Une certaine idée de la France

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article de Romain LEFFERT
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267

Langue

Français

1
Une certaine idée de la France
18 juin 1940, 18 heures. Stephen Tallents, directeur des informations de la BBC,
accueille un général français en exil au quatrième étage du studio d'Oxford Circus. Son arrivée à
longues enjambées, sa taille immense et sa voix très grave génèrent une présence hors normes :
l'assistance est subjuguée. On lui demande un essai de voix. Il dit seulement « la France ».
Elle seule importe. Elle seule occupe ses pensées, chacune d'elles. A Londres,
l'ectoplasme-idée France a complètement intégré son réceptacle : la symbiose est
accomplie, parfaite. La longue carcasse porte et supporte les avanies de la mère patrie,
endosse la honte nationale de la capitulation
1
. Le déshonneur de son pays lui instille
une douleur insupportable et donne naissance à une volonté surhumaine. La nation
vaincue, contrainte à la génuflexion pour mendier sa délivrance, n'est plus la sienne.
Elle n'est plus conforme à son idéal, auquel il consacrera le premier paragraphe de ses
Mémoires de guerre
:
« Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France... Le sentiment
me l'inspire aussi bien que la raison. Ce qu'il y a, en moi, d'affectif imagine
naturellement la France, telle la princesse des contes ou la madone aux
fresques des murs, comme vouée à une destinée éminente et exceptionnelle.
J'ai, d'instinct, l'impression que la Providence l'a créée pour des succès achevés
ou des malheurs exemplaires. S'il advient que la médiocrité marque, pourtant,
ses faits et gestes, j'en éprouve la sensation d'une absurde anomalie, imputable
aux fautes des Français, non au génie de la patrie. Mais aussi, le côté positif de
mon esprit me convainc que la France n'est réellement elle-même qu'au
premier rang ; que, seules, de vastes entreprises sont susceptibles de
compenser les ferments de dispersion que son peuple porte en lui-même ; que
1
Le gouvernement Pétain accepte les conditions de l’armistice le 22 juin 1940.
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