Lorsquej’airéaliséquejen’avaisplusdejambes,j’étaisdésespéréetterrifié–terrifiéàl’idéededécevoirmafamille,oudenepasêtrecapabledelesaideroudelessoutenir,dedépendred’euxpourtout,d’êtreunparia…jesuislefilsaînédeneufenfants,jesaisdoncquemesparentsavaientplacédegrandsespoirsenmoi.C’estcommesil’arbrequ’ilsavaientplantépourdonnerdesfruitsavaitétéabattu. Maisheureusement,ilsontététrèsattentionnés et compréhensifs à monégard.
Mais,vraiment,jenemeplainspas. Biensûr,lasituationéconomiquedupaysestcatastrophique,denombreusespersonnesnon handicapéesn’arriventpasàtrouverdutravail,alorslespersonneshandicapées,pensezdonc.Aussi, àdenombreuxégards,jemesensheureux, non seulement parce que je peux soutenirmafamille,maisaussiparcequejepeuxapporterunpeud’espoiràdespersonnesquiontconnulemêmesortquemoi.
«Ilsanglote.Dejoie.Endépitdesmines,deceuxqui les ont fabriquées, venduesetposées.»
Ilest13heures.LepèredeZarínarrivesursabicyclette en pédalant comme un fou. Tout essoufflé:«Ilsonl’sillgeéEgla!enetetno’l,eégagn commencesamedi.»Ilsanglote.Dejoie.Endépitdesmines,deceuxquilesontfabriquées,venduesetposées.Endépitdeceuxquiluiontbarrélechemindel’école,quilavoulaientignoranteetcloîtréeàlamaison.Elleauraunmétier,ellesubviendraauxbesoinsdesafamille.Etcen’estpastout:celasignifiequelesconcourssontouvertsauxfemmesetqued’autrescommeellepeuventégalementtenterleurchance.
Initialement parus dans le journal italien La Repubblica,cesinstantanésdelaviequotidienneontétérassemblésdansunlivreintitulé«LesChroniquesdeKaboul»publiéenfrançaisparleséditionsPresseUniversitairedeFranceennovembre2007.