Viridiana de Luis Bunuel
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Description

Fiche technique du film " Viridiana "
Produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Viridiana ViridianaF de Luis Buñuel FICHE FILM Fiche technique Espagne - 1961 - 1h30 N. & B. Réalisateur : Luis Buñuel Scénario : Luis Buñuel Julio Alejandro Fernando Rey et Silvia Pinal Musique : Résumé Critique Le Messie de Haendel Requiem de Mozart Une jeune novice, Viridiana, est appelée au Enfin vint Buñuel. Les retrouvailles de Luis et chevet de son oncle malade. Quelques de sa terre natale, après trente ans d’absen- jours plus tard, celui-ci lui demande de ce, ont donné le film le plus explosif du festi- Interprètes : l’épouser. Elle refuse. Alors il la drogue et val et, pour moi, le meilleur de son auteur. Silvia Pinal lui fait croire, le lendemain matin, qu’il l’a (…) Il s’agit d’abord d’une violente satire possédée. Elle s’enfuit, mais elle n’a pas politique et sociale contre l’Espagne(Viridiana) encore quitté le village qu’elle apprend que d’aujourd’hui. Il s’agit ensuite d’illustrer cette Fernando Rey son oncle s’est pendu. Elle décide alors de morale individualiste que Buñuel, depuis son ne plus rentrer au couvent et de se consa- premier film, expose sans se lasser.(Don Jaime, son oncle) crer à la charité… La signification symbolique du film, sur le Francisco Rabal plan politique, n’est pas très difficile à saisir. (Jorge, son fils) Les mendiants représentent le peuple espa- gnol qu’une religion paternaliste laisse crou- Margarita Lozano pir dans la misère et que des capitalistes (Ramona, la servante) exploitent sans vergogne. Il y a une scène qui précise exactement la pensée de Buñuel, unVictoria Zinny montage parallèle entre les mendiants qui(Lucia, la fiancée de Jorge) récitent l’Angélus et les travailleurs qui Teresa Rabal reconstruisent le domaine. Et la fin même du (Rita, la fille de Ramona) film dépasse le simple plan érotique, pour signifier que le capitalisme se sert de la reli- gion et du peuple pour sa propre satisfaction. Mais, sur le plan de sa morale personnelle, L E F R A N C E 1 D O C U M E N T S Buñuel nous donne le film le plus puis- me. Le laid se change en beau. Cette té saisissante de l’image qu’elle suscite sant qu’il ait jamais réalisé. Jamais le scène restera comme l’une des plus (la Cène) et l’aisance hautaine et triom- blasphème contre la religion et les étonnantes réussites de cinéma poé- phale avec laquelle Buñuel piétine tout tabous sexuels n’ont été poussés aussi tique et délirant. Ne serait-ce que pour ce qui passe pour respectable. loin. Il y a même certaines images qui, elle, on pardonne à l’auteur les nom- Il faut voir encore avec quelle virulence réalisées par d’autres, passeraient pour breuses insuffisances de son œuvre. narquoise il caricature certains principes de la pornographie. Nous avons droit Jean Douchet chrétiens («Il faut pécher pour mieux se ainsi au coucher de la religieuse, puis au Cahiers du Cinéma n°126 Juin 1961 repentir après», dit un des mendiants, coucher de la mariée, puis au désir de la I’œil libidineux), avec quelle corrosive petite fille, dans un climat de démence ironie il monte en parallèle les men- érotique absolument incroyable. Je ne diants absorbés dans un Angélus borbo- parle pas de toutes ces images profana- rygmique et des images-chocs d’ouvriers toires, comme le crucifix qui est en réali- au travail. (…) té un canif ou la couronne d’épines que Viridiana n’est pas un des meilleurs Film splendide (visuellement) et démen- l’on fait brûler, etc. Pour Buñuel, la liber- Buñuel mais ceux qui (c’est mon cas) tiel, accompagné dans ses déborde- té ne peut être que totale et se doit de mettent l’auteur de Nazarin à l’un des ments par une partition de cantates de dénoncer avec violence et cruauté tout premiers rangs y trouveront des Bach et de Haendel (I’orgie, par toutes les hypocrisies. Le bien comme le voluptés qu’il est le seul à dispenser. Je exemple, se déroule aux accents du mal sont des notions fausses. D’où une ne parle pas de ce bestiaire buñuélien célèbre Alléluia), Viridiana prend une volonté perpétuelle d’ambiguïté. Chaque qui va de la tarentule au scorpion en place de choix dans la lignée des films- action est à la fois bonne ou mauvaise, passant (entre autres) par la poule fous de Buñuel, toujours semblables et selon l’angle sous lequel on veut se pla- domestique et le crapeau, je ne parle toujours différents. cer, et elle n’est jugée l’une ou l’autre, même pas de ces pieds et de ces chaus- Marcel Martin que parce qu’on obéit à des critères pré- sures qui le hantent, je pense à ces Cinéma n°57 Juin 1961 établis. En réalité, toute action est, et si séquences féroces et fascinantes qui elle est, c’est qu’elle doit être. Le bien peuplent ses films (meurtres, viols, cau- et le mal sont des notions religieuses et, chemars, etc.) et qu’il est le seul à pou- plus particulièrement, chrétiennes. Or le voir se permettre sans jamais tomber Christ est, de nos jours, inutile. C’était dans le ridicule ou le graveleux. Ici il déjà le sens de Nazarin, mais, dans nous offre un morceau de choix, une C’est I’un des films les plus surréalistes Viridiana, cela est dit avec une violen- scène d’ivresse orgiaque d’un groupe de et les plus fous de l’auteur de L’âge ce et une intensité encore accrues. mendiants dignes de Zurbaran, séquen- d’or et l’un des plus lumineusement Reste maintenant à juger le film. Hélas ! ce dont le clou mérite la peine d’être révélateurs quant à sa morale et à son je serai un peu moins enthousiaste que raconté. L’un des membres de cette pit- humanisme. Il faut souligner d’autre part beaucoup de mes confrères. Buñuel est toresque et inquiétante compagnie, une le caractère extrêmement visuel du film, un auteur, mais n’est pas un metteur en femme, annonce qu’elle va faire une à la fois par l’abondance des trouvailles scène ou, si l’on préfère, il ne l’est que photographie : tous se massent alors sur d’expression (dont bon nombre se pla- par intermittence. Il est trop attaché au l’un des côtés de la longue table en un cent directement dans la tradition sur- symbolisme pour s’effacer devant les groupe sculptural et figé qui évoque irre- réaliste), mais aussi par la beauté plas- choses. Ce qui explique cette lourdeur sistiblement la Cène : et pour prendre la tique de l’ensemble tout autant que par dans la façon de détacher certains «photo», la femme relève ses jupes en la simplicité souveraine et la nécessité détails, pour les mettre en relief. Et, dès un geste obscène qui déclenche les rires de la mise en scène. (…) qu’il n’a pas une scène démente et oni- homériques des ivrognes surexcités. Ce Seul Buñuel peut se permettre de traiter rique à développer, il devient gauche et qui fait pour moi le prix d’une telle un sujet aussi rocambolesque et aussi souvent ennuyeux. C’est ainsi que le scène, ce n’est pas son aspect blasphé- délirant sans tomber dans le ridicule ou milieu de Viridiana est d’une lenteur matoire pas plus que sa truculence un le graveleux. Chez lui, la violence désespérante. Chaque plan pèse une peu facile ; mais c’est le génie (je pèse incroyable du trait s’accompagne d’une tonne. Et, soudain, à partir du repas des mes mots) de Buñuel qui apparaît dans étonnante pudeur d’expression. Ceux qui mendiants, nous passons dans un autre un tel instant où tout laisse pantois : sont choqués devant ses films ne peu- monde. Tout devient irréel, léger, aérien. l’originalité de la trouvaille, la violence vent l’être par ce qu’il montre, qui reste Le grotesque à la Goya touche au subli- inouïe de son contenu «moral», la beau- toujours dans les limites de la décence L E F R A N C E SALLE D'ART ET D'ESSAI CLASSÉE RECHERCHE 8, RUE DE LA VALSE 42100 SAINT-ETIENNE 77.32.76.96 2 RÉPONDEUR : 77.32.71.71 Fax : 77.25.11.83 D O C U M E N T S au sens habituel du terme, mais par ce qu’on puisse vraiment aimer ses films Le réalisateur que ces situations et ces images impli- sans être d’accord avec ses idées. Peut- quent de vigueur corrosive et destructri- on les admirer, du moins ? Peut-être, ce sur le plan moral. Buñuel ne encore que la sympathie doive jouer recherche pas le scandale, il l’a maintes pour que soient compris sa vraie gran- fois proclamé. Mais il exprime dans cha- deur et comment son cynisme et sa cun de ses films un certain nombre de cruauté apparents cachent en réalité constantes éthiques qui définissent le une lucidité réelle et une profonde moraliste qu’il est. C’est-à-dire un confiance en l’homme. Buñuel n’est pas homme qui revendique la liberté psycho- un anarchiste logique et morale pour l’individu et qui assoiffé de destruction ni un gamin pour cela croit devoir lutter sans relâche rageur trop heureux de piétiner les jou- contre tout ce qui restreint l’autonomie joux intellectuels de ses voisins. C’est et les possibilités d’épanouissement : un grand moraliste social qui ne se fait Réalisateur mexicain d’origine espagnole, les tabous religieux, I’intolérance mora- pas d’illusions sur la nature humaine 1900-1983. le, I’obscurantisme social et tout ce qui mais qui a compris et nous fait com- Formé par les jésuites puis à l’université en découle, fanatisme, pharisaïsme, prendre (tout comme Brecht) que des de Madrid, où il fonda en 1920 un ciné- hypocrisie, superstition, sont sans cesse hommes sont trop souvent gangrénés club, il vient à Paris étudier à l’Académie battus en brèche dans ses films et qu’on par leurs conditions de vie et qu’il faut du cinéma. Il est assistant de Jean se souvienne d’El, de La vie criminelle réformer la société avant de pouvoir Epstein pour Mauprat et La chute de la d’Archibald de la Cruz, de Cela espérer transformer les hommes. En ce maison Usher. Associé au peintre s’appelle l’aurore de La mort en ce sens il est authentiquement révolution- Salvador Dali, il tourne un court métrage, jardin et de Nazarin. naire et c’est pourquoi il inquiète tant Un chien andalou, qui fait sensation Lorsqu’il met en scène la violence, ce les bien-pensants et les fait crier au (main pleine de fourmis, œil coupé au n’est pas par complaisance, c’est parce scandale et au blasphème a
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