L habitation indigène au Caire - article ; n°227 ; vol.40, pg 527-543
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L'habitation indigène au Caire - article ; n°227 ; vol.40, pg 527-543

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Description

Annales de Géographie - Année 1931 - Volume 40 - Numéro 227 - Pages 527-543
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1931
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marcel Clerget
L'habitation indigène au Caire
In: Annales de Géographie. 1931, t. 40, n°227. pp. 527-543.
Citer ce document / Cite this document :
Clerget Marcel. L'habitation indigène au Caire. In: Annales de Géographie. 1931, t. 40, n°227. pp. 527-543.
doi : 10.3406/geo.1931.11158
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1931_num_40_227_11158527
L'HABITATION INDIGÈNE AU CAIRE
ESSAI DE CLASSIFICATION GÉOGRAPHIQUE
(Pl. XII-XIII)
Tandis que l'édifice sacré suit une évolution compliquée et
s'adapte aux formes architecturales ou à divers courants de pensée, la
maison, qui se développe simplement avec la civilisation, indique com
ment l'homme subit les conditions géographiques et sociales, s'y
adapte et s'en libère. Par leur richesse en contrastes et en degrés de
culture, l'Egypte et l'Orient ont toujours offert à cet égard un pré
cieux champ d'étude. Enclin par nature à négliger son habitation, le
nomade a subi en Egypte l'influence d'un climat qui porte encore à la
nonchalance et où les intempéries sont rares. D'ailleurs, la minorité
arabe s'est vite perdue au milieu d'un peuple dont Diodore de Sicile
disait déjà qu'il réservait tous ses soins aux demeures des morts.
Seule la chaleur est redoutable. Mais, tandis que le paysan, par pau
vreté ou fatalisme, en est resté à des formes primitives et souvent
millénaires, le citadin, en contact avec les éléments étrangers et plus
à même de profiter rapidement des progrès du luxe, surtout au temps
des Fatimides et des Mamlouks, a pu apporter par une série de trou
vailles ingénieuses des perfectionnements successifs au plan initial
de la maison. Tels sont les contrastes que présente au Caire l'habi
tation indigène. C'est surtout dans le choix des matériaux et les pro
cédés de construction qu'elle révèle une négligence et une inhabileté
où apparaissent la mentalité et l'insouciance encouragées par la tem
pérature. Dans l'agencement intérieur se distingue au contraire un
effort parfois remarquable d'adaptation au milieu, qu'il importe de
préciser avant que l'européanisation ait fait disparaître toutes les
traditions locales1.
1. Réservant une bibliographie détaillée et un élargissement du sujet pour un
ouvrage sur le Caire, on indiquera seulement ici les sources essentielles qui, outre les
enquêtes sur place, sont à la base de cette étude, a) Parmi les auteurs arabes, spécial
ement : Makrizi, édit. arabe Wiet, Le Caire, 1910-1930, traduction Casanova, BlO'
chet, BouriÀnt ; Abdel Latif, éd. ÍÍilvestre de Sacy ; Ibn Khaldoun, L'art de
V architecture, éd. Coquebert df. Montbret; et, du même, Prolégomènes, éd. pe Slane ;
Kalkachandi, éd. Wustenfeld ; Djabarti, Merveilles biogr. et historiques, trad, du
Caire, en 7 vol. ; Nassiri Khosrau, éd. Schefer ; Ibn Doukmak, éd. du Caire. —
b) Parmi les voyageurs européens, on doit citer surtout : Belon du Mans, Volney,
della Valle, Lucas, Pococke, Carlier de PiNON, Thévenot, Le Mascrier, Coppin,
Lane, Account of manners and customs of the Modern Egyptians, Le Caire, 1871, nouv.
éd . ; Rhone, L'Egypte à petites journées, Paris, 1910, nouv. éd. — c) Bulletin du Comité
des monuments arabes (Le Caire, depuis 1883) ; Franz pacha, Die Baukunst des Islam,
Darmstadt, 1887; Prisse d'Avennes, L'art arabe d'après les monuments du Caire,
Paris, 1878; Briggs, Mohammadan architecture, Londres, 1926; Richmond, Mos- 528 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
A. — Procédés et matérfaux de construction
Mentalité des constructeurs. — Malgré la prépondérance prise très
vite par les musulmans de souche égyptienne, on vit persister long
temps à Fostat1 et au Caire certaines habitudes bédouines invétérées,
unies au fatalisme et à l'indifférence locale pour la forme, qui contraste
si fort, par exemple, avec le penchant du Grec à l'extériorité des
choses. Raisons géographiques, sociales, religieuses, politiques ne
manquent pas pour l'expliquer. D'abord, l'importance réduite de la
maison, quand le froid et la pluie sont peu à craindre. On mange
dehors, on dort souvent dans la cour, sur la terrasse, sous les arbres,
pour être au frais et fuir la vermine. D'autre part se maintient fort
tardivement une singulière conception, une sorte de malédiction
pesant sur l'homme trop amoureux de son confort et de son chez-soi
et, par là, indigne d'être soldat du Prophète. Pour garder l'empire du
monde, dit Omar, l'Arabe doit rejeter le luxe, avoir une demeure
provisoire, simple, peu haute, trois chambres au plus. Une légende
affirme que les Babyloniens furent anéantis par le Seigneur, à cause
de la vanité qu'ils tiraient de leurs édifices. A Fostat, dit Ibn Douk-
mak, construire un étage constitua longtemps un fait exceptionnel
dont il fallait référer au khalife. Le chef de la police ayant le premier
élevé une chambre à l'étage, Omar, averti, écrit à Amrou : « Entre
dans cette chambre, places-y un escabeau et fais-y monter un homme
de taille moyenne ; s'il parvient à regarder par les ouvertures, tu feras
démolir la chambre ». Les premières maisons de Fostat furent toutes
bâties dans ces idées. Plus tard, les Arabes prirent goût au confort,
mais il leur resta toujours quelque chose de cet état d'esprit.
Les caprices du pouvoir et la fragilité des fortunes, en rendant le
lendemain plus incertain et les jouissances plus éphémères, ont ren-
lem architecture, Londres, 1926 ; Ali bey Baiigat et Gabriel, Les fouilles de Fostat,
Paris, 1921 ; Gabriel, Les fouilles d'Al Fostat, Paris, 1921 ; Diez, Die Kunst der isla-
mischen Vôlker, Berlin, 1915 ; Van Berciiem, Matériaux pour un corpus inscript, arab.,
Le Cairo, 1894-1903 ; Wiet, Corpus inscript, arabes, Le Caire, 1928-1930 ; Ravaisse,
Essai sur Г histoire du Caire, Le Caire, 1886 ; Casanova, Essai sur Fostat, Le Caire,
1913 ; Mariette, Traité de la construction en Egypte, Alexandrie, 1875 ; Borrmann,
Vom Stàdtebau im islamischen Osten, Berlin, 1914 ; Reuther, Die Qaa (Sarre Festschrift,
1925) ; Wulzinger, Turkenhaiiser uni die Wende des 18. und 19. Jahrh. (Zenlralblatt der
Bauverwaltung, 1916) ; Schmarje, Die Baukunst des arabischen Hauses in Syrien und
Paliistina, Berlin, 1920 ; Massignon, Mission en Mésopotamie, Le Caire, 1910 ; Sarre
et IIerzekld, S amarra, Berlin, 1907 ; Devonshire, Quatre-vingts mosquées et autres
monuments musulmans du Caire, Le Caire, 1926 ; Ali pacha Moubarak, Topographie
de V Egypte, 1887 ; Herz pacha, Die Baugruppe des Sultans Qalaun, Hambourg, 1919 ;
Lozach et Hug, L'habitat rural en, Egypte, Le Caire, 1930 ; Hume, The building stone
of Cairo neighbourhood, Le Caire, 1910 ; enfin la bibliogr. de Der Islam, mars 1928.
1. Fostat, au Sud du fut la première ville fondée par les conquérants arabes
au bord du Nil (vu6 siècle de noire ère). C'est aujourd'hui un faubourg de la grande
ville qui date du xe siècle. L'HABITATION INDIGÈNE AU CAIRE 529
forcé le sentiment que l'habitation importe peu et est vouée à une
ruine prochaine. Les historiens y insistent et donnent des preuves à
l'appui. Parlant du somptueux palais d'El Alfi, mamlouk du
xvine siècle massacré par ses rivaux, Djabarti conclut : « II l'habita
seize jours ; si nous en avons parlé, c'est pour que les gens sages ne
prennent pas tant de peine à construire ce qui est destiné à être dé
truit ». Quand la maison est finie, dit un proverbe, la mort y entre.
Un héritier n'aime pas habiter le lieu où est mort son père, ce serait de
-mauvais augure. Chaque notable, chaque prince se fait bâtir une
demeure à son nom et à son usage ; elle durera sans doute autant que
lui. De là, le nombre de maisons inachevées. A l'époque turque, si un
riche a peur du pacha, il fait commencer sa construction, puis l'arrête
et pose de petits drapeaux de toile, signe qu'il a besoin d'argent ; à
moins que la mort ne l'arrête, il finit plusieurs années après, feignant
d'avoir emprunté. Enfin on répare peu ou mal, et on détruit rare
ment. Clermont Ganneau remarquait déjà que la langue arabe dis
tingue difficilement «restaurer » et «construire », «bâtir» et «rebât
ir ». A côté des édifices inachevés ou en ruine ou déjà ébranlés sur
gissent d'autres a

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