Un monde parfait de Eastwood Clint
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Un monde parfait
A perfect worldF de Clint Eastwood
FICHE FILM
Fiche technique
USA - 1993 - 2h20
Réalisateur :
Clint Eastwood
Scénario :
John Lee Hancock
Musique :
Lennie Niehaus
Interprètes : T.J. Lowther (Phillip) et Kevin Costner (Butch)
Kevin Costner
(Butch Haynes) Résumé Critique
Clint Eastwood
Butch Haynes s'évade de prison, avec un La première image du film proposerait, si(Red Garnett)
codétenu qu'il n'apprécie guère. Au cours l’on n’y prenait garde, une idée de ce
Laura Dern
de leur cavale, il prend en otage un jeune «monde parfait», dans lequel une telle his-
(Sally Gerber) garçon de sept ans, Phillip. C'est avec l'en- toire n’aurait pas lieu d’être, comme le dira
fant seul que le fugitif poursuit sa course ensuite un des personnages : KevinT.J. Lowther
vers la liberté. Costner, dans le rôle de Butch, est allongé(Phillip Perry)
Au fil des heures, la complicité se resserre dans l’herbe, les yeux clos sur un rêve
Keith Szarabajka entre l'enfant et le criminel, lui-même ébloui de soleil; sur lui des billets verts
abandonné jadis par son propre père. s’envolent, tombés on ne sait encore d’où,(Terry Pugh)
du ciel peut-être où palpitent les pales d’un
Leo Burmester
hélicoptère.
(Tom Adler) Le destin de cet homme pourrait bien avan-
cer vers une fin heureuse, dans le mondePaul Hewitt
décrit avec complaisance par le cinéma(Dick Suttle)
américain de la dernière décennie; il pour-
Bradley Whitford rait aussi ressembler à celui des grands
héros marqués des années 40, le taulard(Bobby Lee)
fou de liberté et de rage de L’enfer est à
lui, le fuyard condamné à la clandestinité
désespérée de Je suis un évadé. Entre
ces deux solutions, Clint Eastwood, le réa-
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
lisateur, avait le choix, et des deux, il a clé où le pire est annoncé et semble iné- Ross Mac Donald, dans la dernière
pris ce qui pouvait servir sa cause et luctable; par son traitement, son interview qu’il ait accordée, en août
celle de Kevin Costner. Le fatalisme, la ambiance froidement macabre, la fièvre 1983, précisait : "La violence n’est pas
résistance, la violence, le désespoir, obsessionnelle et maladive du bandit- précisément mon thème. Il y a plus
I’espoir, le secret. exécuteur, cette partie évoque De sang grave que la violence. Enlever quelque
Eastwood-Costner, un duo explosif, dans froid, de Richard Brooks, où mieux que chose à un enfant, le priver d’un droit
la mesure où chacun a connu plusieurs nulle part ailleurs, sinon peut-être dans naturel. Je suis très concerné par la pro-
triomphes consécutifs. Le metteur en Tu ne tueras point ou Blood simple, tection des enfants."
scène Eastwood, bien que présent dans on ressent la certitude insupportable de Clint Eastwood ne dit pas autre chose
le film, demeure nettement en retrait l’horreur ordinaire, domestique. lorsqu'il explique pourquoi il a choisi de
par rapport à sa vedette, pas question Par cette simplicité d’intentions, avec la faire Un monde parfait : “L’histoire
de court circuiter l’impact du personna- précision du presque reportage, comporte des résonances très contem-
ge central. Dans le rôle de Red Garnett, Eastwood filme en orfèvre; on sait que poraines. Sur les familles désunies et
le policier chargé de poursuivre et son film a coûté très cher, pour un plus l’absence du père. A mes yeux, I’intérêt
d’arrêter Butch, Eastwood se montre grand confort de façonnage, et l’élégan- du film est de pouvoir présenter une
efficace, sobre, oubliant enfin de nous ce de sa mise en scène ressemble à ces topographie de nos problèmes actuels."
prévenir qu’il est "too old for this shit", costumes sur mesure où le luxe se devi- Et Un monde parfait fait immanquable-
trop vieux pour galoper, flinguer, casca- ne dans les matières, la coupe, la ment penser aux romans de Ross Mac
der, castagner, etc., comme il nous le sobriété; cette richesse se déploie dans Donald. L’action se situe en 1963, au
râbache depuis Le maître de guerre et les lumières, chaudes et naturelles, la Texas quinze jours avant l’assassinat du
jusqu’à Impitoyable. générosité des décors et le déroulement président Kennedy (symbole un peu
A sa manière, il repasse le flambeau à au cordeau d’une histoire intimiste où la lourd d’une Amérique à la veille de
plus jeune que lui, à Kevin Costner, dans complexité naît des caractères et des perdre son innocence). Ses deux mal-
un rôle qu’il aurait pu interpréter lui- sentiments (…) heureux "héros", en sont deux "mineurs"
même il y a quelques années. Voici un film de héros sans héros, sans en cavale. (La mineure en fugue est le
Costner avait, quant à lui, un défi à rele- qu’on puisse non plus qualifier d’anti- titre français d’un roman de Ross Mac
ver : ne pas détruire son image de bon héros le personnage de Kevin Costner, Donald.) L’un a huit ans et ne fait que
Américain, "Bodyguard" des valeurs car le comédien possède une telle aura suivre l’autre. Celui-ci est légalement
nationales, tout en renouvelant son héroïque pour son public qu’il est "majeur", mais comme il a été privé
répertoire. Le voici, dans un personnage presque inconcevable de l’imaginer en d’enfance, il réagit comme un gamin,
construit avec subtilité, à la fois attirant rebut de la société. Clint Eastwood en viscéralement, spontanément.
et repoussant parce que dangereux et laisse la décision au spectateur : celui Le fait qu’il soit un tueur n’enlève rien à
imprévisible. Comme certains bandits ou qui a péché peut-il se racheter ? Et si son innocence. Cette balade de Butch et
psycho-killers, il est habité par une non, le "méchant" le plus irrécupérable du Kid donne lieu à road movie plutôt
obsession qui remonte à sa propre ne peut-il malgré tout faire figure original, au rythme nonchalant. Une
enfance : il ne supporte pas qu’on bruta- d’homme, d’être humain à part entière? variation sur Honky tonk Man, qui
lise les enfants. Eastwood se démarque de ses racontait, lui aussi, le voyage d’un adul-
Ce trait de caractère, qu’on découvre au influences dans ce film clair et net, au te irresponsable et d’un enfant.
long du récit, permet de rassurer le Iyrisme soigneusement assagi; oublié François Guérif
spectateur, qui le haïrait sans retour si Leone et ses envolées baroques, calmée Clint Eastwood - ed. Ramsay 1994
le moindre doute était permis sur ses l’austérité asiatique à la Kurosawa,
relations avec le petit otage. Une fois I’auteur Eastwood a trouvé son style,
admise ou presque l’idée qu’il ne lui fera depuis longtemps déjà, mêlant la
aucun mal, on pourrait en revanche se réflexion cartésienne de Chasseur
désintéresser de l’homme: un méchant blanc, cœur noir au pessimisme
doit être vraiment ignoble, sinon son empreint de stoïcisme d’lmpitoyable,
rôle redevient héroïque, et le but du pro- offrant les courants de pensée du passé,
pos n’est pas atteint. alliés comme le ciel et la terre, à l’art le
Butch, délinquant depuis l’enfance, est plus vivant de notre vie : le cinéma.
Hélène Merrickcapable de tuer, on le saura assez vite,
Mensuel du Cinéma N°18 - juin 1994surtout au cours d’une longue séquence-
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suspense bonhomme, qu’il prolonge deLe dormeur du val Filmographie
façon désinvolte en répétant l’action
(marche arrière, puis marche avant), là
où Soderbergh s’appliquait à faire mon-
ter l’angoisse par un savant montage. Un frisson dans la nuit 1971Pour mettre en images ce scénario
De même l’évasion du début est menée (Play misty for me)presque trop charpenté, Eastwood choi-
avec une facilité rigolarde où l’on cher- L'homme des hautes plaines 1973sit une simplicité, une nonchalance qui
cherait en vain le héros tenace de (High plains drifter)font le prix du film. Il renonce aux effets
L’Evadé d’Alcatraz (Don Siegel, 1979). La sanction 1975de style, aux compositions léchées, aux
Ce film se déguste sereinement, mais (The eiger sanction)éclairages audacieux, bref aux préten-
avec une prescience de mort. Josey Wales, hors-la-loi 1976tions esthétiques qui caractérisent
Un prologue nous montre le pers

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