Althusser et Rousseau : le cours de 1972 / PAGE ALTHUSSER SUR FACEBOOK
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La parole Althusser et Rousseau : le cours de 1972
d’Althusser serait-elle toujours vivante ? C’est la conviction des éditions Le Temps des Cerises, qui viennent de publier un ouvrage collectif, Autour d’Althusser, sous la direction d’Annie Ibrahim. Consacrées au matérialisme aléatoire, les interventions en question éclairent et actualisent le Cours sur Rousseau (paru en mai 2012 chez le même éditeur), dispensé par le philosophe en 1972 auprès des agrégatifs de l’Ecole Normale Supérieure et dont Yves Vargas a assuré la mise en forme.
Que veut Althusser ? Sensibiliser son auditoire à la rencontre possible entre Rousseau et ce qui s’appellera ultérieurement le "matérialisme aléatoire". Comment repérer l’ "impensé" de Rousseau, et quel dispositif théorique souterrain soutient le Discours sur les fondements et l’origine de l’inégalité parmi les hommes ? C’est à ces questions que s’attaque Althusser dans le cours délivré en 1972.
Louis Althusser compare la cure psychanalytique à une
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Langue Français

Extrait

Entre contingence et nécessité : le matérialisme aléatoire d’Althusser
PHILOSOPHIE
AUTOUR D'ALTHUSSER. POUR UN MATÉRIALISME ALÉATOIRE : PROBLÈMES ET PERSPECTIVES
Collectif sous la direction d'Annie Ibrahim
Résumé : Quelles sont les retombées théoriques et politiques du matérialisme aléatoire élaboré par le "dernier" Althusser ?
Patricia DESROCHES
Althusser et Rousseau : le cours de 1972
La parole d’Althusser serait-elle toujours vivante ? C’est la conviction des éditions Le Temps des Cerises, qui viennent de publier un ouvrage collectif,Autour d’Althusser, sous la direction d’Annie Ibrahim. Consacrées au matérialisme aléatoire, les interventions en question éclairent et actualisent leCours sur Rousseau(paru en mai 2012 chez le même éditeur), dispensé par le philosophe en 1972 auprès des agrégatifs de l’Ecole Normale Supérieure et dont Yves Vargas a assuré la mise en forme.
Que veut Althusser ? Sensibiliser son auditoire à la rencontre possible entre Rousseau et ce qui s’appellera ultérieurement le "matérialisme aléatoire". Comment repérer l’ "impensé" de Rousseau, et quel dispositif théorique souterrain soutient leDiscours sur les fondements et l’origine de l’inégalité parmi les hommes? C’est à ces questions que s’attaque Althusser dans le cours délivré en 1972.
De cette confrontation entre philosophes surgit une interrogation radicale sur l’origine, sur l’ "état de pure nature", problématique soulevée par les théoriciens du droit naturel mais înalement scotomisée, dans la mesure où la "projection" de catégories relevant de l’état de société a brouillé la compréhension de la "vraie" nature. Comment s’est déroulé le processus historique qui a permis à l’humanité de s’extraire du « vide » de l’origine ? Ce temps historique, paradoxalement, ne répond pas aux critères dont on le crédite en général : il ne s’arrime à aucune nécessité, ne présente aucun avenir, ne connaït,stricto sensu, aucun commencement. Pour s’extraire du cercle, il faut par conséquent déînir le statut du hasard, de l’ "événement", comme le souligne Yves Vargas dans la présentation du cours. Il se révèle tout aussi problématique de déînir lavoixde lanature, pour une raison chargée d’expliciter ce à quoi elle est, par essence, étrangère. Telle est l’originalité de Rousseau, seul philosophe à avoir cherché à élucider "le cercle de la dénaturation" et à avoir assumé le paradoxe de cette îgure.
Rousseau et les théoriciens du droit naturel
Le premier exposé du cours sur Rousseau signale que les interrogations de la philosophie n’échappent pas aux conditions historico-politiques qui sont déjà là : Hobbes ne se déclare-t-il pas absolutiste, Locke libéral, et Rousseau démocrate ? La pensée philosophique du XVII/XVIII siècle emprunte ainsi ses contenus à un état existant, aufait accompliet non pasàaccomplir, ce qui la distingue fondamentalement, selon Althusser, de l’œuvre de Machiavel. Si les théoriciens du droit naturel cherchent à penser l’origine, Machiavel est confronté à la question ducommencement. Dans ces conditions, où situer Rousseau ? Rousseau, à l’évidence - à l’instar des théoriciens du droit naturel - insiste sur la nécessité de "remonter à l’état d’origine" pour saisir le fondement des sociétés, les institutions etc. Est-ce à dire qu’il fournit également une "analyse d’essence fondée dans l’évidence de ses titres d’origine, la nature"? C’est contre cette thèse que s’élève le cours d’Althusser.
Selon Althusser, en eFet, on peut identiîer l’écart invisible qui sépare Hobbes, Grotius, Locke, de Rousseau, dans l’objetde pensée construit par ce dernier, c’est-à-dire cet état originel, qu’aucun philosophe n’a réussi à atteindre, parce qu’il présupposait ce qui était en cause. Ce que pointe Althusser, c’est que Rousseau rend perceptible la légitimation de la société pratiquée par les théoriciens du droit naturel ; l’état de société peut-il être compris autrement qu’en transposant ses présupposés dans l’état de nature et réciproquement ? Rousseau eFectue même, d’après l’auteur, une double critique, la première visant la justiîcation déguisée de l’ordre établi, la deuxième dénonçant l’utopisme, qui "espère justiîer l’avenir de la société qu’elle souhaite en la projetant sur ses origines…". Rousseau, à ce titre, n’appartient pas au courant des Lumières (dont il met en cause l’idéalisme) mais cherche à penserdansl’origine.
Le premier cercle repéré est donc d’ordre théorique et le second d’ordre social : paradoxe, là encore puisque la nature est aliénée dans son historie réelle, la "dénaturation" produite par l’état de société ne traduisant, initialement, que l’oubli, la perte de la nature "primitive", originelle. Peut-on encore juger de l’état de société en se référant à un état de nature lui-même dénaturé ? Le troisième cercle, enîn, se rapporte à un autre paralogisme des théoriciens du droit naturel. A force d’étudier l’homme, "nous nous sommes mis hors d’état de le connaïtre" arme Rousseau dans le secondDiscourset les "sciences humaines" sont ainsi à leur tour prises dans le cercle de la connaissance : est-il possible à la rationalité scientiîque de saisir cet homme de nature, guidé par lasensibilitéet non par l’intelligence ? Et Althusser d’insister sur cette faculté inattendue, "le cœur" (qui pense), seule capable d’atteindre, grâce à la voix "naturelle", la subjectivité originaire et de sortir par là du cercle évoqué (de l’intérieur, dit Althusser). La puissance philosophique du cœur permet donc de "résoudre les
antinomies de la raison et de la société". La pitié naturelle, d’ailleurs, m’incite à ne pas faire de mal aux autres (c’est donc une qualité négative) mais c’est à l’être sensible qu’elle s’adresse, et non à sa raison (in Préface auDiscours).
En bref, comme en témoigne le second exposé althussérien, Rousseau, en accentuant la séparabilité absolue de l’origine, nous met face à l’abïme. La lecture duDiscoursne permet donc pas de revendiquer la moindre téléologie dans le passage (accidentel) de l’état de nature à l’état de société, et le résultat obtenu est hétérogène à une origine rendue méconnaissable –stricto sensudénaturée - ou du moins dont l’existence n’est pas observable (cet état qui n’a jamais existé, n’existera jamais etc.) ni la déduction possible. C’est dire que l’ "explication" rousseauiste ne préîgure en rien une interprétation hégélienne de l’histoire (bien que Hegel ait pensé un commencement dédoublé par son autre) mais s’attache à désigner l’irruption intempestive (dans le "non lieu" originaire de l’état de nature) d’événements inscrits pourtant dans une "reprise" spéciîque dont Althusser mesure les eFets théoriques tout au long de son cours. La diculté, pour Rousseau, c’est înalement de combiner faits et hypothèses (diculté que reète d’ailleurs le début de son texte) et de faire droit en déînitive à l’histoire, à une histoire discontinue, marquée de ruptures, de hasard(s). Mais le plus impressionnant, précise l’auteur, c’est que l’homme solitaire de la "pure nature" est condamné à ne pas développer ses potentialités (il vit dans un espace sanstopos, la forêt) sinon au prix d’un saut, que le texte rousseauiste ne cesse de sous-entendre sans le thématiser explicitement, ce qui intéresse précisément Althusser. Comment l’homme peut-il commencer à raisonner, alors qu’il est – dans l’état de nature - dépourvu de raison, comment peut-ilcommencerà parler, à forger des objets techniques etc. ? A proprement parler, l’histoire humaine commenceaprèsl’origine, et c’est bien cette articulation décisive dont traite le cours de 1972.
Patricia DESROCHES
Trois paradoxes althussériens.
*
Autour d'Althusser : Pour un matérialisme aléatoire
Annie Ibrahim (dir.)
Septembre 2012 - Le Temps des Cerises - "Matière à pensées - 18 €
Etienne Balibar, Olivier Bloch, Jean-Claude Bourdin, Isabelle Garo, Alain Gigandet, Pascale Gillot, Annie Ibrahim, Irène Pereira et André Tosel se penchent dans cet ouvrage sur les problèmes et les perpectives induites par le matérialisme althusserien. " Jamais un coup de dés n'abolira le hasard ". Althusser fait un bref commentaire de cette célèbre sentence mallarméenne dans un texte de 1982 - Le courant souterrain du matérialisme de la rencontre. II y conclut que l'histoire n'est que la révocation permanente du fait accompli par le "fait à accomplir" sans qu'on sache à l'avance ni jamais, ni où, ni comment. AFaire de jeu de dés à jeter sur la table vide... Ainsi est déterminée une position en philosophie et en politique, assiette inédite qui en appelle à l'aléatoire et se donne comme un " chantier " ouvert à nos explorations. De fait, les catégories du sujet, de l'aliénation, de la dialectique, de l'idéologie, sont bradées ou ébranlées au proît du processus hasardeux et de la vicissitude des formes. Pourtant, ni le primat de la lutte des classes ni la thèse de la matérialité objective du monde ne sont sacriîés au nouvel horizon de la conjoncture.
Il se peut qu'il y ait deux voies du matérialisme, aussi légitimes l'une que l'autre - matérialisme de la nécessité et matérialisme de la rencontre. Gageons que ce dernier puisse faire que les éléments vivants d'un ensemble politique " s'accrochent " entre eux et au tout de telle sorte que ce qui est vrai en théorie le soit aussi en pratique.
*Louis Althusser compare la cure psychanalytique à une benne emplie de sable qui soulevée par des vérins laisse au début échapper quelques grains, pour ensuite, par pans entiers déverser son contenu jusqu'à ce qu'elle soit entièrement vide, signiîant par la même métaphore la în de la cure. Or, une cure est inînie. Il y aura toujours du sable et même la benne verticale s'emplira à souhait du sel de l'inconscient tel un minéral inépuisable, éternel, universel.
*Le « Caman de l'Ecole Normale » grand lecteur du philosophe Nicolas de Malebranche armait «qu' une lettre n'arrive pas toujours à son destinataire » comme des pluies perdues dans un désert aride, ou des grêles stériles sur la banquise des pôles se perdent en pure perte. L'image malebranchienne tend à démontrer que la nature ne remplit pas donc toujours son rôle salutaire ; la lettre est vociférante inutilité, comprenez : acte manqué, voir catastrophe.(instant catastrophique). Or, Lacan estime qu'un discours ne perd jamais, point de messages perdus car tous ces signes n'appellent peut-être pas à des décisions immédiates mais nourrissent l'inconscient subtilement ou secrètement et ce ne sera que dans l'avenir à travers les entrelacs d'âme que ces paradis perdus (démêlés par l'analyse ou pas) prendront non seulement une signiîcation mais seront nécessités tel le pain, l'eau, le feu et l'air.
* « Le Prince Tamala » nous décrit le matérialiste comme un être qui prend un train dans une gare inconnue, pour quelque temps après redescendre dans une autre gare tout aussi aléatoire. Alors que l'idéaliste choisit une gare précise pour accomplir un trajet qui le mènera à une autre parfaitement déterminée comme l'objet de son idéal et de sa înalité.
rans tassigny
Le courant souterrain du matérialisme de la rencontre L. Althusser (extrait)
Le courant souterrain du matérialisme de la rencontre Louis ALTHUSSER
www.predator.bm/althusser/
www.predator.bm/althusser/rencontre3.html
Il pleut.
Que ce livre soit donc d'abord un livre sur la simple pluie.Malebranche se demandait <> puisque cette eau du ciel qui ailleurs arrose les cultures (et c'est fort bien) n'ajoute rien à l'eau de la mer ou se perd dans les routes et les plages.Il ne s'agira pas de cette pluie-là , providentielle ou contre-providentielle.Ce livre porte tout au contraire sur une autre pluie, sur un thème profond qui court à travers toute l'histoire de la philosophie, et qui y a été aussitôt combattu et refoulé qu'il y a été énoncé : la « pluie » (Lucrèce) des atomes d'Épicure qui tombent parallèlement dans le vide, la <> du parallélisme des attributs inînis chez Spinoza, et bien d'autres encore, Machiavel, Hobbes, Rousseau, Marx, Heidegger aussi et Derrida. Cf. Malebranche, Traité de la nature et de la grâce, I, paragraphe 14, Additions : <>
Tel est le premier point que, découvrant d'emblée ma thèse essentielle, je voudrais mettre en évidence : l'existence d'une tradition matérialiste presque complètement méconnue dans l'histoire de la philosophie : le <> (il faut bien un mot pour la démarquer en sa tendance) de la pluie, de la déviation, de la rencontre, et de la prise. Je développerai tous ces concepts. Pour simpliîer les choses, disons pour le moment : un matérialisme de la rencontre, donc de l'aléatoire et de la contingence, qui s'oppose comme une tout autre pensée aux diFérents matérialismes recensés, y compris au matérialisme couramment prêté à Marx, à Engels et à Lénine, qui, comme tout matérialisme de la tradition rationaliste, est un matérialisme de la nécessité et de la téléologie, c'est-à-dire une forme transformée et déguisée d'idéalisme.Que ce matérialisme de la
rencontre ait été refoulé par elle ne signiîe pas qu'il ait été négligé par la tradition philosophique : il était trop dangereux. Aussi a-t-il été très tôt interprété, refoulé et détourné en un idéalisme de la liberté. Si les atomes d'Épicure qui tombent en une pluie parallèle dans le vide, se rencontrent, c'est alors pour bien faire reconnaïtre, dans la déviation que produit le clinamen, l'existence de la liberté humaine dans le monde même de la nécessité. Il sut évidemment de produire ce contresens intéressé pour couper court à toute autre interprétation de cette tradition refoulée que j'appelle le matérialisme de la rencontre. A partir de ce contresens, les interprétations idéalistes l'emportent, qu'il s'agisse non plus du seul clinamen, mais de tout Lucrèce, de Machiavel, de Spinoza et de Hobbes, du Rousseau du second Discours, de Marx et de Heidegger lui-même, pour autant qu'il ait frôlé ce thème.
Et dans ces interprétations triomphe une certaine conception de la philosophie et de l'histoire de la philosophie qu'on peut, avec Heidegger, qualiîer d'occidentale, car elle domine depuis les Grecs notre destin, et de logo-centrique car elle identiîe la philosophie avec une fonction du Logos chargé de penser l'antécédence du Sens sur toute réalité. Délivrer de son refoulement ce matérialisme de la rencontre, découvrir s'il se peut ce qu'il implique et sur la philosophie et sur le matérialisme, en reconnaïtre les eFets cachés là où ils agissent sourdement, telle est la tâche que je voudrais me proposer.On peut partir d'un rapprochement qui surprendra: celui d'Épicure et de Heidegger.Épicure nous explique qu'avant la formation du monde une inînité d'atomes tombaient, parallèlement, dans le vide. Ils tombent toujours. Ce qui implique qu'avant le monde il n'y eût rien, et en même temps que tous les éléments du monde existassent de toute éternité avant qu'aucun monde ne fût. Ce qui implique aussi qu'avant la formation du monde aucun Sens n'existait, ni Cause, ni in, ni Raison ni déraison.
La non-antériorité du Sens est une thèse fondamentale d'Épicure, en quoi il s'oppose aussi bien à Platon qu'à Aristote. Survient le clinamen. Je laisse aux spécialistes la question de savoir qui en a introduit le concept, qu'on trouve chez Lucrèce mais qui est absent des fragments Épicure. Le fait qu'on l'ait <> laisse à penser que son concept était, au besoin à la réexion, indispensable à la <> des thèses Épicure. Le clinamen, c'est une déviation inînitésimale, <> qui a lieu <> et qui fait qu'un atome <> de sa chute à pic dans le vide, et, rompant de manière quasi nulle le parallélisme sur un point, provoque une rencontre avec l'atome voisin et de rencontre en rencontre un carambolage, et la naissance d'un monde, c'est-à-dire de l'agrégat d'atomes que provoque en chaïne la première déviation et la première rencontre.
Que l'origine de tout monde, donc de toute réalité et de tout sens soit due à une déviation, que la Déviation et non la Raison ou la Cause soit l'origine du monde, donne une idée de l'audace de la thèse d'Épicure. Quelle philosophie a donc, dans l'histoire de la philosophie, repris la thèse que la Déviation était originaire et non dérivée? Il faut aller plus loin. Pour que la déviation donne lieu à une rencontre, dont naisse un monde, il faut qu'elle dure, que ce ne soit pas une <> mais une rencontre durable, qui devient alors la base de toute réalité, de toute nécessité, de tout Sens et de toute raison. Mais la rencontre peut aussi ne pas durer, et alors il n'est pas de monde. Qui plus est, on voit que la rencontre ne crée rien de la réalité du monde, qui n'est qu'atomes agglomérés, mais qu'elle donne leur réalité aux atomes eux-mêmes qui sans la déviation et la rencontre ne seraient rien que des éléments abstraits, sans consistance ni existence. Au point qu'on peut soutenir que l'existence même des atomes ne leur vient que de la déviation et de la rencontre avant laquelle ils ne menaient qu'une existence fantomatique. On peut dire tout cela dans un autre langage. Le monde peut être dit le fait accompli, dans lequel, une fois le fait accompli, s'instaure le règne de la Raison, du Sens, de la Nécessité et de la in. Mais cet accomplissement du fait n'est que pur eFet de contingence, puisqu'il est suspendu à la rencontre aléatoire des atomes due à la déviation du clinamen. Avant l'accomplissement du fait, avant le monde, il n'y a que le non-accomplissement du fait, le non-monde qui n'est que l'existence irréelle des atomes.
Que devient dans ces circonstances la philosophie? Elle n'est plus l'énoncé de la Raison et de l'Origine des choses, mais théorie de leur contingence et reconnaissance du fait, du fait de la contingence, du fait de la soumission de la nécessité à la contingence, et du fait des formes qui <> aux eFets de la rencontre. Elle n'est plus que constat : il y a eu rencontre, et <> des éléments les uns sur les autres (comme on dit que la glace <>). Toute question d'Origine est récusée, comme toutes les grandes questions de la philosophie : <> Je répète : quelle philosophie a, dans l'histoire, eu l'audace de reprendre de telles thèses? je parlais de Heidegger. Justement on trouve chez lui, qui n'est évidemment pas épicurien ni atomiste, un mouvement de pensée analogue. Qu'il récuse toute question sur l'Origine, toute question sur la Cause et la in du monde, on le sait. Mais il y a chez lui toute une série de développements autour de l'expression « es gibt », « il y a », « c'est donné ainsi » qui rejoignent l'inspiration d'Épicure. « Il y a du monde, de la matière, des hommes... »
Une philosophie du « es gibt » du : « c'est donné ainsi » règle leur compte à toutes les questions classiques d'Origine, etc. Et elle <> sur une vue qui restaure
une sorte de contingence transcendantale du monde, dans lequel nous sommes <> et du sens du monde, lequel renvoie à l'ouverture de l'Être, à la pulsion originelle de l'Être, à son <> au-delà de quoi il n'y a rien ni à chercher ni à penser. Le monde nous est ainsi un <> un <> que nous n'avons pas choisi, et qui s' <> devant nous dans la facticité de sa contingence, au-delà même de cette facticité, dans ce qui n'est pas seulement un constat, mais un < être-au-monde > qui commande tout Sens possible. <> Tout y tient au « da ». Que reste-t-il à la philosophie? Une fois encore, mais sur le mode transcendantal, le constat du « es gibt » et de ses réquisits, ou plutôt de ses eFets dans leur <> insurmontable. Est-ce encore du matérialisme? La question n'a pas beaucoup de sens chez Heidegger qui se situe délibérément en dehors des grandes divisions et appellations de la philosophie occidentale. Mais alors les thèses d'Épicure sont-elles encore matérialistes? Oui peut-être, sans doute, mais à condition d'en înir avec cette conception du matérialisme qui en fait, sur le fond de questions et concepts communs, la réponse à l'idéalisme. Si nous allons continuer à parler du matérialisme de la rencontre, ce sera par commodité : il faut bien savoir qu'Heidegger y entre et que ce matérialisme de la rencontre échappe aux critères classiques de tout matérialisme, et qu'il faut bien un mot pour désigner la chose.
PAGE ALTHUSSER SUR ACEBOOK
Louis Althusser
Redirigé depuisLouis Althusser· Personnage public
Louis Althusser
Philosophe occidental
Philosophie contemporaine
Données clés
Naissance
Décès
16octobre1918à Birmandreis (Département d'Alger,Algérie française)
22octobre1990àLa Verrière(Yvelines,rance) (à 72 ans)
Nationalité
École/traditi on
Principaux intérêts
Inuencé par
A inuencé
modiîer
française.
structuralisme,marxisme
philosophie politique,épistémologie,économie
Machiavel,Marx,Hegel,Spinoza,Lénine
Derrida,Rancière,oucault,Badiou,Étienne Balibar,Pierre Macherey,Michel Pêcheux,Pierre-Philippe Rey,Giulio Angioni,Nicos Poulantzas,Pierre Bourdieu.
Louis Althusser, né le16octobre1918àBirmandreis(Département d'Alger), mort le22octobre1990àLa Verrière(Yvelines), est unphilosophefrançais, membre duParti communiste, à l'origine d'un important renouvellement de lapensée marxistedans une perspective généralement associée austructuralisme, théorie caractéristique duZeitgeistdesannées 1960, avec notammentRoland BarthesetClaude Lévi-Strauss.
Biographie
Origine et formation
Louis Althusser est issu d'une famille alsacienne catholique installée enAlgérie.
Il fait ses études secondaires àAlgeret àMarseille, puis entre enclasse préparatoirelittéraire à l'École normale supérieure(« khâgne ») auLycée du ParcàLyon, où son professeur de philosophie estJean Guitton; il est reçu en 1939, mais estmobiliséen septembre et fait prisonnier lors de la débâcle de 1940. Il passe le reste de la guerre en Allemagne, auStalagdeSchleswig, où il connaït ses premiers troubles psychiatriques.
En 1945, il reprend ses études à l'ENS ; il est reçu deuxième à l'agrégation de philosophieen 1948. Devenumarxiste, il adhère la même année auParti communiste.
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