Cercles et entrelacs : format et décor des corans maghrébins médiévaux - article ; n°1 ; vol.145, pg 593-620
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 2001 - Volume 145 - Numéro 1 - Pages 593-620
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur François Déroche
Cercles et entrelacs : format et décor des corans maghrébins
médiévaux
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 145e année, N. 1, 2001. pp. 593-
620.
Citer ce document / Cite this document :
Déroche François. Cercles et entrelacs : format et décor des corans maghrébins médiévaux. In: Comptes-rendus des séances
de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 145e année, N. 1, 2001. pp. 593-620.
doi : 10.3406/crai.2001.16285
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2001_num_145_1_16285COMMUNICATION
CERCLES ET ENTRELACS :
FORMAT ET DÉCOR DES CORANS MAGHRÉBINS MÉDIÉVAUX,
PAR M. FRANÇOIS DÉROCHE
Dans le domaine du livre, le Maghreb se signale à partir du ive/xe
siècle par un certain nombre de particularités, la plus saillante
étant incontestablement l'écriture maghrébine qui trahit du pre
mier coup d'œil l'origine du copiste1. Le format carré est une autre
spécificité de la région : elle ne concerne, il est vrai, qu'un nombre
limité de manuscrits, principalement des corans. Depuis long
temps, les historiens du livre ont noté cette prédilection, mais sans
chercher vraiment à saisir la façon dont elle avait été introduite. La
question du format des manuscrits coraniques des premiers siè
cles de l'islam est particulièrement complexe : il suffira ici de
rappeler ici qu'en Orient le codex vertical des origines avait très
tôt été supplanté par celui à l'italienne, avant de revenir définit
ivement en faveur à partir du milieu du ive/xe siècle2. Au Maghreb,
l'évolution fut sensiblement différente puisque des corans carrés
firent leur apparition, dès la fin du Ve/xie siècle d'après le matériel
connu à ce jour3 ; ont- ils pris la suite d'une tradition antérieure ?
Reflètent-ils des habitudes régionales ? Répondent-ils à un des
sein précis ?
Une réponse définitive à ces questions est pour le moment hors
d'atteinte : l'histoire du livre manuscrit dans le Maghreb médiéval
nous est encore très imparfaitement connue et les zones d'ombre
demeurent fort nombreuses, particulièrement en ce qui concerne
la période qui va des origines, que l'on pourrait placer par com
modité à la charnière des VIIe et VIIIe siècles, jusqu'à la fin du
1. Par écriture maghrébine on entend ici, selon l'usage courant, la graphie qui fait son
apparition dans le domaine du manuscrit à partir du lWxe siècle. Il va de soi que d'autres
écritures livresques ont été en usage au Maghreb au cours du Moyen Age (voir par exemple
infra).
2. Dès la fin du in*7ixe siècle, des corans de format vertical font leur apparition, comme
le montre le manuscrit Dublin, Chester Beatty Library 1417 copié avant 292/905 ; cette
tendance s'amplifie au cours du lWxe siècle.
3. Le plus ancien coran de ce type que l'on connaisse à ce jour, le manuscrit Escortai,
arab. 1397, date de 500/1106-1107 ; voir infra. 594 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
Ve/xie. Pour tenter d'y voir plus clair, l'historien du livre devrait
trouver une aide précieuse dans l'étude des corans : ils forment
en effet un groupe de manuscrits relativement étoffé et repré
sentatif en raison de la constance avec laquelle ils ont été copiés
à travers les âges. Rares sont cependant les cas où le lieu de copie
est indiqué : la plupart du temps, l'origine d'un exemplaire est
déduite de sa provenance. Ainsi, au Maghreb, la Grande mosquée
de Kairouan a-t-elle conservé une importante collection de corans
sur parchemin. La fondation de la ville par les conquérants
musulmans, au plus tard en 62/682, fournit en principe un
terminus post quem à l'activité de copie sur place ; les plus
anciens manuscrits datés ou datables remontent seulement à la
seconde moitié du IHe/lXe siècle. Cette collection constitue néan
moins une source unique pour l'étude de l'histoire du livre au
Maghreb, bien que seul un nombre infime de volumes comporte
une indication permettant d'établir leur origine kairouanaise.
Pour les autres, dans l'attente de méthodes qui permettraient
d'identifier des critères solides de localisation, il est difficile, voire
impossible, de distinguer entre ce qui a été réalisé sur place et ce
qui a été importé - ou copié à Kairouan par des artistes venus
d'autres régions.
En l'absence d'un catalogue de cette collection, il n'est pas
possible de proposer mieux qu'un aperçu provisoire sur la période
la plus ancienne, en admettant d'emblée qu'une partie au moins
des corans qu'elle contient a été transcrite localement. A la
lumière des reproductions de manuscrits publiées à ce jour, il
semble que la phase initiale (fin du lerMle et début du ne/ville s.)
n'y soit pas représentée4. En revanche, il paraît possible d'identi
fier des écritures coraniques des lie/vilie, llle/ixe et ive/xe siècles par
comparaison avec des corans conservés en Orient : les premières,
celles du ne/ville siècle, sont principalement représentées par une
copie de format vertical5, tandis que les autres apparaissent essen-
4. A ce jour, aucun manuscrit ou fragment de style hijâzî conservé à Kairouan n'a été
signalé ; si des recherches ultérieures permettaient de trouver un vestige de ce genre dans
la collection de la Grande mosquée, cela laisserait de toute façon sans réponse la question
de sa provenance. Pour l'histoire de ce fonds, on pourra consulter utilement M. al-Niyyâl
{al-Maktabaal-athariyyabi-l-Qayrawân : 'ard wa-dalîl, Tunis, 1963) et I. Chabbouh(«t Sijill
qadîm li-maktaba jâmi' al-Qayrawân », Revue de l'Institut des Manuscrits arabes II/2, 1956, p.
339-372) qui ont reproduit quelques uns des manuscrits ; la publication des reliures par
G. Marçais et L. Poinssot est en revanche assez pauvre sur ce point (Objets kairouanais, IXe
au xii f siècle, Reliures verreries, cuivres et bronzes, bijoux, 2 vol., Paris, 1948-1952).
5. Tunisie : Du christianisme à l'islam, IVe -XIVe siècle, Lattes, 2001, p. 195, n° 1 18, ill. p. 214
sq. ; peut-être aussi p. 194, n° 112, ill. p. 209. Il faut toutefois souligner que notre
connaissance de la paléographie des corans du if/vin* siècle est encore bien imparfaite. CORANS MAGHRÉBINS MÉDIÉVAUX 595
tiellement sur support oblong6. Les unes et les autres refléteraient
des orientations similaires à celles qu'il a été possible de recon
naître dans le reste du monde musulman à la même époque.
Appartenant peut-être à la fin de la période, au ive/xe siècle, un
fragment de coran vertical avec une écriture de type D Va pourrait
quant à lui être l'écho des changements qui ont commencé à se fait
jour en Orient7. Deux corans de format à l'italienne copiés en
écriture abbasside ancienne que nous proposons de dater du
llle/ixe siècle posent en revanche la question de l'éventuelle survie
en Ifrîqiya de ces graphies, depuis longtemps sorties d'usage en
Orient : ils ont en effet été constitués en waqf auprès de la Grande
mosquée de Kairouan l'un par la Sayyida Umm Malâl, au début du
Ve/XIe siècle8, l'autre par son neveu, le souverain ziride al-Mu'izz b.
Bâdîs postérieurement à sa rupture avec les Fatimides - entre
431/1041 et 441/1049-509. Il est vrai que le format oblong lui-
même s'est maintenu quelque temps encore au Maghreb, mais en
association avec l'écriture maghrébine : cette dernière apparaît en
effet sur deux fragments datés de 398/100810 et de 432/1040». G.
Levi délia Vida attribuait même aux Xllle-xrve siècles un coran
oblong en maghribî conservé à la bibliothèque Vaticane12.
6. Plusieurs catalogues d'exposition contiennent des descriptions de manuscrits
accompagnées d'illustrations (voir par exemple M. Lings, Y. H. Safadi, The Qur'ân,
Londres, 1976, p. 20 sq., n° lb, 4, 7, 8, 10, p. 25, n° 11, p. 26, n° 16, 17, 19, 20, 21, p. 28, n°
n° 23 et 339-354 p. 30, n" et 24 p. 274 ; De sq., Carthage n° 358 à Kairouan, ; M. Rammah, Paris, Semaine 1982, p. culturelle 242-254, tunisienne n" 325-337, à Genève, p. 256-271, De
Kairouan à Carthage : es

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