1 La beauté de l art Nous vivons une période de paradoxes. Plus le ...
6 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

1 La beauté de l'art Nous vivons une période de paradoxes. Plus le ...

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
6 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

1 La beauté de l'art Nous vivons une période de paradoxes. Plus le ...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 71
Langue Français

Extrait

1
La beauté de l’art
Nous vivons une période de paradoxes. Plus le sens de la beauté augmente, plus le
nombre de situations où elle se dégrade s’accroît. Nos villes regorgent d’éléments
architecturaux qui expriment le génie des siècles passés. Nous ressentons fortement la
responsabilité qui est la nôtre de conserver et de transmettre aux générations à venir cette
culture, dont nous sommes tout à la fois les enfants et les pères, et que nous voulons leur faire
partager. Dans le même temps, nous touchons du doigt que le sens de la beauté s’effrite dans
différents domaines de notre vie quotidienne. La beauté, qui a toujours été attirante, et qui
porte à la contemplation, semble disparaître lentement de notre monde, lui faisant courir le
risque d’être en proie au désespoir. Si cette disparition devait malheureusement se produire,
un vide énorme apparaîtrait, que rien ne pourrait combler. Là où la beauté vient à manquer,
c’est l’amour et le sens de la vie qui disparaissent. Le terme de beauté apparaît partout de plus
en plus dans nos discours, alors que nous ne sommes plus en mesure de la voir et de la
réaliser. Quand la beauté s’épuise dans la corporéité et ne suscite plus des oeuvres capables
d’affronter les années, elle devient alors éphémère, et ne peut plus exprimer le sens de la
vérité et de la bonté. Si elle perd ainsi de sa force d’attraction, nous devenons incapables de
créer une culture. La vie des individus, comme celle de la société, devient insipide. Le risque
est alors trop grand de ne pas voir ce qui est en jeu.
Ce qu’écrivait Hans Urs von Balthasar au milieu du siècle dernier demeure une
provocation constante pour le théologien : « La beauté est la dernière parole que l’intellect
pensant peut oser prononcer, car celle-ci ne fait que couronner, comme une auréole de
splendeur insaisissable, le double astre du vrai et du bien et leur relation indissoluble. Elle est
la beauté désintéressée sans laquelle il était impossible de comprendre le vieux monde, mais
qui a pris congé sur la pointe des pieds du monde moderne des intérêts, pour l’abandonner à
sa cupidité et à sa tristesse. Elle est la beauté qui n’est plus aimée ni sauvegardée, pas même
par la religion. La beauté à laquelle nous n’osons plus croire, et dont nous avons tout fait pour
nous libérer d’un coeur léger. »
1
Il s’agit là d’une triste considération qui devrait largement
émouvoir les croyants, afin qu’ils retrouvent leur responsabilité quant à la beauté, c’est-à-dire
l’annoncer et en faire l’instrument de leur annonce dans le monde d’aujourd’hui. Ce n’est pas
un hasard si la
via pulchritudinis
redevient une proposition spéculative dans plusieurs
domaines, pour contrer la faiblesse de la pensée contemporaine. Quant à lui, le christianisme
s’est, depuis l’origine, mesuré à l’art. Au cours des âges, ce fut pour nous une voie privilégiée
pour exprimer et représenter visuellement, ce qui, dans notre proclamation, est bonté et vérité
de la foi. Dans toutes les cultures où l’Evangile du Christ a été annoncé, on a laissé libre cours
à la beauté pour exprimer le message des Ecritures, et pour en montrer le reflet dans la
célébration liturgique. La beauté fut le meilleur vecteur pour communiquer le caractère
original de notre foi : l’E
υαγγέλιον
, la
Bonne
Nouvelle du salut, réalisé dans le mystère de
l’amour du Christ. Le christianisme, à la différence d’autres religions, a compris non sans
peine que, puisque le Fils de Dieu avait pris nature humaine, il devenait alors possible de le
représenter et d’exprimer ainsi la beauté de son message. L’art s’est développé au service de
ce principe. En bref, la beauté dit mieux que d’autres formes d’expression le mystère de la foi.
En effet, le Seigneur est accueilli et célébré à travers la beauté. Il ne s’agit pas là d’un choix
qui serait dicté par un souci de commodité, mais comme une nécessité inhérente à la
cohérence et la profondeur du mystère annoncé. Quel autre langage pourrait être capable
d’exprimer mieux le mystère « tenu secret depuis toujours, mais qui s’est maintenant
manifesté» (Rm 16, 25) ? Philosophes et poètes ont chacun voulu défendre leur primat quant à
1
H.U. von Balthasar,
La Gloire et la croix. Aspects esthétiques de la Révélation.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents