Le rôle des reines de France aux IXe et Xe siècles - article ; n°3 ; vol.142, pg 913-932
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1998 - Volume 142 - Numéro 3 - Pages 913-932
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean Dufour
Le rôle des reines de France aux IXe et Xe siècles
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 142e année, N. 3, 1998. pp. 913-
932.
Citer ce document / Cite this document :
Dufour Jean. Le rôle des reines de France aux IXe et Xe siècles. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 142e année, N. 3, 1998. pp. 913-932.
doi : 10.3406/crai.1998.15918
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1998_num_142_3_15918COMMUNICATION
LE RÔLE DES REINES DE FRANCE
AUX IXe ET X' SIÈCLES, PAR M. JEAN DUFOUR
Dans mon Recueil des actes de Louis VI, paru en 1992-1994, j'ai
pris le parti de donner plusieurs appendices : l'un d'eux concern
ait les actes de la reine Adélaïde de Maurienne (mariée à Louis VI
à la fin de mars 1115, morte en 1154). Cela est à l'origine de mon
travail actuel sur les actes des reines de France ; après quelques
hésitations, j'ai décidé de les prendre en compte depuis l'époque
mérovingienne jusqu'en 1206, date de la mort d'Adèle de Champ
agne, troisième et dernière femme de Louis VII ; mon propos est
de les éditer et d'en faire si possible une étude diachronique.
Ce travail prend pour base les éditions renommées — et parfois
contestées — des Monumenta Germaniae historica pour le haut
Moyen Âge, des Chartes et diplômes pour les Carolingiens français,
pour Philippe Ier, Louis VI et Philippe Auguste. Constamment, je
bénéficie en outre de l'aide précieuse de M. Olivier Guyotjeannin
(chargé de l'édition des actes des premiers Capétiens) pour le
XIe siècle et de M. Michel Nortier (chargé de l'édition des actes de
Louis VII et de la fin de celle des actes de Philippe Auguste) pour
la seconde moitié du XIIe siècle.
Les travaux sur les reines de France, de qualité très inégale,
s'inscrivent dans une bibliographie beaucoup plus vaste relative à
la femme médiévale, sujet très en vogue actuellement.
En peu de temps, j'ai pu réunir une masse importante de don
nées, grâce au dépouillement des sources tant documentaires que
narratives. Il m'a paru indispensable de les organiser, en établis
sant pour chacune des reines un plan-type, comportant deux part
ies distinctes :
— une introduction, présentant le curriculum vitae de chacune
d'entre elles, avec des rubriques consacrées notamment à sa filia
tion, à son mariage, à son douaire, à ses attributions, à son mécén
at, à son personnel, à sa mort, etc. ;
— une partie documentaire proprement dite, rassemblant tant les
actes intitulés à son nom que ses interventions auprès du souver
ain, ses souscriptions au bas des actes ou encore les lettres qu'elle
a pu recevoir. 914 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
II va de soi que bon nombre de reines ne sont pas concernées
par l'ensemble de ces rubriques.
J'ai pris le parti de limiter cette communication au rôle des
reines des IXe et Xe siècles. Je voudrais montrer comment, au-delà
de leurs qualités ou défauts propres, elles sont proches bien
entendu de la royauté, avec des attributions particulières, mais
aussi des grands, au sommet de la pyramide desquels elles sont
placées par leur état.
La bibliographie particulière sur les diverses reines de France
de cette période est rarement importante. Il s'agit le plus souvent
de notices dans des dictionnaires biographiques, rarement d'ar
ticles.
En Francia occidentalis, qu'est-ce qu'une reine ? Ce n'est
constamment que la femme du roi. Elle n'exerce jamais le pouvoir
de droit, mais seulement de fait, comme par exemple Brunehaut
au tournant des VIe et VIIe siècles1. Un tel fait s'inscrit dans la durée
et est hérité de l'Ancien Testament : en effet, le monde juif ne
connaît pas de reine, si ce n'est Esther, exilée à Babylone et reine,
comme épouse du roi Assuérus. Gela a plusieurs conséquences :
les termes employés pour désigner l'épouse du souverain — uxor,
conjux — dans les documents du haut Moyen Âge occidental sont
souvent d'une grande banalité. De plus, son statut peut être
encore flou au Vlir siècle, avec la présence de Friedelfrauen2, que
l'on peut situer entre concubines et épouses légitimes, comme
Himiltrude aux côtés de Charlemagne : les sources documentaires
préfèrent les passer sous silence.
D'origine aristocratique, voire royale, les reines de Francia occi
dentalis sont choisies le plus souvent dans des familles lointaines
et même étrangères ; ainsi les rois espèrent-ils échapper à l'accu
sation d'alliances incestueuses, que poursuivent les canonistes à
partir du Vlir siècle ; ces derniers interdisent alors, on le sait, les
mariages jusqu'au sixième degré, puis, lors du concile de Douzy
(874), même septième3 ; cependant, sont admises parfois
des unions au quatrième degré, comme entre Charles le Chauve et
1. En réalité, la première vraie régente est Adèle de Champagne, en 1190-1191, lors de
la Troisième Croisade ; et encore son pouvoir est-il étroitement contrôlé par son frère
Guillaume aux- Blanches -Mains, archevêque de Reims, et par un groupe de bourgeois de
Paris, détenteurs du sceau.
2. A ce propos, cf. notamment R. Le Jan-Hennebicque, «Aux origines du douaire médiéval (Vïïe-Xe siècle) », dans Veuves et veuvage dans le haut Moyen Âge. Etudes réunies par
M. Parisse, Paris, 1993, p. 113.
3. Cf. R. Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc (v/f-x'siècle). Essai d'anthropologie
sociale, Paris, 1995, p. 313 ; M. Aurell, La noblesse en Occident (V -XV siècle), Paris, 1996, p. 87
et 88. RÔLE DES REINES DE FRANCE (lXe-XlT S.) 915
Ermentrude4, ou entre Louis le Bègue et Adélaïde Ire 5. Bien év
idemment, pour des raisons diverses, les rois tournèrent la diffi
culté, notamment en faisant établir de fausses généalogies leur
permettant soit un mariage, soit une répudiation6. Le rang des
futures reines tend d'une manière générale à s'élever. En effet, au
IXe siècle, elles sont le plus souvent filles de comtes, de Francia
orientalis (comme Judith, fille de Welf, comte de Bavière), de
Lotharingie Richilde, fille du comte Bivin), plus rarement
de Francia occidentalis (comme Ermentrude, fille d'Eudes, comte
d'Orléans). Puis au Xe siècle, elles sont fréquemment issues de
familles royales : Edwige, deuxième femme de Charles le Simple,
est fille d'Edouard Ier l'Ancien, roi de Wessex ; Gerberge, femme
de Louis IV, d'Henri Ier l'Oiseleur ; Emma II, femme de Lothaire,
fille de Lothaire II, roi d'Italie. D'une manière générale, rares sont
les reines dont l'origine reste inconnue : Frérone, première femme
de Charles le Simple, est de noble naissance, sans plus de préci
sion.
Les sources narratives ou figurées nous renseignent assez
précisément sur la personnalité des diverses reines, même s'il
faut faire parfois la part du panégyrique. Hildegarde, femme de
Charlemagne, la sainte, est dite, à la fin du VIIIe siècle, beatissima
regina' ou nobilissima piissimaque regina*. Nous savons que Judith
avait séduit Louis le Pieux par sa beauté, difficile à apprécier sur
un dessin contemporain, fait probablement à Reims9. De
Richilde, seconde femme de Charles le Chauve, sont connus
deux portraits, également contemporains, l'un sur le coffret
d'Ellwangen10, l'autre sur la peinture initiale de la Bible de
4. Cf. R. Le Jan, op. cit. (n. 3), p. 318 et n. 200.
5. Ibid.,p. 320.
6. Cf. J. Gaudemet, Le mariage en Occident. Les mœurs et le droit, Paris, 1987, p. 205.
7. Thégan, Gesta Hludowici imperatoris, E. Tremp éd., M. G. H. , Scriptores rerum Germa-
nicarum in usum scholarum (désormais SRG), Hanovre, 1995, p. 176.
8. Astronome, Vita E. Tremp éd., M. G. H., SRG, Hanovre, 1995,
p. 286.
9. Genève, Bibl. publ. et univ., lat. 22 (Raban Maur, Expositio in libros Judith, Esther et
Maccabaeorum), fol. 3v ; cf. B. Gagnebin, L'enluminure de Charlemagne à François!".
Manuscrits de la Bibliothèque publique et universitaire de Genève, Genève, 1976, p. 23, n° 1 ;
P. E. Schramm, Die deutschen Kaiser und Kônige in Bildern ihrer Zeit (751-1190). Neuau-
flage..., Munich, 1983, p. 159, n° 17 ; p. 295, pi. 17.
10. Stuttgart, Wùrttembergisches Landesm

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