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de l’actualité internationale La lettre du moisN°3 : Mars 2005 Par le Professeur Khalifa Chater VicePrésident de l'Association des Etudes Internationales, TunisL’aire arabe : la recomposition du paysage géopolitiqueLa findu leadership régional ? ans un souci de désidéologiser notre2 territoires ou de lieux symboliques ».Or le séisme approche, nous avons préféré utiliser D irakien a redimensionné les acteurs arabes du Moyen l’expression aire arabe plutôt que monde Orient, redessiné la carte géopolitique, par un arabe. Tout en reconnaissant l’importance du rééquilibrage des pôles, en relation avec le nouvel état tissus relationnel arabe(langue et culture, mémoire des rapports de forces dans la région. Il inscrit, dans historique, cause palestinienne commune, les faits, lafin du leadership régional. Estce que tous identification de l’autre), nous avons préféré, dans un les acteurs arabes ont pris la juste mesure de cette souci de prise en compte de l’état de l’opinion et des donne, qui doit annoncer, après la fin de la «guerre Establishments et de reactualisation de la pensée froide arabe», l’aire du partenariat multilatéral ! politique arabe, dégager le terrain de la recherche des concepts idéologiques sérieusement mis à l’épreuve  L’impactdu leadershipaméricain : par les successives guerres du Golfe de 1990 à nos « Vassalisation »du MoyenOrient, l’expression est jours. Fin du nassérisme et du Baath, les utopies n’ont certes bien exagérée! Mais la nouvelle donne fait pas pu transgresser les pesanteurs de la réalité. La valoir la présence américaine sur la scène, comme solidarité, affirmée comme un absolu, a pris désormais acteur dominant sinon exclusif. En tant que tel, il une dimension réaliste, faisant valoir les intérêts bien entretient un réseau d’alliances, privilégiant des 1 compris des différents états. partenairesqu’il associe dans la réalisation de sa stratégie. Notre analyse doit rappeler cette En tant qu’espace, l’aire arabe est bien entendu,identification américaine dela «carte des alliances» et une entité géopolitique, c’estàdire« unterrain dedes pôles de suspicion, essentiellement la Syrie et le manoeuvres de la puissance locale, régionale etSoudan. Dans cette vision dichotomique, il n’y a pas mondiale» et «un enjeu pour le contrôle des voiesde place pour une aire d’indifférence. Mais la stratégiques, de ressources vitales, mais aussi dehiérarchisation des alliances change selon le contexte, les nécessités de la stratégie sinon les états d’âme de la conjoncture. 1  J’avais écrit en 1991, après l’occupation du Koweït  acte grave, tragique et désastreux  et la formation de la coalition contre l’Irak, que les Etats arabes ont « ôté 2 le masque». Ilsassument désormais plusfranchement Voir Alexandre Defay,Géopolitique du Proche leur liberté de manœuvre.Orient, Puf, Que Saisje ?, Paris, 2003, pp. 5. 1
Rappelons que les EtatsUnis avaient tenu à associer, dans leur première guerre contre l’Irak leurs alliés traditionnels l’Arabie saoudite et l‘Egypte, élargissant même la coalition à la Syrie, jadis réfractaire au jeu politique américain. Ils ont, par contre, privilégié, au cours de la seconde guerre contre l’Irak, le recours aux pays du Golfe et à la Jordanie. Ce changement de partenaires, qui s’explique aussi par les réserves des alliés de la première expédition, révèle de nouvelles options. Et d’ailleurs, la guerre d’Irak avait, entre autres objectifs, le choix du «nouvel Irak »,comme partenaire privilégié, sur la scène moyenorientale. Ses gisements pétroliers, sa richesse agricole mais aussi son poids démographique sont en mesure de compenser et/ou de compléter les atouts des ressources pétrolières de l’Arabie et démographiques de l’Egypte, permettant, par ailleurs, de consolider et de développer le réseau des alliances et de le hiérarchiser, selon le besoin. Le déroulement des événements devait, certes, réviser les prétentions utopiques du scénario et faire valoir une option plus réaliste, dans un système d’alliance différentielle conjoncturelle. Il faut donc tenir compte des rapports de forces qu’il induit, réagir en conséquences et définir les stratégies nationales, en connaissance de cause de la conjoncture.Loin de «l’œil du cyclone» le Maghreb échappe à ce mode de traitement du MoyenOrient. Le règlement du contentieux américanolybien met, d’autre part, à l’ordre du jour l’établissement de relations «apaisées». Palestine, les armes de la paix!Estce que la réunion de Charm elCheikh, le 8 février 2005 est susceptible de remettre à l’ordre du jour le processus de paix en Palestine? Le sommet Ariel Sharon Mahmoud Abbas avait certes des ambitions limitées. Il s’agissait d’amorcer un dialogue et de lui assurer les préparatifs nécessaires. Mais les dossiers du règlement de la question palestinienne (création de l’Etat, démantèlement des colonies, statut de Jérusalem, question des réfugiés) n’ont pas été abordés. Abbas et Sharon se sont entendus pour mettre un terme à quatre années de violences qui ont fait plus de 4.300 morts de part et d'autre. Mais les observateurs avisés savent que l’objectif sécuritaire mis en avant par le premier ministre israélien ne pouvait être réalisé que par un traitement des questions politiques. Nous ne partageons pas les vues de ceux qui estiment que le
3 sommet assure le triomphe des vues de Sharon. «L’homme de guerre», le faucon a dû changer son fusil d’épaule, sinon se convertir en «colombe». Il a, vraisemblablement, reconnu comme évidence la nécessité de reconnaître le fait palestinien, pour assurer la sécurité d’Israël et créer les conditions de son intégration dans son environnement, à l’heure de la mondialisation. Mais ses vues idéologiques doivent subir une sérieuse révision. L’état sur le terrain et les recommandations américaines  résultat d’une appréciation pragmatique de l’importance de l’enjeu palestinien dans l’aire arabe et le monde musulman  peuvent le convaincre pour adopter cette «raison d’Etat ».Du côté palestinien, la prise de position de Mahmoud Abbas est courageuse, dans la mesure où l’arrêt de l’Intifadha a lieu, sans garantis politiques. Pays assujetti, la Palestine ne peut faire des concessions qui aliènent le recouvrement de sa souveraineté. C’est dire la marge de manœuvre limitée de Mahmoud Abbas.Israël doit reconnaître cette réalité. Fait intéressant, les précédentes négociation, en présence du Président Clinton et celles de Bellin et Rabbo, agissant en «explorateurs »non officiels ont précisé les enjeux territoriaux. Une volonté politique 4 peut finaliser l’accord, en faveur de cette « éclaircie». La présence du Président égyptien et du roi de Jordanie – un quartet alternatif ?  permet de conforter la trêve de fait. La normalisation des relations avec les pays arabes  condition Sine qua none – apparaît comme un objectif important de la politique de Sharon. Annoncée prématurément par l’Egypte et la Jordanie, agissant en éclaireurs, la normalisation fait valoir l’importance des «armes de la paix». Syrie/Liban, lanouvelle donne: L’adoption par le Conseil de Sécurité de la résolution 1559 (2 septembre 2004) s’inscrivait dans le nouveau contexte. Rappel à l’ordre de la Syrie, la résolution demandait l’évacuation des troupes étrangères. Il était temps! Dépassant l’accord de Taëf (22 octobre 1989), la résolution recommandait expressément la dissolution et le désarmement des milices libanaises et non libanaises. L’appel de l’ONU renforçait les vues de l’opposition souverainiste qui prenait ses distances visàvis du Président Lahoud. Les contestataires réclamaient lafin de « l’ère de la tutelle ». L’attentat à l’explosif, le 14 février, qui a coûté la vie à l’ancien 3  Opinion de Abd elBari Atouan, éditorial, AlQuds alArabi, 9 février 2005.4  Expression de Claude Imbert,, «Jérusalem, une éclaircie », EditorialLe Point, 20 janvier, à l’occasion des élections palestiniennes.2
premier ministre Rafic Hariri, suscita une mobilisationRedistribution des cartes ou reconfiguration populaire, hostile au pouvoir et à la présence syrienne.géopolitique, comment définir alors les mutations Les accusations prématurées, propagéesactuelles du Moyen Orient? Les bouleversements essentiellement par la rumeur publique créaient unactuels du paysage irakien ont, bien entendu,leurs climat de suspicion évident, attesté par la demande deeffets d’entraînement sur la Syrie. Estce à dire que le l’opposition d’ouverture d’une enquête internationale.sort des deux républiques sœurs, façonnées par  l’idéologiedu Baath, érigé en parti unique et Dans l’état des choses, vu la complexité de latotalitaire, est scellé ? Nous ne le pensons pas. L’idéal situation au MoyenOrient, la diversité des unitairea été, en effet, mis en échec par la praxis mouvements de résistance et de dérives terroristes,politique, expression des intérêts divergents et des l’ampleur du jeu des acteurs sur les scènes et lesoptions des dirigeants. La démarcation des réseaux arrièresscènes la multitude des alliances et des contred’alliances, conjoncturels sinon contre  nature, au alliances, aucun scénario ne peut être privilégié. Lacours des différentes guerres du Golfe, explique le jeu stature de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, sesconcurrentiel des deux régimes. Cela relève désormais positions réalistes et nuancées, sa prise en compte desde l’histoire lointaine. rapports de forces régionales et internationales n’étaient pas de nature à plaire à tout le monde. On nePar ailleurs, au Sud de la vallée du Nil, les pouvait ni exclure une opération du jihad international,événements du Darfour, qui se déclanchèrent comme ni une stratégie de défense du statu quo ou depar hasard, après la conclusion des accords, qui rééquilibrage. Mais la grave épreuve montre laavaient pour objectif de mettre fin à la guerre civile, ne nécessité de prise en charge par les Libanais de lapouvaient que fragiliser le régime soudanais et susciter gestion de leurs affaires, y compris bien entendu lal’intervention extérieure. défense de leurs frontières et la sauvegarde de leur sécurité. La voie de la raison doit l’emporter pourPlus de jokers, plus de leaderships, la nouvelle imposer la reconstruction du consensus national etdonne limite désormais la marge de jeu des différents l’établissement de relations équilibrées entre la Syrieacteurs. Les manœuvres théâtrales ne doivent pas nous et le Liban, deux partenaires stratégiques de fait. Bieninduire en erreurs. Comment faire face aux défis de la entendu l’application de l’accord de Taëf, mesure deconjoncture, dans cette aire arabe, «un espace de sagesse et de Realpolitik, ne saurait être différée, poursolidarité »qu’on ne peut réduire à sa simple éteindre ce foyer de crises et faire échec aux velléitésexpression géographique ? Fin des utopies, estce que 5 d’interventions étrangères. La lucidité recommandel’épreuve actuelle fait valoir désormais la gestion d’anticiper les prises de position.réaliste des affaires, la prise en compte des rapports de  forceset la mise à jour d’une stratégie de la reprise de La recomposition du paysage politiquel’initiative, fondée sur une dynamique de progrès, de: Les faits majeurs qui ont eu lieu au MoyenOrient mettent unréformes et de développement globale ? Peuton rêver point final aux concepts désormais désuets dulucidement d’une libération des pesanteurs du passé, « croissantfertile »et de la «Grande Syrie». Parpour réussir cetteconfrontation avec les dures réalités contre, on enregistre l’émergence d’un arc chiitedu présent ? Ce qui implique une analyse critiquede susceptible de remettre en question les équilibresla condition arabe. fondateurs de la géopolitique arabe. Estce la fin annoncée de l’étatnation et le retour au systèmeProfesseur Khalifa Chater ottoman, fondé sur une prise en compte des ethnies,28 février 2005 sous la suzeraineté de la Sublime Porte? Il serait hasardeux d’expliquer le présent par le recours à deschaterk@hexabyte.tncatégories conceptuelles d’un passé révolu. 5  Damas s’est déclaré prêt à coopérer avec l’ONU en vue de l’application de la résolution 1559 (24 février 2005). Kofi Annan demanda à la Syrie deretirer ses troupes du Liban d’ici le mois d’avril. Il s’agissait, dit il du «retrait et non d’un redéploiement ((24 février 2005). 3
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