Innocence de Demirkubuz Zeki
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

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Innocence Masumiyet de Zeki Demirkubuz FICHE FILM Fiche technique
Turquie - 1997 - 1h50 Couleur
RÈalisation et scÈnario : Zeki Demirkubuz
Montage : Mevlut Kocak
Image : Ali Utku
Musique : Czengiz Omural
InterprËtes : G¸ven Kirac (Yusuf) Derya Alabora (Ugur) Haluk Bilginer (BÈkir)
L E
D O C U M E N T
lÕinnocence juridique, ou de lÕinnocen du simple dÕesprit ? Des deux, de tout Èvidence. ExpulsÈ de son cocon carcÈral Yusuf dÈroule un sourire un peu niai sur sa figure ronde, et marche ‡ petit pas maladroits. Comme lobotomisÈ pa tant dÕannÈes de piquet, il ne rÈagit pl devant rien. Ni devant la violence primi tive de son beau-frËre qui fouette s sÏur ‡ coups de ceinture. Ni devant lÕamour que lui inspire Ugur, une prost tuÈe aux cheveux rouges sortie dÕu tableau de Klimt. Yusuf la rencontre dans le premier hÙtel meublÈ venu, Izmir, o˘ il sÕinstalle dÈf nitivement. Un asile interlope o˘ il reconstitue sa cellule de prison : quatr murs ÈcaillÈs, punaisÈs de posters, un li en ferraille, recouvert dÕune couvertur pliÈe au carrÈ. Reclus dans ce boug vÈtuste, Yusuf dÈvisage les autres pen sionnaires. PlutÙt que dÕarpenter l monde pour mesurer ses changement et rattraper le temps perdu, il bourlingu sur place dans la folie des autres. C voyage intÈrieur fait dÕlnnocenceu road movie statique et farfelu. Au pas sage, Zeki Demirkubuz pointe les para doxes de son pays. Les traditions ont l vie dure : les femmes sont matÈes dan la violence, et la police cogne tou autant que les maris. Mais la modernit sÕinstalle co˚te que co˚te, usant de l mÍme violence : IÕÈmancipation fÈmin ne passe par la prostitution ou par dÕÈl gants coups de revolvers tirÈs de sacs mainÉ Seule une enfant parvient ‡ sortir Yusu de sa paralysie voyeuse. CÕest Cilem, l fille dÕUgur, une sourde-muette au grands yeux noirs et absents. Comm Yusuf, la petite vit coupÈe du monde Comme lui, elle ne laisse aucune Èmo tion affleurer sur son visage. Comme lui elle observe le spectacle foutraqu dÕadultes surexcitÈs. Sauf que Cilem n prend mÍme plus la peine de regarde les vivants. ScotchÈe devant la tÈlÈvi sion crachotante de la salle commun de lÕhÙtel, Cilem avale des feuilletons a kilomËtre, du lever du jour jusque t
dans la nuit. Alors quÕil lui suffirait d monter dans la chambre de sa mËre pour voir les mÍmes scËnes de mÈnage, les mÍmes coups de feu, les mÍmes courses poursuites. Yusuf va lÕapprivo ser en silence, et tenter de la ramener ‡ la vie. Vaste entreprise que le film suit dÕun Ïi ‡ la fois rieur et dÈchirÈ. Ce ton-l‡, personnel et salutaire, Zeki Demirkubuz le garde en toute circons-tance. CÕest sa facon ‡ lui de rÈsist face aux errances dÕune Turquie so nambule et dÈjantÈe. Sa colËre a un charme fou. Marine Landrot TÈlÈrama n∞2582 - 7 Juillet 1999
InnocencesÕouvre sur une sÈquenc o˘ Yusuf sort de dix ans dÕemprisonn ment. NÕayant personne chez qui aller, demande ‡ rester dans sa cellule, par peur, dit-il, de commettre un nouveau dÈlit. Evidemment, le directeur rÈpond par la nÈgative. SÈquence terrible et sËche. Le monde extÈrieur va donner ‡ Yusuf lÕoccasion de le vÈrifier : aprËs u trajet en car, il sÕinstalle dans un hÙt o˘ il rencontre un couple et leur fillette. La femme (Ugur) se prostitue tandis que lÕhomme (BÈkir) la suit comme un chie Lentement, le cinÈaste amËne les ÈlÈ-ments qui constituent le drame de ce couple. Le film renoue avec ce qui fait lÕessence de la tragÈdie et du mÈlodr me, cÕest-‡-dire la fatalitÈ, qui marqu les hommes dËs leur naissance. A la for-mule ´on nÕÈchappe pas ‡ son destin sÕest substituÈe celle, plus moderne, d ´on nÕÈchappe pas ‡ soi-mÍmeª, mÍm si lÕextÈrioritÈ des personnages (l social) a toujours son mot ‡ dire. Sans Ítre un mÈlodrame, du moins pas dans le sens restreint quÕon lui donn parfois,Innocenceutilise les mÍmes codes et tout le film a lÕallure dÕu
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.25.11.83
une quelconque logique dans le compor-tement des personnages. Chacun semble poussÈ par une force quÕil ne maÓtrise pas et lÕentraÓne ‡ agir en dÈpit de son intÈrÍt, comme en Ètat de dÈpen-dance. Ugur, la femme qui suit son amant de prison en prison, le dira ouver-tement au dÈtour dÕune scËne. On ne rÈsiste pas ‡ son dÈsir. On sÕy enferre en toute conscience. Le film prend de la distance avec le (mÈlo)drame tradition-nel et en propose une sorte dÕÈpure. Chez Sirk ou Mizoguchi, la coloration sociale des rÈcits fait que le ´toutª menace lÕunique et lui impose sa loi. Dans le film de Zeki Demirkubuz, le social, sÕil est bien rÈel, a irrÈmÈdiable-ment un caractËre abstrait. Il y a bien les figures socialement marquÈes de la prostituÈe, de lÕÈpave alcoolique, du pri-sonnier qui a purgÈ sa peine, mais cha-cun semble inscrit au sein dÕun rÈseau qui tient davantage du film noir, genre dans lequel le social a une fonctionnali-tÈ (faire avancer le scÈnario), mais o˘ le dÈsir dÕabstraction est plus fort que dans le mÈlodrame traditionnel, renfor-Áant du mÍme coup la dimension mÈta-physique du rÈcit.On trouve, dans Innocence, la volontÈ de dÈpouiller le genre, en insistant sur les corps, les mots, les dÈplacements des person-nages dans le cadre. Ils butent moins sur un environnement qui leur est hosti-le, que sur les hommes quÕils cÙtoient et sur leurs propres dÈsirs. LÕenvironne-ment, lui, est curieusement atone, presque dÈsincarnÈ, absurde. Les dÈam-bulations de Yusuf dans les rues de la ville o˘ il a momentanÈment Èlu domici-le, jouent sur cette disparition du sens de la rumeur urbaine, scandÈes par une phrase musicale rÈpÈtitive qui vient faire naÓtre une attente jamais rÈcom-pensÈe. LÕenvironnement est dÕailleurs trËs vite limitÈ ‡ lÕhÙtel dans lequel les personnages Èvoluent. Une bonne moi-tiÈ du film se situe dans ce lieu, ‡ la fois clos et ouvert, comme ces portes qui, ‡ de nombreuses reprises, ne cessent de ir
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fermÈes. A peine sorti de prison, plutÙde passions, reduit ‡ la vacuitÈ ? La der-JÕavais envie dÕexprimer le combat pour que de baigner dans la foule, YusuniËre partie du film dans laquelle Yusula prÈservation des valeurs, la dÈvotion retrouve un lieu circonscrit, dans lequelet la fillette partent en quÍte de la mËrtotale pour des idÈes et contre des lois il y a des rËgles et des hahitudes (IÕhÙtvoit la dimension absurde lÕemporteÒanti-humainesÓ engendrÈes par cette lier propose reguliËrement du thÈ, on sCes deux personnages, parlant peu onouvelle rÈalitÈ. retrouve devant le poste de tÈlevision)pas, butent sur un rÈel qui se dÈrobe :Pour tÈmoigner de la destruction de ces comme pour se prÈserver du tragiquportes closes, personnages absents ovaleurs, je pense que nous ne devrions dÕune vie rÈduite ‡ lÕabsurde (les dÈamorts. Les trajets pÈdestres ou routierpas chercher le sens de la vie dans le bulations sans objet). A ce titre, les renperdent peu ‡ peu leur objet car les pasmonde extÈrieur, qui est mauvais, mais dez-vous devant la tÈlÈvision sont, dansions ont dÈtruit les autres personnages.‡ lÕintÈrieur de nous-mÍmes. Quand le film, ritualisÈs. Les personnages y onLe monde sÕest vidÈ. Ne reste que lvous donnez un tel sens ‡ la vie, le fait souvent les yeux rivÈs, comme pour prodÈsespoir rentrÈ de ces Ítres sansde tourner devient un problËme Èthique. voquer lÕoubli de soi.attaches. IlnÕy a bien s˚r pas de place pour de Car, sans lÕoubli, les personnageJean-SÈbastien Chauvitels comportements ‡ notre Èpoque. Le sÕentre-dÈchirent : BÈkir ne parvient paCahiers du CinÈma n∞537 - Juillet/Ao˚t 99cinÈma, principalement dÈfini comme ‡ quitter Ugur, qui le fait souffrir, Uguune activitÈ commerciale liÈe au nombre ne peut oublier son amant emprisonnde spectateurs, oblige les films ‡ se quÕelle suit ‡ mesure quÕil change de ptourner vers lÕÈtranger et ‡ plaire ‡ la son. Il y a l‡ un nÏud gordien fait demajoritÈ... passions intÈrieures, dÕautant plus terrFiche distributeur fiant quÕil semble se rÈpÈter ‡ lÕinfini. Propos du rÈalisateur ´mÍmeª fait retour dans les scËnes (le trajets), dans les lieux (la prison, IÕhÙte la cave dans laquelle vit lÕoncle d La Turquie est devenue un pays o˘ les Yusuf), jusque dans le plus infime dÈtail valeurs sÕinterrogent, en termes gÈn (les portes qui sÕouvrent et se ferment raux, ‡ cause de la crise Èconomique, deLe rÈalisateur Ce the‚tre de lÕabsurde - IÕetern la guerre et de la situation politique retour- se joue au sein dÕun disposit instable depuis plusieurs dÈcennies. LesSorti de prison, Zeki Demirkubuz a suivi lui-mÍme thÈ‚tral : IÕhÙtel, et plus gÈn thËmes humains ont laissÈ place ‡ desdes Ètudes de journalisme ‡ lÕuniversitÈ ralement les intÈrieurs, lieux de de l sujets et des thËmes superficiels, tem-dÕIstanbul pour Èchapper au service mili-ÒscËneÓ (les conflits et bagarres, Ie su poraires et ÈphÈmËres. Les valeurtaire. Contestataire pur et dur, il a tournÈ cide de BÈkir), par opposition aux extÈ humaines telles que lÕamour, lÕaltruisson film en producteur indÈpendant, hors rieurs, lieux du creux et de la dÈsincar la compassion, lÕhonnÍtetÈ et la bienfade tout circuit traditionnel. Il se dit nation. Imperceptiblement, le fil sance ont ÈtÈ sacrifiÈes aux lois deaujourdÕhui anarchiste, et refuse dÕÍtre sÕinvente un rÈcit qui oscille entre l cette nouvelle rÈalitÈ. Cette situationaffiliÈ ‡ quelque mouvement que ce soit. thÈ‚tre des passions, classique, tra sÕest rÈpercutÈe sur les individusNous ne parlerons donc pas de nouvelle gique, et un absurde moderne dan sÕest rÈvÈlÈe sans issue ni solutionvague turque. Mais de vent dÕair frais, lequel le sens sÕÈvide. La beautÈ du fil ceux qui ne peuvent pas sÕadapter et qinattendu et vivifiant. provient de ce constant va-et-vient : le continuent de dÈfendre lÕanciennMarine Landrot personnages sont l‡, entiers, comprÈ Èthique sont coincÈs et ne survivent pas.TÈlÈrama n∞ 2582 - 7 juillet 1999 hensibles, et pourtant lÕinstinct de rep Dans ce contexte, mon film racont tition qui les anime Èchappe ‡ la raison. lÕhistoire de personnages qui subisse Le projet de construire un regard sur l cette pression de la sociÈtÈ et qui sont Turquie contemporaine en se focalisan donc destinÈs ‡ la destruction. Des gens sur lÕintÈrioritÈ des personnages pren qui dÈfendent leur Èthique, leur alors toute sa cohÈrence. LÕextÈrieur eFilmographie croyances et des valeurs humaniste absurde parce que les passions son mÍme si elles sont le symbole dÕune cu sous lÕemprise dÕune force incontrÙla ture en perte de vitesse. Ils se sacrifient. et destructrice. Comment, dËs lorsMasumiyet1997 Ils sont prÍts ‡ affronter la mort pou construire le social, comment imagi un monde qui ne serait pas vidÈ par t
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.25.11.83
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