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B R I G I T T E B A P T A N D I E R En guise d’introduction : Chine et anthropologie *

Parler de Chine et d’anthropologie est en quelque sorte une gageure : ces deux mots semblent à certains contradictoires. En effet, on peut se demander si ce pays, immense en étendue et tellement divers, est « ethnologisable », avec son histoire pluri-millénaire — même si justement la manièr e de l’écrire peut laisser perplexe 1 — un État si fortement structuré — même si son essence a échappé à plus d’un — et encore avec cette écri-ture omniprésente. Mais ne serait-ce pas là reprendre les flam-* Ce texte a fait l’objet d’une beaux réunis des XVIII e et XIX e siècles et s’engager dans la tradi-conférence lors d’une Journée tion du « grand partage » ? 2 ldo’géiteusdreédgieoln’AalPesRàASPsaruirsleesne1th9n9o3.-Du point de vue ethnologique, la Chine demeure très impar-Une première version est parue faitement connue. Cette observation vaut bien sûr pour ses dans le rapport intitulé « Les « minorités nationales » 3 , mais elle vaut tout autant pour trhérgoipmoelsogideeesncieFnrtaifniccieté»(dpep.l’6a5n--l’ensemble du pays, avec ses cultures locales qui sont d’une 87), sous la direction de M. Izard étonnante diversité. Une quantité d’informations écrites, four-es’taGs.sLennculluled,meennt1d9e95f.aiIlne nies depuis l’antiquité par les administrations dynastiques étagtidaeistlieuxdel’ethnologrieeuenn successives, sur les mœurs et coutumes, la religion et les struc-Chine mais bien de faire appa-tures de parenté, l’alimentation et les modes de production, raître certaines spécificités propres à ce contexte. Je reprends la donne une fausse impression de transparence. En fait, ces abon-même intention à mon compte. dants écrits officiels (monographies locales, généalogies, recueils Le panorama présenté ici ne de contes et de chants populaires, rituels domestiques et com-cehxehracuhsetifpaertconn’séévqouqeunetpda’saiàlleêturres munautaires, légendes des dieux, traités de folklore, etc.) répon-que très allusivement l’ethnologie dent pour la plupart à des normes précises, dictées par l’autorité de terrain de ces dernières années. politique dans son désir d’imposer une orthodoxie dite « confu-1. Cf. à ce sujet G ERNET 1994. cianiste » à une nation ethnologiquement très diversifiée et qui 2. Cf. L ENCLUD 1992. trouve son unité à travers de multiples liens d’ordre religieux, 3d.eIllas’saogrittedseeslo5n5ugrnoeutpeersmnionomlomgéise notamment la liturgie et les cultes dits « taoïstes » 4 . p7ol%itiqdeuel.aIplsopcuolantsitoitueetntocecnuvpiron La perception commune de la Chine a été — et continue 60%duterritoire.nIlsontleeunrts d’être pour de nombreux amateurs — fortement influencée par propres langues. les données qu’a fournies cette proto-ethnologie officielle qui 4. Cf. S TEIN 1963 et 1979. Ateliers , 24 (2001) : 9-27.

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