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1,30 EURO. PREMIÈRE ÉDITION NO 4 FÉVRIER 2010 WWW.LIBERATION.FR8936 JEUDI TOYOTA, LA SORTIE LESPÉPITESDE ROUTE DHÉDIKADDOUPAGES 16-17 CAHIER CENTRAL MuhammadYunus rédacteurenchef «tecriseCet estune chance» Le Prix Nobel de la paix 2006 parie sur une économie plus solidaire… et commente l’actualité. NUMÉRO SPÉCIAL Un opposant violéà:afecAubrllony,FiPBUTÉLICI àTéhéranaimés TÉMOIGNAGE nom qu’il a raconté àC’est leLibé-20 août qu’Ibrahim Meh-rationsa terrible captivité,i aurait dit tari, qui écrivait alors sur un qu’il a vécue aveuglé par unle Premier blog collectif qu’il préfère bandeau. Il a montré desministre ne pas nommer, est kid- photos qui témoignent desconduirait nappé dans une rue de Té- coups reçus, y compris lesté aux héran par des inconnus. En violences sexuelles. Laajori eux, il reconnaît des agents question des viols des fem-régionales des services de sécurité des mes et hommes arrêtésface à une pasdaran (gardiens de la ré- avait été pour la premièreMartine volution). Battu pendant fois soulevée, en juillet, par cinq jours, Ibrahim Mehtari l’opposant Mehdi KaroubiAubry a aussi été violé par l’un de dans une lettre à l’anciendevenue ses tortionnaires qui, préci- président Ali Akbar Haché-crédible? se-t-il, s’est servi d’un bâ- mi-Rafsandjani. ton. C’est sous son propre 12-13PAGES 8-9 PAGES IMPRIMÉ EN FRANCE / PRINTED IN FRANCEAllemagne2,10 €, Autriche2,80 €, Belgique1,40 €, Canada4,25 $, Danemark22 Kr,DOM2,20 €, Espagne2 €, Etats-Unis4,25 $, Finlande2,40 €, Grande-Bretagne1,60 £,Grèce2,40 €, Irlande2,25 €, Israël18 ILS, Italie2,20 €, Luxembourg1,40 €, Maroc15 Dh, Norvège25 Kr, Pays-Bas2,10 €, Portugal (cont.)2,10 €, Slovénie2,50 €, Suède22 Kr, Suisse3 FS, TOM400 CFP, Tunisie1700 DT, Zone CFA1 700 CFA.
2EVENEMENTLIRABÉITNOJEUDI4ÉFRVEIR2010 ÉPaDrIFTABORRICIEARLOUSSELOTPour le «banquier des pauvres» Muhammad Yunus, la crise financière est l’occasion de «redessiner le système»: pMSuasihsalmualmvoalrden.ondeunYneusevtume«eLimrccoéridt Il n’en a jamais eu la itocpvpdrrbarreeéaésunietutvitesmsnereineeatastmtniinéootposnenll,nenu.sl,t:iedDlthsléeeBiaormalpbncuiniotaqoigénsvluneapetpvcd,rlaeeuairulisltusadneeraitfairepartiedve fppermaltéeuiuvrstsoèmlpdruereéttê.sitttorhaReeinrénertnddinlaeteeiédsrsleeomearlittràcilgr-reeodudnceretrdélaaadunixst»edesdroitsdelhomm pour a, petit à petit, fait son chemin sur la planète, pour devenir aujourd’huiRecueilli parCHRISTIAN LOSSON n’estces de notation, repenser les banques.plus la même que dans les an- l’une des c santesSSELNEITLEetFABRICE ROUSSELOT nées 60 et 70 où nous avons grandi.Elles ne devraient pas être grosses au essentiellesodmpuonePhotosJÉRÔME BONNET nous, un succès financier était une Pourpoint que le gouvernement soit obligé économie solidaire quiLE CONTEXTE formidable. Eux veulent avoir un chosed’intervenir si elles s’écroulent. Elles pAUmrlnlooeisrsopm,sèlaergsee.nxeeEpn,énarciFueersxantncEeectmea,tpsqes-uneldelapaiPrixNobeevniuetn2nex,600édcr,MitumrdroicmadYuhamunusNsfinviceers.anciasccssnasxresèuasuoNtésdifférentes.EétesdtsepscéaiilrlreplespausreuvsellvioditnegétnuilosoesvneebiddslllIespsanioap,txactions.essatisfiiitvnn-teisdthrcteanrsuueiodrtcoeéetnveea,i,scslhtaaeuMtruieapddevmuimsmnppulYriuetêsetasncntocsinenimr,pitaaistisifr.cnauéQpilduésosnoinutn.eI.lUsniloongsutélensuoneuqlaiogcetrsoeecrsnpttaeàelnetstb,leorffleueer l’on croyait réservée auxdonne sa vision de la la chance de se montrer pas mis du temps à faire avonsd’apporter des pistes de réponses. pays en voie decrise àLibération. entrer l’être humain dans laPourquoi rien ne change alors que toutENTRETIENproductifs et utiles. On ne développement – a changédevrait changer face à une économie leur offre pas de rêves, pas théorie économique; et nous le quotidien de milliers deL’ENJEUqui«ressemble à un château en papier pas d’idéaux, alors qu’ils ont d’horizon,l’interprétons de façon très étroite. floeymeriscreoncrdéifdfiitcnultaép.pCoerrtetes,Depuis 1976, date de ladans le ciel» ? les outils pour en trouver…Comment le leadership L’être humain fait de l’argent, il n’est là tous fondation la Grameen rien d’autre dans le système actuel pourpolitique reste englué dans un mondeDes sommes énormes ont été versées où les nouvelles générations ne se re- qui sert de «maximiseur de profit». Orpour sauver le système. Obscène ? pas toutes les solutions etBank au Bangladesh, Peut-on concilier ilconnaissent plus ? ne résout pas les problèmes. Il a tant d’autres dimensions… L’argent rmesotnedmiaalre.giOnanlpàelutécahusesllieecnarFaL.émialidesdseénuYenosussetbusiness et social et promouvoir uneLe G20 a beaucoup parlé d’un nouveaufaut la bonne machine pour utiliser cet ,économie à visage humain ?capitalisme. Mais, des paradis fiscauxargent. Si vous ne réglez pas la machine, egasrdtaoinnmdnesergnqrtuoaeuupcteeasrntstaipynosurEtesuleognmaleAllntqieurptanUsita-sComment l’inventeur du microcrédit bonus des traders, c’est toujours auxvous continuez à verser de l’essence… améliorer leur image queaussi la microfinance. as usual»… «businessanalyse-t-il la macrocrise actuelle ?comme pour une petite voiture. Prenez La crise, c’est l’échec du système. Nous Le G20 n’a pas changé les institutions. un rickshaw : il n’a pas la capacité de pour produire un réel les 50 km/h. Il faut donc mo- doit tailler dans le vif, ne pas se con- dépassercontinuons comme s’il n’y avait pas de Il résultat. Mais alors que la le moteur pour qu’il puisse at- de vœux pieux. Les gouverne- difierproblème mais cet effondrement du tenter crise perdure, Yunus teindre mettent de l’argent ici ou là,les 100 km/h. Ensuite, vos ef-  mentssystème montre bien que, fondamenta-propose aussi une autre forts seront utiles. Sinon ça ne sert àlement, quelque chose ne marche pas. parce que quand il y a un problème, vision : celle d’un système Mais une machine ne suffit pas.Nous avons un bouquet de crises : ali- c’est la seule chose qu’ils savent faire. rien. qui ne s’articule pas autour machines ne changent pas le Les système existant est basé sur l’égo- Lementaire, financière, sociale, climati-du seul profit mais fait du on doit en construire un basé sur monde.que, etc. Le point commun entre ces ïsme, Les hommes, si. social une vraie priorité.crises, c’est qu’elles sont enracinées l’altruisme. Il faut créer des entreprisesDe grandes entreprises disent «faire du A Paris, à New York, à changer la vie des autres, faire du pourdans l’architecture du monde économi-social». Comment faire pour que, au-Dacca, le rédacteur en chefque basé sur l’obsession du profit. business social.delà de la com, ce soit efficace ? d’un jour deLibérationQue faut-il faire pour vraiment sortir Au-delà des mots, y a-t-il une réelleEn France, deux entreprises font du bu-raconte les mêmes des politiques ?de cette logique ? volontésiness social, Danone et Veolia. Danone histoires. Des histoires JeCette crise est une chance pour redessi- produit ne crois pas. Vous voyez un change- des yaourts pour lutter contre d’hommes et de femmes malnutrition des enfants. On me de- dans le monde ? Non. Les politi- la mentner le système. Il faut repenser les insti-qui n’avaient plus foi en mande: «N’avez-vous pas l’impression ques vont d’une élection à l’autre alorstutions financières, repenser les agen-grand-chose et qui, Mais ?» Danone se sert de vous queque changer en profondeur le système soudain, à la faveur demoi qui me sers de Danone! Je leur  c’estnécessite une autre dimension, un autre quelques milliers d’euros,L’INVITÉ DE «LIBÉ»temps. C’est à nous, les citoyens, de dé- dis : «Je vous en prie, servez-vous de de dollars ou de takas, sont moicider, de créer les conditions d’un mou- !» redevenus les acteurs deIl est venu un jour, puis un autre. Modestevement social. Nous devons imposer leSocial et business sont-ils deux mondes leur propre destin.Nobel, qui parle en praticien, pas en théoricien.changement. Et c’est le moment. Lescompatibles ? A 69 ans, ce Bangladais nobelisé il y a Monjeunes aussi. Cette jeune génération idée de départ était de les quatre ans se veut un«prêteur d espoir».Parti avec 27 dollars en poche, il a ouvert il y a 34 ans REPÈRESune brèche dans «l’apartheid bancaire». LaLA MICROFINANCEParmi les huit courts métrages com-Grameen («village» ou «rural» en bengali) Bankmandés à des réalisateurs de renom a fait des petits. Anticharité, Yunus assume sonOn désigne sous le vocable micro- pour illustrer les objectifs du millé-côté révolutionnaire homéopathique, qui veut de l’ONU, celui de Wim Wen- naire des produits blefinance l’ ensem changer le système en s’appuyant sur le marché.«Lutter contre ders aborde la question de la luttefinanciers proposés à tous ceux la pauvreté est radicalement de gauche, faire entrer ces pauvres dans contre la pauvreté à travers le micro-qui sont exclus du système financier l’économie de marché, radicalement de droite»,dit Jacques Attali, de crédit.(bancaire) classique ou formel : Il sera présenté ce soir au Planetfinance. Yunus voit ça autrement:«L’exclusion et la pauvreté sontmicrocrédit, moyens de paiement, Grand Rex de Paris, en présence du le terreau de tous les extrémismes, et de toutes les guerres.»C.Lo. et de Muhammad Yunus. réalisateurtransfert d’argent…
ILÉBARITNOEJDU
Muhammad Yunus dans les locaux de Libération, mardi.
I4FÉVRIER2010
3 000 jeunes sont attendus ce soir au cinéma le Grand Rex à Paris, à 17 heures 30pour discuter avec le Prix Nobel de la paix 2006, Muhammad Yunus. Organisé à l’initiative de la chaire HEC Paris Social Business/Entreprise, avec le concours de Reporters d’Espoirs et de Danone communities, le débat s’organisera avec Martin Hirsch, Haut Commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, et Franck Riboud, le PDG de Danone.
3
réconcilier, même si le business que je défends n’a pas pour objectif de produire du revenu. Quand je parle aux Américains, ils ne comprennent pas : comment pouvez-vous faire quelque chose qui ne génère pas de l’argent ? Mais si on enseigne aux enfants qu’il y a deux formes d’entreprises – l’une est le business social, l’autre fait de l’ar-gent –, ils vont comprendre les choses et, en grandissant, ils peuvent avoir en-vie de s’investir. J’investis, je crée de l’entrepreunariat social pour créer des emplois. Et je veux seulement récupérer ma mise. A côté du marketing dushwaenreg,ing l’écoblanchiment, va-t-on vers un boom dugshinalwasoci? Mais si ça marche, si ça permet d’avan-cer, pourquoi pas ? Et même si cela ne représente que 10% des firmes qui se disent «sociales», c’est déjà ça. Les fir-mes doivent apprendre qu’elles ne sont pas condamnées à vouloir des rende-ments de 15% et qu’elles peuvent aussi faire du business social… Vous êtes très pro-mécanisme de mar-ché, qui, faute de régulation, a été à l’origine de la crise. Cela réhabilite-t-il le rôle de l’Etat, du gouvernement ? La crise n’est pas un échec du marché, mais des institutions et des hommes, qui, de super-avides, se sont voulus en-core plus super-cupides. Quant aux gouvernements, je dis simplement : «Pourquoi ne faites-vous pas du busi-ness social» ? L’aide sociale seule n’est pas une solution. Elle prive les gens de leur dignité. Il faut leur donner l’occa-sion de sortir d’un système d’assistés… C’est un discours très à droite, très li-béral… Oui, je sais (rires). Mais on n’a pas le droit d’abandonner les gens. Il faut leur donner une chance de changer de vie, d’aller de l’avant. Mais pour eux, rester sur place à ne rien faire, avec des en-fants qui naîtront dans le même envi-ronnement, ce n’est pas bien. Cela fait des décennies que vous défen-dez le microcrédit. Quelle a été la ré-ponse des gouvernements ? Les gouvernements ne devraient pas s’impliquer financièrement pour une bonne raison. Dès que le gouvernement s’en mêle, la politique s’en mêle. La po-litique et le microcrédit ne font pas bon ménage. Parce qu’on se met à chercher de l’argent non pas pour changer la vie des gens, mais dans un but politique : nous vous donnons l’argent, et tâchez de vous en souvenir en allant voter. Par contre, les gouvernements devraient établir des législations pour mieux ré-guler le microcrédit et déterminer quel type d’établissement peut prêter aux plus pauvres. Les critiques contre le microcrédit sont nombreuses. La principale: il ne permet pas de sortir des trappes de la pauvreté… Nous essayons, nous ne réussissons pas à 100%. Mais si vous avez mieux à pro-poser, allez-y! Le business social n pas à faire de l’argent, donc on ne
«La vision du monde de Muhammad Yunus est profondément optimiste: selon lui, chacun de nous est un entrepreneur en puissance.» Esther Dufloéconomiste
4EVENEMENT
LIBÉRATIONJEUDI4RVÉFREI2010
peut pas me reprocher de m’enri- là pour aider les gens à sortir de la pau-chir. Je veux aider les gens à s’en sortir, vreté, pas pour que les riches fassent de à sortir du chômage. Pour l’auto-entre- l’argent sur le dos des pauvres une fois prise, il faut de l’argent, donc je leur de plus. dis: voilà de l’argent, vous pouvez com-12 milliards de dollars, c’est le montant mencer quelque chose. C’est pourquoitotal du microcrédit actuellement dans ça marche si bien avec les femmes. Toutle monde. Cela tient du grain de sable… n’est pas parfait. Offrez-leur une La Grameen Bank fait à elle seule envi-meilleure route. ron 1,5 milliard de dollars. Ce qu’on ne La Grameen Bank, avec 30000 person-pouvait pas faire, nous disait-on à nes et 2600 branches, n’est-elle pas unel’époque, peut maintenant se faire. multinationale comme les autres ?Nous prêtons de l’argent et on nous le Nous avons 8 millions d’emprunteurs, rend. Les gens couvrent leurs frais. On environ 90% remboursent leurs prêts. n’a pas le droit de laisser des milliards Nous n’acceptons pas d’argent des de gens sur le pavé. agences officielles, du gouvernement,Le microcrédit est-il condamné à jouer des fondations. Pour ouvrir une ban-les béquilles du système ou pourra-t-il que, il faut avoir des millions de dollars.jouer un grand rôle dans l’économie ? La banque conventionnelle, c’est L’avenir est grand ouvert. A condition comme un énorme paquebot appa- qu’on le prenne au sérieux. Sinon, ça reillant pour l’océan avec une foule de restera une sorte de boutique. passagers à bord. La banque de micro-C’est juste un commencement ? crédit, c’est comme une pirogue qui Combien de temps doit durer un début? flotte sur une eau peu profonde. Si vous Trente ou quarante ans? Personne à Pa-voulez la même architecture qu’une ris ne devrait se voir refuser un micro-banque conventionnelle, ça ne mar- crédit. Cela devrait faire partie des chera pas. Il vous faut élaborer une nou- droits de l’homme. Cela fait partie des velle architecture. responsabilités d’une société de per-Les banques traditionnelles veulentmettre à tout le monde l’accès à cela. frayer dans les mêmes eaux que les ban-Aux politiques de l’encourager, poussés ques de microcrédit. Une menace ?par la société. Les banques commerciales ne font pasVous êtes très critique sur les politiques, de microfinance. Elles prêtent de l’ar-mais vous avez tenté l’aventure… gent aux organismes de microfinance- C’était en 2007. C’était un temps de ment. Mais si ça leur paraît bien, pour- grande corruption, de grande détresse. quoi ne pas le faire elles-mêmes ? Cela a duré trois mois. Des politiciens Le microcrédit est une invention, qui, àvéreux ont vite voulu intégrer mon parti l’instar de la démocratie participative,parce que le gouvernement mettait tout vient des pays du Sud. Depuis, vous es-le monde en prison. J’ai préféré laisser saimez dans le monde entier, jusqu’auxtomber. Etats-Unis ou à Bahreïn… Vous rencontrez de grands pontes de la Nous avons lancé le programme à Newfinance, du Trésor. Pensez-vous qu’ils York il y a deux ans. Ça a très bien mar-vous prennent au sérieux ou servez-vous ché (lire page 6). Des prêts moyens de passant par des boutiques de vête- une alternative aux usuriers, aux re-uMahmmdad’alibi ? 2 000 dollars… destinés à 99,9% à des ments, etc. quins qui attaquent les pauvres. Il fautYunus.Parfois c’est sérieux et parfois un peu femmes. Les grandes banques s’écrou-Autre grief formulé contre le microcré- moins.donc faire autant de restrictions que Ils y voient éventuellement une lent, le microcrédit s’épanouit. Maisles taux d’intérêt élevés «à la sub-dit :  pour les gens. Ce qui est sûr,possible. Limiter les taux d’intérêts. Si alternative comme nous ne sommes pas une ban-prime», parfois proche des taux d’usure. qu’ils ont du mal à refuser une c’estvous faites dans les 10%, vous êtes dans que, il faut que quelqu’un nous procure C’est une critique qui nous est faite le vert, vous êtes remboursés. Si vous rencontre. Cela m’aide pour tenter de des fonds. Ainsi, une fondation nous a couramment. La réalité, c’est que vous faites entre 10 et 15%, vous êtes dans le faire avancer mes causes. fourni le financement de départ. Et devez évaluer vos coûts et couvrir vos microcrédit. Si vous êtes au-dessus deUn message ? maintenant, c’est San Francisco qui frais. Mais pas chercher à gagner de 20%, vous êtes dans le rouge, c’est Oui, à l’intention des jeunes : sachez nous invite pour faire la même chose. l’argent sur les dos des pauvres. Per- l’usure… Dès que le microcrédit est de- quel monde vous voulez créer, écri-Cela va d’une boutique pour animaux sonne ne vous demande de faire de l’ar- venu populaire, des requins ont voulu vez-le, accrochez-le sur le mur et tra-domestiques à la garde d’enfants, en gent. Le microcrédit, c’est justement faire de l’argent. Mais le microcrédit est vaillez pour ça.Les réseaux, nombreux, se déploient sur tout le territoire, et même les banques s’y mettent. Labonnefortunedelafinancesolidairefrançaise u, voici presque le trop AuahcmôgalatuerepreneureLentrtrédipssaimrerccoudimecàsreeiipavleLdesns.erredsnpage,(ménciledomiasimp,rlèesudl-eitvriodpnpies,ilraesrlsusiinifcorefu,e)rentneitseltb«caLtniqivdeéu,se,euacnuenesatisvsdeoeacfuiaacdtieiliontensoràcellosamétcêittéhenasddgéusepnerarntéetsmreeeanlu-e.ssséue.itieonaf-fge.AlAdteuadxrecieh39d%pmoccaernU.éng-adeteoresnaairrpaovriaélosifecsierndosnsêtetsa en France sont liés à la figure de Maria Nowak. A l’Adie (Association pour le droit à espaces verts, ou exploite un commerce am-taux avec France active»,explique Philippe sera-t-il de même avec le dernier avatar En l’initiative économique) qu’elle a fondée et bulant. Pour aller au-devant de ses «clients», Caplet, le directeur du Centre d’information de la microfinance : le microcrédit person-qu’elle préside depuis vingt ans, Philippe l’Adie a déployé son réseau – 400 salariés et bancaire, et il promet que«tous les grands ré- Même public, même montant, à unenel ? Collet, son directeur général, résume ainsi 1 500 bénévoles – jusqu’en banlieue et envont proposer ainsi du microcrédit, et surseaux nuance près : il aide à financer un bien ou un son parcours :«Elle était allée transposer en tout le territoire» (permis de conduire, voiture…) quià une cible voi- service Afrique, en tant que coopérante, le modèle deSi les banques s’engagent ainsi, ce n’estsine de celle de l’Adie :«Des per-conforte l’insertion d’un exclu du crédit. la Grameen Bank»inventé par Muhammadpas par altruisme soudain, mais parcesonnes en difficulté qui veulent créerFrance, la mairie de Paris s’estPionnière en YFruannucse,asuesBta-nt-glealldeedsiht.àPsoounrqreutooiurp.aDsoenntqu’elles ont depuis 2006 un filet delSeiulresbubasinnqeusessiojdaetnsnaia,ykaTlgstrossou.Oifnndresseuumaire,esneagegtnôtptptulegseraarnesdaéimcéeei.,Llanc acte. Avec 14 500 prêts octroyés en 2009,sécurité, le Fonds de cohésion sociale.n’est pas par un altruisme sou- premier bilan :«1 000 dossiers instruits l’Adie fait aujourd’hui la course en tête. Der- dain, mais parce qu’elles ont de-en 2009 et 400 prêts accordés.»Mais elle ré-rière elle, une myriade d’initiatives et de ré- zone rurale,«là où les besoins sont les pluspuis 2006 un filet de sécurité. Il a pour nom déjà à l’assouplissement du dispositif. fléchit seaux brouillent un peu le paysage.criants», Chez Fonds de cohésion sociale, et il garantit à Habitat et humanisme, association par- lesouligne Philippe Collet. Le microcrédit est d’abord une affaire de dé- Longtemps cantonné dans le rôle d’un kit de hauteur de 50% les microcrédits. Le résultat tenaire censée rabattre la clientèle, on n’a pas finition. A l’Adie, on reste très près de la ge- survie pour démunis, le microcrédit prend reste assez modeste : et 000«Entre 5réussi à monter un seul dossier:«Nos accom-nèse : c’est un microprêt consenti à un dé- du galon. A présent, c’est l’ensemble de la6 000 dossiers financés l’an dernier»,chiffrepagnateurs ne sont pas d’un enthousiasme déli-muni pour qu’il crée son propre emploi. communauté bancaire qui s’engage dans le Philippe Collet. En fait, la balle est plutôtrant pour ajouter de l’endettement aux familles Montant moyen : 3 000 euros. La moitié du processus. La Fédération bancaire française dans le camp des associations et de leurs ac-qu’ils suivent»,confie un responsable. public de l’Adie est aux minima sociaux, (FBF) a signé hier un partenariat avec France compagnateurs. Pas d’accès au crédit sansCATHERINE MAUSSION
LIBÉRATIONJEUDI4REIRVÉF2010
Séverine Grégoire, cofondatrice du site, à Marseille hier. Les créatrices ont emprunté 40000 euros.TOOLPHORMONIVIEY.O.EGM.P.. Monshowroom.com, un succès, n’aurait vu le jour sans le microcrédit. Unsitedemodecréé grâceauprêtapporté n lles n’avaient que monshowroom.com s’étaient bien sûr Enauqsertdatioinnadresséesauxb,elleutriveuiqutbodeéeidurleelesatxuruabnisequiaimentlesbellsdsnirameedqugresdeanilsvaratdesmgoûtnilertni-eivèlhcohsnsqai,mesguinfresspmetelintnoniuujni0260e,.esleel.s une foi inébranlable en leur Gros flop.«On les a toutes vues ou pres-projet et quelques milliersque,se souvient Séverine Grégoire, qui d’euros rassemblés en vendant leur a travaillé à l’Institut de la mode à Mar- Pour les banquiers, le concept semblait voiture. Trois ans et demi plus tard, seille,et c’était chaque fois les mêmessolide et consistant, mais pas les deux Séverine Grégoire et Chloé Ramade af-sourires narquois et le même discoursjeunes femmes…«Quand on a fait notre fichent 5 millions d’euros de chiffrecompassé, du style“si votre idée avaittournée,raconte Chloé Ramade,on d’affaires annuel, 22 salariés, une cen- suffisamment de potentiel pour mar-avait 24 et 25 ans, une expérience profes-taine de marques référencées et le lea- cher, d’autres plus costauds que vous ysionnelle minimale pour Séverine et dership de la vente de mode féminine auraient pensé avant”. pour moi, des diplômes nulleC’était découra-[un DEA de en ligne dans l’Hexagone. Leur site, marketing en préparation monshowroom.com, n’aurait jamais vu«Quand on a fait notre tournéeà Aix-en-Provence]qui ne lmeijcoruorfisnaannscleeCsroéuat-iSeonl,dqeulilienusrtiatuptrêdteédes banques, on avait 24 et 25 ans, desnniassoipmerelisenucahcsour0e0020etastpen 40 000 euros à 4% sur cin ourdiplômes qui ne les impressionnaient démarrer leur affaire. q ans ppas, une expérience professionnelleSeannsfCornédas-Soplr,olperpersoje»t Une somme considérable en regard desminimale…»n’aurait vu le jour. ppirêatsnthsa-beitnutrelelpermeennetucrsonesxeclnutissdaeusxcaisr--Chloé Ramadecofondatrice de Monshowroom.comset-nevsetpesne,0620rembe,lDepuislespremière r cuits bancaires d’aide aux PME-PMI.geant, mais on continuait quand mêmesite a multiplié par dix son chiffre d’af-«A l’époque,explique Frédéricd’y croire.»Aucun banquier n’avait par faires et ses marques référencées. Dans N’Guyen, directeur de Créa-Sol Pro- ailleurs pris soin de les aiguiller sur l’un l’intervalle, sur la base de leurs résul-vence-Alpes-Côte-dAzur,nous n’avi-des instituts de microfinance.  tats,les deux jeunes femmes ont levé ons pas encore l’habilitation du ministère 000 euros auprès de l’associationMais les deux copines d’enfance avaient 200 de l’Economie, qui limite le montant desune certitude : ce qui cartonnait déjà Provence Business Angels (en 2007), microcrédits à 10 000 euros. Comme ce 4,3 millions d’euros (en jan- puisdans les pays anglo-saxons devait aussi projet nous paraissait viable, nous l’avons 2009) auprès de capital-risqueurs vierpouvoir fonctionner en France. soutenu au maximum, c’est-à-dire au «En 2006, àrappelle Séverine Grégoire,elles ont cédé 49% des parts de qui plafond qui était le nôtre avant l’habilita- les sites de mode féminine existaient déjà,leur boîte. L’objectif, c’est de continuer tion de Bercy, que nous avons finalement mais tous faisaient du déstockage ou de laà doubler le chiffre d’affaires annuel obtenu en avril 2009.» vente privée. Aucun ne proposait les col-chaque année pendant encore quatre ou Avant de solliciter le deuxième opéra-de l’année en cours au prix bouti-lections cinq ans. Histoire que le microcrédit fi-teur de microcrédit en France (aprèsque.»L’idée, c’était d’offrir une alter- nisse par accoucher d’un macrosuccès. l’Adie, Agence pour le droit à l’initiative native confortable aux provinciales quiCorrespondance à Marseille économique), les deux créatrices de n’ont pas facilement accès aux maga-HERVÉ VAUDOIT
EVENEMENT5 Lancé en 2008, le site compte 5400 prêteurs. Braébdyiltoàalna.ocragr,tele c made in France man français Bill D Lnsitdariamalffuqiàtecbeulseirraenemx.auntCottiaftuoiarevaem son unique tube en 1981, Babylone ne dé-conne pas du tout. Le premier site européen de mi-crocrédit, Babyloan, est tout ce qu’il y a de plus sé-rieux. En un an à peine d’existence, ce «social business» à la française s’est imposé comme une référence. Surnommés «babyloaners» et issus de 100 nationalités, ses 5400 membres ont déjà prêté 560000 euros et financé plus de 2000 projets dans sept pays dont le Vietnam, le Cambodge, le Tadji-kistan et les Philippines. A l’origine de Babyloan, il y a un banquier tout ce qu’il y avait de plus classique qui, grâce à Internet, a découvert le moyen de lever et prêter de l’argent autrement.«Et utilement»,précise-t-il. Ancien de Merrill Lynch et ABN Amro, Arnaud Poissonnier choisit à 40 ans la finance alternative pour lutter contre la pauvreté. C’est en s’inspirant du site de microcrédit américain Kiva (plus de 600 000 prê-teurs et 275000 projets financés pour 109 millions de dollars –78 millions d’euros) qu’il met au point Babyloan à l’automne 2008. Un modèle commu-nautaire dans lequel le prêteur choisit«sur catalo-gue»destinataire de son prêt. Prénom, photo,le ville, activité (pour l’essentiel de l’élevage, du commerce ou de l’artisanat), le dossier est bien étayé. Au visiteur, ensuite, de décider s’il souhaite miser quelques euros sur le projet de Kodjo, qui veut développer sa boutique à Cotonou, Bénin.«Le montant moyen des projets s’élève à 288 euros pour une durée moyenne de huit mois»,dit Arnaud Pois-sonnier. Le prêt minimal est de 20 euros mais le montant moyen tourne autour de 55 euros. Si les babyloaners ne touchent aucun intérêt, ils n’en récupèrent pas moins leurs mises à l’échéance des projets. Ils peuvent alors soit retirer leur argent, soit financer d’autres projets.«Le taux de sortie est très faible, de l’ordre de 2% actuellement»,quliexpe Arnaud Poissonnier, qui ambitionne d’attirer 100 000 membres d’ici trois ans. Comme Kiva outre-Atlantique, Babyloan s’appuie sur des instituts de microfinance locaux (IMF) pour choisir la soixantaine de projets actuellement proposés aux internautes. Des instituts qui se chargent de l’accompagnement des entrepreneurs sur le terrain et sont garants des sommes prêtées. En cas de défaut de paiement des bénéficiaires –de 1,5 à 5% selon Poissonnier, qui cite le chiffre de 6% pour un organisme de crédit comme Cetelem–,ce sont eux qui remboursent les prêteurs. Ces crédits coûtent de 20 à 40% d’intérêts pour les emprun-teurs en raison de l’inflation dans les pays émer-gents des coûts de refinancement et de fonction-nement des IMF.«Ça peut paraître énorme, reconnaît le fondateur de Babyloan,mais c’est peu par rapport aux taux pratiqués par les usuriers lo-caux, jusqu’à 300%. Les banques locales qui refusent de prêter sont d’ailleurs à peine moins chères, avec des taux tournant autour de 25%.»Le site, qui vient d’obtenir une licence pour opérer en Italie, déplore de ne pouvoir, dans l’état actuel de la législation française, distribuer des microcrédits dans l’Hexa-gone.Banque de France, qui nous a beaucoup«La soutenus, a mis quatre mois pour nous dire oui pour financer des relations Nord-Sud et deux heures pour nous dire non pour des crédits Nord-Nord,conclut Arnaud Poissonnier.C’est aberrant mais le code monétaire et financier est tel qu’il nous est impossible de financer des projets en France.»Un frein que seule une loi sur la microfinance pourrait lever. CHRISTOPHE ALIX
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