Breaking Bad et le renouveau des séries
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UNE NOUVELLE GÉNÉRATION DE SÉRIES DEPUIS 2010 : L’EXEMPLE DE LA CHAÎNE AMC AVEC BREAKING BAD.
(Source : Marjolaine Boutet « Soixante ans d’histoire des séries télévisées américaines », Revue de recherche en
civilisation américaine [en ligne], http://rrca.revues.org/index248.html – Charlotte Blum, Séries, une addiction
planétaire, Editions de la Martinière, Paris, 2011)

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Publié le 24 janvier 2013
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Langue Français

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4/1/2012s
UNE NOUVELLE GENERATION DE SERIES
DEPUIS2010 :LEXEMPLE DE LA CHAINE
AMCA VECBREAKINGBAD.
Pierre Fontaine
INTRODUCTION
(Source : Marjolaine Boutet «Soixante ans d’histoire des séries télévisées américaines»,Revue de recherche en civilisation américaine[en ligne],http://rrca.revues.org/index248.htmlCharlotte Blum,Séries, une addiction planétaire, Editions de la Martinière, Paris, 2011) La série télévisée est née de la combinaison de la télévision avec les feuilletons radiophoniques dans les années 50.Les grands réseaux ont vite senti, l’importance de créer des rendez-vous télévisuels, avec le large public touché par la télévision, comme il était d’usage avec la radio. Ces années 50 marquent à la fois le début des séries télévisées mais aussi leur premier « âge d’or». Les premières séries qui apparaissent à l’écran sont des adaptations des feuilletons radiophoniques et sont retransmises en direct. Sil’on parle d’âge d’or des séries dans les années 50, c’estsurtout grâce àI Love Lucy, transposition à l’écran du feuilleton radiophoniqueMy Favorite Husband, créée en 1951. Tournée à Hollywood et avec les moyens du cinéma, cette sitcom va provoquer une véritable révolution : non seulement elle utilise trois caméras 35mm au lieu du kinescope et est retransmise par le télécinéma, ce qui deviendra une norme par la suite, mais elle met aussi en place les codes du genre de la sitcom (quiproquos, conflits entre les protagonistes, etc.), toujours utilisés aujourd’hui. Enfin elle est aussi moderne elle associe pour la première fois le cinéma et la télévision, sur le plan économique. A partir de cette série, le cinéma et la télévision auront toujours un rapport extrêmement fort, tant sur les plans artistique et générique que sur le plan économique. La série devra en premier lieu faire en sorte que la « ménagère de moins de 50 ans » des publicitaires regarde la télévision en journée (notamment avec les soap-operas). Puis entre les années 60 et 80, elle va progressivement évoluer dans sa narration pour devenir le reflet des changements que subira la société américaine. Dès ses débuts, elle connaitra de grands succès publics ou critiques qui lui permettront même de supplanter le cinéma au niveau du spectacle. Dans les années 80, l’évolution de la technologie transforme les habitudes etles comportements des téléspectateurs (par exemple avec l’apparition de la télécommande): on change plus facilement de chaîne (zapping) donc la compétition entre réseaux augmente, et le public ayant grandi avec la télévision connait dorénavant les codes et les genres et demande de l’innovation.Pour garder les audiences, les créations de séries vont alors s’éloigner des anciens modèles narratifs qu’elles respectaient encore pour se reporter sur de nouvelles manières de raconter des histoires. C’est l’apparition des séries dont l’histoire se déroule sur une saison entière et non plus sur un seul épisode (Dallas,1978), desensemble shows :séries avec plusieurs intrigues et plusieurs personnages principaux dont les histoires s’entrecroisent (Hill Street Blues,1981). On voit aussi apparaître des discours méta-textuels dans les séries même : certains personnages s’adressent en voixoffaux téléspectateurs,
d’autres vont regarder directement la caméra. Lesshowrunnersqui se posent des questions sur le renouvellement de la narration vont aussi se mettre à jouer avec cette réflexion et avec le public. Les années 90 voient apparaîtrel’importance grandissante des chaînes câblées (comme HBO) qui vont contribuer à accroître la qualité des productions et permettre une innovation quasi-constante des sujets et thèmes, dans les années 90. Le grand avantage que possèdent les chaînes du câble par rapport auxnetworks,c’est de ne pas être soumis à la réglementation qui interdit la nudité et le langage ordurier. Elles vont donc en profiter un maximum, jusqu’à imposer le «politiquement incorrect ». Les chaînes câblées vont briser beaucoup de tabous : la mort (Six Feet Under),le meurtre (The Sopranos) et surtout la sexualité (Sex and the City).Une série particulièrement montre bien l’évolution des thèmes utilisées :Buffy contre les vampires, série féministe qui innovera grandement au niveau des personnages. Ce sont les femmes qui sont les vraies héroïnes et sont aidés par les hommes contrairement à ce que l’on pouvait voir jusque-là. Mais cette décennie est surtout celle d’un changement radicale de la façon dont est perçue la série télévisée. Il y a deux raisons à cela: d’une part, en 1990, ABC embauche David Lynch qui réalise uneTwin Peaks et impose une qualité dans la série encore jamais vue; d’autre part, en 1997, on voit naître les sériesOzetThe Sopranos dont la qualité mettra sur un pied d’égalité les séries et le cinéma. Dans les années 2000, la grande tendance est aux séries policières scientifiques (CSI : Les Experts, Bones, NCIS), aux séries médicales (E.R, Grey’s Anatomy, House MD, Scrubs) et surtout à de nouveaux feuilletons où l’intrigue tient plus du film d’action (Prison Break, 24, Alias) ou du fantastique (Lost, Heroesque cette décennie). Alors marque une perte considérable d’audience due à la concurrence des télé-réalités aux Etats-Unis, elle marque en France l’avènement des séries: elles réalisent les meilleurs chiffres d’audience, sans compter le visionnage en streaming légal ou non pratiqué par beaucoup des 15-25 ans, dont certains vouent une véritable passion. Malgréla grève des scénaristes de 2008 qui a mis en lumière la crise de l’audience subie par la télévision, des productions de grande qualité ont continué d’être créées. Des créateurs de séries deviennent des références comme J.J. Abrams (Felicity, Alias, Lost, Fringe, Person of Interest) et peuvent se payer le luxe de s’essayer au cinéma. Aujourd’hui, la relation entre cinéma et la télévision est de plus en plus forte. Le genre de la série attire même de grosses pointures du cinéma : Martin Scorsese produitBoardwalk Empire, Glen Close accepte jouer le rôle principal dansDamageset c’est aujourd’hui au tour de Dustin Hoffman qui sera le personnage principal de la nouvelle série de HBO,Luck, qui sortira en 2012. Ce ne sont que quelques exemples mais ils prouvent bien qu’aujourd’hui malgré les difficultés financières qu’elle a subi, la série est attractive et souvent de grande qualité.Enfin, les années 2000 ont vu un nouvel acteur apparaître sur le marché : AMC (American Movie Classic),s’est lancé sur le tardavec ambition dans la production de séries, est mais parvenue en 4 ans et 3 séries às’inscrire dans l’histoire des séries et son nom est devenuun
gage de qualité pour sesproduction. L’une de ses 3 séries,Breaking Bad,sera notre objet d’étude et nous permettra de comprendre la spécificité de ces séries qui font aujourd’hui du genre l’égal du cinéma.Comment AMC a-t-elle réussi à se faire une place parmi les chaines câblées ? En quoi Breaking Badest-elle particulière ?
L’EMERGENCE DE LA CHAINE AMC
American Movie Classic (AMC) est une chaîne basique du câble créée en 1984 qui était, à l’origine, une chaîne premium diffusant, l’après-midi et le soir uniquement, des classiques du cinéma américain d’avant 1950. Il étaittrès facile de capter la chaîne aux Etats-Unis et il ne fallaitdébourser que très peu d’argent pour cela.En 1987, pour gagner de la reconnaissance et atteindre un public plus large, les dirigeants écartent quelques peu les principes de base de la chaîne pour migrer vers le câble classique, ce qui lui permet alors une liberté de contenu éditoriale accrue par rapport à la diffusion de sexe, de violence et de langage ordurier. Deux ans plus tard, AMC comptera 39 millions d’abonnés à travers les Etats-Unis. Cette ouverture lui permet alors de concurrencer les deux grandes chaînes câblées que sont HBO et Showtime. Dans la deuxième partie des années 1990, AMC s’essaie à quelques reprises à diffuser des séries en exclusivité. Remember WENN, une « dramédie » qui prend place dans une station de radio pendant la seconde guerre mondiale qui sera diffusée de 1996 à 1998 est la seule qui reste notable. Sans coupure publicitaire ni rire enregistré, elle est une sorte de pièce de théâtre, en costume, qui est un des ancêtres des period dramas(séries qui se passe dans une certaine époque passée).La série s’arrêtera malgré la commande d’une cinquième saison, à cause d’un changement dans les hautes sphères de la chaîne. Aujourd’hui, AMC ne fait même plus mention de ce galop d’essai sur son site Internet, voulant probablement couper les ponts avec son ancienne politique. En 2002, AMC accélère sa mutation avec l’arrivée de films plus récent (années 1970 et plus) mais aussi et surtout avec la diffusion de publicité entre et pendant les films. L’arrivée d’annonceurs dans le budget de la chaîne, spécialisée dans les marathons de film d’horreur,va la forcer à adoucir sa programmation. AMC vise, par cette ouverture, à amener des budgets plus conséquents et augmenter son audience pour ouvrir à « une offre plus étendue de ses programmes » (site officiel de la chaine). Avec cette petite révolution, la chaine est décriée : les cinéphiles endurcies sont mécontentsde l’arrivée de la publicité après 18 ans de diffusion de films sans interruption. La chaîne va alors connaître 4 années très mouvementées : del’éviction de la présidente de la chaîne,malgré 23 ans d’ancienneté,jusqu’à la nomination de Charlie Collier en tant que directeur général et vice-président exécutif en 2006, puis président en 2008.
C’est cette dernière décision qui va faire entrer American Movie Classic dans une nouvelle dimension et lui faire devenir ce qu’elle est aujourd’hui. En effet, le nouveau président décide que la chaine devra dorénavant produire une série maison par an (2 à partir de 2010) uniquement, en raison des budgets limités. La chaine va alors essayer de s’imposer sur le terrain des séries «quatre étoiles », des séries de très haute qualité, tout en gardant l’influence de son histoire et du cinéma.Cette nouvelle stratégie paie dès la première année, en 2006 : la minisérieBrokenTrail,western en deux épisodes attire 10 millions de téléspectateurs, le record de l’année, et permet à AMC de gagner 4 Emmy Awards, dont celui de la meilleur minisérie. Les dirigeants décident alors de continuer dans cette voie et de redonner vie à d’autres mythes anciens.Le 19 juillet 2007, l’épisode pilote deMad Men, est diffusé sur AMC. La série de Matthew Weiner, qui raconte le milieu de la publicité dans le New York des années 60, avait été refusé tour à tour par HBO et s’empare alors du projet qu’elle voit comme ser sur le créneau des séries à l’héritage wrunnerdes gages de confiance et de liberté la série réussit à débloquer des ressources  des épisodes. En attirant seulement un peu moins d’un million de téléspectateurs chaque semaine pour la première saison, la chainedoubletout de même double son audience du samedi soir. Mais plus qu’un succès public, Mad Menest un gigantesque succès critique: la série a remporté jusqu’à aujourd’hui 13 Emmy Awards. AMC se félicite de stratégie payante à cent pour cent et se paiera même le luxe de débloquer 25 millions de dollars pour promouvoir la saison 2 de sa franchise lucrative. L’année suivante, la chaîne, dont la réputation est désormais faite, est bien décidée à poursuivre dans cette voie et gagner du terrain sur ses deux concurrents principaux. Elle lance la diffusion d’une autre série, au pitch aussi ambitieux qu’osé: l’histoire d’un prix Nobel de chimie devenu professeur de lycée se découvrant un cancer, et qui décide, pour subvenir aux besoins de sa famille après sa mort, de fabriquer de la méthamphétamine, Breaking Bad.Dès le premier épisode, la critique acclamera la série comme pourMad Menet elle récoltera 5 Emmy Awards entre 2008 et 2010 (dont 3 Emmy du meilleur acteur pour une série dramatique grâce à Bryan Cranston).Elle suivra le même destin que son aînée au niveau de l’audienceavec 1,5 millions de téléspectateurs pour la saison 3 en 2010. Depuis, AMC s’est essayé au thriller et à la théorie du complot avecRubicon, qui est aussi le premier échec de la chaîne puisque la série n’a pas été renouvelée après la première saison, et est revenue, en 2010, à ses origines, en produisant et diffusant la série d’horreur et de zombiesThe Walking Dead, classé cinquième série originale du câble américain la plus regardée, avec plus de 6,5 millions de téléspectateursl’année dernière.
BREAKING BAD
Lancé le 22 janvier 2008 par AMC, et créée par Vince Gilligan,Breaking Bad est un dramedont l’histoirese passe à Albuquerque, Nouveau Mexique. Il y a 20 ans, Walter White (Bryan Cranston) était un chimiste qui contribuait aux recherches ayant remporté le prix Nobel. Aujourd’hui,c’est un quinquagénaire qui enseigne la chimie dans un lycée et lave des voitures pour compléter son salaire. Cet homme à la vie morose et plate donne l’impression d’être enfermé dans une vie qui passe sans l’attendre. Jusqu’au jour où après s’être évanoui, Walter apprendqu’un cancer incurable du poumon le ronge. Pour subvenir aux besoins de sa famille et payer son traitement Walt s’associe à un de ces anciens élèves, Jesse Pinkman, devenu délinquant, pour préparer et vendre la méthamphétamine la plus pure possible. Walter, qui regardait défiler sa vie comme les spectateurs le font grâce à la caméra, commence alors à s’animer. Lui qui faisait ce que lui disait sa femme, se montre ferme et autoritaire avec son nouveau partenaire. Très vite des liens forts se nouent entre les deux hommes : alors que Walter trouve en Jesse l’élèvequi transmettre son savoir, Jesse, lui à voit en le professeur un père de substitution. UNE EVOLUTION DES PERSONNAGES PARTICULIERE Breaking Bad cest aussi, et surtout, lhistoire dun homme qui, pour parvenir à ses fins, développe une nouvelle facette allant à lopposé de sa personnalité, à la limite de la bipolarité. Le téléspectateur assiste à la transformation par nécessité, dun père de famille en tueur (la série suggère même quil tue un enfant à la fin de la saison 4). De plus en plus manipulateur, le personnage « se transforme de protagoniste à antagoniste » comme le dit Vince Gilligan. Dans le même temps la série nous montre la situation inverse : Jesse va toujours avancer vers plus de maturité, à la recherche dune rédemption qui guérira la culpabilité quil ressent. Le téléspectateur se trouve donc face à une sorte de chassé-croisé des personnages qui va porter en grande partie la dramaturgie de la série. On se rend très vite compte que Walter nest pas le personnage sympathique que lon aurait attendu, ce qui le rend dautant plus fascinant. Cette idée est novatrice à la télévision, et fait partie dune mouvance assez récente lancé parBreaking Baddonc mais aussi par la série de Showtime,Dexterqui est lévolution inverse du personnage de Walter (le tueur en série qui se construit une vie de famille). Le téléspectateur vit chaque semaine une partie de lexpérience télévisuelle dont laudace est de ne pas donner « bon fond » aux personnages, de ne pas leur donner des excuses, ni de
solution miracles. Les personnages ne sont pas définis par leur fond mais leurs expériences, leurs actes et leurs réactions. A cause de cela, leur comportement peut changer radicalement et rapidement, au point de forcer le spectateur à se demander ce quil ferait sil était à leur place. FORTE AMBIGUÏTE MORALE ET VIOLENCE CRUE AU SERVICE DUNE VISION CRITIQUE AvecBreakingBad,on se trouve face un angle et un ton narratif inédit dans les séries télévisées. On montre des personnages et situations qui violent presque toutes les règles établies pour des raisons qui ne resteront pas très longtemps valables. La prise de partie dans la narration est réduite au maximum, pour ne pas dire complètement absente : à aucun moment, on nous montrera ce qui est bien ou mal, à chacun de se faire son opinion. Cest en cela que lon peut parler dambiguïté morale. La série na pas de vocation didactique elle souhaite juste montrer, au téléspectateur den penser ce quil veut. Ce refus de prendre parti amène une confusion dans lesprit du spectateur au début, surtout que cela est vite accentué par un humour noir latent qui va avoir pour fonction dajouter un peu de réalisme tout en accentuant la confusion par certaines réactions qui peuvent paraître absurdes (par exemple, dans lépisode 2 de la saison 1, lorsque Walter essaie toutes les armes à sa disposition pour choisir laquelle il devra utiliser pour tuer son otage). En plus de jouer avec la morale, la série passe également par des phases dune violence extrême, à la limite de linsoutenable. Cette violence parait froide et incroyable car elle souvent réalisée sur ou par Walter et Jesse, que lon ne pense jamais capable de de franchir la ligne. Pourtant les deux partenaires tueront de sang-froid chacun leur tour. Cette violence est aussi montrée de manière ème très crue : de létranglement dépisode de la saison 1 àun dealer par Walter dans le 2 légorgement au cutter dun sous-fifre par un baron de la drogue dans la saison 4, les scènes de violences ne sont jamais annoncées et toujours inattendues. On peut alors comprendre que la série peut choquer, de par son aspect non conventionnel. Elle nest pas le reflet de valeurs morales traditionnels, mais elle se donne à être un aspect possible de la vie, de par son sujet, son ton elle vise à montrer avec la prise de partie la plus minimale possible comment une personne ordinaire peut basculer dans linhabituel. Ce quil faut voir au-delà de la violence, cest la vision quétablit la série de la société américaine et notamment dun point de vue social.Breaking Badse déroule sur un fond de famille de classe moyenne dont le père, professeur dans un lycée public, ne peut subvenir au moyen de sa famille sans un deuxième travail et qui ne peut pas, malgré cela, obtenir un accès aux soins nécessaires pour sa maladie. On est ici dans une vision critique du système de santé et de protection américain. La série souhaite mettre en lumière les problèmes de la politique sociale
américaine. On le voit également par le thème de la drogue, des junkies et surtout de la pauvreté. La série est remplie en toile de fond de ces questions et de ces problèmes de société quelle renvoie au public, comme par exemple avec ce jeune garçon dans la saison 2 qui est abandonné à son sort par ses parents accros à la drogue et vivant dans un taudis. UNE IMAGE STYLISEE ET INFLUENCEE PAR LE CINEMA Techniquement parlant, on est frappé dès les premières minutes du pilote par le style imposé par la série. Entre expérimentations et influences du cinéma,Breaking Badassocie à son univers un style particulier et rapidement identifiable. Les pré-génériques ouopening samuse à rendre confus le téléspectateur : ils peuvent alterner entreflash-back,flash-forward,jeu de piste (certains pré-génériques des épisodes de la saison 2 sont construits de manière à reconstituer la scène finale de la saison), clins d’œil à des épisodes précédents ou enfin montrer sans aucune explication une situation absurde pour mieux raconter dans lépisode comment on en arrive à cela. Le style de ces opening,hérité du créateur deX-Files, Chris Carter, de laveu même de Vince Gilligan, va permettre une accroche très forte de la part du téléspectateur. Le style deBreaking Badest marqué par le souci de montrer plutôt que de décrire comme dit précédemment. On se retrouve souvent avec des angles de vues improbables (depuis lintérieur dune machine à laver, sous un lit, de lautre côté dun plancher) mais sont toujours porteurs de sens. On retrouve la créativité du style dans le fait, parfois, davoir à lécran le monde dun point de vue surprenant comme à travers les yeux dune mouche dans la saison 3. De plus, Vince Gilligan sentoure de réalisateurs expérimentés issus du cinéma (dont John Dahl) pour mettre en scènes ces épisodes avec beaucoup de technique : contre-plongées, vues aériennes, caméra embarquée sont courantes dans la série. Mais ce qui est marquant dans le styleBreaking Bad, cest lutilisation régulière de longs plans fixes où laction qui soulignent limmobilité de laction. En effet, la série est truffée de scène lourde de tension et de sens où lon peut suivre un dialogue du fond de la pièce sans changement de plan. On peut noter également une très forte influence des films de western dans les scènes en extérieure : la série joue sur la profondeur de champ et tire parti des décors naturels que possèdent le désert du Nouveau-Mexique où lon retrouve des face-à-face en plein soleil comme un hommage aux westerns de Sergio Leone.
Mais ces clins d’œilà la technique des westerns permet aussi dutiliser le vide de ses grands espaces pour ajouter de labsurde par les détails (exemple avec la tortue géante qui porte sur sa carapace une tête coupée). On retrouve cette influence des westerns également dans le nom dun personnage, Gale Boetticher, référence à Budd Boetticher, grand réalisateur de westerns dans les années 50 et 60. Enfin, on remarque aussi que le personnage de Walter est fortement inspiré dun personnage dAkira Kurosawa, dans son filmIrikudont lhistoire raconte la transformation dun fonctionnaire qui se découvre un cancer de lestomac.
CONCLUSION
Pour conclusion, nous pouvons dire cest par une stratégie audacieuse que la petite chaîne câblée AMC a réussi à se faire une place parmi les grosses écuries de séries télévisées aux Etats-Unis. En effet, de par une volonté de laisser une liberté totale ou presque totale aux showrunners quelle engage et lenvie dimposer un style particulier et reconnaissable à chacune de ses séries, AMC a réussi à obtenir une reconnaissance critique des plus importantes même si le succès public est un peu plus faible. La chaine a réussi à se renouveler en gardant la touche du passé par la création de série « quatre étoiles ». Breaking Badest un très bon exemple de ce nouveau genre de séries : un genre hybride ou le drame se mêle à lhumour, ou les sujets de société se mêlent à des situations burlesques voire à des scènes de films dactions. Cest le style imprimé, la réalisation soignée qui fait de cette série quon la nomme « de prestige » : son influence cinématographique forte comme sa cohérence ou encore la gestion des détails fait de cette série comme celles du même genre de véritables héritières du Septième Art.
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