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Langue Français

Extrait

La paraphrénie confabulante n’est pas une schizophrénie…
comme les autres : étude clinique et neuropsychologique.
Berna F., Offerlin-Meyer I., Potheegadoo J., Vidailhet P., Giersch A., Danion J.M. & Foucher J.
INSERM U 666, Clinique Psychiatrique, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg;
RESUME
Si la CIM et le DSM ont fait disparaître le diagnostic de paraphrénie confabulante, ces patients n’ont pas disparu pour
autant. Nous décrivons ici le cas du patient SP qui présente des faux souvenirs autobiographiques de nature
confabulatoire. Un délire est organisé autour de ces souvenirs qui l’amène à commettre des actions inadaptées. Bien
que ce patient réponde aux critères de schizophrénie du DSM-IV et de la CIM-10, nous présentons ici plusieurs
arguments cliniques et neuropsychologiques permettant de le distinguer des patients confabulateurs neurologiques et
de souligner ses spécificités par rapport aux patients schizophrènes.
EXPLORATIONS
NEUROPSYCHOLOGIQUES
1) Mémoire épisodique
-
Mémoire verbale (MEM-III, CVLT): normale
-
Mémoire des visages (MEM-III): altérée
-
Mémoire des objets (Test des Portes): normale
2) Mémoire autobiographique
-
Pas d’amnésie (TEMPau)
-
Spécificité effondrée (AMI)
-
Remémoration consciente altérée (TEMPau)
-
Souvenirs confabulatoires : spécifiques et
remémorés consciemment
-
‘’souvenirs significatifs pour le soi’’* :
-
4/5 de nature confabulatoire
3) Fonctions frontales
- Lenteur cognitive
- Fluences (lettres, catégories) : normales
- Inhibition (test de Hayling) : normale
- Flexibilité mentale (TEA) : normale
- Attention soutenue (CPT) : diminuée
- Tests écologiques (Test des Commissions,
Test des 6 éléments): troubles de l’organisation
et de la planification.
4) Tests de confabulations
-
Confabulation Battery (Dalla Barba, 1993):
aucune confabulation provoquée
-
Recory (Schnider, 1999) : normal
5) Exploration des mouvements oculaires
-
Objets abstraits: excès de groupement par
colinéarité
-
Visages: retard à l’exploration des
caractéristiques pertinentes (yeux)
*
Self-defining memories (Singer & Salovey, 1993)
CONCLUSION
:
-
1
ère
description de paraphrénie confabulante telle que décrite par K. Leonhard*
depuis 40 ans de littérature sur ces confabulations dites ‘’fantastiques’’.
-
Les confabulations de SP sont clairement à séparer des formes neurologiques.
-
Intérêt des approches de neuropsychologie cognitive appliquées au cas unique.
Elles pourraient permettre d’attester des particularités cliniques et neuropsycho-
logiques de certaines entités nosographiques
.
TABLEAU CLINIQUE
Mr SP 47 ans, fonctionnaire, maîtrise en économie
1
ère
hospitalisation en Psychiatrie à 44 ans
Faux souvenirs confabulatoires
à thématique persécutive
Agression par 300 personnes
Viol par une assistante sociale
Rencontres avec des personnages célèbres :
Ben Laden, Maria Carrey, Martin Luther
King
Tous lui ont rendu visite à son domicile
Voyages extraordinaires
aux Philippines sur le tournage de King-
Kong
sur la Lune quand il avait 8 ans (en 1969 !)
Actes inappropriés
Achat de cadeaux pour Maria Carrey
Voyage aux Etats Unis pour la rencontrer
Fausses reconnaissances
Le délire est construit quasi exclusivement sur
ces faux souvenirs confabulatoires.
CONFABULATIONS
SP se distingue des confabulateurs neurologiques
4)Confabulations stables dans le temps
5)Absence d’amnésie
6)Fonctions frontales peu altérées
7)Reality monitoring relativement préservé
8)Tests évaluant les confabulations : pas d’anomalies
FAUSSES
RECONNAISSANCES
hypothèses
physiopathologiques
4)Altération élective de la
mémoire des visages ?
5)Altération des
processus perceptifs ?
UNE CONTRUCTION DELIRANTE
DE L’IDENTITE
BIBLIOGRAPHIE
:
Hulak F. Les paraphrénies : nosographie. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Psychiatrie, 37-296-C-10, 2008.
Foucher JR. Les 35 visages de la schizophrénie : la classification des psychoses endogènes de Karl Leonhard.
Leonhard K. Classification of endogeneous psychoses and their differentiated etiology (1999). Springer Medicine
Mail :
fabrice.berna@chru-strasbourg.fr
* Karl Leonhard, psychiatre allemand à l’origine d’une classification des psychoses
qui bénéficie depuis quelques années d’un intérêt croissant dans la littérature internationale
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