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Langue Français

Extrait

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Tensions dans le monde arabe
Jamais le jeune Tunisien Mohamed Bouazizi
n’aurait pu l’imaginer. En s’immolant par le
feu, le 17 décembre 2010, après avoir été bru-
talement privé par la police de sa charrette
de vendeur ambulant et humilié lorsqu’il en
avait appelé aux autorités, il posait là un acte
qui mènerait, quelques semaines plus tard, au
changement politique le plus important qu’ait
connut la Tunisie depuis l’indépendance, en
1956. Et il faudrait y ajouter la crise majeure
qui secoue maintenant de nombreux régimes
arabes.
Bien sûr, les tensions étaient latentes. Et la
mort de M. Bouazizi a surtout été le catalyseur
nécessaire pour pousser enfin des centaines de
milliers de gens à descendre dans la rue et ré-
clamer le départ du Président Ben Ali. Ce qu’on
a appelé la « Révolution du jasmin » a frappé
l’opinion publique internationale par l’image
qu’elle a donnée, de spontanéité et de simpli-
cité : des citoyens lambda défilant par milliers
dans les rues , quasi sans violence mais avec
détermination. Et, de façon plus surprenante,
sans leadership clair (ainsi qu’on a pu le voir par
la suite) mais avec la ferme intention de pous-
ser le président vers la sortie et de démanteler
ce régime qui a tenu sous le boisseau le peuple
tunisien pendant 24 ans : pas de liberté, pas de
respect pour les droits de l’homme, de la cor-
ruption à tous les niveaux du pouvoir, un con-
trôle total de la société et une appropriation de
l’Etat par le président et la famille. Un régime
dictatorial qui étouffait brutalement les atten-
tes d’une population majoritairement jeune,
et, de plus, aujourd’hui confrontée à une grave
crise économique.
Les opposants politiques et autres person-
nalités en lutte contre le régime avaient été
laminés. Leur place a été prise, en tous cas
provisoirement, par une nouvelle génération
qui a largement usé des nouvelles technologies
(en particulier les télévisions satellitaires, les
blogs et Facebook) pour partager ses idées et
les populariser. Puisque les médias traditionnels
étaient inféodés au pouvoir ou inaccessibles, ce
sont Internet et les SMS qui ont servi de canal
de communication pour appeler les gens à se
rassembler. La Révolution « du jasmin » a été
conçue et s’est propagée grâce à l’internet.
Indubitablement, le rôle des technologies de la
communication (TIC) occupera une place crucia-
le dans l’analyse politique à venir.
Un des effets indirects des changements en
Tunisie est la multiplication de revendications
similaires dans d’autres pays de la région : le Ye-
men, l’Algérie, la Jordanie et la Libye ont déjà
pris différentes mesures afin de réduire l’impact
d’une mobilisation populaire contre leurs lea-
ders. Cela va de la promesse du président en
place de ne pas se re-présenter aux prochaines
élections présidentielles (Yemen, Egypte), ou
d’en finir avec l’état d’urgence qui se perpétue
depuis 19 ans et sert de prétexte à la limitation
des libertés publiques (Algérie), jusqu’à la sus-
pension de l’augmentation du prix des denrées
alimentaires de base pour couper l’herbe sous le
pied des contestataires (Libye).
En Egypte, le président Moubarak dirige le
pays d’une main de fer depuis 1981. Il y a quel-
ques mois, le processus électoral pour les élec-
tions législatives a été modifié pour préparer
l’accession de son fils au prochain mandat pré
-
sidentiel. Du coup, les Frères Musulmans, une
composante politique « islamiste » née là-bas à
la fin du 19e siècle et qui y jouit d’un large sou
-
tien populaire, ont été une fois de plus exclus
du scrutin. C’était la dernière provocation en
date d’un régime tyrannique qui maintient 80
% de sa population dans une extrême pauvreté,
alors qu’une minorité s’est immensément enri-
chie. Le régime dépend dans une large mesure
de subventions étrangères. La politique de bon
voisinage avec Israël, inaugurée dans les années
70 par Anouar El Sadate, et qui lui a valu ce
soutien international, n’a jamais reçu l’appui de
l’Egyptien moyen.
Aujourd’hui, c’est à nouveau la révolte de
centaines de milliers de citoyens ordinaires qui
nous est donnée à voir ; ils demandent la démis-
sion de Moubarak et l’établissement d’un ré-
gime politique qui garantisse la liberté, respecte
la dignité et promeuve une prospérité parta-
gée. L’apparente tranquillité du monde arabe
était, en vérité, celle d’une casserole à pression,
dont la vapeur fuse tout à coup lorsqu’on en
dévisse, même très peu, le couvercle. En Egypte
aussi, les TIC ont joué un rôle décisif, d’abord
pour sensibiliser et mobiliser les manifestants
potentiels, ensuite pour donner au phénomène
une visibilité mondiale. Les gouvernements occi-
dentaux ont commencé à réagir lorsque les mé-
dias ont montré l’ampleur des manifestations
et la violence de la répression. La pression sur
Moubarak ne devrait pas se relâcher de sitôt.
Ce qui est d’abord mis en avant, ce sont les
conditions de vie de millions de personnes dans
ces pays : le respect pour les libertés fondamen-
tales, la reconnaissance des droits civils, la mise
en place d’un système économique qui assure
une prospérité partagée et une distribution plus
équitable des revenus et des impôts. En bref :
plus de liberté, plus de justice. On ne peut pas
ignorer non plus les implications importantes
qu’auraient des changements sur la question
de la sécurité, en particulier en ce qui concer-
ne le conflit israélo-palestinien. L’équilibre des
forces qui prévaut depuis 30 ans pourrait en
être affecté. On ne peut pas non plus exclure
une montée en puissance de groupes islamistes
radicaux. Mais en vérité, jusqu’à présent, ce
n’a pas été le cas ; et ce ne devrait pas être une
excuse pour dénier à ces populations le droit de
voir rencontrées de légitimes aspirations.
L’implication internationale dans les événe-
ments, en particulier en Europe, est encore
limitée et doit nécessairement être interrogée.
L’Occident a soutenu ces pays depuis leur acces-
sion à l’indépendance. Dans le cas de la Tunisie,
l’Union européenne a conclu avec elle un ac-
cord d’association. Et l’ironie du sort veut que
c’est pour obtenir un « statut avancé » (c’est-à-
dire une position privilégiée dans les relations
avec l’UE), que le régime de Ben Ali a encore
durci sa répression contre les militants des droits
de l’homme : leurs contacts et rapports à des-
tination de l’étranger, quant à la situation des
droits de l’homme en Tunisie auraient « porté
atteinte à la sécurité économique » du pays.
L’Union européenne est, de loin, le premier
partenaire commercial de la Tunisie, et cela lui
donne une énorme capacité d’influence, même
si cela s’est peu vu jusqu’ici, sans doute à cause
des mécanismes complexes à mettre en œuvre
pour articuler une position commune. Le cas
égyptien est particulièrement saisissant, dans la
mesure où son économie est soutenue à la fois
par l’aide américaine et européenne, à concur-
rence de 1.300 millions de dollars pour chacun.
Les événements des dernières semaines auront
des répercussions intérieures dans chacun de
ces pays et dans d’autres de la région. Mais ils
devraient aussi provoquer à la réflexion sur la
politique étrangère européenne. Au cours des
trente dernières années, l’UE a choisi de trai-
ter avec des régimes politiques d’une intégrité
douteuse, afin de conclure des accords avec
eux concernant le contrôle des frontières, les
échanges commerciaux et la sécurité. La forme
donnée à ces engagements révèle aujourd’hui
de sérieux manquements, à la fois au niveau
des principes et au niveau de la stratégie. Au
niveau des principes, parce que, malgré qu’elle
en ait, l’UE a tacitement accepté des violations
continues des droits de l’homme dans ces pays.
Stratégiquement, parce qu’elle n’a pas su perce-
voir les évolutions de ces sociétés, en particulier
en ce qui concerne les jeunes, qui, grâce aux
TIC, sont désormais capables de faire valoir leurs
légitimes revendications. L’UE doit aujourd’hui
penser un défi qui devrait la stimuler : comment
corriger les erreurs du passé tout en soutenant
le développement d’un « nouvel ordre arabe ».
Pour plus d‘informations, contactez:
José Ignacio García Jiménez SJ
Jesuit European Office (OCIPE) - Brussels
51 rue du Cornet
B – 1040 Bruxelles
Tel: +32 (0)2 737 97 25
email: garcia@ocipe.info
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