Les centres d'adaptation physique du CICR en Afghanistan
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Les centres d'adaptation physique du CICR en Afghanistan

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Dako.Coursdesensibilisationauxdangersdesminesdonnéàdesenfants.
Depuis1979,l'Afghanistanaétéravagéparunesuccessiondeconits  dévastateurs.Lepeupleafghanenduredeterriblesépreuves.Kaboul,lacapitale,  aétépresquetotalementdétruite,aveclamajeurepartiedesesinfrastructures  etdesonindustrie.Depuislachutedurégimetalibanen2001,etsurtout  aucoursdesdeuxdernièresannées,leconitenAfghanistannacesséde  sintensieretdesétendre.Lescivilsafghansensontlespremièresvictimes  etsubissentquotidiennementleseffetsdelaviolence(attentats-suicides, bombardementsaériens,insécuritégénéralisée),quisontparfoisexacerbés pardescatastrophesnaturellestellesquelesinondations,lasécheresseetles  tremblementsdeterre.
Lampleurdesbesoinsvabienau-delàdeschiffres.gsyapeecârcrAnlnsdaé  àunsolideréseaudemployéslocauxetdexpatriésl,eComitéinternationalde  laCroix-Rouge(CICR)estlundesseulsacteurshumanitairesàavoirmaintenu  uneprésenceininterrompueenAfghanistan.
Surleplanmédical,lessoinschirurgicauxetorthopédiquesainsiquele  soutienauxstructuresdesantégurententêtedespriorités.Depuis1988, leCICRfournitdesservicesdappareillageetderéadaptationphysiqueaux personneshandicapées,quecesoitauxvictimesdeminesterrestresouàcelles  quisouffrentdunedéciencemotrice.Unefoislaréadaptationterminée,des  programmesdemicrocréditsetdeprêtssontoffertsàcespersonnespourleur  permettredegagnerleurvieetderecouvrerleurautonomie.
Letempspasseetlasituationcontinueàsedégrader.Pourlepeupleafghan,cela  signiedavantagedesouffrancesencore.Pourlesorganisationshumanitaires,  lesconditionsdetravailsontdeplusenpluspérilleuses,notammentpourle  CICR,dontleplusgranddéconsisteàsefaireaccepterpartouteslesparties  auconitentantquacteurhumanitaireneutreetindépendantdontleseul  butestdeucoesdt.niseluoettcmisivdetrgeteridaétorp
Servicesoffertsauxpatientsen2007 Emplacementdesprojets:Kaboul(2),Mazar-i-Sharif,Herat,Jalalabad,Gulbahar,Faizabad
Patientssoignésdanslescentres Nouveauxpatientséquipésdeprothèses Nouveauxpatientséquipésd’orthèses Prothèses  Orthèses  Fauteuilsroulants  Béquilles(paires)    
Débutdelassistance
60153 829 4483 4217 9819 956 4730 1987
DISCRIMINATIONPOSITIVE:TÉMOIGNAGE
NajmuddinHelal,43ans,estlechefducentrederéadaptationphysiqueduComité internationaldelaCroix-Rouge(CICR)àKabouldeloinleplusgranddescentresdu  CICRdanslemonde.Ilnousracontesonhistoire.
«Javais18anslorsquejaiperdumesjambes.Je  conduisaismavoituredanslelitdunerivière  asséchée,danslapartieorientaledeKaboulcest  toutcedontjemesouviens,jenemerappellepas  delexplosionnidecequisestpasséaprès.Jaidû, jimagine,roulersurunemineantipersonnel.Je mesuisréveilléquelquesjoursplustardàlhôpital  etjailentementressentiquelapartiebassede  moncorpsétaitcurieusementlégère.
«Lorsquejairéaliséque  jenavaisplusdejambes,  jétaisdésespéréetterrié»
Lorsquejairéaliséquejenavaisplusdejambes,  jétaisdésespéréetterriéterrié  àlidéededécevoirmafamille,oude  nepasêtrecapabledelesaiderou  delessoutenir,dedépendredeux  pourtout,dêtreunpariajesuisle  lsaînédeneufenfants,jesaisdonc  quemesparentsavaientplacéde  grandsespoirsenmoi.Cestcomme  silarbrequilsavaientplantépour  donnerdesfruitsavaitétéabattu. Maisheureusement,ilsontététrès  attentionnés et compréhensifs à monégard.
Jaipassédouzemoisàlhôpital.Il  mafallucinqmoispourpouvoir  masseoirsurlelit.Jesuisrestécinq  longuesannéesàlamaison,assis  surunechaiseàlaportedenotre  maison,sansrienfaire.Cétaitune  périodetrèsdifcile,jenepouvaisplustravailler.  Lesgensavaientpitiédemoi,ilsmetraitaienten  victimeetnemencourageaientguèreàmarcher ànouveau.
En1988,jaientenduparlerdunouveaucentre  deréadaptationphysiqueduCICRàKaboul.Jy  suisallé,etlonmaenregistrésouslenuméro  34.Jesuisrestédansundesdortoirsducentre.  Auboutdequelquesmois,jaireçudenouvelles  prothèses,aveclesquellesjaiapprislentementet difcilementàmarcher.Ennunelueurdespoir:  mavieallaitdevenirmeilleure.  
«Ennunelueurdespoir:  mavieallaitdevenir meilleure.»
Lecentrederéadaptationphysiqueapratiquéet  pratiquetoujoursunepolitiquedediscrimination  positiveàlégarddespersonneshandicapées: toutepersonnequiytravailleaunhandicap  physiquequelconque.Trèsvite,jaiputravailler  commephysiothérapeuteetaiderlespersonnes quisetrouvaientdansdessituationssemblables  àlamienne.Ilestjudicieuxderecruterdes  personneshandicapées,carellescomprennentles  problèmesetlesbesoinsparticuliersdespatients  quisetrouventicietsontenmesuredeleur  donnerespoir.  
Jaiparfoislimpressionquece  quimestarrivéestprofondément  injuste.Jenétaispasuncombattant, jenavaispasdennemi.Jaitoujours  unesensationdebrûluredans lesmoignonsdemesjambes,etil  marrivederessentirunevivedouleur  fantômedanslepiedquejenaiplus. Jesuisquelquefoistristeàlidéeque  jenepourraiplusjamaiscourir,plus  jamaissentirleausurmesjambes.
Mais,vraiment,jenemeplainspas. Biensûr,lasituationéconomique  dupaysestcatastrophique,de  nombreusespersonnesnon handicapéesnarriventpasàtrouver  dutravail,alorslespersonnes  handicapées,pensezdonc.Aussi, àdenombreuxégards,jemesens  heureux, non seulement parce que je peux soutenirmafamille,maisaussiparcequejepeux  apporterunpeudespoiràdespersonnesquiont  connulemêmesortquemoi.
En2004j,aiportéauCairelaammeolympique,qui  représentaitlesvictimesdesminesantipersonnel dumondeentier.Jenétaistrèser.Degrands  progrèsontétéréaliséscesdernièresannées  pourmettrenàlèredesminesterrestres,en  Afghanistanetdanslemonde.Maisilresteencore  beaucoupàfaire.Mêmesiaucunautreaccident  neseproduit,letravailestconsidérablesinous  voulonsprendresoindetouteslespersonnesqui  ontdéjàététouchées.»
CHRONIQUESDEKABOUL
OriginairedeTurin(Italie),AlbertoCairoestphysiothérapeuteetresponsable  dunprogrammederéadaptationphysiqueduCICRenAfghanistandepuis  18ans.Aucoursdecesannéesdetravail,ilarencontrébeaucoupdegens  «ordinaires»dontleshistoiressont«extraordinaires».Extraitsdeson journal.
Ilest8heures.Lesphysiothérapeutesdelunitédes  femmesducentrederéadaptationphysiquesont  angoissées.Moiaussi.Aujourdhui,Zarínserend  àunentretiendembauche,assortidunexamen. Pourunvraitravail.Etlaconcurrenceestrude.  
Les mines déchirent le corpsetlesprit:difcile  d’oublier.
Zarín,pournous,nestpasunepersonnecomme  uneautre.Elleavaitdixansquandelleaperdusa  jambeàcausedunemine.Quandelleestarrivée  ici,toutlaterrorisait.Lesminesdéchirentlecorps  etlesprit:difciledoublier.Pourunenfant, impossible.Ellealachancedavoirdesparentsqui  laidentetlencouragent.Elleaapprisàmarcher  avecsaprothèse.Elleestretournéeàlécole. Premièredesaclasse.
Puis,aveclarrivéedestalibansl,esécolesontfermé  leursportesauxllesetelleadûresteràlamaison. Tristesse.Lécolenestpasseulementlendroitoù  lonapprendàécrireetàcalculer:cestaussiun  lieuderencontres.Unejournalisteavaitpromisde  lemmeneràlétrangerpourquellepuisseétudier,  maistoutessestentativessontrestéesvaines:les  visasnesontjamaisarrivés.
Ladéceptionestgrande.Zarínsadresse  alorsànous.Biensûr,cestinterdit,mais  commentluirefusernotreaide?Nous  essayons:Terri,uneamieitalienne  augrandcoeuretausenspratique  développé,prendlesfraisencharge.  Nousluienvoyonschaquejourun  professeuràdomicile,unepersonne deconance,quisaurasetaire.
Touslessixmois,Zarínvientcheznous  pourseprésenterauxexamens.Alors  quellepasselesexamensécritsdans  lunitédephysiothérapie,lapolice  religieusefaitirruptiondanslapièce. «Quest-cequetuécrislà?»Rohafzá,  laresponsabledesphysiothérapeutes,répondsans hésiteruneseconde:«rleEllieopecissodsesre despatients».Detoutefaçon,ilsnesaventpas  lire.Zarínestdouéedanstouteslesmatières,mais  surtoutenanglais.Elleprogressevite,aupoint  decommencerbientôtàenseignercettelangue  àdautreslleshandicapéescommeelle,àleur  domicile.Cestsonpèrequilamèneautravailà  vélo,letaxidespauvres.Elleneportepasencore  deburqa.Surlaroute,desmembresdelapolice  religieuselesinterpellent,lebâtonlevé:«Pourquoi  as-tulevisagedécouvert?»-«Jaiétéamputée,  sijeportelaburqa,jerisquedetrébucher».Son  airdouxlesattendrit.Ilsproposentmêmedela  déposer.Zarínetsonpèredéclinentpoliment,  ravisdenepasavoirétéfrappés.
Viennentalorslescoursdinformatique.Ilestplus  difciledelessuivreencachette,maisontrouveun  moyen.Toutvabien,etZarínassimileunematière  deplus.Zarínagrandi;elleamaintenant17ans,  etportedésormaislaburqa,poursesentirmieux  protégée.Lestalibanssontpartis:denouvelles  possibilitéssouvrentauxfemmes.AuCICR,on  cherchequelquunpourlabanquededonnéesdes  prisonniersdeguerre.Ilssontdesmilliers,ilfaut  saisirlesinformationslesconcernant.Noussavons queZarínenestcapable.Lasemainedernière,elle  aprésentésacandidature.Elleadéclaréquelle  avait18ans,entrichantunpeu.Maintenant,elle  estlàpourpasserlexamen.Touchonsdubois.
«Ilsanglote.Dejoie.En  dépitdesmines,deceux  qui les ont fabriquées, venduesetposées.»
Ilest13heures.LepèredeZarínarrivesursa  bicyclette en pédalant comme un fou. Tout essoufé:«IlsonlsillgeéEgla!enetetnol,eégagn commencesamedi.»Ilsanglote.Dejoie.Endépit  desmines,deceuxquilesontfabriquées,vendues  etposées.Endépitdeceuxquiluiontbarréle  chemindelécole,quilavoulaientignorante  etcloîtréeàlamaison.Elleauraunmétier,elle  subviendraauxbesoinsdesafamille.  Etcenestpastout:celasignieque  lesconcourssontouvertsauxfemmes  etquedautrescommeellepeuvent  égalementtenterleurchance.
Pendantlerégimetaliban,encouragés parlesrésultatsdeZarín,nousavons  aidédautresjeunesllesàétudier.En  cachette.Ceschoses-là,onlesfaitsans  enparler.MaisZarínaétélapremière.Et  lefaitquellesoitlapremièreàtrouver  unemploinouscombledebonheur. «Onfêteraçaaprèsleramadan», prometsonpère.Jappellelebureaudu  CICRquilaengagée,pourlesremercier.  Ilsmerépondent,duntoncalmeet  précis,quilslontengagéeparcequelleétaitla  meilleure:«Nousnefaisonspasdefavoritisme.»  -«on!pardOh,stemsnarteJ»iqu,sreepènsoà  pavanecommeunpaon,lesyeuxbrillants.Etje  coursinformerlesphysiothérapeutes.
AlbertoCairo
Initialement parus dans le journal italien La Repubblica,cesinstantanésdelaviequotidienneont  étérassemblésdansunlivreintitulé«LesChroniques  deKaboul»publiéenfrançaisparleséditionsPresse  UniversitairedeFranceennovembre2007.
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