BONJOUR : ENTRE TRADITIONS ET PRÉJUGÉS
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BONJOUR : ENTRE TRADITIONS ET PRÉJUGÉS
Source: BERNARD, Hervé. Site de S.O.S. Psychologue. La lettre de S.O.S. Psychologie, NUMÉRO : 56
Revue mensuelle, Août-septembre 1999. [En ligne] www.sos-psychologue.com (Page consultée le 15
septembre 2004)
Où est la frontière entre traditions et préjugés? Les deux termes dénotent un système de représentations.
Le premier est culturellement rattaché au passé. Le second renvoie soit à une opinion provisoire, soit à
une idée préconçue. Ce dernier cas pouvant constituer une forme de tradition culturelle. La différence
tient essentiellement dans la valeur que leur accordent nos contemporains. Les traditions sont vues
positivement et doivent être perpétuées pour les générations futures. Les préjugés sont contraires à la
morale et la «bonne pensée ambiante»: à ce titre, ils sont vigoureusement réprimés.
Mais comme toute frontière, la ligne de démarcation entre tradition et préjugé évolue. Une tradition peut
se transformer en préjugé, quand la pensée évolue, et inversement. Donnons quelques exemples!
Il me vient un exemple très simple que je vis au quotidien.
Il était d'usage, mais cela le reste encore largement dans de nombreux aspects de notre vie, de serrer la
main d'une connaissance que l'on voit la première fois de la journée. Pourtant à mon bureau, à mon
étage, on se dit tout juste bonjour. Il existe comme une hiérarchie entre les membres du personnel, à
l'image d'un ordre, que j'ai bien du mal à définir. Nous ne sommes pourtant qu'une cinquantaine, répartis
entre différents services, dont certains sont reliés organiquement. On peut ainsi distinguer différents types
de comportements selon les personnes, en tout cas vis-à-vis de ma modeste personne:
- aucune réaction,
- un timide bonjour, à condition que j'esquisse un effort de communication;
- un bonjour verbal forcé, comme sous l'effet d'un résidu de politesse;
- un bonjour affirmé, mais qui ne saurait être remplacé par une poignée de main: on ne va pas plus loin;
- enfin, une franche poignée de main, comme sous l'effet d'une tradition, mais qui est loin d'être la
majorité des cas.
Le plus gênant n'est pas qu'il existe une distribution de comportements différents, ce qui est normal en
fonction de la position organique ou hiérarchique de chacun, mais c'est que ces comportements sont
changeants, en fonction de l'humeur des personnes, des services, de l'organisation. Au point qu'une
simple rencontre, la première de la journée, devient un révélateur psychologique de l'état du groupe.
Ce qui était une tradition naguère, comme un point de repère garant de l'ordre social, est remplacé par
tout un système de comportements oscillant entre tradition et préjugé. De ce changement découlent
diverses réactions, la plupart étant calquées sur la majorité comme sous l'effet d'un instinct grégaire: on se
comporte comme les autres, notamment ses chefs pour être bien vu. D'autres déplorent un état de fait où
les repères d'autrefois disparaissent peu à peu. D'autres encore en profitent pour donner libre cours aux
excès de leur caractère ou de leur personnalité: on joue de cette possibilité de répondre ou non à un
bonjour pour marquer son territoire, son hostilité, son agressivité, dédaignant le rôle de lien social que
jouait un ensemble de comportements qu'on nomme politesse: la violence, l'agressivité, la perversion, la
névrose s'expriment en toute impunité, à une époque où l'égoïsme triomphe.
Ce qui était avant une tradition est souvent devenu un préjugé: on ne dit pas bonjour, où on le fait à
contrecoeur, en fonction de l'image largement préconçue, qu'on a de l'autre, notamment en fonction de
son utilité ou de sa position de l'organisation du travail.
On peut presque reprendre ce même exemple pour illustrer comment un préjugé devient une tradition.
Il est maintenant banal de considérer comme normal de ne pas saluer un proche que l'on côtoie tous les
jours. Certains repères de l'ordre social se dégradant, on considère que le comportement de chacun ne
concerne que son auteur et personne d'autre. Il est même devenu malséant d'émettre un jugement, voire
même une pensée sur le comportement d'autrui, au nom de la liberté individuelle, ignorant ainsi une
réalité, la réalité psychosociale, selon laquelle les membres d'une communauté vivent non seulement de la
satisfaction de besoins individuels (le sommeil, la nourriture, la protection d'un toit…), mais aussi de
relations sociales, avec une interaction étroite entre ces deux pôles.
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