Tong Tana de Krusenstjerna Fredrik von, Roed Jan

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• Langue: Français

Extrait

Tong Tana
Voyage au coeur des dernières forêts vierges
de Fredrik Von Krusenstjerna et Jan RöedF
FICHE FILM
fiche technique
Suède - 1989 - 1h30
Réalisateur :
Fredrik Von Krusenstjerna
et Jan Röed
Scénario :
F.Von Krusenstjerna
Jan Röed
Musique :
Harold Budd
Brian Eno
Commentaire :
Björn Cederberg
dit par Bernard Giraudeau
Résumé
C’est à l’intérieur des terres, dans la plus natale pour vivre avec les Pénans et tout
ancienne forêt tropicale du monde, vieille partager avec eux. Il a décidé de les aider
de 160 millions d’années, que l’on trouve à lutter pour la survie de Ia forêt dont la
les Pénans, tribu de nomades de Bornéo. disparition représenterait la plus grande
Ils vivent en groupes de vingt à cinquante catastrophe écologique de notre temps...
personnes, sans argent et sans montre Tourné pendant plusieurs mois, Tong
pour compter le temps qui passe. Tana, véritable voyage au cœur de la forêt
Leur nourriture quotidienne : du gibier tropicale, parle des Pénans de Bornéo, de
qu’ils chassent et une bouillie à base de Bruno Manser et des conséquences de
sagou, le fruit d’un palmier riche en fécu- l’abattage systématique des arbres.
lents. S’il se poursuit au rythme actuel, la forêt
Ils sont complètement tributaires de la du Sarawak aura disparu avant dix ans.
forêt tropicale pour assurer leur subsistan-
ce. Mais la moitié de la forêt du Sarawak a
déjà été abattue...
En 1984, Bruno Manser a quitté sa Suisse
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
Tong Tana est un mot qui signifie Ce film est une réussite esthétique...Critique
"forêt", mais aussi "vie" dans la langue Philippe Cusin
des Pénans, un des derniers groupes Le Figaro
Un jour, deux jeunes Suédois sont venus nomades des forêts tropicales d’Asie,
nous voir. Ils avaient avec eux quelques comme les Pygmées en Afrique ou les C’est l’histoire éternelle de David et
magnifiques photos et les rushes d'un Yanomanis en Amérique du Sud. On a Goliath, transportés, à la fin du XXe
film dont ils avaient commencé le tour- déjà abattu la moitié des arbres du terri- siècle, à Bornéo, dans les forêts du
nage au cœur de la grande forêt vierge toire où ils vivent à Bornéo, dans la pro- Sarawak, au pays de l’oiseau dont le
de Bornéo. Au vu de ces quelques vince du Sarawak, qui appartient à la chant fait fleurir les arbres fruitiers, sur
images, nous avons compris tout de Malaisie. les terres du fitus étrangleur, le péna-
suite que leur film ne ressemblait à Au rythme actuel de leur déforestation, kok, maître de la supercherie, juché sur
aucun autre. L’entreprise était ambitieu- elles auront totalement disparu d’ici 10 la cime des arbres : "Un des derniers
se, ils voulaient s’installer un an dans ans, avec tout le réservoir génétique paradis du monde, d’une certaine
une des parties les plus retirées de qu’elles renferment. Ces forêts sont les manière, de l’autre côté de l’enfer."
Bornéo et, malgré une équipe très rédui- plus vieilles du monde. Gilles Renault
te et la difficulté d’accéder aux lieux de Le film Tong Tana, qui est distribué en Libération
tournage, ils étaient décidés à employer salles, est l'un des supports de l'action
des techniques haut de gamme : pellicu- de Canal + en faveur de la préservation On savourait jusque-là la qualité des
le 35mm et son dolby stéréo. lls sont de l'environnement. Sans discours, ni prises de vues. Les rayons du soleil se
revenus 15 mois plus tard avec un film leçons, il place chacun de nous devant frayaient un chemin à travers la végéta-
qui est peut-être la plus émouvante des une responsabilité collective. tion pour aller plonger dans la rivière.
odes à la grande forêt primaire et à ceux Catherine Lamour On goûtait la sérénité de ces chasses à
qui y vivent, hommes et animaux. Directrice documentaire de Canal + la sarbacane, dans un confortable silen-
Il faut entrer avec les metteurs en scène Dossier distributeur ce... Les pluies tropicales pouvaient bien
de Tong Tana (Jan Röed et Fredrik Von s’escrimer à être quotidiennes : elles ne
Krusenstjerna) dans ces temples de parvenaient qu’à donner de jolis reflets
végétation, écouter la rumeur sourde D’abord les sons d’une pureté déconcer- sur la pellicule. Spectateurs d’un ins-
des dizaines d'insectes, le fracas des tante : I’eau qui dégouline de la pagaie, tant, on aurait souhaité que tout soit
cascades, les récits d’êtres humains aux le cri des singes qui rebondit dans le agréablement harmonieux dans ce para-
abois qui vivent depuis l’origine des faîte des arbres, le craquement glaçant dis perdu...
temps en harmonie avec l’exubérante d’un tronc abattu. La lumière, ensuite, Jean-Baptiste De Montvalo
nature de la grande forêt primaire, parfaite, presque irréelle : le bleu roi du Le Monde
entendre aussi le rugissement des scies ciel, le vert sombre de la forêt, le rouille
mécaniques occupées à massacrer toute de l’eau, ces rais de soleil scintillants.
cette beauté : I’urgence de sauver le Tong Tana se voit et s’écoute. S’entend Bruno Manser, "le sauvage de Bornéo",
patrimoine de l’humanité, vieux de 160 et se sent. (...) Œil précis, la caméra est est né à Bâle, en Suisse. Son père était
millions d`années, apparaît alors une toujours attentive, s’imprègne avec jus- jardinier. Bruno, quand il était enfant,
évidence. tesse de la réalité, soutenue par un faisait des collections de branches, de
2A raison de 200 000 km anéantis par commentaire intelligent et posé... feuilles, d’insectes. Allongé sur son lit, il
an, les grandes forêts équatoriales pour- Brillantissime documentaire. fermait les yeux et rêvait que sa
raient bien disparaître avant 50 ans. Et Flore Geffroy chambre se transformait en jungle. Tout
avec elles 5 millions de toutes les Télérama petit déjà, la nature I’intéressait et il
espèces animales et végétales connues, allait souvent se promener dans la cam-
dont 80% des insectes de la Terre. La pagne. A vingt ans, il a quitté la maison
destruction de ce capital inestimable Tong Tana se caractérise par une et il est devenu fermier dans les Alpes.
condamne à mort des peuples et des extraordinaire qualité de l’image. Il rêvait de se rapprocher des origines de
cultures millénaires dont le savoir aura On y trouve une histoire et une mise l’homme autant qu’il serait possible à
disparu avant même d'être connu de en scène : cela s’appelle du cinéma. l’heure actuelle.
nous, alors que nous en aurons de plus Marc Joyeux "Je suis venu à Bornéo pour participer à
en plus besoin, notamment pour la Le Quotidien une expédition spéléologique. Puis j’ai
recherche médicale. quitté l’équipe pour me diriger vers
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
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2
77.32.76.96
Fax:[phone]D O C U M E N T S
l’intérieur de l’île. C’est là que j’ai ren- matérielle, médicale, scolaire, dons de Les réalisateurs
contré les Pénans." terres communales, interdiction formelle
"lls m’ont accepté tout de suite. J’ai de chasser pour les "non-natifs", arrêt
Jan Röedbeaucoup appris d’eux. Je vivais avec des coupes dans un périmètre déterminé
Réalisateur et chef opérateureux, comme eux. Quand l’envie me pre- ensemble... Les Pénans levèrent les bar-
nait de m’isoler, je grimpais à un arbre rages. Et tout a recommencé comme
Né en 1956 dans la ville de Linkoping,et je regardais les étoiles." avant.
au sud de la Suéde. Diplômé d’éthnolo-"Nous n’avons pas la même expérience, Entre temps, le gouvernement a décrété
gie à l’Université de Stockholm. Janles mêmes références que les Pénans, je que toute opposition à l’exploitation de
Röed a produit de nombreux documen-devais pourtant vivre avec ça. Pour moi, la forêt serait considérée comme un
taires sur l’environnement et les ani-la jungle est ambivalente par nature. Le acte criminel passible de 6 000 dollars
maux pour la télévision suédoise. Il aParadis et l’Enfer en même temps. d'amende et de deux ans d'emprisonne-
reçu le Prix Italia de la photographieQuand je suis arrivé ici, j’en savais très ment.
dans la catégorie Ecologie en 1989.peu sur les Pénans. Ensuite, je rêvais Aucune des promess