Élections aux États-Unis
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Élections aux États-Unis

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L’abolitionisme et l’élection du président aux Etats-UnisCucheval-ClarignyRevue des Deux Mondes T.6, 1856L’Abolitionisme et l’élection du nouveau Président aux Etats-UnisL’opinion publique dans les états du nord de la confédération américaine a été detout temps contraire à l’esclavage; mais ce qu’on appelle l’abolitionisme, c’est-à-dire la propagande en vue d’arriver à la suppression de la servitude, n’a prisnaissance que dans les trente dernières années, et doit son origine aux blessuresfaites au sentiment religieux. En 1830 et 1831, des conspirations d’esclaves furentdécouvertes en Virginie et dans les Carolines; elles eurent pour conséquence non-seulement la mise à mort des coupables, mais une aggravation sensible dans lesort de tous les esclaves. De cette époque datent ces lois implacables qui ontinterdit à l’esclave toute instruction et jusqu’à l’instruction religieuse, qui ont rendules affranchissemens presque impossibles. Ces excès de rigueur, et surtout cettelégislation anti-chrétienne qui sacrifiait l’âme de l’esclave pour assurer le repos dumaître, devaient provoquer une réaction : Garrison, Lovejoy et quelques autreslevèrent le drapeau de l’abolitionisme. Ils suscitèrent d’effroyables tempêtes dansles états du sud, et il en coûta la vie au malheureux Lovejoy, à qui fut appliquée la loide Lynch. Les états du sud se défendirent en interdisant l’entrée et la distributionsur leur territoire des journaux et des écrits abolitionistes, en soumettant les malles-postes à des perquisitions rigoureuses, enfin en condamnant au silence, souspeine de la ruine et de l’expulsion, quiconque professait des opinions contraires àl’esclavage. Du reste, l’abolitionisme faisait peu de progrès, même dans les étatsdu nord : à Boston, à New-York, à Philadelphie, ses orateurs étaient hués et lapidéspar la populace lorsqu’ils voulaient parler en public. Les presses des journauxabolitionistes étaient fréquemment brisées, et les journaux eux-mêmes brûléssolennellement : quiconque était seulement soupçonné d’abolitionisme voyait toutesles portes se fermer devant lui, toutes ses relations de société se briser, les liensde famille eux-mêmes se rompre aussitôt. Professer de semblables opinions,c’était appeler de ses vœux la guerre civile, c’était provoquer le renverse ment de laconstitution et la rupture de l’Union; c’était faire acte de mauvais citoyen. L’ancienprésident J. Quincy Adams fut longtemps le seul homme considérable qui osât serallier ouvertement à cette cause proscrite : il lui en coûta l’autorité morale et lapopularité que lui avaient values de grands services, une rare éloquence, unecarrière politique sans tache et une vie irréprochable. Il se vit abreuver d’outragesau sein de la chambre des représentans pour avoir de fendu le droit de pétition,illégalement refusé aux abolitionistes. Ceux-ci, ayant voulu se compter aux électionsde 1844, firent choix de Birney pour candidat à la présidence; ils ne purent luidonner que 140,000 voix sur plus de 3 millions de votans.Pour que l’opinion pût être éclairée sur les dangers que l’esclavage préparait à lapatrie commune, il aurait fallu que les chefs de partis, les hommes éminens dont lanation était habituée à écouter la voix, partageassent les inquiétudes desabolitionistes et se fissent les échos de leurs craintes. Or les hommes les pluséclairés et les plus sincèrement opposés en principe à l’esclavage étaient dans laplus aveugle et la plus complète sécurité. Jusqu’en 1843, il est vrai, toute lesapparences semblaient leur donner raison. De 1820 à 1840, les progrès du nordavaient été fort supérieurs à ceux du sud, quelque considérables que fussent ceux-ci. La population du nord, qui avait déjà une densité double de celle du sud,s’accroissait aussi beaucoup plus vite. Elle s’était élevée de 5 millions à 9 millionset demi : la population blanche du sud n’avait pu monter que de 2,800,000 âmes à4 millions et demi ; l’accroissement était pour le nord de 40 pour 100 dans chaquepériode de dix ans, et seulement de 25 pour 100 pour le sud. Le nord n’avait pasmoins gagné sous le rapport de la richesse depuis qu’à l’agriculture et aucommerce maritime il avait joint l’industrie manufacturière : il avait plus de ports,plus de routes, plus de canaux, plus de chemins de fer que le sud; sa populationétait plus nombreuse, plus instruite, plus éclairée, et en possession de plus de bien-être. Comment l’esclavage pourrait-il jamais créer un danger sérieux à une nation sifavorisée? D’ailleurs la marche ascendante de l’esclavage était définitivementarrêtée : depuis vingt ans, le sud n’avait formé qu’un seul état nouveau, l’Arkansas;la Floride se peuplait lentement, et on pouvait croire qu’elle serait le dernier état àesclaves qui entrerait dans l’Union; l’esclavage, acculé à la mer, se trouveraitenfermé dans le cercle infranchissable des états libres, car les planteurs del’Arkansas avaient atteint le pied des Montagnes-Rocheuses et la frontièremexicaine. Le nord au contraire venait de donner naissance au Michigan ; le jourétait proche où l’Iowa et le Wisconsin devaient prendre également rang d’états, etde vastes espaces s’étendaient encore devant les pionniers le long de la frontièrecanadienne. Un petit nombre d’années suffiraient donc pour établir sans retour la
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