La route comme interprétation Secret, rupture, discontinuité ...
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La route comme interprétation
Secret, rupture, discontinuité, ignorance, clôture... tout ce qui ne passe pas et qui est arrêté en chemin fait donc aussi partie du fonctionnement d’une route. Nulle loi unique d’accélération de la circulation, nulle réciprocité obligatoire dans le mouvement des choses et des connaissances, nulle relation simple entre la “montée” d’une civilisation et son ouverture, nul miracle du contact. Ni fatalité, ni uniformité dans la transmission sur les routes de la soie que ne règle aucune norme durable. Et s’il est des périodes, débuts des T’ang, califat abbasside, domination mongole, où une autorité contrôle une très longue séquence de la chaîne, s’il est des groupes, marchands sogdiens, perses ou arabes qui prolifèrent sur une part immense du marché, trop rares sont ceux qui ont parcouru le chemin de bout en bout, trop peu fiable leur mémoire ou trop faible leur crédit pour que la circulation des choses s’accompagne d’une égale connaissance de leurs contrées d’origine. Nos conceptions modernes d’un circuit commercial comme flux régulé de choses équivalentes, approvisionnement, calcul, compensation, crédit, marché, temps escompté... nous aident donc mal à nous représenter la part de hasard, de pertes, d’aventures, de retards et délais, de passages et de relais que supposait la transmission de la soie ou autres marchandises. Il faudrait plutôt se figurer les routes de la soie comme une suite de segments ici sûrs, là menacés, parfois rompus, se reformant ailleurs et où vont de façon aléatoire des marchandises échangées et revendues, toujours converties et réévaluées, allant de point de contrôle en point de contrôle et de main en main sans continuité ni prévisibilité. Mais la “perte” d’information en chemin représente plus que le jeu du secret ou celui d’une dégradation entropique des connaissances et il vaudrait mieux évoquer la métaphore du parasitage chère à Michel Serres : “ Hermès est bien le dieu des carrefours, il est bien le dieu dont Maxwell a fait un démon. Le message, donc, transitant par ses mains, au lieu de l’échangeur, se change. Il n’arrive pas pur ni invariant ni stable. Je veux bien qu’il s’améliore mais cela reste un jugement. Et s’il s’y dégradait ? Je ne sais, je n’en décide pas. Ce qui est sûr c’est que le message se charge et qu’il arrive ainsi chargé. En termes propres, il est parasité. Le parasite s’est branché aux lieux les plus profitables, à l’intersection des relations ”1 .
                                                 1 Michel Serres Le Parasite Grasset 1980 p.61
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