Survivre la nuit et le jour. La préservation de soi face au circuit d assistance - article ; n°34 ; vol.9, pg 164-179
18 pages
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Survivre la nuit et le jour. La préservation de soi face au circuit d'assistance - article ; n°34 ; vol.9, pg 164-179

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Description

Politix - Année 1996 - Volume 9 - Numéro 34 - Pages 164-179
Surviving night and day. Self preservation facing assistance network.
Pascale Pichon [165-180].
Through the opposition between night and day, this article deals with the characteristics of the network of emergency lodging during the day. It reveals the existence of a geography of charity. The individual adjustments depend of the characteristics of assistance. People are forced to be involved in the gift. Between resistance to the assistance and personal construction of the network, appear various ways of presenting oneself that question one's roles and identity. Observation is not the only way to perceive the process of maintening or loosing oneself. Each individual, in the stories of life collected, underlines the global meaning of survival, trying to «go on » and therefore, using at best resources that are offered (depending on the variety of his own involvement within others in survival networks). Territorial and administrative inscriptions sign social inscriptions that change and never relieve individual of fear not «pulling through».
Survivre la nuit et le jour. La préservation de soi face au circuit d'assistance.
Pascale Pichon [165-180].
A travers l'opposition jour/nuit, l'article retient les caractéristiques du réseau d'hébergement d'urgence et d'accueil de jour. Il fait apparaître une géographie de la charité selon les modes d'utilisation du circuit caritatif. Aux caractéristiques de l'assistance — hiérarchisation des espaces et des services, gratuité ou quasi gratuité, accueil de masse, imposition d'un mode de sociabilité... — répondent les ajustements des individus contraints d'y avoir recours et ce faisant, de s'engager dans le don. Entre résistance à l'assistance et construction personnalisée du circuit se dévoilent des modes de présentation de soi spécifiques qui interrogent rôles et identités. Le processus de maintien et de dégradation de soi n'est pas seulement perceptible par l'observation. Chaque individu souligne, dans les récits de vie recueillis, la signification globale qu'il donne à la survie en essayant de «tenir» et donc d'utiliser au mieux les ressources offertes (selon la diversité de ses engagements dans d'autres réseaux de survie). Inscriptions territoriales et administratives signent des inscriptions sociales en redéfinition qui ne délivrent jamais de la crainte de ne pas «s'en sortir» (du circuit assistantiel et de cette carrière).
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pascale Pichon
Survivre la nuit et le jour. La préservation de soi face au circuit
d'assistance
In: Politix. Vol. 9, N°34. Deuxième trimestre 1996. pp. 164-179.
Citer ce document / Cite this document :
Pichon Pascale. Survivre la nuit et le jour. La préservation de soi face au circuit d'assistance. In: Politix. Vol. 9, N°34. Deuxième
trimestre 1996. pp. 164-179.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1996_num_9_34_1037Abstract
Surviving night and day. Self preservation facing assistance network.
Pascale Pichon [165-180].
Through the opposition between night and day, this article deals with the characteristics of the network
of emergency lodging during the day. It reveals the existence of a geography of charity. The individual
adjustments depend of the characteristics of assistance. People are forced to be involved in the gift.
Between resistance to the assistance and personal construction of the network, appear various ways of
presenting oneself that question one's roles and identity. Observation is not the only way to perceive the
process of maintening or loosing oneself. Each individual, in the stories of life collected, underlines the
global meaning of survival, trying to «go on » and therefore, using at best resources that are offered
(depending on the variety of his own involvement within others in survival networks). Territorial and
administrative inscriptions sign social inscriptions that change and never relieve individual of fear not
«pulling through».
Résumé
Survivre la nuit et le jour. La préservation de soi face au circuit d'assistance.
Pascale Pichon [165-180].
A travers l'opposition jour/nuit, l'article retient les caractéristiques du réseau d'hébergement d'urgence et
d'accueil de jour. Il fait apparaître une géographie de la charité selon les modes d'utilisation du circuit
caritatif. Aux caractéristiques de l'assistance — hiérarchisation des espaces et des services, gratuité ou
quasi gratuité, accueil de masse, imposition d'un mode de sociabilité... — répondent les ajustements
des individus contraints d'y avoir recours et ce faisant, de s'engager dans le don. Entre résistance à
l'assistance et construction personnalisée du circuit se dévoilent des modes de présentation de soi
spécifiques qui interrogent rôles et identités. Le processus de maintien et de dégradation de soi n'est
pas seulement perceptible par l'observation. Chaque individu souligne, dans les récits de vie recueillis,
la signification globale qu'il donne à la survie en essayant de «tenir» et donc d'utiliser au mieux les
ressources offertes (selon la diversité de ses engagements dans d'autres réseaux de survie).
Inscriptions territoriales et administratives signent des inscriptions sociales en redéfinition qui ne
délivrent jamais de la crainte de ne pas «s'en sortir» (du circuit assistantiel et de cette carrière).Survivre la nuit et le jour
La préservation de soi face au circuit d'assistance
Pascale Pichon
Centre de recherches et d'études sociologiques appliquées
de la Loire (CNRS)
LES ASSOCIATIONS d'assistance et de secours ont de tout temps assumé la
prise en charge des individus qui ne pouvaient plus compter sur les
revenus de leur travail ou sur les subsides liés à la redistribution sociale.
Aujourd'hui le réseau caritatif et humanitaire assure, pour une grande
part, l'assistance aux plus déshérités. Pour les personnes privées de domicile,
ce réseau devient souvent le seul capable de répondre à leurs besoins
quotidiens, en matière de nourriture, d'hébergement ou de soins.
Le réseau que nous nous proposons d'examiner dans cet article se circonscrit
à l'expérience de la survie. C'est du point de vue des utilisateurs, de
l'observation des résistances et des engagements dans l'assistance que nous
opérons une séparation radicale entre survie le jour et survie la nuit1. En effet,
certains, préférant le squat ou l'abri précaire, n'utilisent quasiment jamais
l'hébergement d'urgence, surtout si une première expérience malheureuse les
y a conduit de gré ou de force (ramassage sur la voie publique par les
pompiers ou par les «bleus» à Paris) ; ayant alors éprouvé un sentiment de
honte indéfectible, ils doivent s'avouer cette dépendance virtuelle à
l'assistance. Ceux-là peuvent néanmoins se rendre, régulièrement ou non, dans
les lieux d'accueil de jour qui, par la diversité des services proposés répondent
à des nécessités impérieuses : repos, nourriture, chaleur. Selon les formes
d'utilisation de jour ou de nuit des services, une carrière interstitielle entre rue
et assistance se construit, des étapes sont franchies.
Après avoir donné les caractéristiques principales du circuit assistantiel, nous
verrons en quoi ce cadre ambigu d'hospitalité conduit à un ajustement
personnalisé à l'assistance. Des rôles sont alors endossés. Leur typifïcation
nous permettra de lire sous un nouvel angle les étapes <de cette carrière. Enfin,
les récits qui nous ont été délivrés montreront en quoi le maintien de soi
parvient à s'exprimer sous la forme d'une réflexivité à ces étapes et aux
diverses utilisations de l'assistance ; celles-ci retrouvent alors leur cohérence
dans une gestion de la vie quotidienne dominée par une économie de la
«débrouille» et de la «combine».
1. Nos observations ont été essentiellement conduites à Saint-Etienne qui ne comporte pas les
mêmes capacités ou potentialités, ni les mêmes dangers en terme de survie qu'une grande
métropole. Néanmoins toutes les grandes associations sont représentées ici (Armée du salut,
Secours catholique, Secours populaire, Restos du cœur, etc.) sans compter les «petites»
associations locales. Par ailleurs, nos observations se sont enrichies de «sondes» parisiennes à la
suite de travaux réalisés dans le métro et les espaces publics de la capitale.
Polttix, n°34, 1996, pages 164 à 179 Caractéristiques du circuit assistantiel
L'hébergement d'urgence et l'accueil de jour répondent à des besoins
complémentaires de la survie. En ce sens, l'assistance proposée, quoique
dispersée géographiquement, parvient à constituer un cadre d'expérience
totale. La complémentarité des services met en évidence une phase
d'initiation qui passe par la connaissance du circuit tout en facilitant son
accès. La médiation d'un «collègue» est souvent nécessaire dans cette phase. À
l'hésitation, la honte, la répugnance et la démarche initiale succèdent la
familiarisation, l'habitude, l'adaptation.
L'asile de nuit
La recherche d'un abri ou d'un lieu d'hébergement est l'une des
préoccupations essentielles de la survie. Nous nous en tiendrons ici à un type
d'hébergement, l'asile de nuit, représentatif dans ses caractéristiques
principales de l'ensemble des hébergements collectifs d'urgence. Ceux-ci
proposent une solution intermédiaire entre l'abri précaire {le squat, les
cachettes ou les niches de l'espace public, le wagon de train, la cabane de
jardin, la cave d'un immeuble, etc.) et les structures d'hébergement et de
réadaptation sociale qui accueillent les personnes pour quelques nuits. Gérés
principalement par des associations caritatives avec néanmoins des
financements publics, ils offrent des prestations réduites à un toit, un lit, une
douche, un repas ou des bons alimentaires. Souvent les conditions d'accueil
sont telles qu'elles n'invitent pas au séjour prolongé. Précaire, aléatoire,
provisoire, l'ensemble de ces structures de nuit témoigne a contrario des
multiples obstacles que doit franchir l'individu pour trouver un lieu d'intimité
nécessaire non seulement à sa survie immédiate mais à une vie sociale
«normale».
Dans les entretiens, la découverte de l'asile indique souvent une nouvelle
étape franchie : «Je voulais pas venir [à de nuitl, jusqu'à présent je me
suis toujours débrouillé tout seul, oui tout seul [il couchait dans la cave d'un
immeuble non loin de la résidence de sa famillel mais là, bon je savais plus
quoi faire, j'étais obligé, mais dès que je me serai retourné, je me casse d'ici,
c'est pas vivable ici»1 ; voire un bascule

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