L art des monnaies gauloises - article ; n°4 ; vol.116, pg 633-648
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1972 - Volume 116 - Numéro 4 - Pages 633-648
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Paul-Marie Duval
L'art des monnaies gauloises
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 116e année, N. 4, 1972. pp. 633-
648.
Citer ce document / Cite this document :
Duval Paul-Marie. L'art des monnaies gauloises. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, 116e année, N. 4, 1972. pp. 633-648.
doi : 10.3406/crai.1972.12809
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1972_num_116_4_12809l'art des monnaies gauloises 633
COMMUNICATION
l'art des monnaies gauloises,
par m. paul-marie duval, membre de l'académie.
Un peuple qui, n'utilisant pas l'écriture, n'a pas laissé de litté
rature, dont nous ignorons donc la langue en très grande partie
et sur lequel n'avons que des témoignages d'historiens ou de
géographes grecs et latins, contemporains ou postérieurs et qu'inté
ressent surtout la guerre, la société, les mœurs et la religion : ce
peuple gaulois et, plus largement, les Celtes qui ont occupé, de
façon plus ou moins dense, une partie de l'Europe, depuis l'Irlande
jusqu'aux bouches du Danube, dans les derniers siècles de l'ère
antique, nous ne pouvons connaître leur degré d'évolution culturelle,
leurs aptitudes à la création artistique, leur sensibilité esthétique,
que par les œuvres d'art qu'ils nous ont laissées.
Ces œuvres d'art sont aujourd'hui étudiées mieux qu'elles ne
l'ont jamais été. Des recueils en ont rassemblé un grand nombre ;
une chronologie a été esquissée ; plusieurs périodes stylistiques
ont été distinguées. Des trois arts dits barbares de l'Europe non
classique, l'art des Celtes se distingue, à côté de ceux des Scythes
et des Ibères, comme le seul qui ait survécu à l'Antiquité et ait
engendré un style d'ornementation médiéval, notamment dans les
Iles britanniques qui ont échappé en partie et, pour l'Irlande, en
totalité, à l'occupation romaine, et même sur le continent : à l'époque
gallo-romaine et après la chute de l'Empire romain, en effet, des
résurgences de style celtique s'y sont produites et elles resteront
discernables jusque dans la sculpture romane. Les caractères de
cet art sont maintenant connus dans leurs grandes lignes : art de
petits objets souvent utilitaires, qu'il s'agissait d'orner, et donc
art éminemment fonctionnel ; art décoratif, qu'il soit linéaire ou
plastique et dominé dans les deux cas par une prédilection pour la
ligne courbe utilisée jusque dans ses dernières ressources ; art de la
métamorphose, où des formes d'origine végétale se transforment
plus ou moins en formes animales et où l'animal et l'humain se
mêlent de manière fantastique ou monstrueuse ; art étranger au
naturalisme comme à l'idéalisme et dégagé de la routine géomét
rique, son apogée se distinguant enfin par une liberté d'invention
quasi expressionniste bientôt prise à l'égard des motifs qu'il avait
empruntés dans sa période de formation.
Ces motifs appartiennent à trois domaines bien différents : le
décor géométrique rectilinéaire du Ier Âge du fer hallstattien et
même italique, les formes végétales méditerranéennes venues de
1972 41 COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 634
l'art égéen et hellénique orientalisant par l'intermédiaire de l'Italie,
avec des motifs curvilignes tels que la spirale et l'esse ou tournants
tels que le triscèle et le svastika, enfin des formes animales, souvent
caricaturales, empruntées à l'art scythe et par lui à l'Extrême-
Orient (d'où viennent aussi d'autres motifs tels que le yin-yang,
par des voies encore obscures) — telles sont les composantes de cet
art celtique qui se présente, d'une part, avec une étonnante unité —
on serait tenté de dire : ubiquité — d'un bout à l'autre de l'Europe
et, d'autre part, avec d'importants aspects régionaux. Les travaux
de Jacobsthal sur l'art celtique continental à l'ouest des Balkans,
de Fox sur l'art celtique de Grande-Bretagne, de Françoise Henry
sur les origines de l'art irlandais, ont jeté les bases de cette genèse
et d'une évolution qui comporte trois temps sur le continent : une
période d'adaptation des motifs dans des cadres encore sévères et
symétriques — du milieu du ve siècle à la fin du ive ; une période
de liberté croissante qui atteint l'exubérance au me siècle et jusque
dans le 11e ; une phase terminale d'assagissement et d'appauvrisse
ment, qui voit réapparaître la symétrie classique, principalement
sous l'influence romaine. Dans les îles et particulièrement en Irlande,
ainsi que dans l'Europe orientale, cette évolution commence avec
un bon siècle de retard par le deuxième temps et en Irlande elle se
prolonge jusqu'à l'extrême fin de l'Antiquité et même bien au delà.
Les objets qui ont servi aux historiens de l'art pour créer ce cadre
général sont des armes, des parures en métal ou en verre, ornées
de corail, d'émail ou d'or, des céramiques souvent incisées ou
peintes, de rares sculptures sur pierre ou en bronze, des vases de
bronze, des appliques ou ornements de char, des gravures sur os
ou sur bois. Alors que les monnaies font partie pour nous du matériel
artistique des Grecs et des Romains, parce qu'on sait depuis long
temps identifier leurs coins1 et que leur frappe est souvent excellente,
les premières constituant des chefs-d'œuvre plastiques, les secondes
participant du grand art du portrait républicain ou impérial, les
monnaies celtiques ont été jusqu'à une époque très récente mécon
nues par les historiens de l'art antique. Elles ont pourtant intéressé
des historiens des formes d'art universelles, tels qu'André Malraux ;
leur art linéaire et fantasque a été rapproché hardiment de certaines
tendances abstraites de la peinture contemporaine ; on a donc
cessé de voir en elles des imitations bâtardes et des déformations
barbares des monnaies grecques ou romaines. Toutefois, on n'a
pas encore tenté de les intégrer dans les analyses de formes portant
sur le matériel d'art des Celtes : parce que seuls les numismates
1. Le moyen d'identifier les monnaies grecques frappées à l'aide d'un même coin
a été découvert et exposé par Imhoof-Blumer, Mûnzen Akarnaniens, dans Numisma-
tische Zeitschrifl, 10, 1878, p. 1-180. l'art des monnaies gauloises 635
se sont véritablement intéressés à ces monnaies, dont les imperfec
tions techniques trop fréquentes ont sans doute découragé les his
toriens de l'art en les empêchant de les connaître telles qu'elles
ont été conçues. Mon propos est de montrer aujourd'hui, tout
d'abord, qu'elles ont une valeur artistique authentique, ensuite,
que le cas des monnaies incomplètes n'est plus un obstacle à l'étude
de ce matériel d'art important et divers, enfin qu'on y retrouve les
mêmes caractères originaux et qu'on peut y chercher la même
évolution stylistique que dans les autres œuvres d'art celtiques.
Tout d'abord, les monnaies sont contemporaines de deux grandes
périodes, la deuxième et la troisième, de l'art celtique : les plus
anciennes voient le jour à la fin du ive siècle, les plus récentes meur
ent au début de la conquête romaine. Elles connaissent à peine
la première époque, celle du premier style ou style sévère. Elles
ne commencent à se diversifier véritablement qu'au ne siècle mais
on leur trouve la même unité d'esprit et de motifs d'un bout à
l'autre de l'occupation celtique la plus dense, de la Bretagne au
moyen Danube : la spirale, le triscèle, la transformation géomét
rique du visage, la recréation de motifs purement décoratifs
s'observent de l'île de Bretagne et de l'Armorique à la Bohême.
Des différences régionales ne s'en remarquent pas moins, par
exemple à l'intérieur de la Gaule où l'on distingue aisément des
styles périphériques très schématiques, un style ar

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