Numéro 44 Avril 2003 - 6pages s.cu44int
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Numéro 44 Avril 2003 - 6pages s.cu44int

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svices spécialisés. Parmi celles-ci, la DST (Direction de la Surveillance du domaines. C’est certainement vrai, par nature, pour le suite page 6Territoire) à laquelle son décret fondateur confie, suite page 2commerce. Mais la mondialisation CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE DES SYSTÈMES D’ INFORMATION sécurité informatique avril 2003 - n° 44 suite de la page 1 toucherait aussi les finances, l’industrie, les techniques, l’agriculture et même la cul- ture et les habitudes alimentaires ! C’est aller un peu vite. L’exception cultu- relle qui flotte aux pennons de nos éten- dards traduit la réalité du patrimoine cul- turel gaulois ! Face à la mondialisation romaine, il y aura toujours Astérix ! Le «patrimoine», c’est ce que l’on tient du «Père», qu’il soit biologique ou mythique. Les mots patriarche, patrie, patron, patrimoine ont la même racine. Le concept de patrimoine est fondé sur l’appartenance à une famille, même élargie à la cité ou à la patrie. Le patri- moine, c’est ce qui appartient en propre à la communauté. C’est aussi ce qu’elle doit protéger pour garder son identité. La communauté et son patrimoine sont ses espions et débauchait ses maîtres-ver- n’a pas le même patrimoine que le scien- bâtis sur deux besoins fondamentaux de riers. Les guildes et autres confréries d’ar- tifique. Ne courant pas les mêmes risques, l’homme: la sécurité et la reconnais- tisans protégeaient soigneusement leur il ne le protégera pas de la même sance. L’homme a besoin d’être protégé savoir-faire. manière. par la communauté et reconnu par elle à sa valeur… C’est cette reconnaissance Les activités des artisans et des scienti- Enfonçons maintenant une porte qui est à la base de son identité, c’est-à- fiques demeurèrent longtemps disjointes. ouverte: on ne se protège pas dans l’ab- edire de l’opinion qu’il a de lui-même. Cela Ce n’est à la fin du XVII siècle qu’elles se solu, mais contre des menaces précises ! passe parfois par des distinctions: l’Ordre rapprochèrent pour donner naissance à Pour mettre en œuvre une défense du de la Jarretière, les tableaux d’honneur, la l’industrie moderne qui conserva en par- patrimoine, il faut d’abord bien définir ce Coupe de France ou le prix Nobel. tie l’habitude du secret hérité des arti- qui le menace. sans. Le pouvoir politique, titulaire de la L’ appartenance de la culture au patri- violence légale, protégeait les tech- moine permet aux archéologues d’iden- niques et les techniciens. En effet, par le Sécurité informatique : Protéger ses tifier une communauté par les débris que biais des impôts et des tributs, il en tirait un recherches, pour un scientifique, cela sa culture a laissés sur place. Le patri- bénéfice considérable et un accroisse- veut-il dire rester dans l’ombre, ne pas moine culturel englobe tout ce qui, dans ment de sa puissance militaire. publier, restreindre ses contacts avec leur manière de vivre, différencie une la communauté scientifique ? Dans communauté d’une autre, une civilisation Bien au contraire, les philosophes de la ce cas, le remède n’est-il pas pire d’une autre. nature, héritier des péripatéticiens que le mal? d’Aristote, ont toujours échangé libre- La mondialisation va donc à contre-cou- ment leurs découvertes ou leurs travaux. J. G : Pendant la Seconde Guerre mon- rant de cette tendance. Pourtant il existe Dans l’Antiquité, le musée et la biblio- diale, la plus grande partie des flottes un domaine où la mondialisation est thèque d’Alexandrie furent à l’origine de alliées protégeait les lents convois de ancienne. C’est celui des sciences. la diffusion de la connaissance dans tout l’Atlantique Nord contre la menace pré- Distinguons soigneusement la Science, l’empire romain. C’était déjà la mondiali- cise des sous-marins allemands. dont la finalité est de comprendre l’uni- sation de la connaissance scientifique. vers, des techniques qui cherchent seule- Le paquebot anglais Queen Mary, qui, Rome, pouvoir politique de l’époque, se ment à réaliser un objet ou un outil. C’est sans protection, transportait à chaque désintéressait complètement de la pro- toute la différence entre le scientifique voyage plus de dix divisions, n’était pro- tection d’une science qui ne lui rappor- qui cherche à comprendre, sans toujours tégé que par sa vitesse, largement supé- tait rien, ni trésor à piller ni tribut. bien savoir comment faire, et l’ingénieur rieure à celle des sous-marins. qui cherche à savoir faire, sans toujours En 1806 Napoléon, autorisa Berthelot à C’est aussi le cas de quelques entreprises bien comprendre ! Nos anciens faisaient rencontrer, à Londres, Dalton, le père de ou laboratoires pour lesquels la protec- bien cette différence, qui appelaient Art la théorie atomique. Il ne se doutait pas tion du patrimoine réside, non pas dans tout ce qui intéressait la technique, et que cette théorie déboucherait sur une des murailles de brevets ou dans le secret Philosophie de la Nature ce qui apparte- arme de terreur. Mais il avait interdit à des communications, mais dans l’évolu- nait à la Science. Monge de publier sa «géométrie descrip- tion rapide de leurs technologies ou de tive» utilisable pour les fortifications ! Les techniques furent toujours protégées leurs connaissances. par ceux qui les maîtrisaient : c’était leur La protection du patrimoine dépend Il existe aussi des laboratoires ou des gagne-pain ! Venise protégea son indus- étroitement de sa nature et de celle de la entreprises qui naviguent lentement, et suite page 3trie du verre contre Louis XIV qui envoyait communauté qui le détient. L’ingénieur en convois ! Les 2 sécurité informatique avril 2003 - n° 44 suite de la page 2 mesures de sécurité ralentissent la circula- quetaires béarnais. L’accusation se révéla tion des informations. Certes, leur patri- fausse, mais la DST devait vérifier. Elle mit moine est bien protégé, mais leur effica- ainsi son doigt entre «l’arbre» universitaire cité en est diminuée. Sakharov, dans ses et «l’écorce» industrielle ! C’était une Mémoires, montre bien comment le KGB situation très inconfortable ! gêna plus qu’il n’aida les chercheurs et les ingénieurs soviétiques. Sécurité informatique : DST est l’acro- Quand la menace est identifiée, toute nyme de «Direction de la Surveil- protection – même celle du patrimoine – lance du Territoire». Pouvez-vous nous doit résulter d’une réflexion globale. Elle dire quelles sont les missions de la doit être tout à la fois défensive et offen- DST? sive et, s’il le faut, mettre en œuvre les La banque coupa les crédits et la start-up «manœuvres informationnelles» les plus J. G. : La DST est la plus petite direction de déposa son bilan. Que s’était-il passé ? perverses pour leurrer ou désinformer la Police nationale (1600 personnes). Elle l’adversaire. L’art de mentir ou, pire La multinationale, par prudence, avait a une mission de contre-ingérence visant encore, de faire semblant de mentir fait toujours des «oreilles» qui traînaient dans les activités des «services spéciaux» qui partie des mesures de défense naturelles les laboratoires. Elle avait même passé pourraient menacer les «intérêts vitaux du patrimoine ! Ce fut le cas pour le des contrats de recherche avec le pro- de la nation». Batelle Institut de Zurich qui publia un fesseur de nos trois mousquetaires. Les Dans les années soixante-dix, la DST s’inté- article sur la supra-conductivité à haute activités de la start-up étaient une ressa aux laboratoires et aux entreprises température où, par crainte d’une fuite, menace pour ses produits. D’innocents de haute technologie parce que notre la formule du cristal fut volontairement visiteurs se firent expliquer les techniques principal adversaire de l’époque, le KGB, erronée et ne fut modifiée qu’au dernier utilisées par le laboratoire d’origine. Les s’y intéressait aussi. moment. bavardages des trois mousquetaires à la Ces exemples sont les archétypes des cantine de la fac, dans les allées du cam- Le Général Ogarkoff, chef d’état-major méthodes utilisées pour la protection du pus ou au café du coin, firent le reste. de l’Armée rouge, avait dit en 1975 : «La patrimoine : soit le blindage par le secret guerre de demain se gagne aujourd’hui, La grande entreprise déposa des brevets et la limitation des échanges, entraînant et dans nos laboratoires». Les scientifiques dits «de barrage» dans le jargon des spé- la lenteur, soit la vitesse, en ayant toujours et les ingénieurs de l’URSS s’étaient donc cialistes. Elle engagea une longue une technologie ou une théorie bataille judiciaire sachant que la start-up d’avance, soit enfin la mise en œuvre de ne tiendrait pas la distance. Elle déve- manœuvres informationnelles. loppa rapidement un commutateur légè- Voici un exemple. Il était une fois… trois rement différent. Enfin, ses commerciaux étudiants de l’Université de Trou-les-Bains, n’eurent aucune peine à convaincre les formés par un professeur de cristallogra- clients de la petite entreprise de changer phie de réputation internationale. Ils créè- de fournisseur. rent une petite entreprise pour exploiter Le petit patrimoine des trois étudiants ne les merveilleuses propriétés optiques des résista pas à une attaque dont l’efficacité amino-bidulate de manganèse ! Ils trou- provenait en partie du manque de pro- vèrent des crédits, s’installèrent au voisi- tection. Plus de «blindage», moins de mis au travail avec les crédits du com- nage de la fac et construisirent un com- bavardages, plus de lobbying, de désinfor- plexe militaro-industriel soviétique. mutateur de micro-ondes pour télé- mation et de vitesse les auraient sauvés. phones mobiles. Dépôt de brevets, De leur côté, les officiers de renseigne- recherche de clients, et la fabrication Il n’est pas question ici d’espionnage, ment du KGB reçurent pour mission de démarra ! Ils engagèrent une secrétaire. mais de collecte, certes intéressée, mais recruter leurs «sources» aux portes de nos Bref la start-up se développait. Les gamins légale, de renseignements discrets, mais universités o
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