USA et URSS - article ; n°5 ; vol.14, pg 411-420
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Description

Politique étrangère - Année 1949 - Volume 14 - Numéro 5 - Pages 411-420
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 39
Langue Français

Extrait

W. Gurian
USA et URSS
In: Politique étrangère N°5 - 1949 - 14e année pp. 411-420.
Citer ce document / Cite this document :
Gurian W. USA et URSS. In: Politique étrangère N°5 - 1949 - 14e année pp. 411-420.
doi : 10.3406/polit.1949.2790
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1949_num_14_5_2790U. S. A. ET U. R. S. S.
Avant la Révolution russe de 1917, lés Américains considéraient le
régime tsariste comme un phénomène exotique, réactionnaire, rétrograde,
sans grand intérêt. Après la chute de ce régime, la situation change et un
certain intérêt commence à se développer à l'égard de la Russie. On se
montre tout d'abord très enthousiaste pour le nouveau régime démocrat
ique créé en Russie par le gouvernement provisoire qui succéda pendant
quelques mois au régime tsariste. Mais le régime Kérensky tombe, le régime
soviétique s'installe ; dès lors, on peut noter certaines réactions nouvelles
de l'opinion américaine à son égard.
En premier lieu, une opposition énergique au régime de Lénine et
Trotski, au régime qui conclut k paix séparée avec l'Allemagne, l'Au
triche, etc., et qui annulé publiquement sa dette internationale. Ce régime
apparaît aussitôt comme menaçant le capitalislhe et toutes les bases de la
société établie. A l'opposition capitaliste et bourgeoise se joint l'opposition
des groupes religieux, qui sont profondément choqués parle programme
antireligieux et la philosophie du régime soviétique de Lénine.
Un autre groupe se joint, presque d'emblée, à cette opposition améri
caine contre le régime soviétique : le groupe des démocrates, des socialistes
modérés qui avaient accepté avec enthousiasme le régime du gouvernement
provisoire, renversé par la Révolution d'octobre, et qui accusent Lénine et
les Bolcheviks d'être des terroristes destructeurs de toute possibilité d'un
système démocratique en Russie. f W. GURIAN 412
Mais, second fait important : on voit, à côté de cette attitude négative,
se développer — dans des cercles fort limités, il est vrai — une attitude
positive envers le régime soviétique. Celui-ci n'est pas un accident provi
soire, comme beaucoup l'ont cru, et Lénine lui-même au début ; il dure ;
il gagne la guerre civile, et certains Américains ■ — même des capitalistes
américains — commencent à croire qu'on doit entrer en relations avec
ce nouveau régime, qu'il faut accepter les faits tels qu'ils sont. D'ailleurs,
le régime soviétique peut évoluer, pensent-ils, il oubliera son programme
communiste et évoluera lentement dans une direction démocratique
acceptable pour la mentalité américaine. Pourquoi, dans ces conditions, ne
pas avoir de relations économiques avec lui ?
Certains politiciens qui, plus tard, seront considérés comme d'impla
cables adversaires du régime soviétique ont eu d'abord cette attitude.
Ainsi, l'un des chefs de l'isolationnisme américain pendant la seconde
guerre mondiale, le sénateur Wheeler, avait, avant 1933, recommandé de
renouer des relations amicales avec la Russie et de reconnaître le régime
soviétique. Il s'était même rendu en Union Soviétique aux frais de
celle-ci ! -
A côté de ces groupes qui acceptent alors la Russie soviétique comme un
fait positif, il y a des radicaux, des secrétaires de syndicats, etc., qui, dès
le début, ont accepté le régime soviétique comme le régime socialiste idéal.
C'est dans ces différents groupes que le parti communiste américain a
pris naissance, bien qu'ils n'aient jamais joué un rôle très important.
Parallèlement à l'apparition de ces groupes limités de radicaux pro
soviétiques, on observe aussi un autre phénomène remarquable. De nom
breux libéraux et progressistes commencent à s'intéresser également à
l'expérience socialiste russe : ils ne deviennent pas communistes, mais
pensent que la Russie est un « laboratoire social » d'une grande import
ance. Ils croient que beaucoup de réformes, de lois et d'institutions établies
en Russie soviétique sont des réformes, des lois et des institutions modèles.
Quelle fut ensuite l'évolution de l'opinion publique américaine à l'égard
de la Russie depuis 1933, c'est-à-dire depuis la reconnaissance officielle de
l'U. R. S. S. par les États-Unis? L'attitude pro-soviétique, l'attitude favo
rable gagne du terrain après l'avènement du président Roosevelt. L'Union
soviétique est reconnue diplomatiquement, sous l'influence des businessmen
qui estiment qu'il faut établir avec elle des relations économiques. Un U. S.fA«;ET U. R. S.S.f3 413
homme, connu aujourd'hui comme le plus farouche ennemi de l'Union
soviétique, l'ex-ambassadeur Bullitt, devient le premier ambassadeur des
États-Unis à Moscou. Il est considéré comme le représentant typique des
milieux qui jugent nécessaire d'avoir à l'égard de l'U. R. S. S. une attitude
positive ; mais, en fait, ce retour aux relations diplomatiques normales
n'améliore pas pour autant les relations avec ce pays. Son séjour à Moscou
fait de Bullitt un ennemi absolu du régime soviétique. D'autre part, les
événements qui se produisent dans la politique intérieure russe viennent
aussi modifier l'attitude des cercles progressistes et libéraux américains
envers la Russie. Le principal de ces événements a été l'épuration de 1 936-
1938. On ne peut plus espérer voir la Russie soviétique devenir un pays
démocratique. Beaucoup parmi ceux qui pensaient qu'elle servirait de
laboratoire social critiquent maintenant l'Union soviétique. C'est ainsi
que le philosophe Sidney Hook, aujourd'hui farouche ennemi de la
Russie, quitte le groupe de tendances pro-russes auquel il appartenait et
commence à accuser le régime soviétique d'être un régime antidémocratique,
barbare et terroriste.
L'opposition de l'opinion publique américaine à la Russie croît avec les
années. En 1939, toute l'opinion critique le traité conclu entre Molotov
et Ribbentrop. On déplore que l'immense Russie ait attaqué, sans raison,
la petite Finlande, qui jouit aux États-Unis d'un certain prestige parce
qu'elle est le seul pays qui ait régulièrement payé ses dettes. On peut dire
qu'en 1940 et 1941 la Russie soviétique est à peu près totalement discréditée
en Amérique.
Mais, avec l'été 1941 , la situation change. L' U. R. S. S. est attaquée par
Hitler, tout le monde croit qu'elle sera vaincue en quelques semaines. La
résistance russe fait une impression énorme. On commence à croire que
l'expérience de la guerre, aux côtés de l'Angleterre et surtout des États-
Unis, fera évoluer la Russie dans un sens démocratique. On est également
impressionné par le fait que la troisième Internationale est dissoute, que
la Russie fait la guerre en propageant des thèmes nationalistes et qu'appa
remment l'idéologie communiste est presque oubliée. De plus — et ceci
est particulièrement remarqué — les chefs de la Russie soviétique pro
mettent au secrétaire d'État Cordell Hull de participer activement à la
nouvelle Société des Nations qui sera créée après la guerre. On croit qu'il
est possible d'établir une coopération permanente avec la Russie soviétique,
basée sur l'opposition commune contre l'Allemagne.
Mais la situation change de nouveau dans la dernière phase de la guerre
(lorsque l'opinion américaine s'inquiète des différends existant entre le W. GURIAN 414
gouvernement soviétique et le gouvernement polonais de Londres), et
surtout après celle-ci.
Profondément déçu, le public américain ne comprend pas l'attitude,
pleine de suspicion croit-elle, des chefs de la Russie soviétique, et de
nouveau la méfiance à l'égard de ce pays (laquelle avait presque totalement
disparu des milieux influents américains) réapparaît et va croissant, pour
aboutir à la guerre froide, acceptée d'enthousiasme par l'opinion publique
américaine. Car c'

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