Commerce équitable, du mythe au marché
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Commerce équitable, du mythe au marché

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Commerce équitable, du mythe au marché ’idée de « commerce équitable »,d’homme jusqu’au estLestimable. Mais de l’idée à la réalitéest sidéré par l‘écart si elle signifie la recherche d’uncentre de collecte en échange juste entre les individus,sacs de 60 kilos). On il y a loin. Elle est devenue une « nicheentre ces 141 cts commerciale » pour la grande distribu-(moins de 100 vont tion. Carrefour, Leclerc, Auchan, sontau paysan !) payés les « acteurs engagés » dans ce nobleaux coopératives, qui combat. Les géants de l’agro-alimen-doivent ensuite assu-taire et de l’agro-industrie, de Nestlérer les dernières opé-à Mac Do, en passant par Dagris, ontrations (enlèvement maintenant leur « ligne » de produitsdu « parchemin », tri, vendus sous ce qualificatif porteur, enemballage en sacs de partenariat avec les vendeurs de labels69 kg et achemine-du FLO (Fairtrade Labelling Organi-ment jusqu’auport), zations), Max Havelaar en tête. A enet les 700 cts mini-croire les dirigeants de ces entreprises,mum affichés sur le monde s’humanise à toute vitesse,les rayons. De fait, et il en a toujours grâce au petit sacrifice consenti parété depuis l‘invasion européenne, le les bons citoyens-consommateurs-ac-système économique des pays du Nord teurs que nous sommes. Sur un caddycontinue de rafler la plus grande part du bourré de produits suremballés, degâteau, quelles que soient les bonnes l’indispensable au moins utile, à côtépetites,« intentions » des entreprises des pâtes « premier prix » destinées aumoyennes ou grosses du « commerce stand des«Restos du coeur », on peutéquitable ». désormais ajouter le thé, le chocolat ouOn peut objecter que ces acheteurs le café qui permettra à des « petits pro-« équitables » s’engagent à payer un ducteurs » de vivre enfin « dignement »surprix de 5 cents si les cours de la de leur travail. Rien que cela. Pourtant,bourse de New York dépassent 126 cts si l’on regarde de près, les chiffres sont(pour l’arabica « traditionnel ») ou 141 moins flatteurs. Voyons l’exemple ducts pour le certifié « bio », et que par café, de très loin le premier poste mon-ailleurs la garantie d’un prix fixe permet dial du commerce équitable.aux producteurs de ne pas craindre une D’abord, les prix fixés unilatérale-baisse brutale des cours... ment par le FLO n’ont pas bougé enMais, tandis que les frais des produc-quinze ans. Payé aux coopératives 1,41teurs ne cessent d’augmenter (essence, US$ la livre (anglaise), soit environ 3alimentation, médicaments, coût des dollars le kilo, le café certifié équita-certifications « bio » et « équitable »), ble et « bio » récolté au Mexique et enles prix du FLO stagnent... Et sur le 1 Amérique Centrale...est revendu 15,terrain, quand la bourse monte, il ar-voire 18 et 20 dollars sur les marchésrive que les négociants, qui d’ordinaire du Nord. Alors que le travail de loinpaient en-dessous des cours officiels, le plus pénible revient aux paysans :achètent au-dessus, mettant à mal les plantation, entretien (exigeant pour lecoopératives liées par contrats avec les café organique), cueillette, dépulpage,acheteurs de l’équitable. En 2005 et fermentation, séchage, livraison à dos2006, cette situation s’est répétée, les
Les déboulonneurs de pub vont-ils aussi débarquer à Toulouse ?
ls sont une quarantaine ce jour-là à I Rouen, une fanfare les accompagne. Le groupe est joyeux. Subitement deux échelles sortent de nulle part et deux activistes écrivent, sur des panneaux publicitairesde 4x3 m, à la bombe de peinture aérosols, d’épais graffitis du genre : « Pub = matraqua-ge », « La pub fait dé-penser », « Pub = pollution visuelle », « Nous, vous, d1es cibles ? »… Des tracts sont distribués aux passants et aux automobilistes pour qu’ils puissent tranquillement
comprendre ce dont ils sont les témoins. D’ailleurs la quasi majorité approuve l’action antipublicitaire en adressant des mots de sympathie. Comme chaque mois, cette action non-violente de désobéissance civile contre l’invasion publici-taire a été préparée. Le Collectif des déboulon-neurs, qui intervient ainsi à Lyon, Paris, Rouen, Lille, La Rochelle, Montpellier ou ailleurs, prend toujours soin de prévenir la presse pour ce type d’action spectaculaire. Non seulement ces activistes non-violents s’opposent à l’invasion publi-citaire mais en plus ils militent pour un changement de la loi,car, expliquent-t-ils dans leur Manifeste, ils ont l’intention de continuer à barbouiller ainsi des pan-ème neaux, chaque 4vendredi du mois ou le samedi/dimanche suivant, tant qu’une loi ne sera pas votée ramenant
négociants offrant 22, voire 25 pesos le 2 kg, alors que les coopératives, dans le meilleurs des cas (si leurs dirigeants ne sont ni corrompus ni surpayés !), paient 3 entre 16 et 18 pesos. Au-delà de ce déséquilibre flagrant, il ne faut pas perdre de vue le pro-blème essentiel pour les populations paysannes du Sud. Bien plus qu’aux fluctuations de la bourse, il est lié à la 4 difficulté d’accès aux terres agricoles, à l‘utilisation de ces dernières pour des fins d’exportation et de production in-dustrielle, à de véritables politiques de destruction des campagnes... Pour ces raisons, notre association a établi depuis plusieurs années un contact régulier avec des coopératives de caféiculteurs zapatistes du Chiapas. Face aux méfaits du commerce clas-sique et « équitable », nous estimons que la seule possibilité de construire un échangesolidaire avec ces villages passait par des réseaux s’inspirant, du moins en partie, de leur propre expé-rience. Sans rémunération autre que 5 pour les tâches de transformation, l’utilisation de liens préexistants de circuits courts et directs entre paysans
L E SC A H I E R S. . .
de notre région, ainsi qu’entre ruraux et urbains, nous permet, tout en achetant à un prix égal ou supérieur à celui du commerce équitable (environ 160 cents la livre), de retourner en plus quelques 280 cents par livre de café distribué Jean-Pierre Petit-Gras Pour plus d’information,pour con-tacter le réseau, écrire sur Toulouse à Mut Vitz31(mut.vitz31@laposte. net), ou dans le Tarn à Américasol (americasol@abri.org). Proposition de lecture,« Les coulisses du commerce équitable » de Christian Jacquiau (éditions des Mille et une Nuits, 2006).
1) Le prix, payé F.O.B., sur le port, est encore inférieur en Amérique du Sud. Source: Max Havelaar. Tasse d’info, no. 11, Juin 1997, p. 3. 2) Il s’agit ici du kg de café “per-gamino”, avant le “beneficio seco” consistant à débarrasser le grain de sa dernière enveloppe et à le trier. 3) Soit environ de 160 à 180 cents de dollar le kilo (et non la livre...) 4) Au Brésil par exemple, 1,6% des
la taille maximale des affiches à celleactuelles, car il faudrait s’approcher pratiquée pour l’affichage associatifde ces panneaux de 2m², placés par à Paris (50x70 cm), sur des panneauxexemple le long de murs aveugles, de 2m² maximum, limités en fonctionsi l’on a envie de lire des pubs. En du nombre d’habitants par commune.d’autres termes, les déboulonneurs ne sont pas contre toute forme de publicité, ils veulent seulement qu’elle soit remisée à une juste place, pour qu’elle ne soit plus agressive pour les citoyens et des-tructrice pour l’environnement. La police déboule le plus sou-vent lors des actions mensuelles des déboulonneurs. Elle est accueillie en toute non-violence, dans le plus strict respect de chacun. Les barbouilleurs se font arrêter. Comme les autres mani-festants n’ont commis aucun délit, dessin : Etienne Lecroart il ne leur ait rien demandé, mais « Atteindre cet objectif précis et limitécombien leur présence est impor-constituera une première brèche danstante pour que l’action ait de l’impact, le système publicitaire », peut-on lirenotamment auprès des médias. Au 2 dans ce même Manifeste . On ne se-poste, les désobéisseurs signent avec rait plus ainsi agressé par les affichesdélectation la déposition qui stipule
j o u r n a ld el ’Alt e r n at i v ee nMi d i -Py r é n é e s
« Aucun centralisme fasciste n’a réussi à faire ce qu’a fait le centralisme de la société de consommation »
Pier Paolo Pasolini
propriétaires possèdent 50% des terres. Dans l’Etat du Chiapas, au Mexique, les chiffres sont du même ordre. Et il en va de même pour la plupart des régions du “ Tiers Monde ”. 5) Ces tâches concernent la torré-faction, la mouture et l’ensachage, principalement. Dans les coopé-ratives zapatistes, les présidents et leurs assesseurs sont désignés par les autres membres de l’orga-nisation. Ils ne sont pas rétribués, puisque leur vie sociale échappe aux rapports marchands, et peuvent être révoqués à tout instant. Par contre, leur famille est aidée par les autres membres de la communauté pour les travaux dans la milpa (champ de maïs) ou la plantation de café.
leur dégradation commise sur des biens publics. Et quand le Parquet ou un afficheur les poursuit devant les tribunaux, cela se termine en procès, ce qui a le mérite d’alimenter le débat public sur les méfaits du système publicitaire. La force des barbouilleurs est d’agir toujours à visage découvert et d’être responsables de leurs actes de dégradation devant la police et les tri-bunaux. Jusqu’à maintenant les bar-bouilleurs n’ont eu que des amendes avec sursis, mais il est recommandé de bien se renseigner auprès de la Coordination nationale du Collectif des déboulonneurs sur les risques 2 qu’encourt tout barbouilleur . Un groupe local du Collectif des débou-lonneurs est en train de se constituer à Toulouse, il va se lancer prochai-nement dans l’action mensuelle de 3 barbouillage. Qu’on se le diseet que la fête soit belle !
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