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Extrait

n°3.
JOURNAL ÉDITÉ PAR LA MUNICIPALITÉ EN COLLABORATION AVEC LE CONSEIL LOCAL DE GENNEVILLIERS
Témoignage de Coumba page 5
Le hip-hop aujoParoleus de jerunesdgennevillohis pageus 4 eti5
POURQUOI CE THÈME ? Après 25 ans d’existence, le hip-hop s’est stabilisé comme un phénomène populaire majeur, ayant perdu en grande partie son aspect dérangeant et subversif. Peu de rappeurs américains se sont positionnés par exemple contre la guerre en Irak. Certains artistes se félicitent du retour en force des guitares qui change les jeunes de “la représentation d’eux-mêmes que leurs renvoient les médias : vous êtes noirs, vous ne pouvez écouter que du rap” (Chessnut de Roots). Ce numéro de G-jeunes brosse un tableau de la situation en France, alors que le hip-hop continue à attirer des milliers de jeunes, comme l’a encore montré le succès de la 2ème rencontre de danse amateur de Gennevilliers, en avril der-nier. Pour ce faire, il donne la parole aux jeunes bien sûr, mais aussi à des chercheurs, journalistes spécialisés et artistes genne-villois s’exprimant dans des domaines aussi divers que le Slam, la danse ou le graff. On y voit comment le rap “hardcore” perd de la vitesse au profit de musiques plus commerciales, alors que des artistes cherchent au contraire à maintenir les valeurs origi-nelles du hip-hop sous des formes renouvelées.
Interview de Dgiz
page 6
« Le hip-hop nous apprend sur la société en général »
Vous avez débuté votre travail à la fin des années 80, le livre est sorti en 1995, où en est la culture hip-hop aujourd’hui ? Hugues Bazin« Après la phase d’émergence, et de reconnaissance, aussi bien du point de vue écono-mique qu’institutionnel, les enjeux sont toujours actuels. Mon ouvrage voulait confirmer l’idée que le hip-hop à travers ses quatre disciplines, la musique, la danse, le langage, le gra-phisme, formait un ensemble cohé-rent et un sens pour les acteurs. Cela permettait à une génération issue des milieux populaires de construire sa propre trajectoire. C’est une culture qui nous apprend sur la société d’au-jourd’hui. Le hip-hop a changé depuis dix ans. Un certain nombre d’acteurs de ce mouvement se sont profession-nalisés. Aujourd’hui, le rap fait partie de la variété française, il y a des ate-liers de danse dans tous les quartiers, il y a des compagnies professionnelles qui se produisent dans de nombreux théâtres, etc. Il y a une intégration dans la vie culturelle, à la fois dans les pratiques amateurs et dans la diffu-sion des spectacles. Pour le graffiti, c’est plus difficile, car il y a une partie émergée, pas mal d’anciens graffeurs travaillent dans les ateliers, exposent ; par contre, en tant que pratique, le graffiti est toujours pourchassé, puisque c’est une pratique illégale. Récemment dans la Marne, un jeune est mort en voulant échapper aux policiers. Sur ce plan-là, les choses n’ont pas beaucoup évolué. »
Le hip-hop est-il en danger ? Certaines parties sont totalement inté-grées dans l’industrie culturelle, com-merciale, et là on peut s’interroger sur le devenir du rap commercial. Economiquement, le robinet est en train de se fermer, aujourd’hui le mar-ché est moins porteur, c’est plutôt le Rn’B, Star-Academy. D’une certaine manière, cela remet les pendules à l’heure. Il y a huit ans, c’était envisa-geable de vendre plusieurs centaines de milliers de CD, aujourd’hui, ça se chiffre plutôt en milliers. Une partie, peut être plus créative, du rap est peut-être en train de s’éteindre, mais une autre émerge. Je pense à tous ces labels associatifs : ils vont construire leur propre parcours, leur propre label, leur auto-production, vendre leurs CD à travers les concerts et d’autres réseaux et ne pas passer obli-gatoirement par les major companies. C’est ce que l’on trouvait au départ avec les DJ qui expérimentaient avec des nouveaux sons. Il y a des connexions qui sont en train de se reconstruire avec le jazz, la percussion,
Glossaire Hip-hop :“Le hip-hop regroupe des arts de la rue, une culture populaire et un mouvement de conscience. Les arts se rassemblent autour de trois pôles (rap, ragga, Djing, beat box), corporel (break-dance, smurf, hype, double-dutch), graphique (tag, graff). Le tout est enveloppé par une culture urbai-
ne (mode de vie, langage, mode vestimentaire, état d’esprit, économie...)”
(Hugues Bazin).
Dans la bouche des jeunes Français, le terme hip-hop est souvent utilisé de
manière impropre et très réductrice pour désigner la danse.
4/JUIN 2004
Plus de mille jeunes ont assisté à la deuxième rencontre de hip-hop amateur d’Ile-de-France à Gennevilliers
avec le reggae. Quand l’une des quatre disciplines du hip-hop s’efface un peu, une autre prend le devant. Un moment, le rap était un peu moteur et la danse en retrait, mainte-nant la danse connaît aussi des diffi-cultés mais aussi un afflux massif en matière de pratique amateur dans les ateliers de danse. La question est de savoir ce qui est transmis, est-ce uni-quement une technique ou est-ce une culture, des valeurs ? Les nouvelles générations vont-elles se construire uniquement sur la forme, en étant amnésique sur l’histoire de ce mouve-ment ? »
Peut-on dire que le hip-hop reste une culture de ghetto ? « Là aussi, il faut bien préciser les mots. Aux Etats-Unis, le mot ghetto a un sens, en France, ce n’est pas le cas. Le hip-hop a été approprié par la jeu-nesse issue de l’immigration qui, effec-tivement, se retrouve dans les quartiers populaires, mais ce n’est pas lié à un communautarisme, comme aux States, c’est plutôt lié à la crise des
années 80. Ce n’est pas une culture de ghetto en ce sens-là. Après, il y a un message social très fort. Pourquoi a-t-il été approprié par cette génération-là ? Parce qu’il permet de se construire. Le problème de la jeunesse issue de l’immigration comme celle de la mino-rité noire dans les années 70 aux Etats-Unis, est qu’elle est confrontée à une double impossibilité : on ne peut pas retourner dans le passé, celui de la cul-ture des parents dans laquelle on ne se reconnaît plus, mais on ne peut pas non plus se tourner vers l’avenir, puis-qu’à chaque fois que l’on cherche un boulot ou un logement, on vous dit : vous êtes issus de l’immigration. Donc, on se construit sa propre culture. C’est universel. Ce qui est intéressant dans le mouvement hip-hop, aussi bien en France qu’aux Etats-Unis, c’est que les gens qui ont participé à ce mouve-ment ne sont pas tous issus de milieux défavorisés ou populaires. Ce que nous renvoie le hip-hop, nous apprend sur la société en général. On doit pou-voir en tirer des enseignements. »
Beat box :boîte à rythme, largement utilisée dans le rap mais aussi sous forme d’imitation par la voix humaine. Djing :art du DJ (disc-jokey), devenu un personnage central du rap puis de toutes les musiques électroniques grâce aux perfectionnements technolo-giques permettant de manipuler le son. L’alter ego du DJ est le MC (Maître de cérémonie) qui rappe. Funk :ultime avatar, très syncopé, de la soul-music dans les années 70 (cf. James Brown, etc.). Ce sont des DJ spécialisés dans le funk qui sont à l’origi-ne du rap et plus généralement du mouvement hip-hop. New Jack :évolution du rap renouant avec les rythmes du funk. Style origi-
« Nous sommes dans une période de fusion »
Journaliste à Music Info Hebdo, Nicolas Dambre est un spé-cialiste de la musique. Il a rédigé un ouvrage sur les musiques électroniques. Il en prépare un second. Il a bien voulu nous éclairer sur la situation du hip-hop en France.
Le mouvement hip-hop est apparu à la fin des années 70 à New York. En vingt ans, il a évolué, changé, où en est-il aujourd’hui ?
Nicolas Dambreest apparu, en« Il effet, dans la rue, dans les quartiers, via les « block parties », c’étaient des sortes de fêtes : des DJ mixaient des disques, un chanteur prenait le micro et déclamait par-dessus. Il bavardait (“to rap”), et est apparu comme ça le hip-hop, qui n’est pas que de la musique. Ce mouvement regroupe la musique mais également le DJing, la danse et le graffiti. Quant à la musique, ça peut être différentes choses : le rap, le Rn’B, le new jack... Le hip-hop est une des deux grandes révolutions musicales des années 80 avec la techno. Ces deux grands mou-vements viennent d’ailleurs des Etats-Unis. Ils ont explosé là-bas et se sont développés en France. Le rap est donc devenu un phénomène très populaire, commercial aussi, puisque tous les rappeurs sont signés sur des maisons de disques, c’est un vrai business. Les grands figures du rap sont toutes dans des majors du disque : les anciens de NTM, Kool Sheen et Joey Star sont chez Sony, MC Solaar est chez Warner, IAM est chez Virgin. Ce sont des multinationales. »
Le rap a même très bien marché ces dernières années chez nous ?
« La France est le deuxième marché mondial du rap après les States. C’est un mouvement bien plus que musical, qui a bien pris en France. Les rappeurs se sont investis dans différentes activi-tés, notamment dans tout ce qui est mode. Certains ont lancé leur marque
de vêtement. Je pense à Joey Star avec « Com 8 ». C’est une grande réussite qui est inspirée de ce qui se passe aux Etats-Unis car il y a beaucoup de rap-peurs qui ont lancé leur marque de vêtements là-bas. »
La danse fait un tabac dans les quartiers. Est-ce qu’il n’y a pas un risque de récupération par les poli-tiques ? « D’abord, cela a toujours bien fonc-tionné. Elle est en train de s’institution-naliser parce que la danse hip-hop ren-contre aussi la danse contemporaine. Des troupes amateurs deviennent pro-fessionnelles, donc elles reçoivent des subventions des mairies, de l’Etat, elles se produisent dans des festivals ; je pense aux Rencontres Urbaines de la Villette, qui est un grand rendez-vous annuel pour toutes ces compagnies de danse. Il y a beaucoup de festivals en France, des festivals internationaux, des compétitions internationales aussi. Est-elle récupérée ? On va dire que c’est surtout aidé. Heureusement que les compagnies de danse ont été aidées, d’ailleurs, parce que sinon elles n’auraient pas émergé. Après, on peut se poser la question, effectivement, de savoir si elles sont récupérées. »
Des noms du rap se mettent à la guitare. Le rock n’est-il pas en train de manger le rap ? « Nous sommes à l’heure des mélanges, sous une ère cosmopolite. Je pense que toutes les musiques, toutes les influences, se mixent ensemble. Le rock s’influence du rap, le rap s’influence du rock... Je songe à un groupe américain comme N.E.R.D. C’est un groupe très influent parce
naire de la ville de Detroit (rebaptisée par un journaliste New Jack City :
“ville des nouveaux ados” en argot). Ragga (ou raggamuffin) :version hip-hop du reggae. Utilise les procé-dés sonores du rap mais conserve l’accentuation à contretemps typique du reggae et sa scansion des paroles. Rap :style musical caractérisé par des textes scandés plutôt que chantés. La première chanson rap clairement identifiée est le tube “rappers delight” du groupe Suggar Hill Gang en 1979. Assez rapidement les musiciens ont tota-lement cédé la place aux DJ et à des compositions basées uniquement sur des samples, la ryhtmique étant assurée par des beat box et des scratch.
que c’est un producteur de chanteurs pop comme Justin Timberlake ou Britney Spears. Pleins de producteurs de rap sont maintenant derrière des pop stars. Qui mange qui, après, je ne sais pas. On peut dire aussi la même chose des musiques électroniques, elles se mélangent avec le rock. Tout cela s’influence l’un l’autre ; je ne suis pas trop catégorique là-dessus. On est vraiment dans une période de fusion en ce moment, c’est-à-dire que le rap n’est plus cloisonné au seul rap, les rappeurs reprennent les guitares élec-triques, le rock s’inspire des musiques électroniques aussi. Le hip-hop reste un mouvement très populaire aux Etats-Unis et en France. » Les raps français et américains sont différents, en particulier au niveau de la violence des paroles chez les seconds. « Dans le rap américain, il faut faire la distinction entre les raps de la côte
Est et de la côte Ouest. Il y a un rap qui est plus politique à NewYork, et plus violent, plus axé sur le sexe sur la côte Ouest. Le rap français est peut-être un peu moins violent, un peu moins cru que le rap US. Ce der-nier fait dans la surenchère. Il y a aussi des histoires de violence, de meurtre, liées au milieu du rap amé-ricain, ce qui, heureusement, n’est pas encore arrivé en France ! »
Rn’B :évolution commerciale du rap renouant avec l’aspect mélodique de la soul-music des années 60-70. Les refrains, voire les couplets sont à nou-veau chantés. Le nom Rn’B (rythm n’ blues) désignait à l’origine la musique noire dans les années 50. Scratch :la technique du scratching consiste à faire aller et venir un disque vinyle sous un diamant de manière à obtenir un effet percussif. Sample :échantillon sonore prélevé dans un morceau et réintroduit dans un autre contexte, passé en boucle, etc. Slam :poésie scandée à la manière caractéristique du rap. Donne lieu à des concours.
9/JUIN 2004
6/JUIN 2004
« J’aime bien le rap français : Psy 4 de la rime, 3ème œil, Funky Family, IAM, des gars de Marseille, 113 de Paris. Ce sont des groupes qui ne salissent pas les femmes, au contraire, ils les mettent en valeur. Ils défendent des valeurs humaines, critiquent la politique. Moi, je suis plutôt Rn’B à la base. Le rap américain, ce n’est pas pour moi. J’écoute Génération, FG. Joey Star me file mal à la tête, il aboie. Quelquefois, je mets Nostalgie, le samedi soir car il y a un spécial funky à partir de 21h. »
« Le hip-hop, c’est pas mon truc. Je préfère la new jack, le Rn’b, ou le raï. Maintenant, il y a le Raï-nb, c’est génial ! J’écoute beaucoup la radio : Ado, Skyrock. Avec ma fille Anissa qui a six ans, j’écoute Laurie, Priscilla. »
ver ce s y e avec - -p, h-o-p dans les années 80. C’est une musique qui parle, qui exprime ce que je ressens, ce qu’on vit au quotidien. Elle parle pour nous, à notre place, avec talent. Le groupe que je préfère est IAM, ça fait dix ans que je les écoute. Un jour j’ai vu Akhenaton face à un homme politique de droite. A la fin du débat, le type qui était venu avec ses idées préconçues a regar-dé Akhenaton avec respect, je me suis dit que c’était lui qui nous représentait. NTM n’était pas du tout repré-sentatif. Je trouve que MC Solar fait un peu trop com-mercial, il ne parle pas avec ses tripes. Quand j’écoute IAM, “le sachet blanc” ou “le Mia”, il démontre que dans la vie, on peut toujours recommencer, même à 35 ans. Je vibre avec eux, j’éprouve une grande admira-tion. Je voudrais faire un clin d’oeil à un groupe de Toulouse qui démarre : Secte infecte. »
« Il y a des choses
« Je connais mieux le rap améri-ercial, DMX, Eminem, Tupac qui est inaire des Antilles et j’apprécie parti-aga, la soul et le reggae. Dans le sons sont violentes, mais j’écoute ime bien Sniper, Diam’s. Certains , d’autres abusent. J’écoute Espace »
Erratum. Interviewé dans le numéro 2 de G-Jeunes, Salim considère que certains de ses propos ont été déformés. Il fallait lire “si certains (et pas “on”) veulent se promener avec une fille ils vont ailleurs” et “moi je préfère me marier (et non “sortir”) avec une fille qui est voilée”.
“Détourner la ville de son ordinaire” « J’ai fait du hip-hop pendant quatre ans au lycée Galilée, parallèlement je faisais de la gym, de la capoeira, avant de faire aujourd’hui de l’Art du déplacement (appelé aussi Parkours). Ce qui m’intéresse c’est d’utiliser mon corps pour faire des choses impressionnantes. C’est ce qui me plaisait dans certaines disciplines spectaculaires de la danse hip-hop comme le breakdance, avec ses acrobaties au sol. Avec le temps, j’ai lâché tout doucement et me suis intéressé à l’Art du déplacement qui permet une utilisation dans l’audiovisuel. C’est une discipline sportive extrême créée par un groupe de jeunes il y a 15 ans, dont David Belle et les futurs Yamakasi. Le principe de base est de franchir n’importe quel obstacle (barrières, toits, murs...). Le pratiquant détourne la ville de son ordinaire : il ne la voit pas comme un lieu de travail ou de vie uotidienne mais comme autant de fa ons de se mouvoir. Il ne la subit lus :
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« J’écoute de tout, du rap, Sniper, ck, le s rs us une es re is, es
« Je n’aime que le rap convivial genre MC Solaar. Je n’aime pas trop NTM, ses chansons sont trop sexistes, il a une vision des femmes un peu hard, il nous fait passer pour des filles faciles. J’aime le Rn’B, des gens comme Corneille, Balavoine qui était un chanteur engagé. Je kiffe ce type de chan-teur qui s’engage. 113 a chanté avec Cheb Mami, j’ai bien aimé. Ils ont fait une chanson sur l’Algérie avec Khaled, c’était intéressant ».
« J’écoute un peu de tout du Rn’B, du rap américain, français. J’aime bien la musique, le style, les fringues. Je m’habille comme eux parfois. Pour les radios, je privilégie Ado, Génération, je vais « J’aime bien le rap : sur Internet pour des morceaux peu connus en France. » B.O.S.S., Paname all stars, iam’s. J’achète des CDs ou j’écou-do, NRJ, Voltage. J’aime bien les disent des choses assez vraies. de la mort de son père, « il est a parle de tout, ça permet de s’ex-p, ment. Moi je fais un peu de rap au vec Dgiz. J’invente des textes qui eulent dire des choses, sans gros-e » t des slam sessions un peu comme uartier du  iles » le film d’Eminem. » Village, aime la danse depuis qu’elle est toute petite et pratique le hip-hop depuis trois ans. Coumba poursuit ses études de comptabilité à Bois-Colombes et sa maman a bien souligné que la réussite scolaire passait avant les loisirs. Mais pour Coumba, le hip-hop est un peu plus qu’un simple défoulement. Elle a beaucoup bossé pour présenter un spectacle digne de ce nom le 24 avril à la salle des fêtes. Déjà, l’an dernier, elle était montée sur scène avec ses copines de « Gegen Crew », devant un public nombreux et les « J’ai toujours aimé sensations lui avaient donné le frisson. Elle a débuté avec Larson au sein du club 11-14 : « le rap, la danse, la Il m’a donné les bases, reconnaît-elle, quand je le voyais danser, j’avais envie d’être aussi musique. J’avais 9-bonne que lui. C’est lui qui m’a donné le désir de m’améliorer, de danser comme j’aime 10 ans quand j’ai aujourd’hui. » commencé à écouter L’envie de bouger, de s’exprimer par le corps, Coumba la ressentait déjà enfant. « Chaque un peu de tout, IAM, fois que je voyais des danseurs, des clips à la télé, j’avais envie de faire la même chose. J’ai vu Funky family. Après pas mal de spectacles grâce aux sorties organisées par la mairie, à Suresnes ou à la Villette ». je suis allé vers le zouk, le ragga, la Ce qui était donc un simple loisir est devenu une vraie passion. « Je continue le hip-hop avec danse-hall. Maintenant il y a du zouk-Rn’b, du zouk- le service jeunesse, sous la direction de Jean-Pierre Chandler. On s’est entraîné tous les jours hip-hop, du ragga-hip-hop. Les musiques se mélangent. pendant les vacances jusqu’au spectacle. Dans l’année, je suis trois cours par semaine. C’est Avant chacun était dans son clan, et ça fait grandir le une passion qui passe avant les autres. Au départ, ma mère était sceptique, mais maintenant hip-hop. Ce mélange des genres permet d’oublier la elle voit que j’aime ça et elle me laisse continuer, à condition de privilégier les études. Si je haine, ça rassemble le métissage, les religions, plein de peux, je voudrais bien faire un petit bout de chemin dans la danse ». choses. J’aime surtout le son qui va avec la voix. C’est la Coumba apprécie un peu toutes les formes musicales, elle aime le zouk, le ragga et Sean vie telle qu’on la vit, ça parle de l’avenir, du futur pour Paul, la danse hall, etc. nos enfants. Quand NTM dit “ne laisse pas traîner ton « Le hip-hop, c’est un art, et une échappatoire » dit-elle, « quand on n’est pas bien, on se fils, si tu veux pas qu’il glisse”, ils avertissent, ce sont des sent mieux à la danse, ça me fait toujours du bien. » gens qui ont vécu ces choses-là. Ils donnent des conseils aux autres, c’est très utile, car les jeunes écou-tent, ils réfléchissent. Ils nous mettent en Ateliers jeunesse garde. Le hip-hop est devenu une culture et même chez les bourgeois, certains aiment Pour une initiation à la danse hip-hop, au slam, au graff, pensez aux ateliers organisés par la direction cette musique. » municipale de la jeunesse. Contacter Asmaa Abdellatif (11-14 ans) au 01 40 85 67 88 ou Véronique Martin (15-25 ans) au 01 40 85 67 10.
7/JUIN 2004
Il mitraille des textes ciselés dans la langue ançaise
Comment t’es-tu intéressé au hip-hop ? Dgiz :« J’ai commencé à écouter cette musique dans les années 80. Il y avait Sydney à la télé et son émission « H-I-P-H-O-P ». Je dansais chez moi et je me faisais virer du salon. J’ai suivi le mouvement, la danse, le graff. Quand je suis arrivé à Gennevilliers, j’étais déjà branché hip-hop. J’avais 14 ans et au collège Pasteur, j’ai vu deux types : par leurs habits, j’ai reconnu leur appartenance dans le mouvement. C’étaient deux gars qui m’accompagnent aujourd’hui : DJ Junkaz et Shoet qui a fait la pochette de mon album « Dgiz Hors ».
Les meilleurs sites internet sur le Hip-hop
assassin-productions.fr :Un des rares sites français promouvant un hip-hop “conscient” proche de l’esprit des pères fondateurs amé-ricains.
8/JUIN 2004
ent découvert un lieu magique, le
comme une bouée de sauvetage, car it caïd. C’est dommage, sur le plan cul-y ait pas plus de Gennevillois qui vien-nent car il y a une super programma-tion. La réputation de cette banlieue, c’est un mythe, ça ne craint pas, c’est super agréable. Le Tamanoir, c’est itiative qui porte ses fruits. Il y a des tch, de danse, des ateliers d’écriture. Il y ionnels, des semi-pros qui montrent la s jeunes qui font du hip-hop aujour-assés par là. Il faut trouver un équilibre e l’on reçoit et ce que l’on donne. endre.
es ateliers d’écriture et d’expression eunes depuis cinq ans, pourquoi ?
ement, je trouve un grand intérêt péda-nsmettre, à travailler avec des jeunes. ur faire prendre conscience du matériel, e, de l’écoute. Ca me responsabilise à jeunes qui suit nos ateliers va peut-être ur sa vie comme moi. Ce serait un super e également des ateliers slam à Clichy, ouard-Manet à Villeneuve, ça va se faire quet. J’interviens dans des foyers de jeunes, des centres culturels, auprès de la Protection de la Jeunesse à Asnières. Le Tamanoir exporte même ses ateliers à Belfort et Briançon ! ».
Le hip-hop est-il en danger selon toi ? « Depuis trois ans, personne ne programme de hip-hop. C’est une musique qui est abandonnée. Les radios ne passent que les artistes qui s’auto-censu-rent. Mais il y a toute une nouvelle génération qui arrive. La France n’est pas une photocopie des Etats-Unis, nous n’avons pas eu des ancêtres avec des chaînes aux pieds pendant 50 ans, on ne porte pas
hiphopdirectory.com * :Le portail officiel du hip-hop. Contient d’in-nombrables informations con-cernant tous les aspects de cette culture : Djing, mode, artistes, con-certs, magazines, disques, danse, vidéos, paroles de chansons...
hiphop-partisan.net ** :Site cherchant à construire à partir du mouvement hip-hop “un nouveau mouvement subversif” liant culture
et politique.
de chaînes en or mais en France, nous avons une super langue, subtile, de grands poètes et par res-pect pour eux, on doit écrire de beaux textes. Le hip-hop, ce n’est pas simplement dire trois phrases. Je rencontre plein de p’tits gars qui ne ressemblent à personne et qui déchirent, qui ont de super textes, qui sont sincères et motivés. Le commercial a tué le vrai hip-hop, il lui a enlevé sa sincérité. Tous ces artistes qui sont dans l’ombre, vont arriver en force. Le rock français est nostalgique et grabataire, le der-nier c’est Cantat. Le rap est la seule nouvelle chanson à textes. Dans le hip-hop, il y a un potentiel, la danse a fait un bond monstrueux en deux ans, il y a des graffeurs dans les galeries maintenant. Il y a le slam qui fait évoluer le rap. »
Tu as commencé le slam au Tamanoir ? « Oui, et je suis à fond dedans. Nous vivons dans une démocratie où la parole est libre. Le slam veut donner un petit coup de fouet au rap français. Les slameurs vont virer les rappeurs. Dans les slam ses-sions, personne ne se la pète, ils dégagent. Il faut s’entraîner, la musique, c’est pour tout le monde. Avec un micro, on a un pouvoir. On peut s’en sortir par le sport, les études, la musique. C’est comme ça qu’on s’en sort dans la vie, sans faire rêver, sans faire la Star Ac’. Le Tamanoir reste ma maison. »
Où puises-tu ton inspiration ? « Tous mes titres ont un fond et une forme, comme chaque être humain, quoi qu’il arrive. J’ai une main qui se ballade en moi, dans mon passé, ma vie. J’ai eu un parcours très difficile, j’ai eu besoin de beau-coup d’années pour comprendre, on apprend tous à notre rythme. La musique peut donner envie de voyager, dans son propre pays déjà. La France possè-de des régions très riches et très différentes, des patois, des parlers différents, la langue d’Oc, celle des troubadours ; nous avons la chance de vivre dans un beau pays. »
publicenemy.com * :L’expres-sion officielle sur le net d’un des g r o u p e s r a p l e s p l u s f a m e u x , a u t e u r d e l ’ h y m n e “ f i g h t t h e power”.
rapstation.com * Site généraliste d’information sur le rap et le hip-hop ; animé par Chuck D., un des chanteurs de Public Enemy.
templeofhiphop.com * :Le site de KRS-One, vétéran du mouvement et une des figures du rap engagé.
zulunation.com * Le site d’Africa Bambaata, un autre vétéran, et de sa Nation Zoulou. Promeut une vision pacifiste et mystique du hip-hop, présenté comme une sorte de nouvelle reli-gion syncrétique.
* site en anglais/** site en allemand
Les jeunes de France doivent trouver leur propre voix
Je suis un fan de hip-hop depuis l’époque de Grand Master Flash et Kurtis Blow. J’ai toujours apprécié les artistes les plus engagés : KRS-One, Public Enemy, the Coup, Dead Prez, etc. Je suis un noir âgé de 35 ans, qui est né et a grandi à New York. Je suis charpentier, mili-tant politique et syndicaliste : j’anime le site de discussion Gangbox qui cherche à organi-ser les travailleurs du bâtiment et à promou-voir un syndicalisme démocratique (http:// finance.groups.yahoo.com/group/gangbox). J’ai grandi dans la partie sud du quartier new-yorkais de Queens, qui a été le lieu de naissance du hip-hop moderne. Run DMC sont originaires du même quartier que moi. Aujourd’hui, le mouvement hip-hop est toujours aussi important qu’il l’a été durant les trente dernières années. C’est ainsi parce que le hip-hop est la poésie populaire de notre époque et a une influence dans tous les domaines de la culture américaine : musique, sports, théâtre, films, télévision, littérature, art et même la mode. Le hip-hop s’est développé bien au-delà des rues ghettoïsées du sud du Bronx et de Queens où il est né... et est devenu la culture popu-laire dominante de notre nation. Dans les premiers temps du hip-hop, de nombreux rappers étaient engagés politique-ment et socialement. Mais durant les années 90, la culture hip-hop est devenue dominée par l’industrie et aujourd’hui seuls les rappers “underground” non commerciaux qui ne suivent pas le courant principal sont toujours préoccupés par les questions politiques. Je voudrais exhorter les jeunes de France à trouver leur propre voix et à parler de leurs propres expériences en utilisant tous les média culturels dont ils peuvent s’emparer (musique, art, performance, etc.) et à pro-duire leur propre version européenne du hip-hop.
« L’odeur de la bombe »
Pims, Dams, Slim, Walk, graffeurs gennevillois
Nous faisons du graff depuis trois ans envi-ron. Dès le départ, au lycée, nous étions inté-ressés par le dessin. Puis, peu à peu, nous avons rencontré des graffeurs et nous nous sommes intéressés à ce mode d’expression. Au début nous travaillions “sur la feuille” et maintenant “sur la feuille” puis “sur le mur”. Le graff se compose de plusieurs styles : les tags (signatures), les flops (tags avec du volu-me et éventuellement des effets “3D”), les blockletters (gros caractères serrés qu’on voit parfois sur le bord des autoroutes ou des voies de chemin de fer) et les fresques. C’est ce dernier style que nous pratiquons. Nous sommes des graffeurs “tolérés” car nous ne touchons pas aux murs des particu-liers mais uniquement aux terrains vagues, aux murs d’entreprises désaffectées, etc. Il y a quelques temps, les keufs sont intervenus alors que nous étions en plein travail. Ils nous ont juste fait quitter le terrain. Il y a aussi des “vandales” qui taguent par-tout ou qui gravent les vitres des wagons de métro mais ce n’est pas notre truc. Ils pren-nent de gros risques, tombant sous le coup de l’article 322 du code pénal (connu de tous les graffeurs !) avec des amendes allant de 10 à 75.000 euros. Le graff et le tag n’ont pas le même esprit : ce qui domine chez les
tagueurs, c’est l’idée du risque. Certains graffeurs pratiquent différents styles et les plus connus sont bons en tout. Ils ont des pseudos, différents selon le caractère légal ou pas de ce qu’ils font. Nous on ne se voit pas taguer sur la porte d’entrée des gens. Pour faire des fresques il faut prendre son temps. Nous, on est plutôt dans le style à choisir un terrain vague et à ramener un bar-becue ! Mais c’est dur de trouver des espaces et notre “manager” y passe pas mal de temps. Alors on aimerait bien que la Ville de Gennevilliers nous donne quelques murs d’expression libre. Il y a naturellement des interactions entre g r a f f e t r a p . D ’ a i l l e u r s d e n o m b r e u x membres de groupes rap comme NTM ou Assassin ont commencé par le graff. Nous, on écoute de tout sauf de la techno, même Pink Floyd. Dans le hip-hop on s’intéresse surtout à la danse. Certains d’entre nous font du rollers “free style”. Ce qui nous rattache à la culture hip-hop, c’est la compétition, les battles, l’idée de s’opposer et surtout de développer son style. C’est cette notion de style qui nous paraît fondamentale. Pourquoi continuer ? Sûrement à cause de l’odeur de la bombe et surtout du plaisir de voir les murs gris prendre des couleurs.
urious Five “The Beastie Boys ith attitude)
5/JUIN 2004
Justice pour tous
Nous croyons que la justice doit être pour tous, qu’ils croient ou non en Dieu. La justice doit ins-pirer les rois, les reines, les prési-dents, les dirigeants, les gens, les animaux, le plancton ou n’importe qui. Nous devons avoir un monde juste. Comme le disent la sainte Bible et le glorieux Coran : Allah, Jehovah, Dieu est un Dieu juste. S’il n’y a pas de vraie justice, alors il n’y a pas de vraie paix. Pas de justice, pas de paix. Tout un chacun doit avoir droit à la même justice égale partout sur la planète qu’on appelle Terre. Et s’il arrive un jour que nous rencontrions des extra-terrestres d’une autre planète, alors l’Univers entier devrait être dirigé avec une justice égale pour tous. Paix. Nous croyons au pouvoir - pas le pouvoir de diri-ger ou d’opprimer d’autres humains, sinon ils pourraient nous considérer comme des suceurs de sang qui leur apportent l’enfer alors qu’ils vivent au paradis mais le pouvoir que nous vou-lons est le pouvoir de contrôler nos propres des-tinées. Nous voulons le pouvoir de l’esprit, le pouvoir de l’éducation (la connaissance) dans la vérité, la sagesse, et compréhension, le pouvoir de la liberté pour nous et pour tous, le pouvoir de la justice et de l’égalité, le pouvoir de tra-vailler pour nous et pour les humains (hommes et femmes), le pouvoir pour le Peuple de s’ex-traire du caniveau du monde pour remplacer le négatif par le pouvoir positif, vrai et juste. Nous voulons le pouvoir de l’esprit sans chaînes ou verrous sur le corps ou dans la tête. Paix. Extrait du texte : wisdom and understanding of the fifteen beliefs of the Universal Zulu Nation.
L'autre patrie du hip-hop
En dehors des Etats-Unis, c'est au Brésil que le mouvement hip-hop est le mieux implanté. Il y prospère en se mêlant à la culture locale (capoeira), en opposition frontale à la culture officielle. Comme le rappelait Rudimar, jeune de Porto Alegre reçu à Gennevilliers à l'occasion du Forum social européen 2003, dans des villes ravagées par les gangs, le hip-hop est un puissant moyen de conscientisation.
G-Jeunes Espace jeunesse, 177 avenue Gabriel-Péri 92230 Gennevilliers, Tél. 01 40 85 60 81 conseil-local-jeunesse.gennevilliers@wanadoo.fr N'hésitez pas à nous contacter pour participer à ce journal !
2/JUIN 2004
35 pointures du rap ont ditoui Lorsque Souad et Fatima, deux membres de frères/Victimes, témoins d’un tremblement l ’ a s s o c i a t i o n L’ O u v e r t u r e r e v i e n n e n t de terre/Amène mon soutien aux orphelins d’Algérie en compagnie d’une délégation sans repères” , écrit Loostik, l’un des rap-gennevilloise, elles restent bouleversées par peurs gennevillois qui ont participé à cette la tragédie vécue par les victimes du trem- belle aventure. Au hasard de l’enregistre-b l e m e n t d e t e r r e d u p r i n t e m p s 2 0 0 3 . m e n t , H a r o u n d e S c r e d C o n n e x i o n : Rapidement, l’idée d’enregistrer un CD de “ l ’ O u v e r t u r e p e r m e t u n e p r e m i è r e soutien vient à l’esprit de l’association qui a approche/donc je mets la main à la pâte/ si vu l’efficacité d’organisations humanitaires ç a p e u t e n f a i r e m e t t r e l a m a i n à l a comme « SOS Kinderdor f ». Le projet poche/Au lieu d’acheter des disques de prend corps, des démarches sont effectuées merde/ Ce coup-ci tu prends celui-là, tu auprès de la Ville, du Conseil général. « Vu piges/A mon avis ça nous concerne un peu les dégâts, les besoins en eau potable, on tous/ Noir, blanc, chinois, algérien, Camaro s’est dit qu’il fallait faire quelque chose pour ou touns”. ceux qui vivent la misère là-bas », explique Le résultat est assez formidable, vingt jolies Nasser, le président de l’association. secondes en moyenne pour les 35 artistes et Une compilation de rap est mise en chantier, un single réalisés en trois versions diffé-produite par L’Ouverture, MKM Production, rentes, agrémenté d’un clip (visible dès l’Antenne du Luth, le club de prévention maintenant sur www.mkmprod.com et Page, CVHG, le Conseil général et le service www.teeray.com). Diam’s, la leader française municipal de la jeunesse. du rap, a même trouvé le temps en pleine Les contacts dans le milieu du hip-hop de tournée hexagonale, de mettre sa touche de MKM Production vont faire des miracles. De star. très grosses pointures participent à l’enregis- 3000 CD intitulés « Solidarité Algérie, la trement de ce CD : Kery James, Diam’s, continuité » , sont mis en vente dans toute Bustaflex, Rim-K, MBS, Aketo de Sniper, la France. La totalité des bénéfices sera ver-etc.Tout ce beau monde est venu bénévole- sée aux victimes du tremblement de terre. ment scander des rimes touchantes, boule- Prix public : 10 euros. versantes : “Familles d’Algérie détruites/Renseignements :01 47 92 04 88 Acteurs d’une tragédie/J’écris pour ces
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