Le Fils adoptif de Abdykalykov Aktan
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

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Le fils adoptif Beshkempir de Aktan Abdykalykov FICHE FILM Fiche technique
Khirghizistan/France -1998 - 1h12 N. & B. - Couleur
RÈalisateur : Aktan Abdykalykov
ScÈnario : Aktan Abdykalykov Marat Saroulou Cedomir Kolar
Montage : Tilek Mabetova
Musique : Nourlan Nyshanov
InterprËtes : Mirlan Abdykalykov
Albina Imasheva
Bakyt Diylkytchiev
Mirlan TchynkodjoÔev
Taalai Mederov
RÈsumÈ
Dans son petit village de montagne Kirghize, Azate passe ses journÈes ‡ jouer avec les autres enfants. A se rouler dans la boue avant de dÈloger les abeilles de la ruche, puis ‡ courir en riant avant de plon-ger dans la mare et compter les piq˚res. Tandis que ses parents sÕaffairent ‡ sur-veiller les troupeaux, traire les vaches, lui ne rÍve quÕau regard dÕAÔnoura. La vie du village est rythmÈe par le travail et les sÈances de cinÈma en plein air. Azate sÕachemine paisiblement vers lÕadolescen-ce jusquÕau jour o˘ son ami Tekine, jaloux, lui lance comme une injure ÒBeshkempirÓ !
Critique
Cinq vieilles femmes assises sur un tapis de couleurs vives se livrent ‡ un rituel com-pliquÈ autour du berceau dÕun nouveau-nÈ. Si le spectateur - ‡ moins quÕil soit kirghize et encore - ne saisit pas le sens exact de chaque geste ou de chaque accessoire, la signification gÈnÈrale demeure. Voici un rite de passage universel dont les fins sont doubles : intÈgrer le nouveau-nÈ ‡ la com-munautÈ des hommes, lÕÈloigner (par quelques priËres apotropaÔques) de lÕautre monde - celui des morts, des non-nÈs, des ‚mes errantes ou, dans ce cas prÈcis, de la terre-mËre. Une formule cÈrÈmonielle prÈ-cise dÕailleurs que lÕenfant appartiendra pendant huit mois encore, passÈe la cÈrÈ-monie, ‡ la terre. Fin du prÈlude (en cou-
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leurs) inspirÈ de Paradjanov ; dÈbut duenfants plongent dedans et sÕen recou-rÈcit (en noir et blanc et parfois sÈpia).vrent le visage et les bras ou bien ils LÕenfant ÒbaptisÈÓ, Azate (Mirlan sculptentune femme ‡ mÍme le sol et Abdykalykov), a grandi, lÕadolescence ledessinent lÕombre du sexe en versant de guette. MaisLe fils adoptiflÕeau dans lÕentrejambe de la femme denÕen aban-donne pas pour autant les rites. Car, plu-sable. Belle faÁon de dÈsigner lÕorigine tÙt quÕun roman dÕapprentissage, terraquÈedu monde, et que lÕhomme fut conduisant son hÈros vers lÕautonomiefait de boue, et quÕil garde avec la terre et la libertÈ, Aktan Abdykalykov aune affinitÈ particuliËre. CÕest aussi construit un rÈcit de conformitÈ. Azatecette affinitÈ que montre prÈcisÈment la ne cherche pas ‡ sÕÈmanciper de samise en scËne duFils adoptif. Si le famille, de ses amis, du bout du mondecinÈaste hÈsite parfois dans la conduite o˘ il habite ; il veut au contraire - peut-du rÈcit, balanÁant entre une chronique Ítre parce quÕil se sait un enfant trouvÈ -douce-amËre de lÕenfance - avec les leur ressembler ‡ toute force.Le filsquatre cents coups affÈrents - et une adoptifhistoire plus directement symbolique,sÕachËve donc sur deux autres rites de passage qui intËgrent dÈfinitive-Aktan Abdykalykov tÈmoigne en ment le jeune homme ‡ la communautÈ.revanche dÕun sens du cadre dÈj‡ trËs CÈrÈmonie collective, dÕune part, quÕestaffirmÈ, qui nous promet dÕautres beaux lÕenterrement de la grand-mËre o˘ lÕado-films ‡ venir. La terre est donc Ètrange-lescent, dÈsignÈ exÈcuteur testamentai-ment lÕhorizon du film. DËs le premier re, devient le continuateur symboliqueplan - une plongÈe ‡ 90 degrÈs ou de la famille; cÈrÈmonie intime depresque - le ciel est exclu du champ ; les lÕautre o˘ Azate, pour sÈduire AÔnoura,grands-mËres pÈnËtrent dans lÕimage reproduit les gestes quÕil a vu faire parpar le bord supÈrieur du cadre. Non seu-un plus vieux que lui. CÕest dÕailleurslement, le cinÈaste recommencera plu-tout le film qui progresse de rite en rite,sieurs fois ce genre de plans sans ciel et de tradition en tradition, tombant parfoissans perspective, o˘ les personnages se (mais rarement) dans la simple fascina-dÈtachent sur des aplats de terre ; mais tion ethnographique. Chaque scËnepartout ailleurs, il prendra soin de limi-importante se dÈroule sur fond dÕactivi-ter la perspective en multipliant les obs-tÈs de la culture rurale : la grand-mËretacles (des murs, des arbres) et en fil-file, le pËre aff˚te la faux, la mËre trie lemant le ciel le moins possible. Ce blÈ ou se livre avec dÕautres femmes ‡monde-l‡ ne promet pas dÕÈchappÈe. Ce une activitÈ incomprÈhensible (pourque redit encore lÕÈpilogue (en couleurs) nous) et s˚rement sÈculaire. MÍme lesqui vient refermer le film sur lui-mÍme. enfants jouent ‡ des jeux ancestraux.Devant le tapis o˘ les grands-mËres LÕavenir dÕAzate sÕinscrit donc dans unsÕÈtaient assises, quatre mains (celles horizon dÕavance clÙturÈ, o˘ la moderni-dÕAzate et dÕAÔnoura) jouent avec un tÈ semble nÕavoir aucune place, leÈlastique et produisent des figures gÈo-temps se rÈpÈter infiniment.mÈtriques qui font Ècho aux dessins du Cette clÙture du monde, en forme dÕatta-tapis. Le destin se boucle avec la prÈci-chement ‡ la civilisation paysanne, se litsion dÕun losange. aussi, en Ècho, dans le thËme rÈcurrentCette vie Ècrite ‡ lÕavance ne provoque de la terre et de la boue. Non seule-aucune angoisse chez le jeune Azate, ment, la naissance ne suffit pas - on lÕapas mÍme un certain malaise. dit - ‡ dÈlivrer lÕenfant de la terre, maisAbdykalykov utilise ‡ plusieurs reprises la vie ensuite est un long commercela mÈtaphore de lÕoiseau pour dÈfinir avec elle. La grand-mËre fait dÕÈtrangeslÕÈtat dÕ‚me ou de dÈsir de son person-boules de boue quÕelle aplatit sur lesnage. Ici ou l‡, des plans en couleurs se murs ; le maÁon en tire des briques ; lesglissent dans le rÈcit, ce sont les
moments de grande intensitÈ Èmotive dÕAzate - comme ce trËs beau sourire-camÈra de la jeune AÔnoura qui semble plutÙt rÍvÈ par Azate (alors cachÈ sous lÕeau) que vu. Deux ou trois fois donc, les plans en couleurs sont ceux dÕun oiseau qui se cogne contre une vitre. On y lit bien s˚r le sentiment dÕune frustra-tion, mais si frustration il y a, cÕest moins dÕÍtre enfermÈ que de nÕavoir pas accËs ‡ lÕobjet du dÈsir. Car, dans le jeu ÈlaborÈ de signes quÕestLe fils adoptif, ‡ cet oiseau prisonnier de la vitre sÕoppose non un oiseau volant librement (on serait du cÙtÈ du ciel et le film est trop cohÈrent pour accepter cette apologie soudaine de lÕair) mais deux oiseaux perchÈs sur une branche en fleurs et se becquettent tendrement. Si Azate souffre, cÕest dÕune solitude trop grande, dÕune exclusion du monde (les autres garÁons ont du mal ‡ lÕaccep-ter dans leurs jeux) induite par son origi-ne inconnue. Autre signe queLe fils adoptifest dÕune cohÈrence admirable : la vitre disait la solitude dÕAzate, cÕest justement un autre bout de verre (un miroir) qui transformera celle-ci en union avec AÔnoura et ce, gr‚ce ‡ lÕinterven-tion post-mortem de la grand-mËre qui lÕintroduit dans le monde de lÕamour aprËs lÕavoir intÈgrÈ, par sa mort, dans celui des hommes. LÕenterrement de la grand-mËre sÕachËve, en effet, par un trËs lent fondu au blanc. Puis : plan agitÈ sur la frondaison des arbres, en plongÈe profonde, comme si cÕÈtait la grand-mËre allongÈe qui regardait le monde ; Azate apparaÓt alors dans le champ, et on dÈcouvre que le plan trem-blait pour avoir ÈtÈ filmÈ dans un miroir tenu par AÔnoura. Le verre, dÕobjet de sÈparation, est devenu lieu de contiguÔ-tÈ, nÈgation de la distance. Azate est maintenant compris dans et par le monde. La fin peut faire miroir au dÈbut et le film se refermer. StÈphane Bouquet Cahiers du cinÈma n∞532 - FÈvrier 1999
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RÈguliËrement dÈbarque sur nos Ècrans un film ou un cinÈaste qui rÈinstaure un rapport virginal entre le spectateur et le cinÈma, qui rÈinvente la sensation de ÒpremiËre foisÓ, qui renouvelle une conception ontologique, bazinorosselli-nienne pour aller vite, o˘ le septiËme art, vieille carne fourbue ou mode dÕexpression en perpÈtuelle mutation, redevient cette chose trËs simple : une formidable machine ‡ enregistrer le monde et ‡ le redonner au spectateur. GÈnÈralement, ces films et ces cinÈastes viennent de contrÈes loin-taines, tant sur le plan gÈographique que politique ou culturel. Ainsi, loin de notre ethnocentrisme franco-amÈricain o˘ les cinÈastes semblent dÈj‡ tout connaÓtre du cinÈma et des images avant de tourner leur premier mËtre de pellicule, il y eut lÕIran, puis aujourdÕhui le Kazakhstan (Omirbaev), la Chine populaire (Jia Zhang Ke), et cette semai-ne, le Kirghize Aktan Abdykalykov et son superbeFils adoptif. Entre chronique dÕenfance et rÈcit initiatique,Le fils adoptif(‡ la teneur trËs autobiogra-phique selon le cinÈaste) montre les journÈes dÕun jeune garÁon adoptÈ ‡ sa naissance dans un village paysan dÕAsie centrale. On voit aussi les grands-mËres qui psalmodient les rituelles priËres paÔennes quand un petit vient au monde, qui malaxent des galettes de fumier, les pËres qui travaillent aux champs, les enfants qui dÈcouvrent le monde, se livrent ‡ toute une sÈrie de jeux et de farces, assistent ‡ quelques sÈances de cinÈma ambulant en plein air et sÕÈveillent ‡ la sexualitÈ. Narrativement,Le fils adoptifnÕest pas construit sur une dramaturgie ÈvÈne-mentielle classique mais plutÙt sur une sÈrie de saynËtes, sur des blocs de temps qui se succËdent. ÒJe fais des films Òsans thËmeÓ, explique le cinÈas-te. Ils font peut-Ítre partie dÕun genre cinÈmatographique que lÕon pourrait appeler ÒathÈmatiqueÓ Quand on Ècrit un scÈnario, on essaie de sÕen tenir ‡ une ligne traditionnelle du sujet; mais
en ce qui concerne les Èmotions, elles commencent ‡ naÓtre uniquement au moment du tournage. JÕaime que le cinÈma soit vivant, quÕil soit en proces-sus de dÈveloppement permanent: cÕest-‡-dire que je nÕessaie pas dÕillustrer un scÈnario par des images, mÍme si jÕessaie de suivre une ligne dramatur-gique minimale. Le montage est Ègale-ment une Ètape fondamentale. Pour prendre une analogie, cÕest comme un fil sur lequel on enfile des perles. Mises bout ‡ bout, ces perles finissent par for-mer un collier, mÍme si chaque perle est diffÈrente. Ò Le film sÕorganise autour dÕune sÈrie de ÒperlesÓ contradictoires ou complÈmen-taires : les anciens et les jeunes, le mouvement de gamins pleins de vitalitÈ et lÕimmobilisme des gestes et rituels ancestraux, le dÈsir centrifuge dÕun enfant qui au lieu de vouloir Èchapper ‡ sa famille cherche au contraire ‡ lÕintÈ-grer totalement, la volontÈ dÕapparte-nance ‡ sa communautÈ... Le tout est cimentÈ par un motif rÈcurrent (la terre) et par la mise en scËne dÕAbdykalykov. La terre est prÈsente tant sur le plan cul-turel, mÈtaphysique (les priËres du dÈbut, lÕidÈe dÕune communautÈ trËs ancrÈe dans ses pratiques) que dans ses dÈclinaisons les plus matÈrielles (les boules de fumier, les enfants qui pren-nent des bains de boue ou sculptent un corps de femme avec de la glaise). Pourtant, le film Èvite le pensum ethno-graphique et Abdykalykov se dÈfend de tout exotisme : ÒLes rites sont trËs tradi-tionnels, mais je nÕai aucunement recherchÈ quelque chose d'archaÔque. Ces traditions sont toujours contempo-raines, elles sont le quotidien des pay-sans dÕaujourdÕhui. «a peut paraÓtre exo-tique sous certains aspects, mais jÕai placÈ mon histoire dans un petit village et, dans ce genre de lieu, on essaie de prÈserver ses rites et ses traditions. Il me semble que cette rËgle existe chez tous les peuples. Ce qui est certain, cÕest que je nÕai jamais pensÈ que je fil-mais tout Áa pour un spectateur occiden-
tal. Les boules malaxÈes par les grands-mËres sont du fumier de vache : elles servent ensuite au chauffage. Je voulais cette image des grands-mËres qui, ‡ partir de la merde, font quelque chose de bon et dÕutile. Seules les grands-mËres arrivent ‡ consolider le dÈbut des histoires de famille. Ò Par-del‡ les thËmes et le contexte de lÕhistoire, cÕest le regard du cinÈaste qui Ètonne et Èmerveille. Abdykalykov a trouvÈ lÕÈquilibre idÈal entre la sponta-nÈitÈ de lÕenregistrement et la composi-tion esthÈtique : ainsi,Le fils adoptif est admirablement travaillÈ tant sur le plan visuel que sonore, mais ce travail formel ne tue jamais la vie et la prÈsen-ce de ce qui est filmÈ. Une des Ènigmes de ce film en noir et blanc rÈside nÈan-moins dans lÕinclusion de certaines sÈquences en couleurs, choix qui ne se justifie ni par des sauts temporels ni par des passages oniriques. ÒJe suis peintre dÈcorateur de forma-tion. JÕaccorde donc une grande atten-tion ‡ lÕimage et ‡ la dramaturgie de la couleur. Quand on se remÈmore son enfance, il me semble naturel que le film quÕon en retire soit en noir et blanc. Mais on conserve certains moments en couleurs. Par exemple, IÕargent de ma grand-mËre a toujours ÈtÈ en couleurs dans ma mÈmoire; de mÍme, la jeune fille dont on est amoureux reste toute la vie en couleurs dans la mÈmoire.Ó(É) Cet Ècoulement ontologique de la vie semble imprÈgner chaque plan duFils adoptif.Pourtant, le film sÕouvre et se clÙt sur deux scËnes ‡ la fois identiques et diffÈrentes. Un tapis colorÈ filmÈ de haut, ‡ la verticale : en ouverture, les mains des mamies sÕaffairent sur ce tapis avec un nouveau-nÈ ; en clÙture, on voit les mains du nouveau-nÈ, dÈsor-mais ‚gÈ dÕune quinzaine dÕannÈes, jouant ‡ lÕÈlastique avec sa copine. DÕun cÙtÈ, les anciens, dÈpositaires de pra-tiques immÈmoriales, un ÈvÈnement solennel ; de lÕautre, la nouvelle gÈnÈra-tion, un jeu dÈrisoire ; des deux cÙtÈs, le mÍme tapis, symbole immuable dÕune
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permanence des choses. La preuve queseul et cela me donne une impulsionessaie dÕaffirmer sa position dans le ce film qui semble ouvert et alÈatoire apour faire des choses qui me rappro-monde, et, pour lÕinstant la culture est ÈtÈ contrÙlÈ en douceur de bout en bout.chent des gens et me permettent demise de cÙtÈ. Pour le cinÈma, je ne crois Entre les deux bouts, on aura senti lecommuniquer avec eux. Je me suis mispas quÕil meure, il continue dÕy avoir une passage du temps et lÕÈlÈgance suprÍ-‡ Ècrire vers 14 ans, puis ‡ peindre. JÕaigrosse production mondiale. Peut-Ítre me dÕun cinÈaste qui aura su brider sagrandi dans une famille ordinaire ‡ lasommes-nous dans une pÈriode de tran-grande maÓtrise pour rester aux aguetscampagne. JÕavais des Èmotions trËssition. Le cinÈma induit dÕimmenses du monde qui sÕoffrait ‡ son regard.fortes dont je devais parler et je cher-investissements financiers de plus en Serge Kaganskichais intuitivement un moyen de lesplus inaccessibles, pourtant il nÕest pas Les Inrockuptibles - 10 FÈvrier 1999en mesure de concurrencer la tÈlÈvision.exprimer. JÕhabite dans un village et je reste un campagnard, alors que le cinÈ-A lÕavenir, je crois que nous aurons un ma est plutÙt un produit de la ville. CecinÈma qui ne requerra pas des sommes sont gÈnÈralement des gens connais-faramineuses, un cinÈma intime qui sant bien la culture citadine, qui ont usÈsÕadressera ‡ ce que nous avons de plus leur pantalon sur les bancs des cinÈma-secret, et les films ‡ grand spectacle Entretien avec le rÈalisateur thËques, qui ont une vie culturelle inten-seront relÈguÈs au second plan. se, qui font du cinÈma. JÕy suis parvenuPropos recueillis par Didier PÈron par des voies diffÈrentes et jÕespËre que Le fils adoptifest-il un film autobiogra-cÕest perceptible dans mon film. phique ? Le fils adoptifse fonde en effet sur ma Aviez-vous une revanche ‡ prendre propre expÈrience dÕenfant adoptÈ. En contre cette adoption subie et dÕautant Kirghizie, nous nÕavons jamais eu de loiLe rÈalisateur plus violente quÕelle est admise collecti-sur lÕadoption, mais il existe une tradi-vement? tion ancestrale qui permet ‡ un coupleAktan Abdykalykov, nÈ en 1957 dans le RÈgler des comptes, mettre des points dÕoffrir lÕun de ses enfants ‡ un couplevillage de Kountouou (rÈgion de sur les i est toujours difficile, je ne crois qui ne peut en avoir. Lorsque lÕenfantSakoulou) en Kirghizie, est lÕauteur de pas que qui que ce soit puisse dÈtenir la parvient ‡ lÕ‚ge de raison, il lÕapprend etnombreux courts mÈtrages remarquÈs maniËre correcte de vivre, nous errons peut choisir de retourner dans sa familledans les festivals et dÕun premier long toujours et nous essayons de nous y naturelle ou rester chez ses parentsmÈtrage archi-primÈ (lÈopard dÕargent ‡ retrouver. Le film est une tentative de adoptifs. Ces Èchanges ne sont pasLocarno, Prix du public ‡ Vienne, trois tirer les choses au clair avec moi-mÍme. vÈcus,a prioriprix au rÈcent Festival dÕAngers) et, comme problÈmatiques, Il y a chez mon hÈros un processus intÈ-mais, en ce qui me concerne, cÕestremarquableÉ rieur qui ne le l‚che pas, et jÕai fait en quelque chose qui, devenu adulte, sÕest sorte que les spectateurs puissent rÈflÈ-mis ‡ me tracasser, je me suis demandÈ chir comme lui et en mÍme temps que pourquoi jÕÈtais passÈ ainsi de main en lui. Il fallait que restent des non-dits, main comme un objet, pourquoi on a dis-des choses inexprimÈes, tout en posÈ de moi de la sorte. Ce sujet est une Filmographie essayant de tendre vers le maximum de source dÕangoisse et dÕinquiÈtude qui ne vÈritÈ et de sincÈritÈ. Il y a comme une me l‚che plus. A un moment donnÈ, jÕai Beshkempir1998 sorte de trame indÈfectible, inusable, de commencÈ ‡ mÕÈloigner des gens et ‡ Le fils adoptif la vie qui revient toujours comme une me poser la question ´qui suis-je?ª. Le singe2002 nouvelle vague, quoi quÕil arrive, quelles que soient les situations, et il me Cette question, on ne se la pose sÈrieu-semble que nous devons nous efforcer sement que dans les grands moments Documents disponibles au France de rester des gens bien. de solitude... La solitude est un sentiment propre ‡ LibÈration 10 FÈvrier 1999 Sans volontÈ politique, ou aide extÈrieu-tous les artistes, qui sont de toute faÁon Le nouvel observateur 11 FÈvrier 1999 re le cinÈma kirghiz a peu de chance de esseulÈs ‡ lÕintÈrieur dÕeux-mÍmes. La La Gazette Utopia n∞190 survie. solitude produit une rÈflexion positive, TÈlÈrama n∞2561 Je pense que cÕest un problËme que ren-saine sur la vie. JÕai une famille, un tra-Positif n∞457 - Mars 1999 contre tout lÕespace post-soviÈtique, qui vail, des amis et, nÈanmoins, je suis
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