Project Gutenberg's La cit de Carcassonne, by Eug ne-Emmanuel Viollet-le-Duc � �This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and withalmost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away orre-use it under the terms of the Project Gutenberg License includedwith this eBook or online at www.gutenberg.orgTitle: La cit de Carcassonne �Author: Eug ne-Emmanuel Viollet-le-Duc �Release Date: July 30, 2006 [EBook #18940]Language: FrenchCharacter set encoding: ISO-8859-1*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA CIT DE CARCASSONNE ***�Produced by Chuck Greif, R. Cedron and the OnlineDistributed Proofreading Team at DP Europe(http://dp.rastko.net) (Produced from images of theBiblioth que nationale de France (BnF/Gallica) at�http://gallica.bnf.fr)LA CIT � DE CARCASSONNEBOURLOTON.--Imprimeries r unies, B, rue Mignon, 2. �(AUDE)PARVIOLLET LE DUC[Illustration]PARISLIBRAIRIE DES IMPRIMERIES R�UNIES ANCIENNE MAISON MOREL 13, RUEBONAPARTE, 131888 * * * * *HISTORIQUEVers l'an 636 de Rome, le S nat, sur l'avis de Lucius Crassus, ayant�d�cid� qu'une colonie romaine serait tablie Narbonne, la lisi re des � � �Pyr n�e�s fut bient t munie de postes importants afin de conserver les�passages en Espagne et de d fendre le cours des rivi res. Les peuples � �Volces Tectosages n'ayant pas oppos de r sistance aux arm es romaines, � � �la R p�ublique accorda aux habitants de Carcassonne, de Lod ve, de N mes, � �de P ...
Project Gutenberg's La cit�de Carcassonne, by Eug�ne-Emmanuel Viollet-le-Duc This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org
Title: La cit�de Carcassonne Author: Eug�ne-Emmanuel Viollet-le-Duc Release Date: July 30, 2006 [EBook #18940] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA CIT�DE CARCASSONNE ***
Produced by Chuck Greif, R. Cedron and the Online Distributed Proofreading Team at DP Europe (http://dp.rastko.net) (Produced from images of the Biblioth�que nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr)
LA CIT�DE CARCASSONNE BOURLOTON.--Imprimeries r�unies, B, rue Mignon, 2. (AUDE) PAR VIOLLET LE DUC [Illustration] PARIS LIBRAIRIE DES IMPRIMERIES R�UNIES ANCIENNE MAISON MOREL 13, RUE BONAPARTE, 13 1888 * * * * *
HISTORIQUE
Vers l'an 636 de Rome, le S�nat, sur l'avis de Lucius Crassus, ayant d�cid�qu'une colonie romaine serait�tablie�Narbonne, la lisi�re des Pyr�n�es fut bient�t munie de postes importants afin de conserver les passages en Espagne et de d�fendre le cours des rivi�res. Les peuples Volces Tectosages n'ayant pas oppos�de r�sistance aux arm�es romaines, la R�publique accorda aux habitants de Carcassonne, de Lod�ve, de N�mes, de P�zenas et de Toulouse la facult�de se gouverner suivant leurs lois et sous leurs magistrats. L'an 70 avant J.-C., Carcassonne fut plac�e au nombre des cit�s nobles ou�lues. On ne sait quelle fut la destin�e de Carcassonne depuis cette�poque jusqu'au IVe si�cle. Elle jouit, comme toutes les villes de la Gaule m�ridionale, d'une paix profonde; mais apr�s les d�sastres de l'Empire, elle ne fut plus consid�r�e que comme une citadelle ( castellum ). En 350 les Francs s'en empar�rent, _ _ mais peu apr�s les Romains y rentr�rent. En 407, les Goths p�n�tr�rent dans la Narbonnaise premi�re, ravag�rent cette province, pass�rent en Espagne, et, en 436, Th�odoric, roi des Visigoths, s'empara de Carcassonne. Par le trait�de paix qu'il conclut avec l'Empire en 439, il demeura possesseur de cette ville, de tout son territoire et de la Novempopulanie, situ�e�l'ouest de Toulouse. C'est pendant cette domination des Visigoths que fut b�tie l'enceinte int�rieure de la cit�sur les d�bris des fortifications romaines. En effet, la plupart des tours visigothes encore debout sont assises sur des substructions romaines qui semblent avoir�t��lev�es h�tivement, probablement au moment des invasions franques. Les bases des tours visigothes sont carr�es ou ont�t�grossi�rement arrondies pour recevoir les d�fenses du Ve si�cle. Du c�t�m�ridional de l'enceinte on remarque des soubassements de tours �lev�es au moyen de blocs�normes, pos�s�joints vifs et qui appartiennent certainement�l'�poque de la d�cadence de l'Empire. Quoi qu'il en soit, il est encore facile aujourd'hui de suivre toute l'enceinte des Visigoths (voir le plan g�n�ral, fig. 16)[1]. Cette enceinte affectait une forme ovale avec une l�g�re d�pression sur la face occidentale, suivant la configuration du plateau sur lequel elle est b�tie. Les tours, espac�es entre elles de 25�30 m�tres environ, sont cylindriques�l'ext�rieur, termin�es carr�ment du c�t�de la ville et r�unies entre elles par de hautes courtines (fig. 1). Toute la construction visigothe est�lev�e par assises de petits moellons de 0m,10�0m,12 de hauteur environ, avec rangs de grandes briques altern�es. De larges baies en plein cintre sont ouvertes dans la partie cylindrique de ces tours, du c�t�de la campagne, un peu au-dessus du terre-plein de la ville; elles�taient garnies de volets de bois� pivots horizontaux et tenaient lieu de meurtri�res. Le couronnement de ces tours consistait en un cr�nelage couvert. Des chemins de ronde des courtines on communiquait aux tours par des portes dont les linteaux en arcs surbaiss�s�taient soulag�s par un arc plein cintre en brique. Un escalier de bois mettait�l'int�rieur l'�tage inf�rieur en communication avec le cr�nelage sup�rieur qui�tait ouvert du c�t�de la ville par une arcade perc�e dans le pignon. [Note 1: Des fouilles nous ont permis de reconna�tre les fondations de cette enceinte sur les points o�elle a�t�supprim�e,�la fin du XIIIe si�cle, pour augmenter le p�rim�tre de la cit�.] [Illustration: Fig. 1.] Malgr�les modifications apport�es au syst�me de d�fense de ces tours, pendant les XIIe et XIIIe si�cles, on retrouve toutes les traces des constructions des Visigoths. Jusqu'au niveau du sol des chemins de ronde des courtines, ces tours sont enti�rement pleines et pr�sentent ainsi un massif puissant propre�r�sister�la sape et aux b�liers.
Les Visigoths, entre tous les peuples barbares qui envahirent l'Occident, furent ceux qui s'appropri�rent le plus promptement les restes des arts romains, au moins en ce qui regarde les constructions militaires et, en effet, ces d�fenses de Carcassonne ne diff�rent pas de celles appliqu�es�la fin de l'Empire en Italie et dans les Gaules. Ils comprirent l'importance de la situation de Carcassonne, et ils en firent le centre de leurs possessions dans la Narbonnaise. Le plateau sur lequel est assise la cit�de Carcassonne commande la vall�e de l'Aude, qui coule au pied de ce plateau, et par cons�quent la route naturelle de Narbonne�Toulouse. Il s'�l�ve entre la montagne Noire et les versants des Pyr�n�es, pr�cis�ment au sommet de l'angle que forme la rivi�re de l'Aude en quittant ces versants abrupts, pour se d�tourner vers l'est. Carcassonne se trouve ainsi�cheval sur la seule vall�e qui conduise de la M�diterran�e�l'Oc�an et�l'entr�e des d�fil�s qui p�n�trent en Espagne par Limoux, Alet, Quillan, Mont-Louis, Livia, Puicerda ou Campredon. L'assiette�tait donc parfaitement choisie et elle avait�t�d�j�prise par les Romains qui, avant les Visigoths, voulaient se m�nager tous les passages de la Narbonnaise en Espagne. Mais les Romains trouvaient par Narbonne une route plus courte et plus facile pour entrer en Espagne et ils n'avaient fait de Carcassonne _ _ qu'une citadelle, qu'un castellum , tandis que les Visigoths, s'�tablissant dans le pays apr�s de longs efforts, durent pr�f�rer un lieu d�fendu d�j�par la nature, situ�au centre de leurs possessions de ce c�t�-ci des Pyr�n�es,�une ville comme Narbonne, assise en pays plat, difficile�d�fendre et�garder. Les�v�nements prouv�rent qu'ils ne s'�taient point tromp�s; en effet, Carcassonne fut leur dernier refuge lorsqu'�leur tour ils furent en guerre avec les Francs et les Bourguignons. En 508, Clovis mit le si�ge devant Carcassonne et fut oblig�de lever son camp sans avoir pu s'emparer de la ville. En 588, la cit�ouvrit ses portes�Austrovalde, duc de Toulouse, pour le roi Gontran; mais peu apr�s, l'arm�e fran�aise ayant�t�d�faite par Claude, duc de Lusitanie, Carcassonne rentra au pouvoir de Reccar�de, roi des Visigoths. Ce fut en 713 que finit ce royaume; les Maures d'Espagne[2] devinrent alors possesseurs de la Septimanie. On ne peut se livrer qu'�de vagues conjectures sur ce qu'il advint de Carcassonne pendant quatre si�cles; entre la domination des Visigoths et le commencement du XIIe si�cle, on ne trouve pas de traces appr�ciables de constructions dans la cit�, non plus que sur ses remparts. Mais,�dater de la fin du XIe si�cle, des travaux importants furent entrepris sur plusieurs points. En 1096, le pape Urbain II vint�Carcassonne pour r�tablir la paix entre Bernard Aton et les bourgeois qui s'�taient r�volt�s contre lui et il b�nit l'�glise cath�drale (Saint-Nazaire), ainsi que les mat�riaux pr�par�s pour l'achever. C'est�cette�poque en effet que l'on peut faire remonter la construction de la nef de cette�glise. [Note 2: Sous le commandement de Moussa ben-Nossa�r.] Sous Bernard Aton, la bourgeoisie de Carcassonne s'�tait constitu�e en milice et il ne para�t pas que la concorde r�gn�t entre ce seigneur et ses vassaux, car ceux-ci battus par les troupes d'Alphonse, comte de Toulouse, venu en aide�Bernard, furent oblig�s de se soumettre et de se cautionner. Les biens des principaux r�volt�s furent confisqu�s au profit du petit nombre des vassaux rest�s fid�les, et Bernard Aton donna _ _ en fief� les maisons de Carcassonne, tours etces derniers les�la condition, dit Dom Vaissette:�de faire le guet et de garder la ville, les uns pendant quatre, les autres pendant huit mois de l'ann�e et d'y
r�sider avec leurs familles et leurs vassaux durant tout ce temps-l�. Ces gentilshommes, qui se qualifiaient de ch�telains de Carcassonne, promirent par serment au vicomte de garder fid�lement la ville. Bernard Aton leur accorda divers privil�ges, et ils s'engag�rent�leur tour� lui faire hommage et�lui pr�ter serment de fid�lit�. C'est ce qui a donn�l'origine,�ce qu'il para�t, aux mortes-payes de la cit�de Carcassonne, qui sont des bourgeois, lesquels ont encore la garde et jouissent pour cela de diverses pr�rogatives.� Ce fut probablement sous le vicomte Bernard Aton ou, au plus tard, sous Roger III, vers 1130, que le ch�teau fut�lev�et les murailles des Visigoths r�par�es. Les tours du ch�teau, par leur construction et les quelques sculptures qui d�corent les chapiteaux des colonnettes de marbre servant de meneaux aux fen�tres g�min�es, appartiennent certainement�la premi�re moiti�du XIIe si�cle. En parcourant l'enceinte int�rieure de la cit�, ainsi que le ch�teau, on peut facilement reconna�tre les parties des b�tisses qui datent de cette �poque; leurs parements sont�lev�s en gr�s jaun�tre et par assises de 0m,15�0m,25 de hauteur, sur 0m,20�0m,30 de largeur, et grossi�rement appareill�s. Le 1er ao�t 1209, le si�ge fut mis devant Carcassonne par l'arm�e des crois�s, command�e par le c�l�bre Simon de Montfort. Le vicomte Roger avait fait augmenter les d�fenses de la cit�et celle des deux faubourgs de la Trivalle et de Graveillant, situ�s entre la ville et l'Aude, ainsi que vers la route de Narbonne. Les d�fenseurs, apr�s avoir perdu les faubourgs, manquant d'eau, furent oblig�s de capituler. Le si�ge entrepris par l'arm�e des crois�s ne dura que du 1er au 15 ao�t, jour de la reddition de la place. On ne peut admettre que pendant ce court espace de temps les assi�geants aient pu ex�cuter les travaux de mine ou de sape qui ruin�rent une partie des murailles et tours des Visigoths; d'autant qu'il existe des reprises faites pendant le XIIe si�cle pour consolider et sur�lever les tours visigothes qui avaient�t�fort compromises par la sape et la mine. Il faut donc admettre que les travaux de si�ge et les br�ches dont on signale la trace, notamment sur le c�t�nord, sont dus aux Maures d'Espagne, lorsqu'ils conquirent ce dernier boulevard des rois visigoths. Bernard Aton ne peut�tre, non plus, l'auteur de ces travaux de mine, car le trait�qui lui rendit la cit�occup�e par ses sujets r�volt�s n'indique pas qu'il ait eu�faire un long si�ge et que les d�fenseurs fussent r�duits aux derni�res extr�mit�s. Le vicomte Raymond Roger, au m�pris des trait�s et de la capitulation qui rendait la cit�de Carcassonne aux crois�s,�tait mort en prison dans une des tours en novembre 1209. Depuis lors, Raymond de Trincavel, son fils, avait�t�d�pouill�, en 1226, par Louis VIII de tous ses biens reconquis sur les crois�s. Carcassonne alors fit partie du domaine royal, et un s�n�chal y commandait pour le roi de France. En 1240, ce jeune vicomte Raymond de Trincavel, dernier des vicomtes de B�ziers, et qui avait�t�remis en 1209 aux mains du comte de Foix (il �tait alors�g�de deux ans), se pr�sente tout�coup dans les dioc�ses de Narbonne et de Carcassonne avec un corps de troupes de Catalogne et d'Aragon. Il s'empare, sans se heurter�une s�rieuse r�sistance, des ch�teaux de Montr�al, des villes de Montolieu, de Saissac, de Limoux, d'Azillan, de Laurens et se pr�sente devant Carcassonne. Il existe deux r�cits du si�ge de Carcassonne entrepris par le jeune vicomte Raymond en 1240,�crits par des t�moins oculaires: celui de Guillaume de Puy-Laurens, inquisiteur pour la Foi dans le pays de Toulouse et celui du s�n�chal Guillaume des Ormes, qui tenait la ville
pour le roi de France. Ce dernier r�cit est un rapport, sous forme de journal, adress��la reine Blanche, m�re de Louis IX. Cette pi�ce importante nous explique toutes les dispositions de l'attaque et de la d�fense[3].�l'�poque de ce si�ge, les remparts de Carcassonne n'avaient ni l'�tendue ni la force qui leur furent donn�es depuis par Louis IX et Philippe le Hardi. Les restes encore tr�s-apparents de l'enceinte des Visigoths, r�par�e au XIIe si�cle, et les fouilles entreprises en ces derniers temps, permettent de tracer exactement les d�fenses existant au moment o�le vicomte Raymond de Trincavel pr�tendit les forcer. [Note 3: Le rapport du s�n�chal Guillaume des Ormes, et le r�cit de Guillaume de Puy-Laurens ont�t�publi�s et annot�s par M. Dou�t d'Arcq, dans la Biblioth. de l'�cole des Chartes , 2e s�rie, tome II, p. _ _ 363.] Nous donnons ci-apr�s, figure 2, le plan de ces d�fenses, avec les faubourgs y attenant, les barbacanes et le cours de l'Aude. L'arm�e de Trincavel investit la place le 17 septembre 1240, et s'empare du faubourg de Graveillant, qui est aussit�t repris par les assi�g�s. Ce faubourg, dit le Rapport , est ante portam Tolos�. Or la porte de _ _ _ _ Toulouse n'est autre que la porte dite de l' Aude aujourd'hui, laquelle _ _ est une construction romane perc�e dans un mur visigoth, et le faubourg de Graveillant ne peut�tre, par cons�quent, que le faubourg dit de la _ _ Barbacane . La suite du r�cit fait voir que cette premi�re donn�e est exacte. Les assi�geants venaient de Limoux, c'est-�-dire du midi, ils n'avaient pas besoin de passer l'Aude devant Carcassonne pour investir la place. Un pont de pierre existait sur l'Aude. Ce pont est encore entier _ _ aujourd'hui: c'est le vieux pont dont la construction date, en partie, du XIIe si�cle. Il ne fut que r�par�et muni d'une t�te de pont, sous saint Louis et sous Philippe le Hardi. Il est indiqu�en P sur notre figure 2. Raymond de Trincavel n'ignorait pas que les assi�g�s attendaient des secours qui ne pouvaient se jeter dans la cit�qu'en traversant l'Aude, puisqu'ils devaient se pr�senter par le nord-ouest. Aussi le vicomte s'empara du pont, et, poursuivant son attaque le long de la rive droite du fleuve vers l'amont, il essaya de couper toute communication de l'assi�g�avec la rive gauche. Ne pouvant tout d'abord se maintenir dans le faubourg de Graveillant, en G (voir la fig. 2), il s'empare d'un moulin fortifi�, M, sur un bras de l'Aude, fait filer ses troupes de ce c�t�, les loge dans les parties basses du faubourg, et dispose son attaque de la mani�re suivante: une partie des assaillants, command�s par Ollivier de Thermes, Bernard Hugon de Serre-Longue et Giraut d'Aniort, campent entre le saillant nord-ouest de la ville et la rivi�re, creusent des foss�s de contrevallalion et s'entourent de retranchements palissad�s. L'autre corps, command�de Fenouillet, Renaud de Puy etpar Pierre Guillaume Fort, est log�devant la barbacane qui existait en B et celle _ _ de la porte dite Narbonnaise , en N. En 1240, outre ces deux barbacanes, il en existait une en D[4] qui permettait de descendre du ch�teau dans le faubourg[5] et une en H faisant face au midi. La grande barbacane D servait encore�prot�ger la porte de Toulouse T (aujourd'hui porte de l'Aude). [Note 4: Reconstruite sous saint Louis.]
[Note 5: Toutes les d�fenses du ch�teau datent du XIIe si�cle sauf celles du front sud.] Il faut observer que les seuls points o�le sol ext�rieur soit�peu pr�s au niveau des lices (car Guillaume des Ormes signale l'existence des lices L et par cons�quent d'une enceinte ext�rieure), sont les points O et R. Quant au sol de la barbacane D du ch�teau, il�tait naturellement au niveau du faubourg et par cons�quent fort au-dessous de l'assiette de la cit�. Tout le front occidental de la cit�est b�ti sur un escarpement tr�s-�lev�et tr�s-abrupt. [Illustration: Fig. 2.] En reprenant tout d'abord le faubourg aux assi�geants, les d�fenseurs de la ville s'�taient empress�de transporter dans leur enceinte unes quantit�consid�rable de bois qui leur fut d'un grand secours; mais ils avaient d�renoncer�se maintenir dans ce faubourg. Le vicomte fit donc attaquer en m�me temps la barbacane D du ch�teau pour�ter aux assi�g�s toute chance de reprendre l'offensive, la barbacane B (c'�tait d'ailleurs un saillant), la barbacane N de la porte Narbonnaise et le saillant I, au niveau du plateau qui s'�tendait�100 m�tres de ce c�t�vers le sud-ouest. Les assi�geants, camp�s entre la place et le fleuve,�taient dans une assez mauvaise position; aussi se retranchent-ils avec soin et couvrent-ils leurs fronts d'un si grand nombre d'arbal�triers que personne ne pouvait sortir de la ville sans�tre bless�. Bient�t ils dress�rent un mangonneau devant la barbacane D. Les assi�g�s, de leur c�t�, dans l'enceinte de cette barbacane,�l�vent une pierri�re turque qui bat le mangonneau. Pour�tre autant d�fil�que possible, le mangonneau devait�tre�tabli en E. Peu apr�s les assi�geants commencent�miner sous la barbacane de la porte Narbonnaise en N, en faisant partir leurs galeries de mine des maisons du faubourg qui, de ce c�t�, touchaient presque aux d�fenses. Les mines sont�tan�onn�es et�tay�es avec du bois auquel on met le feu, ce qui fait tomber une partie des d�fenses de la barbacane. Mais les assi�g�s ont contre-min�pour arr�ter les progr�s des mineurs ennemis et ont rempar�la moiti�de la barbacane rest�e debout. C'est par les travaux de mine que, sur les deux points principaux de l'attaque, les gens du vicomte tentent de s'emparer de la place; ces mines sont pouss�es avec une grande activit�; elles ne sont pas plut�t �vent�es que d'autres galeries sont commenc�es. Les assi�geants ne se bornent pas�ces deux attaques. Pendant qu'ils battent la barbacane D du ch�teau, qu'ils ruinent la barbacane N de la porte Narbonnaise, ils cherchent�entamer une portion des lices et ils engagent une attaque tr�s-s�rieuse sur le saillant en I entre l'�v�ch� et l'�glise cath�drale de Saint-Nazaire, marqu�e S sur notre plan. Comme nous l'avons dit, le plateau, sur ce point, s'�tendait presque de niveau avec l'int�rieur de la cit�de I en O, et c'est pourquoi saint Louis et Philippe le Hardi firent, sur ce plateau, en dehors de l'ancienne enceinte visigothe, un ouvrage consid�rable, destin�� dominer l'escarpement. L'attaque des troupes de Trincavel est de ce c�t�(point faible alors) tr�s-vivement pouss�e; les mines atteignent les fondations de l'enceinte des Visigoths, le feu est mis aux�tan�ons et dix brasses de courtines
s'�croulent. Mais les assi�g�s se sont rempar�s en retraite de la br�che avec de bonnes palissades et des bret�ches[6]; si bien que les troupes ennemies n'osent risquer l'assaut. Ce n'est pas tout, des galeries de mine sont aussi ouvertes devant la porte de Rodez, en B; les assi�g�s contre-minent et repoussent les travailleurs des assi�geants. [Note 6: Sorte de petit blokaus en charpente.] Cependant, des br�ches�taient ouvertes sur divers points et le vicomte Raymond craignant de voir, d'un moment�l'autre, d�boucher les troupes de secours envoy�es du nord, se d�cide�tenter un assaut g�n�ral. Ses gens sont repouss�s avec des pertes sensibles, et, quatre jours apr�s, sur la nouvelle de la venue de l'arm�e royale, il l�ve le si�ge, non sans avoir mis le feu aux�glises du faubourg, et entre autres�celle des Minimes en R. L'arm�e de Trincavel�tait rest�e vingt-quatre jours devant la ville. Louis IX, attachant une grande importance�la place de Carcassonne qui couvrait cette partie du domaine royal devant l'Aragon, et pr�tendant ne plus avoir�redouter les cons�quences d'un si�ge qui l'aurait mise entre les mains d'un ennemi sans cesse en�veil, voulut en faire une forteresse inexpugnable. Il faut ajouter au r�cit du s�n�chal Guillaume des Ormes un fait rapport�par Guillaume de Puy-Laurens. Dans la nuit du 8 au 9 septembre, les habitants du faubourg de Carcassonne (de la Trivalle; voir le plan, figure 2), malgr�leur protestation de fid�lit��la noblesse tenant pour le roi, avaient ouvert leurs portes aux soldats de Trincavel qui, d�s lors, dirigea de ce faubourg son attaque de gauche contre la porte Narbonnaise. Saint Louis, sit�t apr�s le si�ge lev�, n'eut pas� d�truire le bourg d�j�br�l�par le vicomte Raymond, mais voulant d'une part punir les habitants de leur manque de foi, et de l'autre ne plus avoir�redouter un voisinage aussi compromettant pour la cit�, il d�fendit aux gens du faubourg de Graveillant de reb�tir leurs maisons et fit�vacuer le faubourg de la Trivalle. Ces malheureux durent s'exiler. Louis IX commen�a imm�diatement de grands ouvrages de d�fense autour de la cit�; il fit raser les restes des faubourgs, d�barrassa le terrain entre la cit�et le pont et fit�lever toute l'enceinte ext�rieure que nous voyons aujourd'hui, afin de se couvrir de tous c�t�s et de prendre le temps d'am�liorer les d�fenses int�rieures. Ayant pu constater la faiblesse des deux parties de l'enceinte sur lesquelles le vicomte Raymond avait, avec raison, port�ses deux principales attaques, c'est-�-dire l'extr�mit�sud et la porte Narbonnaise, il�tendit l'enceinte ext�rieure bien au del�de l'ancien saillant sud sur le plateau qui domine de ce c�t�un ravin aboutissant� l'Aude et vers la porte Narbonnaise,�30 m�tres environ en dehors, enclavant ainsi dans les nouvelles d�fenses les deux points principaux de l'attaque de Trincavel (fig. 16). R�solu�faire de la cit�de Carcassonne le boulevard de cette partie du domaine royal contre les entreprises des seigneurs h�r�tiques des provinces m�ridionales, saint Louis ne voulut pas permettre aux habitants des anciens faubourgs de reb�tir leurs habitations dans le voisinage de la cit�. Sur les instances de l'�v�que Radulphe[7] apr�s sept ann�es d'exil, il consentit seulement�laisser ces malheureux proscrits s'�tablir de l'autre c�t�de l'Aude. Voici les lettres patentes de saint Louis, exp�di�es�ce sujet[8]: [Note 7: Le tombeau de cet�v�que est dans la petite chapelle b�tie �l'extr�mit�du bras de croix sud de l'�glise de Saint-Nazaire.]
[Note 8: Hist. des Antiq. et comtes de Carcassonne , G. Besse, _ _ citoyen de Carcassonne, B�ziers, 1645.�Ces lettres, dit Besse, furent _ _ ex�cut� pridiees par le seneschal, nonas Aprilis , c'est-�-dire le 4 avril 1247, et, avec l'acte de leur ex�cution, se trouvent avoir est� transcrites en langage du pays, dans le livre manuscrit des coutumes de Carcassonne.] �Louis, par la gr�ce de Dieu, roy de France,�notre am�et f�al Jean de Cravis, seneschal de Carcassonne, salut et dilection. Nous vous mandons que vous recevez en seuret�hommes de Carcassonne qui s'en estoientles fuys,�cause qu'ils n'avoient pay��nous les sommes qu'ils devoient, les termes des payements escheus. Pour les demeures et habitations qu'ils demandent, vous en prendrez advis et conseil de nostre am�et f�al l'evesque de Carcassonne et de Raymond de Capendu et autres bons hommes, pour leur bailler place pour habiter, proveu qu'aucun domage n'en puisse avenir�nostre chasteau et ville de Carcassonne. Voulons que leur rendez les biens et h�ritaiges et possessions, dont ils jo�issoient avant la guerre, et les laissez jo�ir de leurs uz et coustumes, affin que nous ou nos successeurs ne les puissions changer. Entendons toutefoiz que lesdits hommes de Carcassonne doivent refaire et bastir�leurs despens les�glises de Nostre-Dame et des Fr�res-Mineurs, qu'ils avoient d�molies; et au contraire n'entendons que vous recevez en fa�on quelconque aucun de ceux qui introduisirent le vicomte (de Trincavel) au bourg de Carcassonne, estant traistres, ains rappellerez les autres non coupables. Et direz de nostre part�nostre am�et f�al l'�vesque de Carcassonne, que des amendes qu'il pr�tend sur les fugitifs, il s'en d�siste, et de ce luy en s�aurons gr�. Donn�� Helvenas, le lundy apr�s la chaise de saint Pierre.� Bien que nous n'ayons pas le texte original de cette pi�ce, mais seulement la transcription alt�r�e�videmment par Besse, ce document n'en est pas moins tr�s-important en ce qu'il nous donne la date de la fondation de la ville actuelle de Carcassonne. En effet, en ex�cution de ces lettres patentes, l'emplacement pour b�tir le nouveau bourg fut trac�au del�de l'Aude, et comme cet emplacement d�pendait de l'�v�ch�, le roi indemnisa l'�v�que en lui donnant la moiti�de la ville de Villalier. L'acte de cet�change fut pass��Aigues-Mortes avec le s�n�chal en ao�t 1248. Ce bourg est aujourd'hui la ville de Carcassonne,�lev�e d'un seul jet sur un plan r�gulier, avec des rues align�es, coup�es�angle droit, une place au centre et deux�glises. La prudence de Louis IX ne se borna pas�d�gager les abords de la cit� et��lever une enceinte ext�rieure nouvelle, il fit b�tir la grosse d�fense circulaire appel�e la Barbacane,�la place de celle qui commandait le faubourg de Graveillant, lequel, reb�ti plus tard, prit son nom de cet ouvrage. Il mit cette barbacane en communication avec le ch�teau, par des rampes fortifi�es, tr�s-habilement con�ues au point de vue de la d�fense de la place (fig. 16). �la mani�re dont sont trait�es les ma�onneries de l'enceinte ext�rieure, il y a lieu de croire que les travaux furent pouss�s activement, afin de mettre, au plus t�t, la cit��l'abri d'un coup de main et pour donner le temps de r�parer et d'agrandir l'enceinte int�rieure. Philippe le Hardi, lors de la guerre avec le roi d'Aragon, continua ces ouvrages avec activit�. Ils�taient termin�s au moment de sa mort (1285). Carcassonne�tait la place centrale des op�rations entreprises contre l'arm�e aragonaise et un refuge assur�en cas d'�chec.
�la place de l'ancienne porte appel�e Pressam ou Narbonnaise ou des Salins, Philippe le Hardi fit construire une admirable d�fense, comprenant la porte Narbonnaise actuelle, la tour du Tr�sau et les belles courtines voisines. Du c�t�de l'ouest-sud-ouest, sur l'un des points vivement attaqu�s par l'arm�e de Trincavel, profitant du saillant que saint Louis avait fait faire, il reb�tit toute la d�fense int�rieure, c'est-�-dire les tours nos 39, 11, 40, 41, 42, 43 (porte de Razez, de Saint-Nazaire ou des Lices), ainsi que les hautes courtines interm�diaires (fig. 16), de mani�re�mieux commander la vall�e de l'Aude et l'extr�mit�du plateau. Un fait curieux donne la date certaine de cette partie de l'enceinte qui enveloppait l'�v�ch�. En ao�t 1280,�Paris, le roi Philippe permit�Isar, alors�v�que de Carcassonne, de pratiquer quatre fen�tres grill�es dans la courtine adoss�e�l'�v�ch�, apr�s avoir pris l'avis du s�n�chal, et sous la condition expresse que ces fen�tres seraient mur�es en temps de guerre, sauf�pouvoir les rouvrir, la guerre termin�e. Le roi s'obligeait� faire,�ses d�pens, les�gouts pour l'�coulement des eaux de l'�v�ch�, �travers la muraille, et�l'�v�que�tait r�serv�e la jouissance des �tages de la tour dite de l'�v�que (tour carr�e n�11,�cheval sur les deux enceintes), jusqu'au cr�nelage, sans pr�judice des autres droits du pr�lat, sur le reste des murailles de la ville. Or, ces quatre fen�tres n'ont point�t�ouvertes apr�s coup, elles ont�t�b�ties en�levant la courtine, et elles existent encore entre les tours nos 39, 11 et 40; donc ces courtines et tours datent de 1280. Du c�t�du midi et du sud-est, Philippe le Hardi fit couronner, exhausser et m�me reconstruire sur quelques points les tours des Visigoths, ainsi que les anciennes courtines. Du c�t�du nord, on r�para�galement les parties d�grad�es des murs anciens et on�leva une large barbacane devant l'entr�e du ch�teau dans l'int�rieur de la ville. L'enceinte ext�rieure, que je regarde comme ant�rieure de quelques ann�es aux r�parations entreprises par Philippe le Hardi, pour am�liorer l'enceinte int�rieure--et je vais en donner des preuves certaines tout� l'heure--est b�tie en mat�riaux (gr�s) irr�guliers et dispos�s sans choix, mais pr�sentant des parements unis, tandis que toutes les constructions de la fin du XIIIe si�cle sont parement�es en pierres cisel�es sur les ar�tes, et forment des bossages rustiques qui donnent� ces constructions un aspect robuste et d'un grand effet. Tous les profils des tours de l'enceinte int�rieure, r�par�e par Philippe le Hardi, sont identiques; les culs-de-lampe des arcs des vo�tes et les quelques rares sculptures, telles, par exemple, que la statue de la Vierge et la niche plac�es au-dessus de la porte Narbonnaise, appartiennent incontestablement�la fin du XIIIe si�cle. Dans ces constructions, les mat�riaux sont de m�me nature, provenant des m�mes carri�res et le mode d'appareil uniforme; partout on rencontre ces bossages, aussi bien dans les parties compl�tement neuves, comme celles de l'ouest, du sud-ouest et de l'est, que dans les portions compl�t�es ou restaur�es, sur les constructions visigothes et du XIIe si�cle. Les moulures sont finement taill�es et d�j�maigres, tandis que l'enceinte ext�rieure pr�sente dans ses meurtri�res, ses portes et ses corbeaux, des profils tr�s-simples et larges. Les clefs des vo�tes de la tour n�18 (tour de la Vade ou du Papegay) sont orn�es de figures sculpt�es pr�sentant tous les caract�res de l'imagerie du temps de saint Louis. De plus, entre la tour n�7 et l'�chauguette de l'ouest, le parapet de la courtine a�t�exhauss�, en laissant toutefois subsister les merlons primitifs ainsi englob�s dans la ma�onnerie sur�lev�e, afin de donner�cette courtine, jug�e trop basse, un commandement plus consid�rable. Or, cette sur�l�vation est construite en pierres avec bossages, les cr�neaux sont plus espac�s, l'appareil beaucoup plus soign�que dans la partie inf�rieure et parfaitement semblable, en tout,�l'appareil des constructions de 1280.
La diff�rence entre les deux constructions peut�tre constat�e par l'observateur le moins exerc�: donc, la partie inf�rieure�tant semblable, comme proc�d�s de structure,�tout le reste de l'enceinte ext�rieure, et la sur�l�vation conforme, comme appareil,�toutes les constructions dues�Philippe le Hardi, l'enceinte ext�rieure a�t� �videmment�lev�e avant les restaurations et les adjonctions entreprises par le fils de Louis IX. Du c�t�du sud-ouest, la muraille des Visigoths venait longer la fa�ade ouest de l'�glise cath�drale de Saint-Nazaire (fig. 16). Cette fa�ade, �lev�e, comme nous l'avons dit,�la fin du XIe si�cle ou au commencement du XIIe n'est qu'un mur fort�pais sans ouverture dans la partie inf�rieure. Elle dominait l'enceinte visigothe et augmentait sa force sur ce point attaquable. Son couronnement consistait en un cr�nelage dont nous avons retrouv�les traces et que nous avons pu r�tablir dans son int�grit�. Les fortifications de Philippe le Hardi laiss�rent entre elles et cette fa�ade (fig. 16) un large espace et la d�fense sup�rieure de la fa�ade de Saint-Nazaire demeura sans objet puisqu'elle ne commandait plus les dehors. Depuis lors il ne fut entrepris aucun travail de d�fense dans la cit�de Carcassonne et, pendant tout le cours du moyen�ge, cette forteresse fut consid�r�est qu'elle ne fut point attaque comme imprenable. Le fait �e et n'ouvrit ses portes au prince Noir, Edouard, en 1355, que quand tout le pays du Languedoc se fut soumis�ce conqu�rant.
DESCRIPTION DES D�FENSES DE LA CIT�.
J'ai voulu donner un r�sum�tr�s-succinct de l'histoire des constructions qui composent l'enceinte de la cit�de Carcassonne, afin d'expliquer aux voyageurs curieux les irr�gularit�s et les diff�rences d'aspect que pr�sentent ces d�fenses dont une partie date de la domination romaine et visigothe et qui ont�t�successivement modifi�es et restaur�es, pendant les XIIe et XIIIe si�cles, par les vicomtes et par le roi de France. Quand on se pr�sente devant la cit�de Carcassonne, on est tout d'abord frapp�de l'aspect grandiose et s�v�re de ces tours brunes si diverses de dimensions, de forme, et qui suivent, ainsi que les hautes courtines qui les r�unissent, les mouvements du terrain pour obtenir un commandement sur la campagne et profiter autant que possible des avantages naturels offerts par les escarpements du plateau, au bord duquel on les a�lev�es. Du c�t�oriental est ouverte l'entr�e principale, la seule accessible aux charrois, c'est la porte Narbonnaise d�fendue par un foss�et une barbacane garnie de meurtri�res et d'un cr�nelage avec chemin de ronde. L'entr�e est biaise, de fa�on�masquer la porte de l'ouvrage principal. Un ch�telet, qui peut�tre isol�de la barbacane, la pr�c�de,�cheval sur le pont qui�tait compos�de deux tabliers mobiles en bois, dont les tourillons sont encore�leur place. Cette barbacane et le ch�telet sont ouverts�la gorge afin d'�tre battus par les d�fenses sup�rieures de la porte Narbonnaise, si ces premiers ouvrages tombaient au pouvoir de l'ennemi. Du c�t�ext�rieur, les deux grosses tours entre lesquelles est ouverte _ _ la porte, sont renforc� , sortes d'es par des becs�perons destin�s� �loigner l'assaillant du point tangent le plus attaquable, de le forcer de se d�masquer,�faire d�vier le b�lier (bosson en langue d'O�l), ou�
pr�senter une plus forte�paisseur de ma�onnerie�la mine. L'entr�e�tait d'abord ferm�e par une cha�ne dont les attaches sont encore�leur place et qui�tait destin�e�emp�cher des chevaux lanc�s d'entrer dans la ville. Un m�chicoulis prot�ge la premi�re herse et la premi�re porte en bois avec barres; dans la vo�te est perc�un second m�chicoulis, puis on trouve un troisi�me m�chicoulis devant la seconde herse. Il n'�tait donc pas facile de franchir tous ces obstacles. Mais cette entr�e�tait d�fendue d'une mani�re plus efficace encore en temps de guerre. Au-dessus de l'arc de la porte, des deux c�t�s de la niche occup�e par la statue de la Vierge, se voient, sur les flancs de chacune des deux tours, trois entailles proprement faites; les deux voisines de l'angle sont coup�es carr�ment et d'une profondeur de Om,20, la troisi�me est coup�e en biseau comme pour recevoir le pied d'un lien de bois ou d'un chevron inclin�. Au-dessus de la niche de la Vierge on remarque trois autres trous carr�s profonds, destin�s�recevoir des pi�ces de bois formant une forte saillie. Ces trous recevaient, en effet, les pi�ces de bois d'un auvent formant une saillie prononc�e au-dessus de la porte, prot�geant la niche et les gens de garde�l'entr�e de la ville. Cet auvent subsistait en temps de paix; en temps de guerre il servait de m�chicoulis.�lm,30 au-dessus du fa�tage de cet auvent on voit encore, sur les flancs des deux tours, de chaque c�t�, quatre entailles ou trous carr�s au m�me niveau, les trois premiers au-dessus de ceux servant de points d'appui aux chevrons de l'auvent et le quatri�me� 0m,60 en avant. La�tait�tabli le plancher du deuxi�me m�chicoulis. Une cinqui�me entaille, faite entre les deux derni�res et un peu au-dessus, servait de garde pour recevoir le madrier mobile destin�� prot�ger les assi�g�s contre les projectiles lanc�s du dehors de bas en haut et maintenait, par un syst�me de d�charges, tout cet�tage sup�rieur en l'emp�chant de basculer. On ne pouvait communiquer des tours�ces m�chicoulis ext�rieurs que par une ouverture pratiqu�e au deuxi�me�tage et par des�chelles, de fa�on�isoler ces m�chicoulis dans le cas o�les assaillants s'en seraient empar�s. Ces ouvrages de bois�taient prot�g�s par des mantelets perc�s de meurtri�res. L'assaillant, pour pouvoir s'approcher de la premi�re herse, devait donc affronter une pluie de traits et les projectiles jet�s de trois m�chicoulis, deux pos�s en temps de guerre et un dernier tenant�la construction elle-m�me. Ce n'est pas tout: le sommet des tours�tait garni de hourds en charpente que l'on posait�galement en temps de guerre[9]. Les trous destin�s au passage des solives en bascule qui supportaient ces hourds sont tous intacts et dispos�s de telle sorte que, du dedans, on pouvait, en tr�s-peu de temps,�tablir ces ouvrages de bois dont la couverture se reliait�celle des combles�demeure. En effet, on con�oit facilement qu'avec le syst�me de cr�neaux et de meurtri�res pratiqu�s dans les couronnements de pierre, il�tait impossible d'emp�cher des assaillants nombreux et hardis, prot�g�s par _ _ des pavois et m�me par des chats (sortes de chariots recouverts de madriers et de peaux) de saper le pied des tours, puisque des meurtri�res, malgr�inclinaison de leur coupe, il estla forte impossible de voir le pied des tours ou courtines, et que, par les cr�neaux,�moins de sortir la moiti�du corps en dehors de leur ventri�re, on ne pouvait non plus viser un objet plac�au pied de l'escarpe. Il fallait donc�tablir une d�fense continue, couverte et permettant�un grand nombre de d�fenseurs de battre le pied de la muraille ou des tours par le jet de pierres ou de projectiles de toute nature. [Illustration: Figure 3] [Note 9: On a vu que le s�n�chal Guillaume des Ormes se f�licite d'avoir pu reprendre le faubourg de Graveillant, dans lequel se trouvait