Projet PS : le crash-test ! Par La rdaction de Mediapart Article publi le mardi 05 avril 2011
Martine Aubry a prsent, mardi 5 avril, les trente propositions tires du projet du parti socialiste pour l’lection prsidentielle de 2012 :«C’est le projet des socialistes,a expliqu la premire secrtaire.C’est un immense travail de deux ans et demi, c’est tout ce travail qui se retrouve dans un condensÉ pour un nou-veau projet de sociÉtÉ pour les FranÇais.»Le candidat aux pri-maires du PS, Franois Hollande, a salu«un travail sÉrieux. J’y retrouve beaucoup de mes propositions».Son concurrent Ma-nuel Valls juge que le projet est«compatible avec toutes les dÉ-marches, toutes les candidatures, et avec tous les socialistes».Et le strausskahnien Pierre Moscovici que«tout candidat socialiste peut vivre avec ce projet». Mediapart a choisi de reprendre et d’valuer chacune des propo-sitions, avec une grille de lecture : Blah blah blah :beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Le pro-jet reste sur des grands principes vagues, dclarations d’intention ou acceptation du statu quo, sans avancer de solutions concrtes et prcises. Jospin :le PS reprsente comme une nouveaut ce qui avait t dans le programme du gouvernement Jospin, sans volution ma-jeure donc depuis presque quinze ans. Nouveau :cette fois, des mesures ou des ides vritablement nou-velles ou voques ces derniers mois. IntÉressant :des ides pas forcment neuves mais qui mritent, selon nous, d’tre exprimentes voire pousses au-delÀ des pr-mices. Franchement nul :mme en tant trs tolrant, Mediapart ne peut pas tre d’accord avec ces propositions. Mediapart publie ci-dessous les trente propositions et, dans les pages suivantes, le commentaire. Par ailleurs, vous pouvez retrou-ver sous l’onglet «Prolonger» la version longue du projet socia-liste : un document de 110 pages (dans une version prliminaire date du 30 mars) qui dtaille chacune de ces propositions. nd
Emploi, compÉtitivitÉ, ment
investissement, dÉsendette-
1. Pour muscler la compÉtitivitÉ de la France : une banque publique d’investissement La puissance publique s’est dsengage depuis vingt ans de tous les mcanismes financiers permettant de soutenir une action coor-
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Directeur ditorial :Franois Bonnet
donne pour soutenir des filires industrielles et des activits im-portantes, laissant aux banques le soin d’assurer le financement total de l’conomie. Dans ce cadre, le PS prvoit aussi la cra-tion d’un livret d’pargne industrie, intgrant le livret de dve-loppement durable et le livret d’pargne populaire, sur le modle du Livret A, et permettant de rorienter l’pargne vers les PME. Cette pargne serait totalement centralise au niveau de la banque publique d’investissement. Les questions concernant le reste du systme financier, À l’origine de la crise, ne sont, en revanche, que trs brivement traites. Le PS voque au dtour d’une phrase la sparation des banques de dpÔt et d’investissement, sujet majeur au centre de tout le pro-jet Volcker sur la rgulation bancaire amricaine et mis partiel-lement en application aux Etats-Unis. Il propose aussi de mettre les banques À contribution pour participer au rquilibrage des comptes de la Scurit sociale. 2. Pour relancer l’investissement : une modulation de l’impÔt sur les sociÉtÉs Ce dispositif visant À imposer diffremment les bnfices rin-vestis et les bnfices distribus avait djÀ t institu en 1984 par Pierre Brgovoy, alors ministre des finances. Ce mcanisme ne cessera par la suite d’tre rod, pour tre finalement supprim par la droite en 1993. La gauche revenue au pouvoir ne le remit pas en place. Au contraire : le ministre des finances, Dominique Strauss-Kahn, autorisa en 1998 le rachat de leurs propres actions par les socits, ce qui tait jusqu’alors interdit. Le PS redcouvre donc aujourd’hui les mcanismes pour favoriser l’investissement plutÔt que les actionnaires et la financiarisation de l’conomie. 3. Pour que l’Europe puisse innover : des emprunts europÉens (eurobonds) La politique de l’innovation et des grands travaux À l’chelle eu-ropenne est un serpent de mer. Elle est voque dans tous les traits europens depuis celui de Maastricht, sans le moindre r-sultat concret. L’ide de dgager des moyens de financement en crant des eurobonds apparaït illusoire : l’Allemagne, au plus fort de la crise de l’euro, s’est oppose À toute mutualisation et À tout mcanisme financier commun À l’chelle de l’Europe. Aucun ac-cord entre les Vingt-Sept ne paraït possible sur le sujet. 4. Pour l’emploi des jeunes : 300.000 emplois dans l’environ-nement et le social Le PS entend ressusciter les emplois-jeunes (350.000 crs sous Jospin) pays au Smic, alors mme que leur bilan est controvers. Cette fois, il entend amliorer le suivi et la formation, et cibler la mesure sur les jeunes des «territoires en difficult» (banlieues et