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Langue Français
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Extrait

Le dossier Thur et Doller
Écologie
L’hôtel restaurant 100 % bio
de Philippe Battmann à Masevaux
« Je me brosse
les dents avec
du bicarbonate
de soude »
S’il a banni tous les produits
chimiques de son hôtel restau-
rant, Philippe Battmann n’en
utilise plus non plus à titre per-
sonnel.
« Il y a quelques années, je
souffrais d’un eczéma de
contact dont je n’arrivais pas à
me défaire. Il me provoquait
des brûlures et des gerçures aux
mains. Je me suis aperçu que
— comme dans tous les mé-
tiers de la restauration — j’utili-
sais en cuisine un savon bacté-
ricide, un produit contenant du
triclosan », r
aconte Philippe
Battmann.
Estimant que ce produit chloré,
agent antifongique et antibacté-
rien, pouvait être à l’origine de
ses démangeaisons, il le rem-
place par du savon de Marseille.
« Et puis, en m’intéressant à la
composition des produits d’hy-
giène que j’utilisais tous les
jours, j’ai remarqué que ce tri-
closan était également présent
dans mon dentifrice, dans mon
déodorant, dans le talc qu’on
met sur les fesses rougies des
enfants ! »
Résultat :
« Désormais, je me
brosse les dents avec du vi-
naigre et du bicarbonate de
soude, par alternance un jour
sur deux. Je me lave les cheveux
avec du savon de Marseille,
rincé au vinaigre blanc et j’uti-
lise de la pierre d’alun comme
déodorant ».
Ça va loin !
Pour
certains,
la
révélation
est
religieuse.
Chez
d’autres
comme
Philippe
Battmann,
hôtelier
restaurateur
à
Masevaux
elle
est
environnementale.
Militant
mais
pas
intégriste,
faisant
plutôt
appel
au
bon
sens
qu’au
dogme,
il
applique
une
démarche
exemplaire
reproductible
dans
tous
les
foyers.
Foie gras d’oie poêlé à la rhu-
barbe, croustille d’asperges au
saumon « label rouge », joues
de porc mijotées à la bière am-
brée. La carte de l’Hostellerie al-
sacienne, à Masevaux, propose
quelques fort jolies choses.
«
J
e
me suis dit que j’étais capable
de faire du bon. Alors pourquoi
pas aussi du sain ! »
La prise de
conscience de Philippe Batt-
mann sonne comme une évi-
dence. Pourtant, dans la pra-
tique, la mise en œuvre relève
du parcours du combattant.
« Un œuf bio, comme ceux que
j’utilise, coûte 28 centimes
alors qu’un œuf de batterie re-
vient à 7 centimes. Soit quatre
fois moins cher ! Je n’ai pas de
compassion particulière pour
les poules, mais quelle peut être
la qualité d’un œuf pondu par
un animal qui vit dans un es-
pace plus petit qu’une feuille
A
4
?
»
Supprimer les produits
industrialisés a conduit l’hôte-
lier restaurateur de Masevaux à
opérer une sélection drastique
parmi ses fournisseurs.
La farine vient par exemple de
chez Fernand Krust, à Bern-
willer ; le lait cru de la ferme du
Holzschlag à Dolleren et les
fruits et légumes d’un maraî-
cher pratiquant l’agriculture
biologique, à Reppe (90). Le
souci environnemental s’ac-
compagne donc d’une dé-
marche de proximité. Revers de
la médaille : le bio coûte cher.
« Pour un restaurateur, ne tra-
vailler qu’avec des produits bio
serait économiquement suici-
daire »
.
Le salut grâce
au « fait maison »
Philippe Battmann a dû s’adap-
ter : il fait le maximum de
choses lui-même.
« Cela nous
autorise à acheter des produits
de base plus cher. »
Depuis les
petits gâteaux servis avec le
café, jusqu’aux confitures pro-
posées au petit-déjeuner, en
passant par les yaourts, les
glaces, le pain… Tout est fait
maison.
« Toutes ces petites
choses font que ma cuisine est
différente. Ma crème anglaise,
par exemple, est plus jaune, car
mes œufs sont bio. »
Cette démarche d’excellence en
cuisine
s’est
accompagnée
presque naturellement d’une
réduction des déchets.
« Nous
sommes passés de 4 m
3
de dé-
chets par semaine à 150 litres
par semaine. Tout est lié, les
produits que j’achetais avant
étaient emballés dans des car-
tons, des sachets. Désormais,
j’emmène mes cageots vides
chez le maraîcher. Je les ré-
cupère pleins ! »
L’exemple du
lait est lui aussi remarquable :
« Auparavant,
j’allais
jeter
trente briques de lait vides à la
déchetterie. Maintenant, trois
fois par semaine, le fermier
avec qui je travaille me dépose
un bidon de 10 litres que je
réutilise ».
Envie d’être
plutôt que d’avoir
L’Hostellerie alsacienne em-
ploie sept personnes (quatre en
cuisine, deux en salle et une au
service d’étage). Les choix de vie
du patron n’impliquent donc
pas que sa seule personne !
« J’ai pris énormément de
risques en changeant de philo-
sophie. Mais je ne m’en porte
pas
plus
mal.
Bien
au
contraire ! »
Et Philippe Batt-
mann de conclure :
« Aujour-
d’hui, je m’interdis de partir en
Égypte pour 350 euros, de faire
1000 km en voiture pour aller
en vacances. L’envie de rouler
en voiture de sport m’est
passée. C’est une philosophie
qui ne me convient plus. Désor-
mais, j’ai d’avantage envie
d’être que d’avoir ! »
Édouard Cousin
Philippe
Battmann :
« J’ai
pris
énormément
de
risques
en
changeant
de
philosophie.
Au
final,
je
ne
m’en
porte
pas
plus
mal.
Bien
au
contraire ! »
Photos
É.C.
La
facture
d’électricité
réduite
de 7000
à 3000
euros
par
an,
celle
de
gaz
de 3000
à 1500
euros,
celle
des
produits
d’entretien
de 6000
à 2000
euros…
Philippe
Battmann
fait
non
seulement
mieux,
mais
aussi
pour
moins
cher !
En 2005, alors que sa chaudière
au fuel s’apprêtait à rendre
l’âme, Philippe Battmann a
commencé à prospecter pour
trouver un matériel de rempla-
cement.
« Par sensibilité, je
souhaitais intégrer la dimen-
sion environnementale à ma ré-
flexion. J’ai alors découvert les
chaudières à granulés bois et je
me suis rendu compte qu’il
était simple de "bien faire" ».
L’hôtelier restaurateur n’est pas
du genre à faire les choses à
moitié. Il complète son installa-
tion par la pose de 9 m² de pan-
neaux solaire qui assurent une
partie de la production d’eau
chaude sanitaire.
L’établissement, qui utilisait
10 000 litres de fioul par an,
n’en consomme donc plus du
tout.
« Outre le fait que nous
avons diminué les rejets pol-
luants dans l’atmosphère, le
passage au bois et au solaire
nous a permis de faire une éco-
nomie de 40 % par rapport à
notre facture annuelle de
fioul ».
Des économies substan-
tielles ont aussi été faites sur
l’eau, le gaz et l’électricité.
La facture annuelle d’électricité
a été réduite de près de 60 %
grâce à une foule de petites ac-
tions : utilisation d’ampoules à
faible consommation, suppres-
sion de trois congélateurs sur
six grâce à l’appertisation (les
bocaux de nos grand-mères) qui
ne nécessitent pas de froid pour
conserver les aliments. Achat
d’un mini four de 2 kW, suffi-
sant pour le service du soir.
Mise hors service du lave-vais-
selle qui consommait 5 kW.
« Nous faisons maintenant la
vaisselle à la main. Ce choix à
une dimension sociale puisque
nous avons embauché une per-
sonne à la plonge ».
La facture annuelle de gaz a
aussi été réduite grâce à l’utili-
sation plus rationnelle du
« piano », le grand fourneau de
cuisine. Une petite partie de la
puissance de chauffe est uti-
lisée en permanence. Les feux
vifs prennent le relais pendant
les « coups de feu ». Par
ailleurs,
« le fait de mettre des
couvercles sur toutes nos casse-
roles a accéléré la montée en
température d’un facteur 4 et a
diminué d’autant la consom-
mation de gaz. »
Halte au gaspi
Enfin, la consommation an-
nuelle d’eau a été ramenée à
500 m
3
, contre 900 m
3
en
2005. Grâce, par exemple, à une
baisse de la pression à 2,5 bars
contre 6 bars auparavant. Une
pompe de circulation de l’eau
chaude a aussi été installée.
Enfin, en cuisine, avant chaque
service, un bac de 40 litres
d’eau froide est posé sur la
plaque en fonte du « piano ».
Elle se réchauffe sans « tirer »
sur le réseau et sert à tout le ser-
vice du midi.
É.C.
Une démarche responsable mais
aussi économiquement viable
Le
déclic,
pour
Philippe
Battmann,
s’est
produit
quand
il
a
remplacer
sa
chaudière
au
fioul.
Il
a
alors
choisi
les
granulés
bois.
Hôtel deux étoiles, labellisé
deux cheminées auprès des
Logis de France, l’établisse-
ment répond à un certain stan-
ding. Ce qui n’est nullement in-
compatible avec une pratique
« propre » du métier d’hôtelier
restaurateur.
« Supprimer les détergents, les
adoucissants, les dégraissants
et tous les produits chimiques…
C’était un pari énorme. Un peu
fou même ! »
Car, bien en-
tendu, il n’est pas question que
les serviettes du restaurant, ou
les
taies
d’oreillers
des
chambres, ne soient pas impec-
cables. Et elles le sont. Explica-
tion du procédé :
« Pour la les-
sive, nous utilisons des cristaux
de soude, du savon de Mar-
seille, de la cendre de bois et,
comme adoucissant, du vi-
naigre d’alcool ! »
De la cendre pour laver le
linge ?
« Oui, je récupère la
cendre de la chaudière à gra-
nulés bois. J’en remplis un
demi-seau. J’y ajoute de l’eau. Je
laisse reposer 24 heures puis je
filtre. Le liquide obtenu, conte-
nant beaucoup de potasse, rem-
place la lessive dans la machine
à laver. »
Seul petit souci, la
technique ne convient pas au
linge parfaitement blanc.
« Pour la vaisselle, que nous fai-
sons à la main, nous mélan-
geons 1 kg de cristaux de
soude, 150 g de bicarbonate de
soude, quelques gouttes d’huile
essentielle de citron et 10 litres
d’eau. Coût de la préparation :
environ 1,50 euro ! »
C’est éco-
nomique donc, mais aussi éco-
logique
« Il n’était pas question
que l’on rejette des produits chi-
miques dans le réseau d’eaux
usées ».
Le reste est à l’avenant : vi-
naigre d’alcool pour les vitres,
cristaux de soude, bicarbonate,
vinaigre, eau et huile essentielle
pour les postes de travail, le car-
relage et toutes les surfaces en
cuisine.
Les cendres de la chaudière
dans la machine à laver le linge
En
cuisine,
plus
aucun
détergent
mais
du
vinaigre
blanc
et
des
cristaux
de
soude.
F
La maison natale d’Émile Jung
Pour
la
petite
histoire,
l’établissement
dirigé
aujourd’hui
par
Philippe
Battmann
a
vu
naître
et
grandir
l’un
des
cuisiniers
d’Alsace
les
plus
titrés.
C’est
en
effet
à
l’Hostellerie
alsacienne
qu’Émile
Jung,
le
chef
du
célèbre
Crocodile,
à
Strasbourg
(trois étoiles
au
Michelin)
a
vu
le
jour.
C’est
aussi
qu’il
a
fait
ses
débuts
derrière
les
fourneaux,
dans
l’établissement
alors
dirigé
par
ses
parents.
Dernière
anecdote,
c’est
dans
cette
même
maison
qu’a
été
installé,
en
1955,
le
tout
premier
poste
de
télévision
de
Masevaux.
Le patron de l’Hostellerie
alsacienne a créé un site
internet grâce auquel il
présente son établissement,
ses chambres, sa carte, mais
qui lui permet aussi d’explique
sa démarche
environnementale. Pour y
accéder, cliquer sur la rubrique
« Philosophie » du menu de la
page principale.
http://perso.orange.fr/
hostellerie.alsacienne/
Sur internet
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