ÉLABORATION D'UN PROGRAMME DE SUIVI ÉCOTOXICOLOGIQUE
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ÉLABORATION D'UN PROGRAMME DE SUIVI ÉCOTOXICOLOGIQUE

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ÉLABORATION D’UN PROGRAMME DE SUIVI ÉCOTOXICOLOGIQUE Colin C.D.Tingle1 Grantet F.2 Natural Resources Institute, University of Greenwich at Medway, Central Avenue, Chatham Maritime, Kent ME4 4TB, Royaume-Uni.
1
Le suivi et l’évaluation écotoxicologiques sont des tâches qui nécessitent une bonne qualification; elles requièrent la connaissance et l’étude d’un ensemble complexe de problèmes étroitement liés. C’est un travail qui réclame beaucoup de temps, qui mobilise souvent une équipe complète, de nombreux équipements et dont les coûts peuvent rapidement devenir prohibitifs. Établir des objectifs clairs et raisonnables avant le démarrage du travail sur le site permettra donc de limiter les dépenses et d’obtenir des résultats scientifiques solides. Dès les premières étapes du travail, il est indispensable de définir ce qui doit et peut être fait, le type d’assistance requis et les tâches qui ne sont pas indispensables. Il s’agit de passer au crible le programme proposé d’application de pesticides ou de dépister les émissions éventuelles de ces produits, ainsi que les contaminations accidentelles. Les programmes de lutte contre les ravageurs en sont les sources les plus probables et ils nécessitent un suivi environnemental. Cependant, tout déversement accidentel ou autres incidents de contamination par les pesticides sont traités selon les mêmes grands principes décrits dans ce qui suit. Ce chapitre décrit les étapes de planification et de conception d’un programme de suivi permettant d’évaluer les impacts de l’utilisation de ces produits en zones tropicales. Il aborde tous les thèmes importants qui requièrent une attention particulière, met l’accent sur la conception du travail sur le site, mais donne également des indications aidant à l’évaluation des risques. Ce chapitre permet de déterminer si un suivi est nécessaire et pour quel type de faune; il présente les résultats obtenus et se conclut par un exemple concret qui accompagne le lecteur au cours de chaque étape du processus. EXAMEN APPROFONDI DES PROGRAMMES DE LUTTE CONTRE LES RAVAGEURS Le but de cet examen est d’expliciter les dangers et les risques présentés par l’utilisation des pesticides: identifier les espèces, les ressources ou les systèmes exposés et évaluer, pour chacun de ces cas, l’amplitude, la durée et la signification de ces dangers.Cette étude s’appuie, pour un milieu écologique donné, sur la compréhension du traitement proposé (calendrier d’application, dose appliquée, échelle), de la nature du produit chimique utilisé, des études écotoxicologiques existantes et des biotopes concernés. Certains risques sont quantifiables (voir Chapitre ‘Évaluation des risques’), d’autres non, l’évaluation sera donc inévitablement subjective. Cependant, les opérateurs devront, autant que faire se peut, faire preuve d’objectivité et les éléments subjectifs devront être reconnus comme tels. Une évaluation basée sur des critères biologiques, sociaux et économiques permettra de renforcer l’objectivité de l’étude. Une étude documentaire, confortée par l’avis d’experts techniques, et une visite de la zone de traitement sont indispensables pour finaliser cette étape. Le chapitre ‘Évaluation des risques’ traite de la manière dont doivent être appréciés les impacts négatifs potentiels d’un pesticide sur une vaste gamme d’organismes et de mécanismes écologiques. En général, la décision d’engager ou non un suivi dépendra de l’endroit où le produit sera utilisé. De nombreux types de milieux peuvent être soumis à un traitement avec des pesticides. Les zones classifiées au niveau international seront soumises à la législation au niveau national et les interventions pourront nécessiter une Étude d’impact sur l’environnement (EIE). Les Zones écologiquement sensibles (ZES) qui ne bénéficient d’aucune protection peuvent être soumises à un traitement par des pesticides sans qu’il soit besoin d’une EIE, mais un suivi environnemental des organismes non cibles est crucial dans de telles zones. Les réserves naturelles strictes et scientifiques, les parcs nationaux, les monuments naturels et les résidences des communautés humaines autochtones doivent être préservés de l’utilisation de produits chimiques toxiques, mais les zones ne bénéficiant que d’une classification nationale peuvent cependant être soumises à un tel traitement. Comme pour les zones protégées au niveau international, l’EIE permettra d’évaluer la nécessité d’un suivi dans les zones soumises à la législation nationale. Les zones non classifiées et non protégées (forêts, zones humides ou zones agricoles) sont les plus susceptibles d’être traitées avec des pesticides. La nécessité d’effectuer le suivi de ces produits doit alors être étudiée au cas par cas, mais, en général, le suivi doit être mis en œuvre, à moins que le risque auquel la faune et la flore et l’environnement seront confrontés soit négligeable.
1Adresse: 9 Norman Avenue, Henley-on-Thames, Oxon RG9 1SG, R-U. tc09@gn.apc.org/colin.tingle@thenrgroup.net 2Adresse: Cybister Environmental Protection, Oak House, South Street, Boughton, Kent ME13 9PE, R-U. ian.grant@cybister.plus.com
6 C . T i n g l e e t I . G r a n t Lors d’une application de pesticides sur des zones où la législation nationale n’impose aucune EIE, la décision d’effectuer le suivi d’un traitement particulier doit prendre en compte de nombreux facteurs. Certains de ces facteurs sont mentionnés au Tableau 1.1. Le suivi écologique est essentiel quand des populations et des mécanismes écologiques clés sont confrontés à un risque significatif dû aux traitements avec des pesticides. Les situations touchant des espèces en danger critique d’extinction ou rares (Tableau 1.1), des fonctions écologiques ou des espèces clés doivent faire l’objet d’un suivi. Il existe peu de situations où il est possible d’affirmer en toute sérénité que le suivi n’est pas nécessaire, même quand les espèces sont abondantes, car les facteurs culturels et économiques présentant une signification locale doivent être pris en compte. La prise de décision dépend alors plus étroitement des résultats de l’évaluation des risques, un outil de prévision décrit plus loin dans ce chapitre.
Tableau 1.1 Facteurs à examiner lorsque l’on évalue la nécessité d’effectuer le suivi des impacts potentiels sur la faune et la flore Espèces/ressources exposées Impact potentiel État de la ImportanceImportance Importance population écologiqueculturelle économique Espèces en danger Espèces clés, Espèces phares, bien Impérative. Extinction. critique d’extinction, écologiquement connues du grand exposées à un risque et possédant publicimportantes pour d’autres d’extinction extrêmement grande uneespèces OU cruciales élevé dans la nature et dans culturelle.pour des mécanismes importance un futur proche.écologiques clés. En danger,exposées à un Élevée.Significatives pour de grande valeur, A risque élevé d’extinction pour importantenombreuses autres dans la nature et dans un aspectsespèces OU fonctions certains futur proche.écologiques. culturels humains. Vulnérables,susceptibles de Modérée. sans importantes, PeuPeu importantes, pertes passer dans la catégorie ‘En pour lesinsignifiantes pour la signification danger’ à moyen terme. groupes culturelscomposition en espèces de l’habitat et pour les majeurs. fonctions écologiques. Potentiellement menacées, Inconnu. Faible. susceptibles de passer dans la catégorie ‘Vulnérables’. Rares,non encore vulnérables, mais dont les populations dans le monde sont peu nombreuses et sont donc menacées de ce fait. Non menacées,ne présentant pas de risque d’extinction à moyen terme. Abondantes,communes et largement répandues. Classification des catégories de population selon l’UICN.
Déclin de la population. Mort des adultes. Mort des immatures. Échec de la reproduction. Problèmes sanitaires. Retard de croissance. Changement dans la physiologie. Changement dans le comportement.
É l a b o r a t i o n d ’ u n p r o g r a m m e d e s u i v i é c o t o x i c o l o g i q u e 7
Le suivi des effets sur la santé humaine est normalement crucial quand les personnes entrent en contact direct avec les pesticides. Les effets de ces produits sur la santé humaine ne sont pas traités dans ce manuel. Les méthodologies utilisées par LOCUSTOX pour déterminer l’exposition à laquelle sont confrontés les opérateurs de pulvérisation ou tout autre personne impliquée dans la lutte antiacridienne sont disponibles dans la littérature (Mullieet al et Mullie,., 1998; Dossou 1998). Un excellent guide est également proposé à ce sujet par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Suivi environnemental, consultation des parties prenantes et définition des politiques Considérant l’engagement pris par les pays membres des Nations Unies dans le cadre de l’Agenda 21 d’utiliser des méthodes de lutte contre les ravageurs respectueuses de l’environnement (CNUED, 1992), l’étude continue des impacts des pesticides sur l’environnement devrait devenir la norme. Ces études serviront alors de base pour développer et amender les politiques portant sur l’utilisation des pesticides. Cependant, l’établissement de politiques efficaces nécessite plus que de simples données scientifiques. Ainsi, lors d’une étude portant sur une utilisation des pesticides à grande échelle, il sera nécessaire d’impliquer toutes les parties prenantes dans les discussions pour définir l’étendue de l’étude, cerner les centres d’intérêt, cibler les espèces à étudier et établir les paramètres et indicateurs d’impact. Le but général d’un travail de terrain est de lever tout doute subsistant encore après l’évaluation des risques et de s’assurer que les mesures d’atténuation des impacts sont efficaces. Les résultats du travail de terrain doivent être utilisés pour établir les politiques futures qui portent sur le suivi de la lutte contre les ravageurs. Les opérations de suivi ont, par le passé, principalement pris en compte les données scientifiques, en négligeant les éléments socio-économiques. Le dialogue n’a donc pas pu s’établir entre les scientifiques et les autres parties prenantes, au plus grand mécontentement de tous. Il est donc recommandé d’initier, en amont de tout projet de suivi d’impact, une consultation des parties prenantes. Les ONG, les instances gouvernementales, les organismes locaux, les groupes de fermiers, les individus ou les entreprises doivent être impliqués afin de refléter toutes les opinions. C’est de cette manière que sera limité le risque d’aboutir à des politiques inefficaces et mal adaptées. Le détail de la consultation des parties prenantes n’est pas traité dans ce manuel, mais les responsables de tout programme de suivi environnemental doivent garder à l’esprit que cette étape est capitale pour l’intégration de leurs résultats dans le contexte politique (Royal Society, 1997). Les experts en sciences sociales sont à même de fournir des indications sur la manière d’impliquer les parties prenantes. PHASE DE PLANIFICATION Analyse de la situation La première étape consiste à cerner et à décrire le problème (potentiel). C’est à cette étape qu’il convient de considérer une vaste gamme de facteurs. Les indications et le diagramme des tâches qui suivent sont fournis pour permettre d’analyser une situation spécifique vis-à-vis des pesticides utilisés. Le diagramme des tâches est un outil précieux pour définir le processus adéquat (Figure 1.1). Dans l’exemple donné, un insecticide organophosphoré doit être pulvérisé sur ou à proximité de masses d’eau. Le diagramme mentionne les questions à poser à propos du type d’organophosphoré utilisé, des paramètres d’application, des dates de pulvérisation envisagées et du type de masse d’eau touchée. Dans ce cas, il s’agit également de déterminer si la masse d’eau a une valeur économique ou une valeur de conservation pour les espèces. Le problème est de savoir si le pesticide organophosphoré contaminera l’eau et si oui, s’il en résultera un effet négatif sur les invertébrés et/ou les poissons, avec des effets indirects dans la chaîne alimentaire.
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Étude documentaire Avant d’organiser le travail de terrain, il est conseillé de mener une étude documentaire comportant la collecte des données pertinentes, à partir de sources bibliographiques et auprès des institutions locales. Ces données doivent couvrir tous les aspects présentant un intérêt pour l’étude: l’écologie de la zone, comprenant les listes des espèces endémiques, rares et protégées; l’écotoxicologie du pesticide dans un même environnement (ou un environnement similaire); physicochimiques et autres caractéristiques du pesticide, sa formulation, incluant sa solubilité dansles propriétés l’huile/l’eau, sa rémanence et sa capacité de bioaccumulation dans le sol, l’eau ou les tissus animaux et végétaux. L’analyse des données issues de cette étude documentaire permet de définir, grâce à un rapide processus de sélection, les risques et dangers potentiels auxquels l’utilisation des pesticides expose la faune auxiliaire et autres organismes non cibles, y compris les humains. Cette évaluation permet de déterminer l’intérêt du programme de suivi et, en cas de réponse positive, permet de définir le type de (nouvelles) données primaires à collecter (sur le terrain). Formulation des hypothèses L’étape suivante consiste à formuler une hypothèse basée sur la connaissance des impacts possibles du ou des pesticides. Il en résulte l’établissement d’une relation entre le pesticide et son impact perçu (voir Figure 1.1). L’hypothèse est ensuite inversée pour produire unehypothèse nulle(à réfuter) qui consiste à penser le contraire de l’hypothèse de base: il n’existe aucune relation entre les variables spécifiques évaluées. Afin d’éviter de possibles biais dûs aux choix humains (conscients ou inconscients), la rigueur scientifique conseille, pour obtenir un travail de meilleure qualité, de réfuter l’hypothèse nulle au lieu de prouver l’hypothèse proposée. Si l’étude documentaire des impacts soulève plus d’un problème, il peut s’avérer nécessaire d’établir plusieurs hypothèses nulles, dans la mesure où elles restent claires et concises. Sinon, plus d’informations que nécessaire risquent d’être collectées, entraînant un gaspillage de temps et de ressources. Avant de planifier le travail de terrain, l’analyse des problèmes doit être revérifiée; c’est un point crucial qui peut permettre d’éviter la collecte d’informations qui s’avèreront inutiles. ÉVALUATION DES RISQUES Le risque qu’un pesticide présente un effet négatif dépend de la toxicité du produit en question (substance active et/ou produits chimiques utilisés dans la formulation) et de l’exposition subie par le milieu étudié, incluant la faune et la flore ainsi que les humains. C’est au moment de l’étude documentaire qu’il est pertinent de déterminer quels groupes fauniques ou quels mécanismes, fonctions ou indicateurs écologiques sont les plus exposés à une opération, un essai ou un programme de pulvérisation donnés. C’est également lors de cette étape qu’il faudra décider des chapitres de ce manuel qu’il faudra consulter en détail, afin d’organiser le programme d’échantillonnage/de suivi. L’évaluation quantitative des risques (EQR) a été développée pour produire des évaluations chiffrées et objectives des risques associés à un ensemble d’activités. Grâce à l’EQR, les activités sont comparées quantitativement, en fonction des risques qu’elles présentent. Malgré les efforts entrepris dans le développement des EQR, il n’existe aucun consensus sur la normalisation des critères et la signification des chiffres. Cependant, ce manuel considère le risque d’une manière plus qualitative que quantitative. Il n’est certes pas question de contester l’utilité de l’évaluation quantitative des risques dans certaines circonstances, mais priorité est donnée à la compréhension des sujets plus vastes qui concernent l’évaluation des risques. L’évaluation de l’impact des pesticides en zones tropicales est un domaine négligé de l’écotoxicologie. La plupart des travaux scientifiques ont été conduits en zones tempérées et les données sur le devenir et l’effet des pesticides dans l’environnement sont donc basées sur ces conditions. Cependant, les conditions tropicales modifient de manière spécifique le risque présenté par la plupart des pesticides. Il peut y avoir des différences considérables entre le risque environnemental résultant de l’utilisation de ces produits dans des écosystèmes tempérés et celui présenté par le même produit en zones tropicales. Il n’existe pas de guide général sur l’évaluation des risques présentés par ces produits en zones tropicales, mais de nombreux projets se sont penchés sur l’impact environnemental des pesticides dans ces zones et ont pris en compte le problème de l’évaluation des risques. La faune des zones arides a bénéficié d’attentions particulières (Everts, 1997) et le projet FAO LOCUSTOX au Sénégal a étudié la plupart des questions relatives à l’évaluation des risques présentés par l’utilisation des pesticides. Il est fortement recommandé de consulter les rapports LOCUSTOX (Réf. ‘Pour en savoir plus’).
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