Quelques problèmes des grandes villes dans les pays sous-développés - article ; n°3 ; vol.36, pg 197-218
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1961 - Volume 36 - Numéro 3 - Pages 197-218
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 62
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Milton Santos
Quelques problèmes des grandes villes dans les pays sous-
développés
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 36 n°3, 1961. pp. 197-218.
Citer ce document / Cite this document :
Santos Milton. Quelques problèmes des grandes villes dans les pays sous-développés. In: Revue de géographie de Lyon. Vol.
36 n°3, 1961. pp. 197-218.
doi : 10.3406/geoca.1961.1721
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1961_num_36_3_1721QUELQUES PROBLÈMES DES GRANDES VILLES
DANS LES PAYS SOUS-DÉVELOPPÉS
par Milton Santos
Introduction
La rapidité avec laquelle les villes grandissent et la population urbaine
augmente est un phénomène général dans les pays sous-développés. Ce
fait est d'autant plus important que c'est la ville, dans ce Tiers Monde,
qui cristallise la volonté de progrès et qui prépare, en réalité, le processus
de développement. Si elle est le reflet du monde industriel par l'importance
des édifices modernes et par la présence de tant de signes de confort
moderne, elle montre aussi la pauvreté et les plaies de sa région d'influence,
tant par les fonctions qu'elle exerce, que par son paysage, et même par la
désorganisation et l'insuffisance de ses services publics. C'est là tout le
drame du monde sous-développé : la grande ville, située au point de ren
contre de deux genres de civilisation différents et même opposés, est à
même non seulement de définir, mais aussi de porter remède. En tant
qu'expression du sous-développement, la ville porte en même temps en
elle le germe de l'évolution et de la rénovation. De là vient tout l'intérêt
de son étude.
Mais une telle étude pourrait trouver sa première difficulté dans un
problème de définition. Qu'est-ce, en réalité, qu'une grande ville du monde
sous-développé ?
Aujourd'hui, le sous-développement est un fait et un problème que tout
le monde comprend et tout le .monde est d'accord quant à son existence,
bien que chacun, soit à la recherche d'une définition. Mais est-il nécessaire
d'alimenter ce débat ?
Qu'est-ce qu'une grande ville dans ces pays peu développés ou en voie
de développement ?
Le critère de la population active rencontre de sérieux obstacles pour être
accepté. Si nous prenons comme éléments de comparaison le nombre d'ou
vriers industriels, nous ne devons pas oublier qu'avec le progrès de
l'équipement, des industries installées récemment emploieront moins d'ou
vriers que les anciennes... L'importance du secteur tertiaire est également
trompeuse : le grand nombre de domestiques actuels dans ces villes peut
inverser les données du problème (la ville de Salvador en comptait 37.309
en 1950, c'est-à-dire 25 % de la totalité de la population active). M. SANTOS 198
Ce qui caractérise la grande ville dans les pays sous-développés, c'est
son rôle de trait d'union entre un monde industriel qui lui achète ses pro
duits bruts ou ayant subi une première préparation, et un monde rural
qui fournit ces matières premières et qui, en échange, reçoit des produits
manufacturés que la ville importe ou fabrique.
Ce rôle, commun à tous les grands organismes urbains, peut être défini
par certains caractères généraux que nous allons étudier, avant de montrer
les facteurs de différenciation et leurs conséquences. Les faits que nous
examinerons ont été pris surtout en Afrique et en Amérique Latine, ce
qui n'enlève pas pour autant aux conclusions un intérêt certain pour la
géographie générale des villes.
A. — Les caractères généraux
De telles villes présentent de nombreux points communs, parmi lesquels
nous citerons : la nature des fonctions, la concentration de ressources sans
proportion avec leur rôle productif, le type de relations qu'elles main
tiennent avec leur région, la disproportion entre la population totale et la
population active, le déséquilibre social des niveaux de vie, et les formes
générales d'organisation de l'espace interne.
1) Les jonctions.
Les villes du monde sous-développé ont, presque toutes, pris naissance
autour d'une fonction administrative, soit contemporaine ou consécutive
à un rôle de défense, soit primitive. Ce rôle administratif et militaire leur
garantit la possibilité d'organiser un espace, mais c'est la formation posté
rieure d'une région qui leur accorde un rôle commercial dont dépend leur
forme. C'est seulement quand la fonction commerciale s'affirme que l'on
peut parler de région. La fonction co.mmerciale et de prestation de services
est essentiellement la caractéristique des grandes villes du monde sous-
développé. Toutes les autres fonctions qui viennent s'y ajouter apparaissent
à titre plus ou moins subordonné.
La fonction bancaire, par exemple, sert presque exclusivement au com
merce et aux autres activités spéculatives. La Banque Commerciale
d'Angola, de Luanda, accorde essentiellement des prêts pour le fina
ncement de constructions et le commerce du café. Dans la ville de Salvador,
en 1959, le commerce absorba 60 °/o des prêts bancaires ; 26 % furent
accordés à l'industrie, dépendante presque entièrement du commerce et
liée à la spéculation; alors que les particuliers obtinrent presque autant
que l'agriculture et l'élevage réunis, soit environ 7 %. A la rigueur, les
firmes commerciales peuvent exercer un rôle bancaire bien avant l'instal
lation d'agences des établissements de crédit et elles continuent ensuite
à exercer ce rôle par le financement des récoltes ou de la commercialisation
des produits agricoles. DES GRANDES VILLES 199 PROBLÈMES
Les services que la ville offre à la région sont liés intimement à ce rôle
administratif et commercial.
De même, les fonctions culturelles sont liées au rôle de gestion de la
ville, gestion des Affaires de l'Etat et des affaires privées.
Cet ensemble de facteurs favorables détermine, d'autre part, le choix de
la ville comme lieu de résidence des agriculteurs aisés. On peut parler ici
d'une véritable fonction résidentielle, expression qui paraît abusive dans
les pays développés où la résidence est uniquement une condition de vie
urbaine et découle de la nécessité d'abriter les personnes qui exercent une
activité. Dans les villes du monde sous-développé, un double parasitisme
vient s'ajouter aux personnes économiquement actives : celui des riches qui
vivent aux dépens du travail de tierces personnes, à l'intérieur du pays;
et celui des très pauvres qui viennent la plupart du temps de la campagne
et sont attirés par la ville, quoique sans espoir d'emploi.
La présence d'une population urbaine et régionale dont le niveau de vie
s'élève malgré tout, est la cause première de la création d'une fonction
industrielle. Le développement de cette fonction est une espèce de baro
mètre du sous-développement régional et de la force de la ville.
Il s'agit en général d'une industrie qui prépare des produits régionaux
pour l'exportation, ou transforme, pour la consommation urbaine et régio
nale, des produits importés ou issus de la propre région. C'est pourquoi
elle est essentiellement liée au commerce.
L'industrie ainsi créée a ses possibilités de développement compromises,
non seulement par l'absence de cadres techniques, mais surtout parce qu'elle
n'a pas les moyens d'affronter les marchés étrangers ou extérieurs à la
région et ne peut compter sur un marché interne capable de la soutenir.
Ainsi la ville se voit obligée d'importer de l'extérieur, une partie plus
ou moins grande des produits manufacturés dont elle et sa région ont
besoin. C'est une dépense de fait qui peut avoir lieu aussi bien en faveur
d'un pays étranger que d'une autre ville du même pays, comme c'est le cas,
au Brésil, pour Sáo Paulo et Rio de Janeiro en relations avec Belém,
Recife et Salvador. Ces dernières disposent de tous les services propres à
une métropole mais l'absence d'une industrie développée fait qu'elles
demeurent dépendantes, exactement comme des métrop

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