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Une primaire polluée par les sondages? Les six candidats à l’investiture socialiste dénoncent l’effet nuisible des cotes de popularité rabâchées depuis cet été, alors que les instituts sont confrontés à de nombreuses inconnues. Par MATTHIEU ECOIFFIER, NICOLAS CHAPUIS, LILIAN ALEMAGNA, LAURE BRETTON Ils n’y sont pour rien mais ce soir Martine Aubry et François Hollande seront placés au centre du plateau de France 2 pour le premier grand débat de la primaire socialiste. Par la grâce d’un tirage au sort, et non en vertu de leur position dans les sondages. C’est l’ironie de ce scrutin inédit : un corps électoral inconnu - les estimations de participation vont de 600 000 à 4 millions d’électeurs - mais toujours le même matraquage des enquêtes d’opinion. Qui reproduisent depuis cet été le même classement, avec François Hollande en tête, creusant l’écart avec Martine Aubry, Ségolène Royal qui rêve d’une échappée belle et Arnaud Montebourg, Manuel Valls et le radical de gauche Jean-Michel Baylet en queue de peloton. Si tous les camps socialistes prisent les sondages annonçant une victoire possible de la gauche face à Nicolas Sarkozy en mai, les challengers de la primaire dénoncent leur effet d’écrasement. «Ça conditionne les gens, il y a une petite musique qui s’installe et qui peut démobiliser les électeurs, expliquait Royal, vendredi. L’ordre d’arrivée qu’on nous donne aujourd’hui ne correspond pas à la réalité, je le sais, je le sens.» Aubry embrayait ...

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Publié le 15 septembre 2011
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Langue Français

Extrait

Une primaire polluée par les sondages?
Les six candidats à l’investiture socialiste dénoncent l’effet nuisible des cotes de
popularité rabâchées depuis cet été, alors que les instituts sont confrontés à de
nombreuses inconnues.
Par
MATTHIEU ECOIFFIER
,
NICOLAS CHAPUIS
,
LILIAN ALEMAGNA
,
LAURE BRETTON
Ils n’y sont pour rien mais ce soir Martine Aubry et François Hollande seront placés au centre
du plateau de France 2 pour le premier grand débat de la primaire socialiste. Par la grâce
d’un tirage au sort, et non en vertu de leur position dans les sondages. C’est l’ironie de ce
scrutin inédit : un corps électoral inconnu - les estimations de participation vont de 600 000 à
4 millions d’électeurs - mais toujours le même matraquage des enquêtes d’opinion. Qui
reproduisent depuis cet été le même classement, avec François Hollande en tête, creusant
l’écart avec Martine Aubry, Ségolène Royal qui rêve d’une échappée belle et Arnaud
Montebourg, Manuel Valls et le radical de gauche Jean-Michel Baylet en queue de peloton.
Si tous les camps socialistes prisent les sondages annonçant une victoire possible de la
gauche face à Nicolas Sarkozy en mai, les challengers de la primaire dénoncent leur effet
d’écrasement.
«Ça conditionne les gens, il y a une petite musique qui s’installe et qui peut
démobiliser les électeurs,
expliquait Royal, vendredi.
L’ordre d’arrivée qu’on nous donne
aujourd’hui ne correspond pas à la réalité, je le sais, je le sens.»
Aubry embrayait lundi dans
son monospace roulant sur le viaduc de Millau :
«Les sondages n’ont aucun sens, même
Hollande l’a dit. Dans le dernier, j’avais zéro voix du Front de gauche et lui toutes ! En
revanche, j’avais trois fois plus de professions libérales que lui, c’est quand même étonnant
Montebourg crédité de 3 à 7% des suffrages est encore plus remonté :
«Tous les
sondages nous ont conduits au désastre»,
rappelait-il lors d’une sortie de campagne à Tours.
Et même l’actuel favori ne sait plus sur quel pied danser :
«Je ne me plains pas que les
sondages me placent là où je suis, mais ils sont précaires, vulnérables et réversibles»,
confiait Hollande il y a quelques jours. Tout en capitalisant sur son maillot jaune :
«Les gens
voudront choisir celui qui peut faire battre Sarkozy et celui qui risque le moins d’être rattrapé
par Le Pen.»
Evidemment, ce serait lui. Alors, les sondages ont-ils faussé
«les primaires
citoyennes»
: un peu, beaucoup, éhontément ? Réponses en trois temps.
La présidentielle pèse sur la primaire
Les instituts de sondage s’accordent sur un point : les enquêtes d’opinion sur la primaire PS
sont influencées par… les sondages d’intention de vote à la présidentielle.
«Ce qui demeure
chez les gens de gauche, c’est une très forte envie de sortir Nicolas Sarkozy,
pointe Jérôme
Fourquet de l’Ifop.
Ils vont donc voter pour la personne qui leur garantit ce scénario, avec le
plus de sécurité.» «Cette logique d’opinion, qui a pesé le plus en 2006, sera encore
extrêmement forte cette fois»,
ajoute François Kalfon, le «monsieur sondages» du PS.
Hollande, actuellement le mieux placé pour battre le chef de l’Etat, bénéficie comme Royal
en 2006 d’une sorte de prime au leadership. Mais
«les sondages autoréalisateurs ont été
démentis !
rappelle Pouria Amirshahi, du staff Aubry.
Regardez Balladur, Jospin… même
Ségolène».
Neuf mois avant l’échéance, ils étaient tous élus dans un fauteuil à en croire les
sondages et tous ont été battus.
«C’est vrai qu’il y a un biais,
concède Gaël Sliman de
l’institut BVA.
Le thermomètre ne devrait pas influer sur le temps qu’il fait.»
Mais, pour lui,
Hollande a profité depuis l’université de La Rochelle, fin août, de cette position de leader :
«A
force de le dire et de le répéter, effectivement ça crée un effet d’entraînement qui a fait
augmenter son avance.»
Et, s’il est
«excessif de dire que la progression de Hollande ne
repose que là-dessus,
reprend Gaël Sliman,
c’est un paramètre important».
Un effet sur les médias
Ce SMS d’alerte est tombé le 1
er
septembre à 21 h 03 sur tous les portables des militants
pro-Aubry et des journalistes. A la veille de la publication dans
le Figaro
d’un sondage
OpinionWay donnant Hollande largement en tête face à la maire de Lille, un proche d’Aubry
écrit :
«Chers amis, […] l’interprétation de ce sondage sur les primaires est proprement
scandaleuse. […] Ne vous laissez pas abuser par des instituts et une presse dans les mains
de la droite.»
Delphine Batho, porte-parole de Royal, dénonce, elle, une
«mise en scène
médiatique»
des sondages :
«Qu’on affiche pendant toute la durée d’une émission
[dimanche dernier dans
C Politique
sur France 5, ndlr]
un bandeau avec "Ségolène Royal : la
troisième" est quelque chose d’inacceptable !»
s’insurge-t-elle. Autre exemple : les
journalistes énumèrent le trio
«Hollande, Aubry, Royal»
en reprenant le classement des
intentions de vote. Outre un
«temps de parole équitable»,
les proches de Royal demandent
un
«respect»
de non-publication de sondages - comme lors d’une élection nationale - dans
les quarante-huit heures qui précèdent le scrutin.
Des candidats sous influence
Chaque candidat clame sur tous les tons qu’il trace son sillon sans se préoccuper des
sondages. Hollande assure qu’il ne fera pas
«l’erreur de débutant»
de croire qu’il a déjà
gagné. Aubry brandit sa volonté de
«changer le système au lieu de le rafistoler avec des
rustines»
(suivez son regard…). Sauf que tout le monde fait son miel des résultats des
enquêtes. D’abord pour asseoir sa présidentiabilité.
«On est deux à pouvoir battre Nicolas
Sarkozy. Le vrai choix, c’est pour quoi faire. Et là-dessus, on ne pense pas exactement la
même chose Hollande et moi»,
fait valoir Aubry. Ensuite, les études permettent de plomber le
moral de l’adversaire.
«Elles ont un effet entraînant pour nous, un peu démoralisant pour les
autres»,
savoure le hollandais François Rebsamen. Mais les sondages sont des armes à
double tranchant. Dur, par exemple, d’être le favori et de le rester. Sous le mitraillage des
propositions de Martine Aubry, François Hollande vient donc de laisser tomber son costume
de Père-la-rigueur pour endosser celui de père Noël, promettant contre toute attente 70
000 embauches dans l’Education nationale sur le prochain quinquennat.
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