt que comme une mesure décidée pour empêcher qu’une affaire comme l’affaire Cahuzac ne puisse se reproduire (46%).
Ce sentiment de diversion, voire de manipulation, que les Français ont souvent ressenti à l’égard de l’équipe Sarkozy (notamment lors du débat sur l’identité nationale, approuvé, mais ressenti comme une volonté de vouloir récupérer l’électorat du FN) est évidemment extrêmement fâcheux à l’heure où le gouvernement est attendu sur le chômage, le pouvoir d’achat et la croissance. Il l’est d’autant plus qu’il est largement partagé dans toutes les catégories de la population : 55% des cadres, 54% des ouvriers, 51% des moins de 34 ans, 53% des 35-64 ans, 54% des plus de 65 ans ont ce sentiment de diversion.
En fait, seuls les sympathisants de gauche ne font pas ce procès au gouvernement (81% ne le pensent pas). Les sympathisants de la droite parlementaire (85%), du FN (67%), mais aussi les Français sans proximité partisane (66%) sont, eux, une écrasante majorité à le penser.
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Synthèse L’austérité ?
1. 6 Français sur 10 considèrent que la politique actuellement menée est une politique « d’austérité » Austérité ou pas austérité ? Il s’agit là encore d’un bien beau débat … inutile. En effet, 6 Français sur 10 considèrent que la politique actuellement menée est une politique « d’austérité ». Un niveau comparable -bien qu’un peu moins élevé- à celui que nous enregistrions il y a exactement deux ans* lorsque nous posions la même question avec le terme de « rigueur ». Les efforts déployés par l’exécutif de l’époque pour démentir cette politique de rigueur étaient tout aussi contre-productifs que ceux du président aujourd’hui : nier ce qui apparaît comme la réalité renforce une opinion déjà fortement ancrée, celle d’un gouvernement qui chercherait à cacher la vérité aux Français. Etre dans la négation est d’autant plus inefficace que les deux tiers des sympathisants de gauche partagent l’idée que la politique actuellement menée est une politique d’austérité . Faut-il pour autant saluer les propos des ministres qui « n’ont pas peur des mots » (Montebourg, Hamon et Duflot) ? Non, car ils utilisent sciemment le terme le plus péjoratif (austérité plutôt que rigueur) pour pouvoir mieux critiquer la politique menée, déjà jugée inefficace par 8 Français sur 10. Ce faisant, ils acculent le Président à avoir une position défensive pour affirmer que la baisse des déficits n’est pas l’ennemie de la croissance, et ils poussent François Hollande à s’embourber dans un débat sémantique sur le terme « austérité », débat incompréhensible pour les Français car interprété comme une négation de l’évidence . *Sondage BVA-La Matinale de Canal+, mai 2010
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Synthèse L’austérité ?
2. Ce débat sémantique sur l’austérité est d’autant plus parasitaire qu’il vient brouiller un sujet que les Français avaient déjà tranché : Non, décidément le président n’avait pas besoin de se lancer dans une explication de terme car, sur le fond, les Français approuvent son raisonnement. La réduction des déficits apparaît toujours comme une priorité et ce, très nettement : 7 Français sur 10 considèrent que, malgré la crise, la France doit « coûte que coûte éviter d’accroître son endettement et son déficit », ils sont moins de 3 sur 10 à dire au contraire que « face à l’ampleur de la crise, la réduction du déficit et de l’endettement de la France n’est pas une priorité ». Toutes les catégories de population partagent cette opinion, à part les Français d’extrême gauche mais qui ne sont « que » 50% à ne pas voir dans l’assainissement des finances publiques une priorité. Les Français sont très sensibilisés au problème des déficits depuis le début de la crise des dettes souveraines en Europe. Même si l’actualité s’est moins focalisée ces derniers temps sur les risques de défaillance des Etats, le niveau de préoccupation de nos compatriotes à l’égard dela dette et des déficits est remarquablement stable, équivalent à celui enregistré par l’IFOP en octobre 2009, le mois où le ministre des finances grec avouait avoir menti sur les chiffres du déficit public.
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Céline Bracq, directrice adjointe de BVA Opinion
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La moralisation de la v
publique
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Efficacité des mesures de moralisation de la vie publique
[François Hollande a annoncé une série de dispositions en vue de moraliser la vie publique] A votre avis, ces mesures seront-elles efficaces pour : Base : Aux personnes ayant entendu parler de ces annonces (89% des Français)
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Mettre fin aux paradis fiscaux
Réduire la fraude fiscale
Empêcher des affaires comme l’affaire Cahuzac
Assurer la transparence de la République
ST Oui
20%
33%
34%
42%
Ensemble
ST Non
80%
67%
66%
57%
(NSP)
-
-
-
1%
66%
57%
ST Non
Sympathisants de Sympathisants de gauche droite
26%
67%
40%
42%
86%
87%
80%
82%
94%
63%
[François Hollande a annoncé une série de dispositions en vue de moraliser la vie publique] A votre avis, ces mesures seront-elles efficaces pour : Base : Aux personnes ayant entendu parler de ces annonces (89% des Français)
Vous personnellement, êtes-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou tout à fait opposé à ce que soient rendus publics les patrimoines des ministres et des parlementaires ?