PEUPLE ESPACE POUVOIR
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PEUPLE ESPACE POUVOIR

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Langue Français
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Extrait

Edito
« La rentrée sera
chaude» nous promettaient
les grandes centrales
syndicales. Et la grande
journée de mobilisation
du 04 octobre fut un
succès partiel. En dépit
des estimations officielles
au rabais, les travailleurs
et les travailleuses étaient
bien en nombre dans les
rues et notamment à Paris
et à Marseille. La CNT n’a
pas été en reste avec un
important cortège à Paris.
Mais ce bon Thibault l’a dit,
dès mercredi, on retourne
au turbin. Est-ce avec des
grèves d’un jour, décidées
par les directions syndicales
cogestionnaires, que nous
feront plier le patronat et le
gouvernement ?
Le Syndicat Unifié
du Bâtiment fait aussi sa
rentrée ; une section est
créée à UP6 pour une autre
pratique du syndicalisme
fondée sur l’autogestion
et l’action directe.
Syndicat de l’industrie du
bâtiment et des travaux
publics, le SUB entend
dépasser les divisions
et les corporatismes
actuels. Le SUB regroupe
des étudiant-e-s, des
travailleuses-eurs manuel-
e-s et intellectuel-le-s en
exercice, des chômeurs-
euses, des retraité-e-s,
au-delà des clivages que
l’on tente de nous imposer.
S’il s’agit de rassembler
tous les travailleurs et
les travailleuses dans les
luttes quotidiennes contre
le patronat (et notamment
universitaire), il demeure
essentiel de partager nos
expériences et nos savoirs
pour mener une réflexion
collective et autonome sur
notre exercice et notre
industrie : la production de
l’espace, du cadre de vie, de
la ville.
Place, bulletin de
la section SUB à UP6, se
propose comme l’un des
lieux de cette réflexion mais
aussi en tant qu’espace
et plateforme des intérêts
des étudiant-e-s et/ou des
jeunes travailleurs-euses.
Etudiant-e, tu
ne peux lutter seul-e.
Futur-e travailleur-
euse intelectuel-le du
bâtiment, tu ne peux
penser isolé-e. Rejoins
les travailleuses-eurs du
bâtiment. Syndique-toi.
P E U P L E
E S P A C E
P O U V O I R
Avec les inscriptions, réapparaissent, dans les facs et
dans les écoles, les stands des deux mutuelles étudiantes,
la LMDE et la SMEREP. Ces organismes assurent le rôle de
correspondants avec la Caisse Primaire des Assurances
Maladie dans la gestion du régime de sécurité sociale
spécifiquement étudiante. Ils offrent aussi des services
annexes qui tiennent désormais plus de l’assurance que
de l’idée mutualiste. Ces deux mutuelles étudiantes se
livrent à une véritable guerre marketing à chaque rentrée.
Si les étudiants employés par la LMDE et la SMEREP sont
plutôt calmes à UP6, dans la majorité des facs, ils sont
très agressifs. Il s’agit de trouver des nouveaux clients
et les bacheliers sont les principales cibles. Il faut faire
signer contrats et chèques aux nouveaux venus dans
la jungle des études supérieures. On change en effet
rarement
de
centre
de
Sécurité
Sociale
par
la
suite.
Marché
juteux
et
offres
pseudo-attractives,
à
grands
renforts de partenariats douteux et de slogans merdiques.
On signe souvent sans trop comprendre ni savoir qui sont
réellement ces deux centres de Sécurité Sociale. Pourquoi
deux centres différents ? Et surtout, pourquoi le régime
étudiant est-il géré par des organismes privés alors que
la Sécurité Sociale est un service public?
La raison de la gestion d’un service public par
des organismes extérieurs est à chercher à l’origine du
régime spécifiquement étudiant. Après la Libération, en
1947, la revendication d’une protection sociale pour les
étudiants est portée par l’UNEF. En tant que travailleur en
formation les étudiants doivent pouvoir, comme tous les
travailleurs, bénéficier de la Sécurité Sociale. Toutefois,
de nombreux débats animent les rangs de l’UNEF sur les
modalités pratiques. Peut-on intégrer les étudiants au
régime général alors que leur capacité de cotisation est
limitée et que leur statut est transitoire ? Les corporatistes
de l’époque craignent que l’intégration au régime général
ne signifie la disparition des intérêts étudiants face à ceux
des travailleurs et de l’Etat. La plupart des «corpos» se
promettent à des professions libérales et refusent qu’un
même régime soit appliqué à tous, c’est-à-dire que les
cotisations des plus hauts salaires compensent celles des
plus bas. Et surtout, alors que l’UNEF est un syndicat
uniquement étudiant, il refuse toute convergence avec
les confédérations syndicales et les milieux ouvriers. La
lutte des classes n’était-elle déjà plus dans les idées de
l’UNEF ? Face aux dissensions internes et pour sauver
le projet, la direction de l’UNEF propose la création d’un
régime de Sécurité Sociale spécifiquement étudiant géré
par une mutuelle. Largement représentés, les étudiants
seraient ainsi au delà de toute ingérence étatique et
«ouvriériste».
En septembre 1948, la gestion du régime étudiant
est
officiellement
confiée
à
des
sociétés
mutualistes
étudiantes. Ce décret est obtenu après des tractations
dans les couloirs des ministères, dont l’UNEF avait déjà
la spécialité. Le syndicat étudiant se met alors en branle
pour créer la MNEF, la Mutuelle Nationale des Etudiants
de France (là on est sûr d’être deux fois français). Dès
l’origine, la MNEF assure des prestations annexes : une
assurance accidents individuels, une caisse d’invalidité/
décès, une assurance en cas de dommages aux tiers,
couverts par les régime général mais pas par le régime
social étudiant. Par ailleurs, fortement liée à l’UNEF, la
MNEF permet la prolongation des revendications syndicales
en les mettant en application en toute autonomie et loin
du pouvoir étatique. La mutuelle entame une politique
autonome de construction de logements étudiants, ouvre
des dispensaires et des centres de vaccination, crée des
centres de vacances (l’UNI-club) et des centrales d’achats,
lutte pour le droit à l’avortement et à la contraception.
Adhérer à la MNEF c’est encore, à cette époque, participer
à une œuvre mutualiste.
Ce n’est pas vraiment le mutualisme proudhonien
tel que le mirent en place les syndicalistes révolutionnaires
de la CGT du début du 20ème siècle ; une solidarité des
travailleurs les uns avec les autres face aux appétits
patronaux, non dans un but d’aménagement du capitalisme
et du salariat mais comme œuvre de résistance d’une
classe face à l’oppression et la misère. En améliorant
les conditions de vie des travailleurs, l’œuvre mutualiste
est bien l’un des volets de l’action syndicale telle que la
définit notamment la charte d’Amiens (texte fondateur
de
la
CGT,
1906)
:
«
Dans
l’œuvre
revendicatrice
quotidienne,
le
syndicalisme
poursuit
la
coordination
des efforts ouvriers, l’accroissement du mieux-être des
travailleurs par la réalisation d’améliorations immédiates
[…]. Mais cette besogne n’est qu’un coté de l’œuvre du
syndicalisme ; il prépare l’émancipation intégrale, qui ne
peut se réaliser que par l’expropriation capitaliste »
. La
CGT, par l’intermédiaire des bourses du travail (unions
régionales de syndicats) met ainsi en place dès 1906
des
bureaux
de
placement,
une
assurance
chômage,
une assurance pour les accidents du travail, une aide
pour
les
déplacements
liés
à
la
recherche
d’emploi,
des cours d’enseignements généraux et professionnels,
des
coopératives
de
production
et
de
consommation.
Corporatisme étudiant en plus et conscience de classe en
moins, la MNEF n’est pas loin.
Après
68,
la
MNEF
commence
cependant
à
dériver.
Le
paysage
des
facs
se
modifie
:
le
nombre
d’étudiants s’accroît énormément. La bureaucratisation
et la professionnalisation de la mutuelle vont de pair. Ce
phénomène est accentué par le système national préféré,
lors de la création, au fédéralisme de peur de perdre le
contrôle étudiant dans certaines sections locales. A cette
échelle d’activité, l’administration nationale tend de plus
en plus vers la perte des objectifs militants initiaux pour
faire de la mutuelle étudiante un service d’assurance
individuelle.
Cet
éloignement
de
l’UNEF
est
amplifié
par les crises internes du syndicat étudiant à l’image
de l’éparpillement du mouvement étudiant après 68. La
MNEF tente de s’éloigner de ces divisions pour maintenir
son activité de gestion d’un service public.
La rupture définitive entre la MNEF et les véritables
objectifs du syndicalisme et du mutualisme est consommée
avec
l’incroyable
micmac
organisé
par
les
socialistes
en 1979. Après l’échec du Programme Commun, le PS
tente une OPA sur le mouvement étudiant pour isoler
les militants étudiants du PC -encore sous les ordres de
Moscou- et unir toute la jeunesse derrière Mitterrand. Les
trotskistes de l’OCI prennent le contrôle de la nouvelle
UNEF,
réunifiée
en
1980,
l’UNEF
«
indépendante
et
démocratique » . Ils rejoindront les rangs du PS en 86.
Les jeunes socialistes sont déjà très présents à la MNEF
depuis 1972 avec le CERES. Ils en prennent la direction
sous l’œil bienveillant de FO. Le fameux Olivier Spithakis
devient le trésorier.
Seulement,
après
la
victoire
de
Mitterrand
en
81, les jeunes opportunistes du PS à la tête de la MNEF
se trouvent bien penauds. Ils sont les grands perdants
de la redistribution des fonctions et des bonnes places
ministérielles opérées par les Mitterrandistes. Ils font
alors le choix de la professionnalisation et la MNEF devient
leur jouet ; c’est le début de « l’ère Spithakis » . Avec
l’augmentation de la durée des mandats et l’étirement
des périodes entre les congrès (mesures en contradiction
avec la « durée de vie » du statut d’étudiant), la mutuelle
rompt définitivement avec sa base étudiante. Elle s’entoure
progressivement d’une multitude de sociétés satellites,
des filiales dans des domaines loin des intérêts étudiants:
assurances,
imprimerie,
informatique,
construction
et
immobilier… Et tout cela, financé par l’Etat, puisque la
Les mutuelles étudiantes, du syndicalisme aux assurances privées
Bulletin
de
la
section
EAPLV
du
Syndicat
Unifié
du
Bâtiment
-
CONFEDERATION
NATIONALE
DU
TRAVAIL
n°1 - octobre 2005
05
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