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UNIVERSITÉS & GRANDESÉCOLES Sortir du cadre ILLUSTRATIONS : QUENTIN FAUCOMPRÉ Reprendre une formation, changer d’entreprise, s’installer en province: plus que jamais, la mobilité hante les jeunes cadres, qui manifestent une soif de sens et de souplesse L e pavillon vert est hissé. En ce début 2019, l’emploi des cadres fait preuve« d’une grande vitalité», lesrecrutements« ont progressé de 11% sur un an», s’enthousiasme l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) dans ses prévisions de février. Une tendance qui profite aux plus jeunes: deux ans après leur diplôme, 89% des diplômés bac + 5 sont en activité – soit sept points de plus qu’il y a cinq ans. Les brumes sont dissipées? Voire. Etre un jeune cadre aujourd’hui n’est pas une position aussi avantageuse que jadis. C’est l’une des conclusions d’une étude menée par le Centre d’études et de recherches sur les qualifications à partir de ses enquêtes«générations».«Depuis vingt ans, on observe un phénomène de déclassement. Cette situation est structurelle: les diplômés bac + 5 sont toujours plus nombreux, mais le nombre d’emplois qualifiés n’a pas suivi dans les mêmes proportions»,la directrice du centre analyse associé d’Aix-en-Provence et chercheuse Vanessa Di Paola. En 1997, cinq ans après son diplôme, un jeune issu d’une grande école gagnait 2630 euros constants. En 2015, ce chiffre était de 2410 euros. Il en va de même pour les diplômés des masters 2 de l’université, selon cette même enquête.

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Publié le 14 juin 2019
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 UNIVERSITÉS & GRANDES ÉCOLES
Sortir du cadre
ILLUSTRATIONS : QUENTIN FAUCOMPRÉ
RÉprÉndrÉ unÉ formation, changÉr d’ÉntrÉprisÉ, s’installÉr Én provincÉ: plus quÉ jamais, la mobilité hantÉ lÉs jÉunÉs cadrÉs, qui manifÉstÉnt unÉ soif dÉ sÉns Ét dÉ souplÉssÉ L
e pavillon vert est hissé. En Çe début 2019, l’emploi des Çadres fait preuve« d’une grande vitalité », les reÇrutements« ont progressé de 11 % sur un an », s’enthou siasme l’AssoÇiation pour l’emploi des Çadres (APEC) dans ses prévisions de février. Une tendanÇe qui profite aux plus jeunes : deux ans après leur diplôme, 89 % des diplômés baÇ + 5 sont en aÇtivité  soit sept points de plus qu’il y a Çinq ans. Les brumes sont dissipées ? Voire. Etre un jeune Çadre aujourd’hui n’est pas une position aussi avanta geuse que jadis. C’est l’une des ÇonÇlusions d’une étude menée par le Centre d’études et de reÇherÇhes sur les qualifiÇations à partir de ses enquêtes«géné rations».«Depuis vingt ans, on observe un phéno mène de déclassement. Cette situation est structurelle: les diplômés bac + 5 sont toujours plus nombreux, mais le nombre d’emplois qualifiés n’a pas suivi dans les mêmes proportions»,la direÇtriÇe du Çentre analyse assoÇié d’AixenProvenÇe et ÇherÇheuse Vanessa Di Paola. En 1997, Çinq ans après son diplôme, un jeune issu d’une grande éÇole gagnait 2 630 euros Çonstants. En 2015, Çe Çhiffre était de 2410 euros. Il en va de même pour les diplômés des masters 2 de l’université, selon Çette même enquête.
Autre nuage à l’horizon : les trajeÇtoires des hommes et des femmes Çontinuent de différer, et Çe, dès l’entrée sur le marÇhé du travail. Deux ans après un diplôme baÇ + 5, les femmes sont moins souvent en CDI (70 % Çontre 83 % pour les hommes), moins souvent Çadres (60 % Çontre 81 %) et moins bien payées, selon des Çhiffres de l’APEC. Leur salaire brut médian déÇlaré est de 29 600 euros, Çontre 33 500 euros pour les hommes. Certains seÇteurs  la finanÇe, le Çonseil  sont diffiÇiles pour Çelles qui veulent grimper dans la hiérarÇhie : notre enquête en témoigne. D’autres freins  Çulturels, soÇiaux  persistent. Certaines grandes éÇoles ten tent d’y remédier à travers leur offre de formations, initiale ou Çontinue.
Néonomades des open spaces Dans Çe Çontexte, rien d’étonnant à Çe que l’envie de mobilité tenaille la nouvelle génération. Mobilité physique : notre Çhroniqueur NiÇolas Santolaria dresse un portrait amusant de Çes néonomades des open spaÇes. Mobilité professionnelle, selon des reÇruteurs que nous avons interrogés. Parmi les jeu nes diplômés en 2016 et en aÇtivité, 34% ÇherÇhent un nouveau poste, selon une enquête APEC de déÇem bre 2018  deux fois plus que Çeux diplômés en 2015.
INFOS & INSCRIPTIONS :MBAFAIR-LEMONDE.COM
PALAIS BRONGNIART -PLACE DE LA BOURSE - PARIS
o Cahier du « Monde » N 23070 datéJeudi 14 mars 2019 Ne peut être vendu séparément
Malgré tout,«la majorité des jeunes se disent satisfaits de l’emploi qu’ils occupent». Conçus Çomme des formations pour « pivoter » vers un nouveau poste, vers un autre seÇteur ou une autre entreprise, les Masters of Business Administra tion (MBA) répondent bien aux attentes de Çette génération. Ces diplômes promettent surtout à leurs insÇrits un réseau d’anÇiens : à l’heure de LinkedIn, Çes Çlubs ont engagé leur modernisation pour mieux servir les plus jeunes. Mobilité géographique, enfin. Une option qui tente de plus en plus de jeunes Çadres parisiens qui, Çontraints ou ÇonvainÇus, posent leurs valises à Nantes, Toulouse, Bordeaux Ils y trouvent un air moins pollué, un loge ment moins Çher, mais aussi des opportunités profes sionnelles plus nombreuses qu’autrefois. Même si ÇellesÇi n’offrent pas les mêmes destins professionnels qu’à Paris, Çomme le montre notre enquête. La mobilité, Ç’est enfin l’agilité de l’esprit. Changer son regard, sur soimême et sur ses pratiques, s’interroger sur les valeurs qui guident les Çhoix de son entreprise Autant de missions sur lesquelles sont mobilisés des nouveaux «philosophes d’entreprise», Çhargés d’aider de jeunes Çadres à questionner l’innovation et à trouver du sens dans leur quotidien  iÇi, ou ailleurs.p jessica gourdon
présentent
LE SALON DES MBA & EXECUTIVE MASTERS
16 MARS 2019
d o s s i e r
BIEN CHOISIR SON MBA A l’oÇÇasion de la MBA Fair, qui se tiendra samedi 16 mars au Palais Brongniart, à Paris, « Le Monde » donne des Çlés pour se repérer dans le maquis de Çes formations haut de gamme en management.2P A G E
QUITTER PARIS 84 % des Çadres franÇiliens songent à quitter la Çapitale, à la reÇherÇhe d’une meilleure qualité de vie. Entretien aveÇ le soÇiologue Jean Viard et reportage à Nantes, Çapitale régionale qui attire toujours plus de Parisiens.6  8 P A G E S
LES JEUNES FEMMES DANS LE CONSEIL ET LA FINANCE Mixtes au niveau junior, Çes seÇteurs Çomptent de moins en moins de femmes à mesure que l’on grimpe dans la hiérarÇhie.1 0P A G E
• 35 programmes parmi les plus reconnus des classements 1 heure de Master Classanimée par ESCP Europe Des conférences animées parLe Monde et les écoles
EtatsUnis EtatsUnis France  Singapour
EtatsUnis Chine RoyaumeUni EtatsUnis EtatsUnis EtatsUnis EtatsUnis EtatsUnis Espagne EtatsUnis EtatsUnis EtatsUnis RoyaumeUni Singapour Chine France EtatsUnis
EtatsUnis
Espagne
Suisse
France
France
France
ches est une bonne stratégie. Pour le direc teur de Rennes School of Business, Thomas Froehlicher,«les classements se complètent: par exemple, celui duFinancial Timesenglobe la question de la parité hommesfemmes tan dis que le magazineForbesse concentre essen tiellement sur le retour sur investissement». D’autres critères, comme les labels, per mettent de se faire une idée. Première étape, pour les écoles françaises : l’appartenance à la Conférence des grandes écoles (CGE)  les écoles qui en sont membres délivrent des diplômes visés par l’Etat. Les trois grandes accréditations internationales (le label amé ricain AACSB, le label européen Equis, le label britannique AMBA réservé au MBA) sont plus exigeantes. Les écoles qui les obtien nent, au terme d’un lourd audit et de multi ples rapports, répondent à des critères de qualité en matière de formation, recherche, suivi des étudiants.
U N I V E R S I T É S 2| |JÉunÉs cadrÉs Ét MBA & G R A N D E S É C O L E S
VALORISATION SALARIALE DU MBA Augmentation de salaire consécutive à l’obtention du diplôme
SALAIRE MOYEN ANNUEL (TROIS ANS APRÈS LE DIPLÔME) en euros Insead
69 500
IESE Business Scool (Espagne)
129 000 146 000 DOLLARS
London Business School (Roy.Uni)
126 674
Harvard Business School (EtatsUnis)
Les disparités des frais de scolarité COÛT TOTAL PAR MBA, EN EUROS
87 000 98 000 DOLLARS
Global MBA Ceibs (Chine)
+ 118%
Top 3 des MBA européens
1
2
3
89 900
EN VINGT MOIS
+ 128%
EN UN AN
University of Oxford (RoyaumeUni)
95 350 82 000 LIVRES
Insead (France)
87 000
Faire évaluer son projet Mais aussi, selon les MBA, des enseigne ments plus pointus: Neoma propose dans son MBA des cours sur l’intelligence artifi cielle, le big data, les marchés émergents Skema envoie ses participants aux EtatsUnis ou au Brésil. Kedge propose une spécialisa tion en management des vins et spiritueux. Mais audelà, le MBA est surtout une occa sion, dans une carrière, de s’interroger sur ses pratiques, de mieux se connaître, et de se créer un nouveau réseau. Cet investissement lourd en temps et en argent nécessite toutefois, en amont, d’être au clair avec ses objectifs. Thomas Jeanjean, direc teur général adjoint de l’Essec, recommande «de demander un entretien avec les responsa
duFinancial Times,donnent une idée des for mations les plus reconnues à l’international. On y compte une poignée d’écoles françaises  HEC, EM Lyon, Grenoble EM, l’Essec et l’In sead −, même si leurs rivales américaines se taillent la part du lion. Ce classement, qui com bine une multitude de critères, confère beau coup de poids à la progression salariale, pondé rée selon les secteurs. Autrement dit, sur le fameux «retour sur investissement» du parti cipant.«Pour que l’investissement soit rentable, il faut espérer avoir remboursé ses frais dans les trois ans maximum après la validation du di plôme,souligne Philippe Oster.Si tout va bien, on peut constater une évolution salariale signi ficative six mois après la reprise du travail.» Pour faire son choix, multiplier les appro
Enquêter avant de s’aventurer S’ÉngagÉr dans un MBA nÉ sÉ fait pasà la légère. Voici quelques clés pour bien choisir son école, sur un marché fortement concurrentiel eu Çonnu, et obéissantà desbles des programmes pour évaluer son projet».codes anglosaxons, le monde Les contacts avec les écoles lors de salons, le des MBA est difficile d’abord recueil d’avis auprès de cadres dirigeants sur la ainsi qPla communication de HEC, Paris Philippeue dans quelques écoles d’ingénieurs? pour les noninitiés. Comment démarche et sur le choix du MBA sont des éta se repérer dans ce maquis de pes obligatoires avant d’arrêter son choix.«Il formations, aujourd’hui propoest indispensable de mener son enquête avant sées dans la plupart des écoles de commerce,de signer un chèque», conseille le directeur de Ces cursus d’un an minimum s’adressent à Oster.«Il faut surtout contacter des anciens élè des jeunes cadres avec quelques annéesves, qui ont fait le pari de s’arrêter, de s’endetter, d’expérience professionnelle, et qui veulentde trouver un compromis avec leur vie familiale s’appuyer sur l’effet «accélérateur de carpour un MBA»,explique Philippe Oster. rière» de ce diplôme pour progresser dans la Il existe en France 300 programmes MBA hiérarchie, et accéder à des postes au sein de  cette appellation n’est pas soumise à l’appro directions générales. bation et aux contrôles du ministère de l’en A l’Insead, par exemple, l’âge moyen des par seignement supérieur, contrairement, par ticipants est de 29 ans, avec six ans d’expé exemple, au diplôme de master. Ils rassem rience professionnelle. On trouve dans les blent des réalités très diverses. Les classe MBA des diplômés d’écoles d’ingénieurs, de ments internationaux des MBA, comme celui jeunes cadres issus de formations juridiques, en marketing ou en finance. Mais aussi des Le MBA est surtout pharmaciens, des diplômés en sciences hu maines Objectif: acquérir des bases dansune occasion, tous les domaines du business, apprendre le dans une carrière, «leadership», la stratégie. Au programme: des études de cas, des mises en situation, desde mieux se connaître exercices en équipe, de l’anglais à haute dose, et de se créer des cours sur le business plan ou la responsa bilité sociale des entreprisesun nouveau réseau
93Essec Business School 98Grenoble Ecole de management
80EM Lyon Business School
150 464
1Stanford Graduate School of Business 2Harvard Business School 3Insead 4University of Pennsylvania : Wharton 5Global MBA Ceibs 6London Business School 7University of Chicago : Booth 8MIT : Sloan 9Columbia Business School 10University of California at Berkeley : Haas 11Yale School of Management 12Iese Business School 13University of Oxford : Saïd 14Northwestern University : Kellogg 15Dartmouth College : Tuck 16University of Cambridge : Judge 17National University of Singapore Business School 18HKUST Business School 19HEC Paris 19Duke University : Fuqua 20Stanford Graduate School of Business 21ESADE Business School 22IMD Business School
CLASSEMENT DES MEILLEURS MBATEMPS PLEIN
Les meilleures rémunérations des diplômés d’un MBA
159 320
+ 104%
+ 102% London Business School (RoyaumeUni)
Palmarès 2019 du « Financial Times »
0123 Jeudi 14 mars 2019
Liens avec les entreprises Rares sont les écoles décorées de la «triple couronne»: elles ne sont qu’une quinzaine en France. A l’Essec, Thomas Jeanjean met égale ment en avant le label d’état EESPIG (Etablis sement d’enseignement supérieur privé d’in térêt général), qui distingue aussi le caractère non lucratif et la gestion désintéressée, ainsi que son engagement à respecter les missions de service public. Quinze écoles de commerce ont obtenu ce label en France. Autres domaines à évaluer: la puissance du réseau des anciens, les liens établis avec les entreprises, le profil des participants et des enseignants, le degré d’internationalisation des promotions, la publication d’enquêtes sur l’insertion et les salaires des diplômés Une recherche qui prend du temps. Une fois la for mation trouvée, encore fautil s’y faire admet tre: à titre d’exemple, le MBA de HEC recrute 17 % des candidats. D’autres sont bien moins sélectifs. Le GMAT, test qui fait appel à des compétences en logi que et en calcul, est l’un des passages obligés des procédures de sélection. De même que les tests validant un niveau en anglais (Toeic ou Toefl), les lettres de motivation et de recom mandation. Une fois le feu vert obtenu, reste à faire le tour des banques pour obtenir un prêt. Une bonne façon de réduire le coût total de la formation consiste à opter pour un Execu tive MBA (à temps partiel), qui permet de conserver son emploi et de suivre les cours le weekend, en fin de journée, ou sur certaines périodes balisées. Un défi personnel plus important et une expérience moins «immer sive» que la formule à temps plein, mais qui permet de conserver une rémunération. Un atout non négligeable.p maxime françois
HEC Paris
2
1
+ 106%
82 883
Top 3 des MBA français
3
+ 83%
EM Lyon Business School
143 164
HEC (France)
133 971
SOURCES :FINANCIAL TIMES ; LE MONDE
INFOGRAPHIELE MONDE
Stanford (EtatsUnis)
121 000 137 000 DOLLARS
IESE (Espagne)
FORMATION EN DEUX ANS
0123 Jeudi 14 mars 2019
U N I V E R S I T É S JÉunÉs cadrÉs Ét MBA| |3 & G R A N D E S É C O L E S
Le MBA n’est plus prophète en son pays r e p o r t a g eAprès des années de croissance, le cursus subit une désaffection aux EtatsUnis, au profit de l’Asie et de l’Europe my Nelson a grandi dans une petite ville A perdue du Midwest, près de SaintLouis (Missouri), élevée seule par sa mère. Mais elle a quitté l’Améri que profonde: après des études en Californie et un début de car rière dans des ONG, la jeune femme a suivi un Master of Busi ness Administration (MBA) à la prestigieuse New York University (NYU), au cur de Manhattan, en 2011 et 2012. Amy Nelson incarne ce rêve américain que l’on dit moribond. Pourtant, elle pousse un coup de gueule contre le système qui lui a permis de s’en sortir. Six ans après son diplôme, endettée à hauteur de 250000 dollars (soit plus de 220000 euros), elle s’en prend au système des MBA. Bien sûr, elle a eu droit à une bourse la première année, de 40000 dol lars environ. Mais elle n’a pas réussi à l’obtenir pour la seconde année, alors que les frais de scola rité sont de 70000 dollars par an. Il a fallu payer le loyer à Brooklyn, la garde de ses deux enfants, qu’elle élevait seule à l’époque, et voilà comment elle s’est retrou vée endettée jusqu’au cou.
L’obstacle de la dette 250000 dollars, c’est élevé, mais pas inhabituel. La carrière d’Amy Nelson a bien progressé: entrée en 2013 avec un salaire de 90000 dollars annuel dans une ONG de 35 salariés, Venture for America, qui aide les entrepre neurs à se lancer dans les zones dé favorisées des EtatsUnis, comme Detroit et La NouvelleOrléans, elle en est devenue directrice générale et gagne 200000 dollars par an. Un revenu important qui ne lui permet pas pour autant de rem bourser sa dette et qui est sans commune mesure avec les salai res de ceux qui ont choisi la voie royale après les MBA, entrant chez Goldman Sachs (finance), McKin sey (stratégie), Procter & Gamble (marketing) ou Amazon (techno logie), des entreprises qui recru tent sur les campus, parfois même avant la rentrée scolaire. Le MBA,un dipl «c’est ôme utile pour les gens qui veulent entrer dans la banque ou le conseil»,ex plique Amy Nelson. Mais beau coup moins pour ceux qui veu lent devenir entrepreneurs. La jeune femme estime que le MBA n’apporte pas de différence fonda mentale dans les jobs comme le sien.«Le premier obstacle à la création d’entreprise, c’est la dette étudiante»,ditelle, citant une enquête duWall Street Journal. Pour s’en sortir, la native de SaintLouis devrait bénéficier d’un programme gouvernemental qui prévoit d’effacer la dette étudiante au bout de dix ans, à condition de rembourser chaque année 10% de son salaire et de travailler dans une organisation gouvernemen tale ou d’intérêt général. A condi tion, aussi, que l’administration Trump ne le remette pas en cause. Entretemps, Amy Nelson s’est mariée avec un étudiant du MBA de NYU qui, lui, a choisi de faire carrière chez Goldman Sachs.«Il est moins critique que moi,glisse la jeune femme.Ce n’est que grâce à son salaire que je ne me sens pas étranglée chaque jour.» Même si elle gagne bien sa vie, cette progressiste met sur la table la question que se posent de nom breux étudiants. Les MBA, sésame naguère indispensable pour gra vir les échelons des multinationa les américaines, n’ont pas forcé ment bien vieilli, surtout ceux qui s’étalent sur deux années pleines. Toujours plus chers, trop longs, pas assez spécialisés. En plein boom économique, les jeunes lui préfèrent une qualifi cation technique et numérique rapide, avant de gravir les éche lons dans l’entreprise.«Il y a une
compétition considérable pour les talents. Et ceux qui sont compéti tifs pour être pris dans un MBA le sont pour être recrutés par les en treprises»,analyse Amy Nelson. Ainsi, les candidatures d’étu diants aux MBA ont reculé pour la quatrième année d’affilée. Même les universités les plus prestigieu ses, comme Harvard, Wharton ou
Sésame naguère indispensable pour gravir les échelons des multinationales américaines, les MBA sont toujours plus chers, trop longs, pas assez spécialisés
Stanford, ont subi pour la rentrée de l’automne 2018 une baisse res pective des dossiers reçus de 4,5 %, 6,7 % et 4,6 % par rapport à 2017. Selon une enquête publiée par l’organisme qui organise les concours d’admission (Graduate Management Admission Council, GMAC), 85 % des entreprises amé ricaines envisageaient en 2018 de
recruter des MBA, contre 91 % l’an née précédente, avec un salaire de départ médian de 105000 dollars par an, en recul de 5000 dollars. Cette chute ne concerne pas les di plômes des établissements les plus prestigieux, qui permettent d’être embauché au salaire mé dian de 145000 dollars, selon l’agence Bloomberg. Certaines universités de second rang ont même supprimé leur MBA traditionnel sur deux ans  il en existe environ 130 aux Etats Unis , comme l’université de l’Iowa ou Wake Forest University (Caroline du Nord). Ces program mes leur coûtent cher et les empê chent de se redéployer sur des for mations plus tournées vers l’ave nir. Les universités moyennes privilégient les MBA en formation continue (300 programmes envi ron), qui ne contraignent pas les étudiants plus âgés à interrompre leur carrière professionnelle. Ce renversement de tendance après des années de croissance s’explique par la désaffection des étudiants américains (− 2 %), mais surtout étrangers (− 11 %). Ceuxci sont de plus en plus attirés par les MBA asiatiques et européens, plus courts, moins chers et d’un excel lent niveau. Le Financial Times donne l’exemple d’une étudiante
indienne, ancienne consultante informatique dans la région de New Delhi, qui a choisi un MBA à Durham, en Angleterre, pour 31000 dollars après bourses, soit plus de deux fois moins cher qu’un MBA à la Hult International Business School de San Francisco. Selon l’agence Bloomberg, le sa laire de sortie des MBA européens et asiatiques est de 125000 dollars par an, soit 16 % de moins que celui des MBA américains. Andrea Masini, directeur délé gué du MBA HEC à JouyenJosas (Yvelines), ne connaît pas de pénurie des vocations. Il a reçu en viron 2000 candidatures pour 270 places, ce qui fait de son MBA le plus sélectif d’Europe. Il assure que la qualité des candidatures progresse et défend la spécificité de son programme: une durée op timale, de seize mois  ce qui évite de se couper trop longtemps du marché du travail , et une forma tion réellement internationale: le MBA HEC (70000 euros de frais de scolarité) accueille 55 nationalités. «Si vous faites un MBA aux Etats Unis, la moitié des participants sont américains», avance M. Ma sini, qui vante l’adaptation de ses programmes aux aspirations des étudiants.«Jadis, le MBA était vu comme un moyen de doubler son
«EffetTrump»ouconcurrenceinternationale?
L’AMÉRIQUE DE TRUMP ne fait pas recette auprès des étu diants étrangers. C’est ce qui ressort des diverses statisti ques publiées outreAtlanti que. Ainsi, le nombre de nou veaux étudiants étrangers recrutés sur le territoire amé ricain pour l’année scolaire achevée à l’été 2018 n’était que de 271 000, soit un recul de 6,6% en un an. Ce chiffre avait dépassé les 300000 en 2015 2016, après plusieurs années de forte hausse. L’Amérique a retrouvé son niveau de 2013 et la tendance se poursuivrait. Les 1,1 million d’étudiants étrangers présents sur le sol américain rapportent au pays chaque année plus de 40 milliards de dollars, en frais de scolarité et de séjour. Mais le système de visa est bloqué aux EtatsUnis à cause de la rhétorique tatillonne du prési dent Trump, du zèle de son administration, et surtout de
la nonréforme des visas quali fiés H1B, qui s’obtiennent par tirage au sort. Un risque qu’on ne peut pas prendre si l’on s’est endetté pour payer ses études.
Le Canada plus accueillant Les officiels américains se gardent bien de pointer un «effet Trump». Ils évoquent une compétition accrue de la part du Canada, de l’Australie, mais aussi d’universités européennes et asiatiques.«Il ne nous remonte pas que les étudiants ont le sentiment qu’ils ne peuvent pas venir. Il nous remonte qu’ils ont le choix. Pour la première fois, nous avons une vraie com pétition»,a déclaré Allan Good man, président de l’Institut international pour l’éducation. Le son de cloche est radicale ment différent si l’on écoute le président de l’Association pour l’éducation internationale en Australie, Phil Honeywood. Lui assure que les méthodes
de recrutement de son pays n’ont pas changé.«Nous enten dons de la part des étudiants et de leurs professeurs dans les pays musulmans et d’Amérique latine qu’ils ne se sentent plus bienvenus ou en sécurité pour étudier dans l’Amérique de Donald Trump»,a assuré M. Honeywood à l’agence AP. Le Canada, devenu plus accueillant sous le mandat du premier ministre Justin Trudeau, élu en novembre 2015, rafle la mise avec efficacité: le nombre d’étudiants ayant choisi ce pays a augmenté de 40 % entre 2015 et 2017 et l’on compte désormais plus de 500000 étrangers inscrits dans ses écoles et ses universités (20 milliards de dollars de recet tes). Depuis 2017, obtenir le statut de résident permanent est devenu plus facile pour les étrangers qui ont fait une partie de leurs études dans le pays.p ar. le.
salaire, mais ce n’est plus la seule raison: les étudiants veulent don ner un sens à leur carrière», affir metil en mentionnant la créa tion d’une spécialisation dans le développement durable.
Frilosité des entreprises Enfin s’ajoute le problème des vi sas, même si«ce n’est pas la raison principale»,estime le responsable de HEC. Un MBA américain n’a de valeur que s’il peut être rentabilisé par une embauche à salaire élevé aux EtatsUnis. Les Européens ne sont pas plus généreux qu’outre Atlantique en termes de visa  au RoyaumeUni, on a six mois pour trouver un job avec visa, contre un
an aux EtatsUnis. Mais les entre prises américaines deviennent fri leuses et ne veulent plus faire les démarches pour les étrangers. En 2019, seules 47% d’entre elles envi sagent d’embaucher des étrangers ayant un MBA américain, contre 55% en 2017. Ainsi, les étudiants étrangers du prestigieux MBA de Stanford, au sud de San Francisco, continuent d’obtenir à 74 % leur visa. Mais le parcours avec les autorités est exigeant et cette pression pèse sur les salaires, les étrangers étant embauchés à un niveau inférieur de 10 % à celui des Américains.p arnaud leparmentier (new york, correspondant)
On aime les cadres qui sortent du cadre. -
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U N I V E R S I T É S 4| |JÉunÉs cadrÉs Ét MBA & G R A N D E S É C O L E S
0123 Jeudi 14 mars 2019
Opération fidélisation des jeunes cadres FacÉà des diplômes dÉ plus Én plus mobilÉs, qui ÉntÉndÉnt multipliÉr lÉs ÉxperiÉncÉs Ét qui nÉ rÉdoutÉnt pas dÉ demissionnÉr, quÉllÉs sont lÉs strategiÉs dÉs ÉntrÉprisÉs pour lÉs rÉtÉnir? e pas perdre saau prÔchain semestre.«64% des Des jeunes diplômés qui s’insèrent bien dans l’emploi et qui sont satisfaits de leur poste... vieà la gagner.» entreprises auront besoin à la fois Le slogan résond’ingénieurs et de manageurs»,et l’entrepNrise, ses règles et sa hié86 ÉVOLUTION DU TAUX D’EMPLOI DES JEUNES DIPLÔMÉS DEUX ANS ÉLÉMENTS D’APPRÉCIATION DU POSTE OCCUPÉ, EN % nait sur lesce dans de nÔmbreux secteurs APRÈS L’OBTENTION DE LEUR DIPLÔME, EN %S AT IS FA ITSL’E M P LO I Q U ’ILS D E O C C U P E N T barriÇades ded’activité : le cÔmmercial, le 100 Mai 68. Dans lacÔnseil, l’audit, le cÔntrôle dePromotion 20152510 7 50 83 ligne de mire des Çontestataires:gestiÔn, le numérique, la finance, 88 89 le juridique, les ressÔurces hu 82 83 Promotion 2016 rarchie. Cinquante ans et de nÔm maines. CadremplÔi, qui recense 10 7 25 breuses crises plus tard, les 380000 pÔstes à pÔurvÔir dans50 75 T R È S S AT IS FA ITSO C C U P E N TD E L’E M P LO I Q U ’ILS sÔixantehuitards sÔnt à la les prÔchains mÔis, estime que retraite. Et ce sÔnt leurs petits 85736 sÔnt destinés aux seuls25 Promotion 2015 enfants, plus diplômés, qui chan cadres.Un chiffre en hausse de 50 gent le fÔnctiÔnnement de l’enPromotion 2016 25 2011 2012 2013 2014 2015 2016 treprise, sans viÔlence ni pavés. « La génération Z Nés dans les années 1980, dans un mÔnde devenu numérique,a une attitude plus... malgré une baisse du pouvoir d’achat ... et des écarts de salaire entre les sexes ils impÔsent leurs priÔrités: dé individualiste,pour les plus diplômés ... RÉPARTITION DU SALAIRE BRUT ANNUEL EN EUROS velÔppement persÔnnel, mÔbi DES JEUNES DIPLÔMÉS DE NIVEAU BAC +5 ET PLUS, EN % SALAIRE MENSUEL MÉDIAN CINQ ANS APRÈS LE DIPLÔME. lité et autÔnÔmie. Fidéliser ceset entend mener F E M M ES H O M M ES COMPARAISON ENTRE 1997 ET 2015 (EUROS CONSTANTS 2015) jeunes prÔfessiÔnnels est devenu sa carrière selon 30 26 un enjeu majeur cÔmplexe pÔur Grandes25 ses besoins‒ 22024 les emplÔyeurs. écoles 22 D’autant qu’en ce début 2019, 20 et ses intérêts »20 19 18 dans de nÔmbreux secteurs, les 17 M2, doctorat‒ 200 vÔyants sÔnt au vert pÔur les jeuMohamed Ikram Nasr nes diplômés bac + 5. Plus de dixprofesseur à l’EM Lyon 10 109 ans après la crise de 2008, lesL3‒ 40 7 grÔupes recrutent à tÔur de bras. 10% par rappÔrt à l’an dernier. 3 Et, de leur côté, les fÔrmatiÔns ne Les jeunes diplômés cÔnnaissent + 30Licence 2 / BTS / DUT 0 sÔnt pas en mesure de fÔrmer«une situation professionnelle 10 000 20 000 25 000 30 000 30 000 40 000 autant de cerveaux qu’en nécestrès favorable, avec un taux d’em  300  200  100 0 100 200 à 20 000 à 25 000 à 30 000 à 35 000 à 40 000 et plus site le seul marché hexagÔnal.ploi au plus haut», cÔrrÔbÔre INFOGRAPHIELE MONDESOURCES : APEC 2018 ET 2019 ; CEREQ 2019 SelÔn le rappÔrt 2018 de la l’AssÔciatiÔn pÔur l’emplÔi des CÔnférence des grandes écÔles, cadres (APEC). les 201 établissements français CÔnséquence: la bÔnne santé du habilités à délivrer le titre d’ingé marché du travail des cadres pratiques en gestiÔn des ressÔurgraphique est une valeur qui «La startup technologique, quiviaux, Ôrganisent des lieux nieur diplôment chaque année dÔnne des ailes, mais surtÔut aux ces humaines. AlÔrs que la génémonte », explique MÔhamedreprésente un idéal de l’organisad’échanges transversaux, facili e 33000 étudiants. Mais, depuis plus jeunes. Si 49% des 50 ans et ratiÔn X (les plus de 40 ans) envi Ikram Nasr. Ce qui pÔuvait appasiècle, frappe par sontion du XXI tent les mÔbilités internes, 2012, ce sÔnt 40000 nÔuveaux plus envisagent un jÔur de démis sageait ses carrières en fÔnctiÔn raître cÔmme un symptômeantagonisme par rapport aux enÔuvrent plus largement les pÔssi ingénieurs par an que réclame siÔnner, selÔn une étude réalisée du cÔllectif que représentait d’instabilité est devenu un syntreprises plus anciennes: le travailbilités de travail à distance l’écÔnÔmie française. Dans ce par l’IFOP, en ÔctÔbre 2018, ce l’entreprise,«la génération Z[les drÔme réunissant des qualitésen équipe s’y substitue aux logiFrançÔis Suquet, directeur des dÔmaine, le fÔssé qui sépare l’Ôf pÔurcentage s’envÔle à 74% pÔur dernières prÔmÔtiÔns de diplô requises aujÔurd’hui par l’entreques hiérarchiques, le sens du traressÔurces humaines France du fre et la demande prend, année les 1834 ans.pÔur trÔuver més] Partir une attitude plus indivi a prise, cÔmme l’adaptabilité, l’agivail y est mis en avant, les derniersgrÔupe STMicrÔelectrÔnics, le après année, l’allure d’un canyÔn. mieux, changer de cadre, dedualiste, et entend mener sa carlité et le «savÔirêtre».outils disponibles y sont utilisés,recÔnnaît:«Il nous faut des modes rythme, renÔuveler ses cÔnnaisrière selon ses besoins et ses intéLes établissements d’étudesde management plus libres en terles règles y évoluent en perma Recrutements en haussesances.rêts»,«Ces jeunes professionnels supérieures travaillent à façÔnner Ôbserve MÔhamed Ikram nence»,Ôbserve Marie ScÔazec.mes d’organisation du travail, plus Si les jeunes ingénieurs Ônt lecherchent en premier lieu à amélioNasr, prÔfesseur en cÔmpÔrte ces futurs cadres glÔbetrÔtteurs. PÔur demeurer Ôu redevenirsouples.» PÔur ces entreprises, la vent en pÔupe, ils ne sÔnt pas lesrer leurs conditions d’emploi, maisment ÔrganisatiÔnnel et manage transfÔrmatiÔn de leur mÔde deséduisantes aux yeux de leurs Les stages à l’étranger sÔnt seuls. SelÔn le barÔmètre Edhecaussi à intégrer un environnementment des ressÔurces à l’EM LyÔn fÔnctiÔnnement est une nécessitéfuturs cadres, les entreprises devenus des éléments incÔntÔur CadremplÔi de janvier2019, quide travail qui leur conviennepÔur maintenir leur attractivité etnables des cursus des écÔles adÔptent les cÔdes de ces «millen Business SchÔÔl. mesure les perspectives de recrudavantage»,cÔnstate l’APEC. d’ingénieurs et de management, La transfÔrmatiÔn numérique mieux tirer parti de la mutatiÔnnials». Elles se fÔnt cÔnnaître sur tement des jeunes diplômés, 95% Les entreprises dÔivent dÔnc est le mÔteur de cette évÔlutiÔn. de même que les séjÔurs académi les réseaux, créent de nÔuveaux numérique de l’écÔnÔmie.p des entreprises vÔnt embaucher adapter leurs stratégies et leurs AlÔrs que leurs aînés se prÔje ques hÔrs de nÔs frÔntières.«Pourespaces de travail plus cÔnviéric nunès taient dans un dÔmaine,«les jeu nos étudiants, l’international n’est nes diplômés ne cesse d’explorer le plus un enjeu, mais la norme. Le cmonde est à leur taille. Ils veulenhamp des possibles: par le biais t davoir beaucoup et tout de suite»,es réseaux sociaux profession nels, ils ont accès à une variété imÔbserve SÔphie DrÔuard, cÔnsulpressionnante de profils, d’orgatante carrière à HEC Paris. L’EXCELLENCE UNIVERSITAIRE nismes et de postes. Avec leurs SI VOUS TROUVEZ AU SERVICE DU MANAGEMENT pairs, ils partagent un trait comNouveaux espaces de travail mun essentiel: le souci constantMultiplier les expériences ne DEPUIS PLUS DE 60 ANS de maintenir et d’améliorer leurse résume pas, tÔutefÔis, pÔur QUE VOTRE employabilité, non seulement aucette génératiÔn, à prendre sÔuPOUR LES SALARIÉS, POUR LES ENTREPRISES sein de leur structure actuelle,vent l’aviÔn et à jÔngler avec les mais aussi, et surtout, visàvis deemplÔyeurs.« Vivre plusieurs NOUVELLE DGl’extérieur», analyse Marie ScÔavies, enchaîner les expériences, zec, haut fÔnctiÔnnaire, cÔauc’est également changer de rôle A DE L’AMBITION, teure d’un mémÔire sur l’impact»,et de compétences  sÔuligne dM. Ikram Nasr.e la transfÔrmatiÔn numérique « Cette génération Z est curieuse, elle a soif de DU CARACTÈRE découvertes »,Del renchérit «L’international phine Renard, directrice des resn’est plus un enjeusÔurces humaines adjÔinte de ET SURTOUT CapgeminiFrance. La digitalisapour nos étudiants, tiÔn transfÔrme les métiers, mais la norme.l’industrie, et les savÔirfaire PAS MALnécessaires sÔnt en cÔnstante Le monde est à leur mutatiÔn. Les jeunes diplômés taille. Ils veulentsÔnt nés dans cet univers numéDE BONNES IDÉES rique, fluide et intercÔnnecté avoir beaucoup dÔnt ils se nÔurrissent. N’HÉSITEZ PAS et tout de suite»PÔur les maintenir dans l’entreSophie Drouardprise, il est nécessaire de répÔnconsultante carrière à HEC Parisdre à leurs attentes.«Il faut lesMASTERS•MBA(s)•DOCTORAT• À LUI DEMANDERDIPLÔMES D’UNIVERSITÉ•PROGRAMMES COURTS alimenter en permanence, leur sur les grands grÔupes français.construire un parcours d’expérienContrôle - Audit | Entrepreneuriat | Finance | Management de la santé | Cette impatience dans l’acquisices et de compétences nouvelles,SI ELLE A FAITtiÔn de nÔuvelles cÔmpétences,mettre à leur disposition de nouManagement des associations | Management des entreprises | Management des risques |Management international | Marketing | les spécialistes des ressÔurcesveaux contenus sous des formes inRessources Humaines et RSE | Supply Chain Management me L’ISG. humaines les Ôbservent de plunovantes»,témÔigne M Renard. sieurs manières chez les jeunes NÔn seulement les jeunes n’Ônt INSCRIPTIONS EN MARS, MAI ET SEPTEMBRE cadres: la mÔbilité, l’interdiscipli aucun mal à se prÔjeter dans le EN FONCTION DES PROGRAMMES nchangement, mais ils l’exigent.arité, la vÔlÔnté d’avÔir une iIndividualistes, curieux enfluence et le besÔin d’instan t DÉCOUVREZ LES PROGRAMMES tanéité dans leurs relatiÔns avec cÔnnectés, ces jeunes veulent égaMSC & MBA DE L’ISG À PARIS le cÔllectif. lement être en mesure «d’obserET DANS 6 VILLES DE FRANCE. Enchaîner ses premières expéver l’impact de leur rôle»,sÔuligne rSÔphie DrÔuard. Une exigenciences prÔfessiÔnnelles sur plu e www.isg.fr/masters-science sieurs cÔntinents n’est plus, parfÔis difficilement cÔmpatible cavec la culture managériale desÔmme cela pÔuvait l’être il y a Contrôle Audit / Entre-Établissement d’enseignement supérieur privé. Cette école est membre de vingt Ôu trente ans, de l’Ôrdre de entreprises qui Ônt grandi lÔrs duwww.iae-paris.cporemne|uriSaUtI/VFEiZn-aNnOcUeS/@ iaeparis l’exceptiÔnnel.mobilité géo «La siècle dernier, vÔire du précédent.
0123 Jeudi 14 mars 2019
Le néosalarié, «un nomade de l’intérieur»
Télétravail, «flÉx officÉ» unÉ libÉrté, la mobilité Én ÉntrÉprisÉ? Pas si sûr, relève notre chroniqueur, qui souligne les risques de se voir envahir par la tâche
Par Nicolas Santolaria
omme l’affirme le philo sophe Bruno Latour, nous C sommes devenus« des mi grants de l’intérieur », pas seulement dans notre pays, mais aussi dans nos entreprises, dans nos open spaÇes, au Çur même de ce qui constituait nos géographies intime ment structurantes.«Si l’angoisse est si profonde, c’est parce que chacun d’entre nous commenceà sentir le sol se dérober sous ses pieds. Nous décou vrons plus ou moins obscurément que nous sommes tous en migration vers des territoiresà redécouvrir età réoccuper », écrit le philosophe dans Où atterrir?(La Découverte, 2017). Il n’est qu’à observer l’errance des salariés déambulant dans leur propre boîte à la recherche d’une salle de réunion ad hoc pour comprendre que c’est la sédentarité qui est aujourd’hui devenue problématique. Afin de ne pas être délogé par les utilisateurs pressants de ces espaces mutualisés (« Ah désolé, mais on avait réservéà 13h30! »), on en vient souvent à s’installer sur un coin de table à la cafétéria, comme des « Touareg du ter
N’ayant plus de place attribuée, le salarié est sommé de remballer tout ce qui lui servait à marquer symboliquement son territoire: photos de famille, boule à neige Bob l’Eponge
tiaire ». D’une certaine manière, la métaphore du nomadisme qui structure désormais notre vision du travail sous influence numérique a trop bien fonctionné. D’après le baromètre Paris Work place 2018, réalisé par l’IFOP et la Société foncière lyonnaise, 34 % des salariés travaillent désormais au moins une fois par mois en dehors de leur boîte. A cette mobilité externe s’ajoute une mobilité interne, puisque 35 % des personnes interrogées ne restent pas fixées à leur poste, maiss’installent à deux endroits ou plus dans l’entreprise au cours d’une journée type.
Starbucks, paillote corse, TGV Parfaitement adapté à la « société liquide », le nomade est cet individu qui, tel un agglomérat de 0 et de 1, n’est plus lié à un territoire mais peut se concrétiser, à tout instant, en n’importe quel point de la carte. Le nomade peut soudain apparaître sur la banquette d’un café Starbucks, derrière les canisses d’une paillote corse ou dans le fauteuil d’un TGV lancéà 300 km/h, continuant vaillammentà mener de front ses activités professionnelles grâce à la portabilité des nouveaux outils de production.
0123 Siège social : 80, bd Auguste-Blanqui - 75707 PARIS CEDEX 13 Tél. : +33 (0)1-57-28-20-00 Edité par la Société éditrice du « Monde » SA Président du directoire, directeur de la publication :Louis Dreyfus Directeur du « Monde » :Jérôme Fenoglio La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritaire des journaux et publications n° 0722 C 81975. ISSN : 0395-2037 Pré-presseLe Monde ImpressionL’Imprimerie -79, rue de Roissy - 93290 Tremblay-en-France Printed in France
Origine du papier :France.Taux de fibres recyclées :100 %. Ce journal est imprimé sur un papier UPM issu de forêts gérées durablement, porteur de l’Ecolabel européen sous le N°FI/37/001.Eutrophisation :PTot = 0.009 kg/tonne de papier.
U N I V E R S I T É S JÉunÉs cadrÉs Ét MBA| |5 & G R A N D E S É C O L E S
Enchaîné à son MacBook Air, l’oreille soudée à son téléphone mobile, ce forçat du déplacement de problèmes dessine les contours fata lement un peu flous (la faute à la vitesse) de ce que l’on nomme la « supermobilité ». La meilleure figu ration de cette « déterritorialisation » rendue possible par les outils numéri ques est sans doute l’agent Smith du filmMatrixqui, surfant sur les coor données fluctuantes de la matrice, semble capable d’apparaître et de dis paraître à l’envi, comme pour nous convaincre que la matérialité du monde est un concept caduc. S’il ne concerne en France que 6 % des travailleurs (étude de l’obser vatoire Actineo, 2017), le très en vogue flex Ôffice contribue à ce rapport gazeux et non propriétaire à l’espace de travail. N’ayant plus de place attribuée, le salarié est sommé de remballer tout ce qui lui servait jus qu’alors à marquer symboliquement son territoire : photos de famille, boule à neige Bob l’Eponge, bougie parfumée à la vanille En perpétuelle transhumance, son mug à la main, le Touareg du tertiaire est l’incarnation de ce que les socio logues Luc Boltanski et Eve Chiapello nomment l’être « par prÔjets ». Le contrôle ne s’exerce plus visuellement
sur lui à travers une organisation panoptique de l’espace, mais au moyen du projet qui lui a été assigné. Si l’on peut voir là une responsa bilisation, à certains égards bien venue, cette nouvelle forme de management possède également ses revers: en effet, le projet a pour carac téristique de ne pas avoir de limite. Entremêlant habilement les visées de l’entreprise et l’accomplissement créa tif de l’individu, le projet suit le tra vailleur partout où il va, au gré de ses pérégrinations, comme une valise à roulettes qui aurait été dressée à ne jamais vous lâcher.
Ultraproductivité sur canapé Si les entreprises investissent tant aujourd’hui dans la qualité de leurs locaux, c’est pour faire exister un point d’ancrage fantasmatique au cur de cette économie de la trans humance. Mais un point d’ancrage illusoire. Modulaire, l’espace de travail est lui aussi devenu nomade, navi guant d’une identité à une autre, d’une fonction à une autre. Dans ce contexte de permanente transvaluation des valeurs, le canapé est désormais un lieu d’ultra productivité fréquentable. La can tine, un espace de travail comme un autre. Sans le savoir, le Touareg du
Global
tertiaire concourt donc au titre de travailleur le plus sédentaire de l’histoire : qu’il migre ici ou ailleurs, il ne peut en réalité aller nulle part, car il est toujours, partout, au bu reau. « Oui, mais c’est super, plaideratil, je peux disposer de mon temps comme je veux, aller chez le médecin sans demander d’autorisa tion à mon chef. » Reposant sur une forme subtile d’autoasservissement, le prix à payer pour cette prétendue liberté est en réalité exorbitant. Déconnecté de tout substrat, le supermobile ne fait que passer, et a toutes les peines du monde à se lier aux autres, si ce n’est pour faire avancer les projets profes sionnels grâce à des platesformes collaboratives telles que Delve ou Slack. Le nomade est une monade orpheline des ragots échangés à la machine à café. Il est le témoin d’une dévitalisation du commun entre preneurial au moyen d’une imperma nence organisée des identités, des lieux, des rituels. Alors que les stratégies de résistance naissent toujours du sentiment de partager un destin collectif enraciné quelque part, la bougeotte constitu tive du Touareg du tertiaire est la meilleure garantie de l’immobilisme du système.p
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