Apollinaire critique d art : la sculpture en question - article ; n°1 ; vol.47, pg 405-420
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1995 - Volume 47 - Numéro 1 - Pages 405-420
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 28
Langue Français

Extrait

Peter Read
Apollinaire critique d'art : la sculpture en question
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1995, N°47. pp. 405-420.
Citer ce document / Cite this document :
Read Peter. Apollinaire critique d'art : la sculpture en question. In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises,
1995, N°47. pp. 405-420.
doi : 10.3406/caief.1995.1885
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1995_num_47_1_1885APOLLINAIRE CRITIQUE D'ART :
LA SCULPTURE EN QUESTION
Communication de M. Peter READ
(Université de St Andrews)
au XLVIe Congrès de l'Association, le 21 juillet 1994
Apollinaire, c'est le poète ami des peintres, auteur
des Peintres cubistes, qui en 1914 déclarait: «Et moi
aussi je suis peintre ! » On comprend donc que, depuis
1960, le débat concernant Apollinaire critique d'art ait
tourné principalement autour de la fascination qu'exerce
le pinceau sur la plume et autour de l'attitude du poète
envers la peinture de son époque, notamment la peinture
cubiste (1). La sculpture, et ce qu'en a pu penser Apol-
(1) I960 est l'année de publication chez Gallimard des Chroniques d'art
d'Apollinaire, réunies, abrégées et précédées d'une Préface judicieuse, par
L С Breunig. Une édition critique de Méditations esthétiques. Les peintres
cubistes, texte présenté et annoté par L C. Breunig et J -Cl. Chevalier,
suivra chez Hermann en 1965 Parmi les études et ouvrages consacrés à
Apollinaire et les arts plastiques, citons L.C Breunig, «Apollinaire et le
cubisme», La Revue des lettres modernes, Guillaume Apollinaire 1, 1962,
pp. 7-24; L Somville, «Apollinaire et le cubisme, une adhésion raisonnée»,
Actes du colloque de Stavelot (1975), Que vlo-ve?, 21-22, juillet-octobre
1979, H E Buckley, Guillaume Apollinaire as Art Critic, Ann Arbor, UMI
Research Press, 1981 , Apollinaire, Œuvres en prose complètes, t II, textes
établis, présentés et annotés par Pierre Caizergues et Michel Décaudin,
Pans, Gallimard, «Bibliothèque de la Pléiade», 1991 , Picasso/ Apollinaire,
Correspondance, édition de Pierre Caizergues et Hélène Seckel, introduction
de Pierre Caizergues, Paris, Gallimard/ Réunion des Musées Nationaux,
1992. Voir aussi les volumes collectifs. Cahiers du musée national d'art
moderne (Centre Georges Pompidou), 6, 1981, numéro spécial Guillaume
Apollinaire (qui contient une étude de Xavier Deryng sur Apollinaire et le
sculpteur Boleslas Biegas), Europe, 638-639, juin-juillet 1982, Cubisme et
littérature, Apollinaire critique d'art, catalogue de l'exposition réalisée par
Béatrice Riottot El-Habib et Vincent Gille, Paris-Musées/ Gallimard, 1993. 406 PETER READ
linaire, s'est trouvée marginalisée dans ce débat, comme
si, aux yeux d'Apollinaire, la liberté de l'artiste se jouait
principalement à l'intérieur d'un univers rectangulaire,
page blanche ou toile vierge.
Or, la publication récente des écrits sur l'art d'Apoll
inaire dans la Bibliothèque de la Pléiade révèle un
certain nombre de textes inédits et nous incite à une
relecture globale de ses opinions et déclarations esthé
tiques (2). Cette relecture dévoile à quel point la sculp
ture est omniprésente dans les chroniques d'art d'Apoll
inaire, et qu'elle lui inspire certaines des pages les plus
clairvoyantes qu'il ait écrites. Ce constat constitue notre
point de départ pour une première reconnaissance, bros
sée nécessairement de façon un peu sommaire ici, de
l'espace important qu'occupe la sculpture dans les écrits
d'Apollinaire critique d'art.
*
* *
C'est dans sa correspondance que se trouve la pre
mière remarque du jeune poète concernant les arts plas
tiques qui nous soit parvenue. Il s'agit d'une référence
à la sculpture: dans une lettre datant de 1898, il men
tionne le Balzac de Rodin (3). On se souvient que l'e
xposition d'une version en plâtre du Balzac, au Salon de
la Société Nationale des Beaux- Arts en avril 1898, avait
soulevé une vague de protestations et une vive polémi
que; en mai, la Société des Gens de Lettres refusa le
monument, commandé sept années auparavant. L'Af-
(2) Apollinaire, Œuvres en prose complètes, t. II, op. cit. Les numéros de
pages cités entre parenthèses dans le texte et dans les notes font référence à
cet ouvrage
(3) Apollinaire, Œuvres complètes, édition établie sous la direction de
Michel Décaudin, Pans, Balland et Lecat, 1966, t. IV, p. 695. APOLLINAIRE CRITIQUE D'ART 407
faire Balzac fut une des grandes querelles d'art du dix-
neuvième siècle, aussi virulente que l'Affaire Dreyfus,
alors à son apogée. Apollinaire, qui en politique ap
prouvait les déclarations de Zola, se situait, sans aucun
doute, du côté des défenseurs de Rodin.
Sa première chronique d'art, dans La Revue blanche
en 1902, traite, elle aussi, de sculpture: elle raconte
l'émerveillement du journaliste en herbe devant la g
igantomachie de Pergame, «magnifique poème de
pierre», au Pergamon (67). Par la suite, et pendant
plusieurs années, les chroniques d'art d'Apollinaire se
ront rares et éparses. Son désir d'établir une réputation
bien assise de critique d'art est toutefois confirmé par
un projet inédit datant de 1905 ou 1906. Il s'agit de
deux feuilles manuscrites sur lesquelles il avait esquissé
le plan d'une série d'ouvrages intitulée Encyclopédie
des Beaux-Arts sous la direction de Guillaume Apollin
aire. Monographies des Arts et des Artistes de toutes
les époques et de tous les pays. Texte 100 pages (10
illustrations pleine page 5 vignettes et quelques orne
ments documentaires) [...] A traduire en Allemand
(Russe?) Anglais Espagnol. Belle expression d'une s
imultanéité à la fois temporelle et spatiale, inimitable-
ment apollinarienne. Une cinquantaine de volumes i
llustrés sont initialement prévus et le manuscrit dresse
une liste de titres et d'auteurs. Il y aurait beaucoup de
choses à dire sur ce document, rédigé au verso de deux
feuilles publicitaires pour Vers et Prose. Quant au sujet
qui nous concerne aujourd'hui, l'intérêt porté par Apoll
inaire à la sculpture est encore confirmé par le fait
qu'il se confie à lui-même la rédaction d'un volume
intitulé Rodin et la sculpture moderne (à écrire en col
laboration avec Adolphe Basler) et d'un autre sur L'art PETER READ 408
chez les sauvages. Il s'agit là de la première référence à
l'art primitif chez Apollinaire (4).
A vingt-cinq ans, ne manque pas de
confiance en ses capacités d'éditeur et de critique d'art.
Ce ne sera qu'en mars 1910, cependant, qu'il obtiendra
la rubrique de critique d'art à L'Intransigeant. Dès lors,
il parcourt assidûment un nombre toujours croissant
de Salons collectifs et d'expositions particulières. Le
fait d'écrire pour un grand quotidien l'oblige à donner
aux lecteurs une vue d'ensemble, dans un style qui im
plique une certaine générosité envers les œuvres expos
ées, contrainte qui ne va pas à rencontre de la personn
alité du poète. Les nombreux commentaires qui se
limitent à quelques banalités suivies d'une simple enu
meration des exposants portent, cependant, un jugement
implicite. Il suit d'année en année la carrière de certains
artistes dans lesquels il reconnaît un talent véritable,
tout en attendant l'irruption dans le domaine public
d'une sculpture réellement novatrice.
Ses chroniques à L'Intransigeant indiquent que jus
qu'en 1911, Apollinaire trouve la sculpture bien plus
attirante que la peinture rencontrée dans les expositions.
Ainsi, en avril 1910, au Salon de la Société Nationale
(4) Le directeur de l'encyclopédie est Apollinaire, le secrétaire Adolphe
Basler, critique d'art de quatre ans son aîné, rencontré aux Soirées de la
Plume en 1903 Apollinaire s'attribue également des volumes sur Cézanne,
le Greco, Les Tendances nouvelles dans l'art (trois volumes, en collaboration
avec Basler), L'Art officiel et le trompe l'œil (avec Basler), Les Enluminures,
l'Illustration au XVIIIe siècle Le projet reflète la diversité de ses intérêts et
im

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