Sport, cyclisme et technologie Jean Wauthier

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Sport, cyclisme et technologie Jean Wauthier

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Jean Wauthier - Colloque Médical FFC 23 octobre 2010

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Sport, cyclisme et technologie

Jean Wauthier

Dans une présentation limitée dans le temps, nous ne pouvons que projeter quelques idées

comme autant de “coups de phare” destinés à intéresser et susciter la réflexion.

1.1. Le colloque s’articule autour d’un thème : celui des prospectives et d’un futur auquel il faut se

préparer dès aujourd’hui. Toutes les présentations ont mis en lumière les difficultés auxquelles

nous serons confrontés tôt ou tard. Il s’agit bien de dépister et d’anticiper les conséquences des

nouvelles technologies. Ce que nous avons appris est de l’ordre du probable et nos

responsabilités sont à la mesure des enjeux. C’est lorsque les signaux sont encore faibles qu’il est

temps de réagir ; lorsque les signaux sont devenus forts, il est trop tard.

1.2. Les incertitudes liées aux utilisations des nouvelles technologies se traduisent par un grand

nombre d’études prospectives. Le sujet est à l’ordre du jour et fait l’objet d’attentions particulières

de la part d’organismes officiels comme le ESTO (European Service and Technology Observatory)

qui explorent, en temps réel, toutes les facettes des technologiques nouvelles. Si des organismes

officiels s’interrogent sur les finalités des nouvelles technologies pour les citoyens, que dire alors

du sport puisque les compétitions suggèrent l’amélioration sans fin des performances (Citius,

Altius, Fortius - plus vite, plus haut, plus fort) et que les acteurs (les athlètes) sont demandeurs

d’efficacité sans trop chercher à savoir ce qui sont réellement les choses.

1.3. Le colloque est à mettre au crédit de la FFC et des personnes qui en eurent l’idée parce

qu’une évaluation raisonnée (les avantages et les risques) des nouvelles technologies est

devenue une nécessité dans le domaine du sport. L’approche raisonnée suggère que la

technologie n’est pas un “autre absolu” qu’il faut combattre ou adorer. S’il y a bien un progrès

technologique dont il faut tenir compte, il y a conjointement une manière d’appréhender les

technologies qui concilie la largeur de vue, l’analyse et la critique sous les influences conjuguées

des sciences humaines, des savoirs écologiques et des préoccupations éthiques : une approche

qui n’est ni technophile ni technophobe selon la formule MAYA (Must Advanced but Yet

Acceptable) : mais acceptable par rapport à quoi ?

1.4. Pour la philosophie grecque ancienne, la “techné” restait à l’extérieur de l’homme ; c’était

quelque chose que l’on pouvait prendre ou laisser tel Diogène de Sinope qui abandonne son

écuelle après avoir vu un enfant buvant à la fontaine dans ses mains. La vision antique est celle

d’un monde fini et clos où la nature représente la norme reposant sur la juste harmonie des

proportions. Les dieux châtient la démesure et les mortels qui veulent s’élever aussi haut qu’eux.

Avec la révolution scientifique du XVIIème siècle, la vision devient celle d’un monde infini qui

suggère un progrès sans limite. La domination technique de l’homme sur la nature se nourrit au

rythme des découvertes et des développements des sciences et des techniques. Désormais,

“anthropos” et

“techné” sont inséparables et l’on ne parlera plus de technique mais d’un ensemble

de connaissances enveloppant la technique selon la formule utilisée par Fernand Braudel : “tout

est technique mais toute technique n’est pas technologie”. Dés lors, le culte du progrès autorise

toutes les tentatives et toutes les expressions de la liberté mais aussi toutes les dérives et tous les

excès. Le sport moderne s’insère dans un contexte économique, politique et social et reproduit, de