USA, 11 SEPTEMBRE 2001 : "NI RIRE NI PLEURER, MAIS COMPRENDRE"
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USA, 11 SEPTEMBRE 2001 : "NI RIRE NI PLEURER, MAIS COMPRENDRE"

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USA, 11 SEPTEMBRE 2001 : "NI RIRE NI PLEURER, MAIS COMPRENDRE" COMMISSION SOCIALISTE DE SOLIDARITÉ INTERNATIONALE 13-9-2001 (CSSI/ph 13.IX.01) A l'heure où nous écrivons (jeudi 13 septembre, 2 heures), nous ne savons pas encore avec une absolue certitude qui est responsable de l'offensive terroriste lancée contre les USA le 11 septembre, même si toutes les "pistes" (du moins celles qui ont tré annoncées publiquement, et quelques unes de celles que pouvons avoir par ailleurs) semblent converger vers la "Qaeda" d'Oussama Ben Laden, seule ou en association avec d'autres réseaux. Mais ne sachant pas encore, avec certitude, qui, nous ne savons pas non plus pourquoi : pourquoi cette offensive, pourquoi par ces moyens, pourquoi contre ces cibles, pourquoi à ce prix ? A peine commençons-nous à savoir comment... Dans ces conditions, toute analyse est incertaine, et toute réaction menacée de n'être qu'un rabâchage de la compassion (au sens étymologique de "souffrance avec") avec les victimes, compassion légitime mais qui se dévalue à se donner en spectacle. De spectacle, d'ailleurs, nous avons été gavés. Les images terrifiantes des attentats, déversées à satiété et jusqu'à plus soif de fumée, de feu, de gravats, de hurlements, de morts et des blessés, ont-elle une autre vertu, sinon une autre fonction, que celle d'un show télévisé, et de faire "vendre du papier" (un papier dont il ne nous semble pas que les éditeur aient eu la décence d'extirper ce qui y importe et qui rapporte : la publicité, pas plus d'ailleurs que les "pavés" publicitaires n'ont disparu des télévision, entre deux images d'apocalypse) ? Pour les auteurs des attentats du 11 septembre, en tous cas, la déferlante des images de leurs actes est une aubaine; certes, ce ne sont pas les media, qui tuent; mais ce sont les media qui font la publicité du tueur. Les télévisions qui ont retransmis, pratiquement en direct, puis en boucle pendant trois jours, les images du "blitz" ne sont pas coupables de ce qu'elles retransmettaient, mais elles sont responsables de l'impact immédiat, massif, mondial (mais non universel) de ces images. Mesure-t-elles le sombre prestige qu'ainsi elles apportent à celui qui semble être lke "daemon ex machina" du spectacle qu'elles offrent ? Nous nous sommes retrouvés ce 11 septembre dans la situation du voyeur, du spectateur de l'horreur, qui fut déjà la nôtre lors de la guerre du Golfe (à ceci près que cette fois, on nous donnait quelque chose à voir : un avion transperçant de part en part une tour; des corps se jetant du haut d'un immeuble de 400 mètres pour ne pas périr dans les flammes; des nuages de poussière et de gravats submergeant Manhattan...), et dans cette autre situation déjà vécue d'entendre, de sur-entendre, de réentendre, sur toutes les chaînes, les mêmes "commentaires", souvent par les mêmes "commentateurs" meublant le temps entre les images en scandant le spectacle de l'épouvante par l'invocation du monstre tapi dans l'ombre afghane. Pour le reste : combien de morts ? On n'en sait rien. Qui est responsable ? On a hésité entre Ben Laden et l'extrême-droite américaine. Où est George Dobleyou ? Quelque part entre la Floride, le Nebraska et Washington. Pourquoi tant de haine ? Aucune idée... Reste que chacun est aujourd'hui sommé de dire quelque chose, même si cela a déjà été dit cinquante fois; que chaque acteur politique ou social, si modeste soit-il, est tenu de réagir, même si sa réaction est sans autre contenu que toutes les réactions qui l'ont précédée. Et que celui qui ne dit rien, parce qu'il n'a rien de neuf à dire, parce qu'il préfère se taire plutôt que dire n'importe quoi, ou qu'il n'est pas certain que ce qu'il a à dire ait quelque intérêt, sera suspect d'indifférence, voire de pactiser avec les terroristes. Disons donc ce que nous croyons avoir à dire, en tentant, comme nous y invite Spinoza, de ne "ni rire ni pleurer mais comprendre". ---------------------------------------------------------
1. Il faut être singulièrement dépourvu de mémoire, à moins que, plus obscurément, l'on ne se refuse à faire usage de celle dont on dispose, pour considérer que l'événement du 11 septembre est "sans précédent". Le terrorisme est sans doute la plus ancienne méthode d'action politique qui soit : il naît quand naît le pouvoir, qu'il en soit usé contre le pouvoir ou par le pouvoir, contre l'État ou par l'État. Son "éradication" relève de l'illusion -sauf à l'inscrire explicitement dans un projet anarchiste- et nombre de ceux qui y invitent sont d'ailleurs prêts à le couvrir, quand ils ne l'ont pas eux-mêmes pratiqué, pour peu qu'il soit mené par un État, un gouvernement, un pouvoir en place. Il est cependant possible de réduire la menace terroriste, de la contenir, mais en agissant sur ses causes. Tout le reste tient de la gesticulation. On pourra mobiliser toutes les polices, toutes les armées, toues les forces spéciales officielles ou officieuses dont on dispose ou dont on veut se doter au surplus : on ne rendra jamais impossible un acte terroriste et suicidaire à la fois. C'est avec des couteaux et des lames de rasoir que l'un des avions américains transformés en missiles a été détourné... En outre, l'acte n'est pas sans logique, et l'attentat n'est pas aveugle : on a visé des lieux de pouvoir et des symboles de richesse. Cela sans doute ne nous désigne pas clairement la cible (les USA ? l'"Occident" ? la démocratie ?), ni ne légitime l'acte (et que l'on soit contraint de le dire résume bien ce à quoi un "débat" est réduit en de telles circonstances...), mais cela suggère une intention, un calcul, une stratégie. Bref, la continuation de la politique par les moyens de la guerre, par un acte de guerre tout à fait comparable aux actes de guerre traditionnels du XXème siècle : une incursion territoriale, un bombardement.... Il y a cinq cent ans, on brûlait des villages; aujourd'hui, on lance des avions contre des immeubles. Les moyens ont évolué, la méthode, fondamentalement, est la même. Les instruments de destruction dont disposent les terrorisme (et les États, et donc le terrorisme d'État) sont considérablement plus meurtriers, mais le changement est quantitatif. On tue beaucoup plus, on tue beaucoup plus rapidement, mais on tue toujours pour les mêmes raisons ou les mêmes déraisons. La guerre n'a pas changé de visage le 11 septembre. Elle a toujours le même visage : celui des morts, des décombres, des cris de douleur. Ce visage est aujourd'hui immédiatement diffusé, reproduit, porté au regard de cette part du monde dont les conditions d'existence sont telles qu'elle peut porter son regard sur autre chose que sa propre misère, mais ce visage est celui de toutes les guerres du siècle passé. Pouvait-on sérieusement croire que la mondialisation n'allait être que celle des échanges commerciaux et financiers, celle des marchés et des marchandises, sans être aussi, en même temps, et par le fait même, celle de la violence, de la peur et du terrorisme ? "Nous sommes tous Américains", proclame l'édito du "Monde". Certes. Mais ni plus ni moins que nous sommes tous Palestiniens, Roms, Tamouls ou Kanaks. Et les USA, désanctuarisés, sont un Etat comme un autre. Plus puissant que tous les autres, mais comme les autres menacés par les désordres du monde qu'ils croyaient pouvoir dominer, tout en s'en préservant. ---------------------------------------------------------2. Les attentats du 11 septembre ont suscité, outre d'innombrables appels à la "riposte", de non moins innombrables déplorations de la "vulnérabilité des démocraties face au terrorisme". Or ce ne sont pas "les démocraties", et moins encore "la démocratie", qui sont vulnérables; ce sont la richesse et le pouvoir, surtout lorsqu'ils sont concentrés, ou identifiables à des cibles précises (le WTC, le Pentagone...) La concentration du pouvoir (politique, économique, militaire) est aussi une concentration des cibles pour les adversaires de ce pouvoir, quels qu'ils soient. Plus une société est développée, plus elle est fragile -et qu'elle soit ou non démocratique n'ajoute ni ne retranche rien à cette fragilité. Plus un État est puissant, montre sa puissance et s'en glorifie, plus il sera une cible. Et qu'il soit démocratique ou non n'y change rien.La puissance même devient d'ailleurs une faiblesse, dans la "guerre asymétrique" qui oppose une superpuissance à une "nébuleuse", ou à des groupes restreints: les USA sont trop
puissants pour que l'on se risque à les affronter par les moyens d'une guerre "conventionnelle" -on les affrontera donc par des moyens face auxquels ils n'ont aucune parade efficace. ---------------------------------------------------------3. Sauf à bunkériser tout un État, de ses plus hauts dirigeants à l'ensemble de ses habitants, il n'y a aucune protection matérielle possible contre des actes du genre de ceux qui se sont produits le 11 septembre aux USA. La seule protection crédible contre de tels actes est d'ordre politique : elle réside en un travail sur les causes de la violence terroriste -or ces causes sont d'ordre politique, au sens le plus large du terme (ce qui implique qu'elles peuvent aussi être d'ordre économique, social, culturel). Ce sont sur ces causes que les terroristes, quels qu'ils soient, s'appuient -et appuient leur projet politique, car ils en ont un. Ben Laden a un projet politique. L'extrême-droite américaine a un projet politique. A ces projets politiques là, jumeaux, doit s'en opposer un autre -mais la "riposte" militaro-policière à laquelle les USA et l'OTAN se préparent n'en contient aucun : elle ne sera qu'une gesticulation spectaculaire, elle ne consistera qu'à affirmer qu'"on ne se laissera pas faire". Pas faire par qui ? Par un ennemi qu'on a soi-même produit, et qu'on n'éliminera pas sans le recréer ? Par un ennemi, en tous cas, qui ne connaît pas de frontières, n'a pas d'État ni n'est un État, qui est au cur de la cible qu'il vise en même temps qu'il s'en tient le plus éloigné possible. Cet ennemi est inatteignable. La "riposte" n'atteindra donc que ce qu'elle peut atteindre : des pays faibles, quand ils n'ont pas déjà été dévastés par dix ou vingt ans de guerre. Ou un homme, Ben Laden, aussi remplaçable qu'un autre dans le rôle qu'il joue. ---------------------------------------------------------4. Les opérations terroristes du 11 septembre, quelque sens que l'on donne au terme de "terrorisme" (pour nous, il définit l'usage de la violence homicide afin de paralyser son adversaire par la terreur inspirée par cette violence) mettent en évidence la profonde imbécillité pratique des projets de "boucliers anti-missiles" de l'administration Bush : Aucun bouclier anti-missile n'a ni n'aura jamais la moindre efficacité contre un terroriste décidé à mourir pour tuer, et ce sont des avions de ligne de compagnies américaines, détournés aux États-Unis, avec leurs passagers, qui ont été les armes du "blitz" contre New-York et Washington -pas des missiles, ni des bombes nucléaires. "Ils nous ont tués avec nos avions, notre kérosène et nos passagers", résumait un rescapé de Manhattan... A quoi servent les armées si elles ne peuvent rien contre un kamikaze armé d'un couteau ? A quoi sert l'armée la plus puissante du monde, si elle n'est pas capable de protéger la serveuse du bistrot du coin de Wall Street ou la nettoyeuse du Pentagone ? A quoi servent la CIA, le FBI, la NSA, leurs ersatz et leurs avatars ? Les services de sécurité et de renseignement américains sont capables de lire ce texte sous la forme où vous le lisez ; ils sont capables d'intercepter n'importe lequel de nos courriers électroniques, mais n'ont pas été capables d'empêcher un groupe terroriste de s'emparer sur territoire américain de quatre avions de ligne américains et de les jeter contre le WTC et le Pentagone. Ils seront peut-être capable de retrouver les auteurs du "blitz" du 11 septembre; ils seront pas capable d'en empêcher, sous une forme ou une autre, la réédition. Les appels à un renforcement de l'efficacité des services de sécurité, des polices, des armées, des services spéciaux, des services de l'immigration, se sont fait assourdissants. Mais à utiliser le seul critère de l'efficacité, sans le soumettre, sans le plier à l'impératif de légitimité, on se condamne à applaudir à l'opération du 11 septembre sur les USA : il s'agit peut-être là de la plus efficace de toutes les opérations de guerre menée contre une puissance mondiale depuis que puissance(s) mondiale(s) il y a. En quelques heures, le groupe auteur de l'opération a tué des milliers d'agents de la puissance publique américaine, détruit le symbole le plus voyant du capital financier, frappé le siège du complexe politico-militaire américain, fait chuter toutes les bourses du monde, et le dollar avec elles, manifesté l'extrême fragilité de la superpuissance américaine et traumatisé une bonne part des opinions publiques du monde "développé". Pour
se préparer à applaudir à l'efficacité de la traque et du châtiment des coupables, nous faut-il aussi applaudir à l'efficacité des tueurs ? ---------------------------------------------------------5. Le "coup" de New-York met en évidence l'infirmité du droit international : il y a un droit de la guerre. Ce droit est ratifié par les États, et il est un droit de la guerre entre États. Que les États le respectent ou non (et l'on sait bien qu'ils ne le respectent que lorsqu'ils ne ressentent pas le besoin de le violer...) ne change rien au fait qu'il s'adresse à eux, qu'ils en sont les garants, les sujets et les objets. La guerre, puisque de fait c'en est une, dont les attentats du 11 septembre sont une bataille, est certes menée contre un État ; mais si elle est menée par la "nébuleuse islamiste", elle ne l'est pas par un État, ou plusieurs États -car ni l'Afghanistan, ni le Soudan ne peuvent, en leur état actuel, être considérés comme des États, s'ils sont -et subissent- des pouvoirs. L'acteur de cette offensive de guerre contre les USA n'est pas un sujet du droit du droit de la guerre; les auteurs de ce crime contre l'humanité ne sont pas des sujets du droit humanitaire; cette guerre n'est pas perçue, ni réglée, par le droit. Les auteurs et les responsables des attentats du 11 septembre ont commis un crime contre l'humanité. A ce titre, ils pourraient être traduits devant une Cour pénale internationale, si cette cour existait. Ils pourront l'être, quand cette cour existera. Qui aujourd'hui repousse son existence, qui aujourd'hui s'oppose à ce qu'une telle cour puisse juger de tels criminels ? D'abord les États-Unis, c'est-à-dire l'administration Bush. George Bush promet que les auteurs des attentats de New-York et de Washington, et leurs commanditaires, seront pourchassés, jugés, châtiés. George Bush a largement contribué à ce qu'ils ne puissent (encore ?) l'être par une justice internationale. ---------------------------------------------------------6. D'entre les milliers de victimes du 11 septembre, faudra-il que nous comptions pour les plus douloureusement frappées les actionnaires paniqués par la possibilité d'une chute des cours de leurs actions ? Le "blitz" a été suivi d'un "krach" : dans toutes les bourses encore ouvertes, les indices de quotation ont plongé, le dollar a chuté par rapport à l'euro, à l'or et au franc suisse. Les héroïques condottiere du libéralisme et de la nouvelle économie se sont empressés de vendre par peur de perdre ce qui importe plus à certains commentateurs que la vie des milliers de personnes enfouies sous les décombres des "symboles de la puissance économique américaine" : la valeur de leur portefeuille boursier. Le nombre des victimes des attentats leur importe moins que les points perdus par le Dow Jones. ---------------------------------------------------------7. Dans son intervention télévisée, George Bush a affirmé que l'"Amérique" (comme si les USA étaient toute l'Amérique) avait été "prise pour cible parce (qu'elle est) le phare le plus brillant de la liberté". Et si elle avait été attaquée parce que, prétendant l'être, elle ne l'était pas ? Parce que pour des peuples entiers, et pour des millions de femmes et d'hommes, le "flambeau de la liberté" n'éclaire et ne réchauffe que ceux que le porteur du flambeau à choisi d'éclairer et de réchauffer, laissant les autres dans la nuit -ou les brûlant ? Les USA "sont en guerre", ont clamé d'innombrables commentateurs -et déclaré les autorités américaines. Soit. Mais en guerre contre qui ? contre quoi ? La comparaison, elle aussi récurrente, faite avec Pearl Harbour n'est pas sans intérêt, si elle est sans pertinence (New-York rappelle plus Dresde ou Hambourg, Hiroshima ou Nagasaki) : A Pearl Harbour, les USA ont été attaqués par un État, qui s'est, lui, attaqué à une base militaire (navale); les USA se sont retrouvés en guerre contre cet État ; ont mené cette guerre contre cet État, et l'ont vaincu (en usant, pour rappel, d'armes de destruction massive et indifférenciée : après Pearl Harbour, il y eut Hiroshima, et après Hiroshima la capitulation du Japon, et après cette capitulation, l'intégration du Japon dans le système de défense occidental...). La guerre a abouti à la politique, c'est-à-dire à quelque chose qui tient, forcément, de la négociation, soit avec l'ennemi (le Japon), soit avec les héritiers de l'ennemi (l'Allemagne post-nazie). A quoi
peut bien aboutir une guerre des USA contre Ben Laden ? A l'élimination probable de Ben Laden, sans doute. Et ensuite ? Il n'y a personne avec qui négocier; aucun Etat à faire capituler; aucun pouvoir à renverser et auquel substituer un nouveau pouvoir. Il n'y a qu'un immense terreau : celui de la misère, de l'humiliation de l'exclusion des deux tiers du monde par un tiers. Si la "piste islamiste" se confirme, les USA se retrouvent aujourd'hui en guerre contre des réseaux, une nébuleuse, des groupes, des individus, et peut-être deux fantômes d'État (l'Afghanistan des Talibans et le Soudan) accusés de les soutenir ou de les abriter. Cette guerre est celle du marteau contre un essaim de guêpes. Les USA et leurs alliés peuvent abattre Oussama Ben Laden, bombarder l'Afghanistan (s'il y reste quelque chose à bombarder, après vingt ans de guerre) ou le Soudan, ou la Libye, détruire des camps d'entraînement -et après ? Les réseaux se reconstitueront, Ben Laden aura des successeurs. Ils sont sans doute déjà prêts. Et peut-être ont-ils été, comme Ben Laden lui-même, aidés, soutenus, formés, financés, armés, par la CIA au temps de la guerre afghane contre l'Union Soviétique. Oussama ben Laden est lié à la famille royale saoudienne. L'Arabie Saoudite et sa famille royale sont des alliés des USA, et l'un de leurs principaux points d'appui dans la région; Oussama ben Laden est allié aux Talibans afghans, lesquels sont des créatures du Pakistan, principal point d'appui américain contre l'Union Soviétique dans le conflit afghan. Les USA ont financé et armé l'Arabie Saoudite (et donc ben Laden). Ils ont financé et armé le Pakistan (et donc les Talibans). Ils ont instrumentalisé les Frères Musulmans et la Jamaat-I-Islami pakistanaise. Ils ont directement soutenu Ben Laden quand il combattait les Soviétiques. Ils ont largement contribué, à cette époque, à la constitution de sa capacité de nuisance. Ils sont les parrains de ceux qui, vraisemblablement, les ont frappé le 11 septembre. On se retrouve là en paysage connu : il en fut de même des grands narco-trafiquants, érigés en ennemis publics des USA après avoir été financés et armés par les USA contre les mouvements armés d'extrême-gauche (et contre le pouvoir sandiniste) en Amérique latine. Les USA ont eux-mêmes armé la bombe qui vient de leur exploser à la figure. Mais les victimes réelles de cette bombe, les milliers de personnes tuées le 11 septembre, n'y sont pour rien. Quant aux politiciens et aux services spéciaux qui l'ont armée, ils sont indemnes. Des innocents ont payé pour des coupables. Et ces coupables refusent encore aujourd'hui qu'une Cour pénale internationale puisse juger les auteurs de crimes dont ils sont au moins parmi les responsables. Quand les dirigeants américains assurent qu'ils puniront non seulement les organisateurs du massacre, mais également ceux qui les ont protégé, mesurent-ils à quoi ils s'engagent ? Qui donc, déjà, était patron de la CIA, lorsque la CIA soutenait Ben Laden ? ---------------------------------------------------------8. Les États-Unis ont été visés. Mais quels États-Unis ont été touchés ? Rien n'est plus étranger aux intérêts des "peuples en lutte" que l'amalgame de toute la société américaine aux pouvoirs et aux individus qui la dominent. Comme bien d'autres, nous travaillons quotidiennement avec des militants américains, avec des ONG américaines, avec des ONG qui reçoivent des fonds des États-Unis. Comme bien d'autres, nous travaillons avec un mouvement de contestation de l'ordre du monde, présent aux USA, et dont l'audience aux USA est croissante. En quoi les attentats du 11 septembre renforcent-ils ce mouvement, ces militants, ces ONG ? En rien, évidemment, et c'est un euphémisme. Il y a lieu de craindre au contraire que tout le travail de l'"autre Amérique" aux côtés des forces qui, partout dans le monde, se battent pour un "autre monde", ne soit durablement entravé par les conséquences culturelles et politiques du terrorisme qui a frappé la côte est des USA. Après tout, il y a tous les risques pour que d'entre les milliers de victimes du 11 septembre, il y en ait qui étaient "de notre camp". Et aucune chance pour qu'il y en ait du côté des organisateurs de ce massacre. ---------------------------------------------------------
9. Outre ses auteurs, l'opération du 11 septembre aura fait des heureux : les pouvoirs pour qui le spectre du terrorisme islamiste justifie leur propre terrorisme, et nourrit des appels incessant au soutien de la "communauté internationale". Le gouvernement Sharon, par exemple. Mais aussi les généraux d'Alger. Et Vladimir Poutine. Les premières victimes du 11 septembre sont américaines. Les victimes qui suivront se compteront au sein des peuples et des communautés au nom desquels le responsable présumé des attaques contre New York et Washington mène sa guerre sainte. Pour le reste, les appels les plus pressants à la fermeture des frontières, à la lutte contre l'immigration, aux restrictions des libertés de déplacement, ont été lancés après le 11 septembre. Qu'on se rassure cependant : il ne s'agira jamais que d'entraver la circulation des personnes, pas celle des capitaux. Et de restreindre le droit d'asile, pas le secret bancaire. ---------------------------------------------------------10. Si douloureux, si insupportable, si incompréhensible que cela soit, les attentats du 11 septembre ont été salués dans les géhennes du monde par des cris de joie et de victoire. Que répondre à la Schadenfreude que les attentats ont suscité dans les camps palestiniens ou les rues de Bab-El Oued ? Qu'une saloperie n'en efface pas une autre ? Que les morts de New-York ne feront pas revivre ceux de Sabra et Chatila ? Que la destruction du WTC ne compense pas celle d'un orphelinat de Bagdad, mais s'y ajoute ? Que les attentats du 11 septembre ne servent aucune cause juste, pas plus celle des peuples dominés que celle des dominés dans les Etats dominants ? Qu'aucune révolution, jamais, nulle part, n'a abouti par de tels moyens, et que l'usage de ceux-ci au contraire a toujours renforcé les pouvoirs en place ? Que, comme le proclamait la Première Internationale, "la libération des travailleurs sera l'uvre des travailleurs eux-mêmes" et que les kamikazes font d'aussi piteux révolutionnaires que les milliardaires saoudiens d'aussi improbables porte-paroles des opprimés ? Ces réponses sont justes, fondamentalement justes. Elles sont légitimes, et elles sont indispensables. Mais elles sont inaudibles par ceux à qui elles s'adressent -les humiliés et les offensés qui voient le monde resté sourd et aveugle à leur humiliation et leurs offenses prier en un bel élan interreligieux pour les victimes d'un autre crime. Et prier qui, d'ailleurs ? Un Dieu impuissant ou un Dieu complice ? Un Dieu qui pleure au bord des fosses communes ou un Dieu qui les remplit ? Un dieu en tous cas qui ne pourrait faire plus beau cadeau aux hommes que son inexistence. Le "God bless America" de George Dobleyou répond au "Allah Akhbar" d'Oussama Ben Laden. L'un et l'autre ne traduisent que le vieux "Gott mit Uns" de tous les massacreurs, l'antique "Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens" de tous les soudards cuirassés de bonne conscience religieuse. Ces charognards rendent fier d'être athée. Aux uns comme aux autres, on peut adresser cette accusation lancée par Bakounine à Netchaïev : de n'avoir à proposer que la violence pour le corps, et le mensonge pour l'âme. ---------------------------------------------------------"Rien ne sera plus comme avant" ce 11 septembre 2001, nous affirme-t-on. Peut-être, encore que nous puissions en douter : les fabriques sociales et économiques du désespoir vont-elles cesser de les produire ? Et comment était-ce, avant ce 11 septembre qui est supposer tout changer, ou presque? Avant, c'est-à-dire maintenant, il y avait, et il y a, toutes ces guerres qui ne sont pas reconnues comme telles, et dont les morts se comptent par centaines de milliers. Depuis dix ans, en Algérie, se déroule un conflit que personne ne reconnaît comme une guerre. En ces dix ans, en Algérie, dans ce conflit que personne ne reconnaît comme une guerre, l'équivalent de la population de la ville de Genève a été tuée. 180 000 morts. Et ce ne serait pas une guerre. parce que ce ne sont pas deux États qui s'affrontent. ? Ce ne serait pas une guerre parce que l'un de ses protagonistes n'a pas signé les Conventions de Genève, personne d'ailleurs ne le lui ayant demandé ? Ce ne serait pas une guerre parce que les images n'en encombrent pas nos
écrans de télévision. C'est une guerre. Et c'est une guerre qu'aucun des instruments du droit de la guerre ne permet de saisir. Une guerre dont aucun moyen de communication ne se repaît. Une guerre exemplairement moderne : on y décapite à la hache, on y égorge au couteau. Le XXème siècle avait commencé à Sarajevo, en juillet 1914. Le XXIème siècle commence le 11 septembre 2001 à New-York et à Washington. Bienvenue dans le XXIème siècle. Un monde nouveau : il y a le Bien et nous en sommes. Il y a le Mal, et ce sont les autres. Nous ne sommes en rien responsables du Mal. Il nous est étranger. Nous n'avons jamais rien fait pour le produire, le provoquer, l'entretenir. Nous ne l'avons même jamais toléré. Nous sommes dans le camp du Bien. Et si le Mal naît de la misère, du chômage, du désespoir, de l'oppression, s'il naît de la torture, de la négation des droits fondamentaux, de la violence des puissants, ça n'est pas notre faute. Nous ne sommes ni responsables, ni complices, ni coupables. Tout juste spectateurs. A ceux qui décidément restent étrangers à cette bonne conscience, à qui ces appels à la mobilisation générale contre les forces du Mal ne parlent pas plus que les appels concurrents à la lutte contre le Grand Satan, il reste à soutenir, partout où elles existent -et elles existent partout- les forces luttant, par des moyens compatibles avec le sens de leur lutte, pour le respect des droits individuels et collectifs, idéaux et matériels, de la personne humaine, pour la démocratie, la justice sociale, l'égalité des droits. Et qu'on nous pardonne de conclure par ce qui pourra paraître comme un renvoi dos à dos de qui parle au nom des victimes et de qui est désigné comme coupable, mais ni Bush ni Ben Laden, ne sont de ces forces là, ni alliés d'aucune de ces forces, ni crédible, l'un comme défenseur de la démocratie, l'autre comme défenseur des victimes de l'ordre du monde. Ils ne sont chacun que l'ombre de l'autre. Le 11 septembre 2001, des milliers d'Américains ont été tués lors d'une offensive terroriste, spectaculaire, et dont les images se sont répandues en quelques heures dans le monde entier. Le 11 septembre 2001, selon la FAO, plus de 35'000 enfants sont morts de faim dans le monde, comme chaque jour de chaque année. Ces morts s'additionnent, leurs assassins se complètent. "Qu'est-ce qu'une guerre ? C'est quand des pauvres qui ne se connaissent pas se massacrent pour des riches qui se connaissent et ne se massacrent pas", écrivaient les socialistes libertaires français en août 1914. Bush et Ben Laden ont raison : nous sommes en guerre. ---------------------------------------------------------"Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards, ni patience" (René Char) COMMISSION SOCIALISTE DE SOLIDARITÉ INTERNATIONALE CP 343 CH-1211 Genève 4 Tel/fax +41 22 735.88.27 E-mail :holenweg@vtx.chwww.multimania.com/troubles/www.home.ch/~spaw1265/index.htms//:ptthm/coe.ncraife.itxeh.i/dnlbsertuotmPoint de vue d'un anarchosyndicaliste sur les attentats récents aux USA arachnosyndicaliste@cnt-f.org
15-9-2001 L'attentat aux États-Unis, et c'est ce qui engendre, je pense, les différences avec lesquelles on le perçoit, a des significations multiples. D'abord, c'est la destruction simultanée de deux symboles mondialement connus de la domination impérialiste américaine : la finance et le
militaire. Spontanément, il est difficile de ne pas s'en réjouir dans l'optique anticapitaliste et anti-étatique qui est la nôtre. Ensuite, c'est un attentat terroriste. Le terrorisme est une action de destruction pouvant entraîner des morts non déterminés, dont l'objectif est d'instaurer un état de terreur généralisé censé déstabiliser le système en place. Ca a été une stratégie employée par certains anarchistes à la fin du XIXe siècle. Contrairement à la lutte armée dont les actions se font sur des cibles précises, même s'il peut arriver des "bavures" imprévues. La lutte armée, ce sont aussi bien les armées de libération anticolonialistes ayant une réelle légitimité populaire, qu'à l'autre extrémité quelques militants éblouis par les sirènes de l'action se lançant à une dizaine dans une guerre contre l'État et le patronat (AD). L'action sur le World trade center et le Pentagone est donc un mélange de terrorisme (les cibles civiles choisies au hasard) et de lutte armée (la cible matérielle choisie pour des raisons précises, symbole de l'impérialisme financier et militaire des États-Unis). Je pense que c'est cette ambiguïté qui est source de confusion. Personnellement, si j'ai choisi de militer à la CNT, ce n'est pas un hasard. C'est parce que ma vision de la société est classiste et non politique. Je veux dire par là que je pense que le renversement du modèle social où nous sommes les exploités ne peut se faire, pour aboutir à une organisation sociale meilleure, qu'avec un appui populaire massif, l'appui de la classe des exploités. C'est pourquoi je refuse l'organisation exclusivement politique qui représente toujours un certain élitisme puisqu'elle suppose une idéologie commune, qu'elle exclut nécessairement celui qui n'y participe pas, lorsqu'une organisation syndicale comme la nôtre se base sur une réalité sociale et n'exclut aucun exploité qu'il soit à la CNT ou non, se contentant d'avoir choisi comme mode de fonctionnement le principe le plus démocratique qui soit, l'autogestion, comme mode d'action le plus radical qui soit, l'action directe (violente ou non), comme objectif le plus égalitaire qui soit, le communisme libertaire. D'où l'importance que la CNT, dans une perspective anarchosyndicaliste, reste "apolitique", c'est-à-dire non marquée d'un sigle forcément réducteur, synonyme d'exclusion, et en contradiction avec notre perspective classiste. Sans ignorer, puisque c'est une évidence, que notre mode d'organisation, notre mode d'action et notre projet de société doivent beaucoup à la réflexion et à la pratique anarchiste de la fin du XIXe siècle. Dans la destruction du World Trade Center et du Pentagone, plusieurs aspects sont, dans cette perspective, inacceptables. Cet attentat: - se situe dans une optique terroriste puisqu'émanant d'une avant-garde autoproclamée sur laquelle personne n'a de contrôle, sans aucune légitimité populaire sinon celle d'oppresseurs eux-même, ou la réjouissance compréhensible de personnes ayant souffert ou souffrant des États-Unis - Ne fait par ailleurs absolument pas chanceler ni la puissance militaire ni la puissance économique des États-Unis et va certainement renforcer sa puissance politique - Émane probablement, de toute façon, d'une structure dont l'ambition n'est pas le bien-être des peuples et le renversement des oppressions mais la mise en place de sa propre oppression - Au bout du compte touche toujours, comme c'est le cas des exactions américaines, le peuple (travailleurs-exploités) qui se prend tout dans la gueule, en Palestine comme en Afghanistan, comme aux États-Unis, et se fait au profit, toujours, des exploiteurs de tout bord, bolcheviques, intégristes cathos-islamo-bouddho-libéralo... Dans cette histoire, au final, après les travailleurs-chômeurs-exploités américains (avec sûrement des salauds dans le tas, mais je pense qu'il y a aussi probablement des salauds victimes des israéliens, comme des salauds victimes des nazis, des GI's, du GIA, etc.), ce sont les travailleurs-chômeurs-exploités palestiniens, afghans ou de je ne sais d'où qui vont s'en prendre plein la gueule dans la grande guéguerre des tyrans barbus, moustachus, élus; le repli communautaire et la haine indistincte de l'autre, le racisme seront renforcés, l'union sacrée de la nation, de la religion, contre l'Autre; et les idées que nous défendons, nous,
l'iinternationalisme de classe contre le nationalisme, la démocratie directe contre l'étatisme en auront encore pris plein la gueule. C'est pour tout cela qu'il me semble impossible de se réjouir un tant soit peu, au-delà d'un premier mouvement de satisfaction face à la destruction de symboles honnis, d'un acte terroriste que je n'estime pas plus que le terrorisme d'État des USA, de la France ou de la Russie. Ceci dit, il est évident que la soupe médiatique à haute teneur idéologique ("Mais non, mon bon monsieur, c'est de l'information objective!") qu'on nous fait ingurgiter de force depuis quelques jours, préparant la croisade de l'Occident (Car j'ai entendu à la télé parler de l'"Occident touché") contre la barbarie (comme hier contre "l'Hitler irakien" et "l'Hitler serbe" : prochainement un "Hitler afghan"?), est au plus haut point irritante. Non, malgré ce que j'en pense, je ne porterai pas le deuil pour les morts américains car dans ce cas il faudrait porter le deuil chaque jour pour les camarades, les exploités assassinés, torturés, violés, massacrés chaque jour dans l'affrontements entre ceux qui ont et ceux qui veulent le pouvoir. Et non, je n'enverrai pas un message de soutien à George W Bush, car comme j'ai essayé de l'expliquer, ce n'est pas la puissance américaine qui est touchée, le capitalisme et l'armée sortent intacts de la destruction de deux grandes tours et d'un bâtiment, ce sont les peuples manipulés, roulés, sacrifiés pour les intérêts des Bush et consorts. Lui ne s'en sortira sûrement pas mal du tout. Il commençait à être critiqué, il va pouvoir resserrer derrière lui les rangs de la Nation, il voulait renforcer encore la militarisation des USA, il va obtenir tout ce qu'il veut et même d'avantage, il va nous faire massacrer tout un tas de civils, bombarder des villes en toute impunité, et y gagner encore des électeurs. Bush, il doit se fendre la poire, comme l'autre en face qui va pouvoir capitaliser le surcroît de haine que vont causer les actions américaines. Dans l'immédiat ce sont les Palestiniens qui sont sacrément dans la merde. ArachnosyndicalisteUSA, terrorisme, cetera : Recherche ennemi désespérément http://tranquillou.free.fr/Paris, le 16 septembre 2001. Ça y est, la 3ème guerre mondiale est arrivée. C'est l'onde de choc, le traumatisme mondial. Face à cette déclaration de guerre, cette insulte à la démocratie, à la liberté, à la vie humaine, chaque peuple fait bloc autour de son souverain, les bons citoyens offrent leur sang, on prie, on pleure, on compatit, on est choqué, horrifié, en colère, on exige des représailles. Les drapeaux sont en berne, de par le monde un deuil est décrété. Dirigeants et dirigés, exploiteurs et exploités, tous se retrouvent unis face au malheur et à l'inacceptable. Un-front-commun-contre-le-fléau-du-terrorisme. On appelle ça : l'union sacrée. Mais derrière cette orchestration larmoyante, cette mise en scène sacrificielle, ce scénario de politique-fiction plus vrai que nature, que se cache-t-il réellement ? Pour tous les damnés de la terre, tout cela ne présage rien de bon. Dans les prochains jours, les attaques menées contre les intérêts américains serviront d'alibi au déclenchement d'une offensive militaire de l'OTAN ou des États-Unis avec l'appui de l'Europe et de ses alliés arabes. On parle déjà de l'Afghanistan, de l'Irak ou du Pakistan. Et l'on peut être sûr que les propagandistes du nouvel ordre mondial invoqueront, comme par le passé (guerre du Golfe, des Balkans, du Kosovo) les arguments de la défense du monde libre et de la démocratie pour légitimer leur projet militariste ; en réalité, il ne s'agit de rien d'autre que d'une nouvelle tentative pour les grandes puissances de consolider leurs positions d'hégémonie sur l'échiquier impérialiste, dans le contexte de rivalités entre
puissances constituées (les USA, l'Europe) et puissances en voie de constitution. Mais les exploités du monde entier n'ont rien à gagner dans ce jeu sinistre : ni la liberté formelle, source de leur exploitation quotidienne, brandie par les États occidentaux, ni la violence aveugle planifiée par une clique de chefs militaro-religieux ayant pour seule ambition de bouleverser l'ordre international à leur profit et d'instituer de nouvelles formes de domination ne leur seront d'aucun recours dans leurs luttes pour l'émancipation sociale. Une militarisation de l'État, sur l'ensemble de la planète, trouvant sa justification dans la menace terroriste (renforcement des appareils de contrôle et de coercition de l'État) est d'ores et déjà à l'ordre du jour. Ainsi, dès le jour de l'attaque aux USA est annoncée en France la mise en place du plan Vigipirate renforcé (phase 2) ; or nous connaissons bien la nature et le rôle de ces "mesures de sécurité" : derrière l'alibi antiterroriste, ce n'est rien d'autre que l'intensification de la chasse aux pauvres, à commencer par les sans-papiers, la surveillance informatisée de nos moindres faits et gestes, la répression immédiate contre tout écart à la norme sociale fixée par les maîtres de nos existences et, de manière générale, l'instauration d'un climat de peur et de suspicion brisant toute solidarité collective contre l'oppression permanente. Bref, rien de tel pour accoutumer mentalement les esprits à la loi martiale et à l'univers totalitaire que l'on nous prépare dans les coulisses du pouvoir. Cette militarisation des démocraties, ce contrôle et) cette gestion militaire des rapports et des conflits sociaux permet aussi aux États de pouvoir enfin s'attaquer aux spectres de ces ghettos sociaux de plus plus difficiles à contenir. La logique de guerre omniprésente est à l'uvre aussi bien dans rapports internationaux entre puissances pour l'hégémonie planétaire (plan d'intervention militaires dans toutes les parties du monde, par exemple le plan Colombie, ou les guerres de basses intensités (Chiapas), gestion humanitaire des rivalités inter-étatiques à travers le rôle dévolu aux ONG et aux organismes caritatifs), mais aussi dans les rapports sociaux de chaque État (ghettoisation et ségrégations sociales, gestion carcérale des " nouvelles classes dangereuses ", etc.). En dernière analyse, toutes ces mesures, comme tous les discours et toutes les déclarations dont les médias nous abreuvent jusqu'à la nausée, sont destinées à entretenir l'illusion que sans le sang-froid et l'abnégation de nos bien-aimés dirigeants, leurs polices, leurs armées, leurs espions, leurs légistes, leurs diplomates et leurs bureaucraties, nous nous enfoncerions, livrés à nous-mêmes dans la barbarie. Or, c'est de tout le contraire qu'il s'agit : toutes ces institutions ne sont là que pour perpétuer la barbarie, celle des rapports de production capitalistes. Au plan idéologique, on nous refait le coup de la guerre froide, avec un nouvel ennemi, plus dangereux que le précédent (l'URSS et le "communisme") car insaisissable, intérieur et extérieur, invisible, disséminé, obscur, nulle part et partout à la fois A nouveau, le monde se structurerait à les entendre en deux pôles antagonistes : le camp des démocraties occidentales, le "monde libre" emporté par les USA contre un monde arabe fanatisé par une caste de dirigeants intégristes C'est cette présentation des choses, cette absolue falsification idéologique de la réalité qu'il faut dénoncer et combattre. La bipolarisation au niveau mondial ne se fait pas entre les démocraties et les États terroristes et leurs bases avancées, mais entre les exploités du monde entier, d'Occident, d'Orient ou d'on ne sait où, et leur exploitation gérée par la clique de dirigeants politiques et économiques internationaux. L'opération militaire qui se prépare va faire, comme à chaque fois, un massacre parmi la population civile d'un pays (on ne sait pas encore vraiment lequel, très certainement l'Afghanistan) et l'on nous parlera encore de frappes chirurgicales et de dégâts collatéraux. Là, il n'y aura pas les médias pour nous faire pleurer, pas d'images, pas de cris. Ces morts-là, ces souffrances-là, n'auront pas la même intensité, la même importance aux yeux des Occidentaux. Le non-dit des médias et des politiciens peut se résumer ainsi : " Ce ne sont pas des Occidentaux, ce ne sont pas des civilisés, qu'ils crèvent en silence ! " Nous ne pouvons que renvoyer dos à dos les auteurs des attentats aux USA et les dirigeants politiques qui vont conduire ou cautionner une opération
militaire en Afghanistan où ailleurs. Par contre, nous ne pleurerons pas la mort des mollahs talibans et autres milliardaires saoudiens comme nous n'avons pas pleuré la disparition de militaires au Pentagone et de traders au World Trade Center, tous directement responsables de la mort et de la misère de million de gens. Qu'ils s'entretuent tous La riposte à notre misère et notre aliénation ne s'est jamais trouvée et ne se trouvera jamais dans le nationalisme, le religieux, la violence aveugle ou l'idéologie de la démocratie, qui ne sont que des leurres par lesquels se perpétuent la domination et l'exploitation. En Palestine, en Europe, au Proche-Orient, aux États-Unis et partout ailleurs, il n'y a qu'un seul combat à mener: celui de tous les prolétaires contre toutes leurs exploitations (capitalisme, État, religion) ; et un seul et unique moyen pour parvenir à une libération totale : la guerre sociale. Paris, le 16 septembre 2001. Pourquoi l'état a besoin du terrorisme... Des prolétaires contre la machine (de guerre)le 17 septembre 2001. Voici un tract sur la situation récente. Nous espérons pouvoir publier une version turque et yougoslave bientôt sur www.motkraft.net/prol-position [il existe déjà des versions allemandes et anglaises, NDT]Après l'acte terroriste à New York, les politiciens de tous les partis et les pays nous ont appelés unanimement à défendre "notre état démocratique" contre le "monde non civilisé". Nous ne croyons pas que quelque état, qu'il soit américain, allemand, irakien ou afghan, puisse nous sauvegarder du terrorisme. Puisque l'état a besoin du terrorisme et qu'il agit lui-même en terroriste chaque jour. L'état agit dans l'intérêt de ceux qui profitent de la pauvreté des autres ; les compagnies qui font de nous leurs esclaves, les marchands d'actions qui spéculent avec bénéfices et les marchands d'armes qui bénéficient de chaque guerre dans le monde. Sous cet angle, "l'état démocratique" n'est pas innocent des milliers d'innocents massacrés de la guerre du Golfe (ou de la Yougoslavie, par exemple), ou de soutenir les chefs de guerre dans d'autres pays. Par exemple, les États-Unis ont soutenu l'Irak pendant la guerre contre l'Iran et les Talibans contre l'Union soviétique, pour déclarer maintenant que ce sont leurs ennemis principaux. Mais ce n'est pas sans raison. Le terrorisme fait partie du business. Les attaques aux USA sont le résultat d'une politique étrangère terroriste de la part des USA (et pas simplement au Moyen-Orient), et font également partie du jeu de puissance et d'argent. Des gens comme Ben Laden essaient de défendre " leur " région contre des concurrents (les bras armés et les compagnies étrangères), pour régner et exploiter "leur" peuple. Par conséquent, ils n'agissent pas d'une manière plus barbare ou moins barbares, que les armées occidentales - à moins de dire que les missiles en uranium de l'Otan contre les Irakiens ou les Serbes sont "civilisés". L'hystérie religieuse ("guerre sainte"), nationaliste ou humanitaire (le "bien" contre le "mal") déguise juste le fait que les gens meurent dans l'intérêt des leaders respectifs. C'est ce qui s'est produit le 11 septembre à New York. Arafat, le leader de l'OLP, a été appelé "terroriste" pendant des décennies. Maintenant qu'il s'est imposé dans " son " propre pays, il est accepté comme représentant d'un état. Ses anciens groupes de terroriste sont aujourd'hui l'armée d'état, et peuvent offrir aux compagnies internationales (par exemple DaimlerCrysler) une main-d'uvre bon marché sur "son" territoire. La naissance et l'entretien d'un état est un processus sanglant.
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