Le BTP depuis 1945
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Après la seconde guerre mondiale il fallait d'urgence reconstruire le pays, moderniser l'appareil productif et loger les générations du «baby-boom». En trente ans, la production du Bâtiment et des Travaux Publics a presque été multipliée par cinq. Cette expansion exceptionnelle a démarré grâce à des fonds publics, progressivement relayés par l'épargne privée. À partir de 1975, les difficultés économiques amènent les entreprises à réduire leurs investissements en bâtiment. La montée du chômage et la hausse des taux d'intérêt réels contribuent à freiner les achats de logements des ménages. Au cours des vingt dernières années, l'activité du BTP, devenue plus cyclique, n'a progressé que de 11 %.

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Langue Français

Extrait

N° 472 JUILLET 1996
PRIX 14 F
LE BTP DEPUIS 1945
Claudie Louvot, Division Comptes et études del’indus trie, Insee
rattrapés, le pays modernisé. La nécessitéprès la seconde guerre mondiale il
d’entretenir ou de renouveler des ouvrages
fallait d’urgence reconstruire le relativement neufs, et dont la durée de vieA pays, moderniser l’appareil pro- se compte en dizaines d’années, n’était pas
encore très pressante. L’horizon économi ductif et loger les générations du "baby-
que s’assombrissait : chômage et inflation
boom". En trente ans, la production du coexistaient, et les crises énergétiques al
Bâtiment et des Travaux Publics a pres laient se succéder. Investir dans la cons
truction n’était plus une priorité, ni pour lesque été multipliée par cinq. Cette expan-
ménages, ni pour les entreprises. Deux ans
sion exceptonnei lle a démarré grâce à des après le premier choc pétrolier, la "crise" qui
fonds publics, progressivement relayés s’ensuivit porta, pour plus de dix ans, un
coup d’arrêt à la croissance du BTP, alorspar l’épargne privée. À partir de 1975, les
qu’après une courte récession l’économie
difficultés économiques amènent les en- se rétablit. Lors de l’embellie de la seconde
treprises à réduire leurs investissements moitié des années quatre vingt, le BTP
renoua pour quelque temps avec la crois en bâtiment. La montée du chômage et la
sance, mais celle ci ne retrouva pas sa vi
hausse des taux d’intérêt réels contri- gueur passée et, dès 1991, un sérieux
buent à freiner les achats de logements ralentissement annonce la phase récessive
dont le secteur n’est toujours pas sorti. Audes ménages. Au cours des vingt derniè-
cours des vingt dernières années la place du
res années, l’activité du BTP, devenue BTP dans l’économie a régulièrement reculé :
plus cyclique, n’a progressé que de 11 %.sa contribution au PIB n’est plus aujourd’hui
que de 5 %. L’investissement en ouvrages
Au lendemain de la seconde guerre mon de BTP, de 757 milliards de francs courants
diale les entreprises du bâtiment et des tra en 1995, représente 55 % de l’investissement
vaux publics durent répondre à une national, contre 63 % en 1959 ( graphique 2).
demande d’investissement sans précédent.
Des destructions, dépassant de beaucoup L’immédiat après-guerre : priorité
celles du premier conflit, avaient gravement aux travaux publics
endommagé les infrastructures du système
On estime qu’environ 500 000 immeublesproductif et le parc de logements ; elles
ont été détruits au cours de la secondes’ajoutaient à d’importants retards accumu
guerre mondiale et près de 2 millionslés pendant l’entre deux guerres. Dès le dé
but des années cinquante, des besoins
nouveaux, en logements et en équipements
collectifs, naquirent de l’explosion démogra Évolution de la valeur ajoutée du BTP
phique et de l’exode rural ; d’autres accom
pagnèrent la croissance. Avec l’aide
américaine et sous l’impulsion des pouvoirs
publics, le BTP s’engagea tout de suite dans
une longue phase de croissance qui ne
s’acheva qu’en 1975. Les "trente glorieu
ses" le furent particulièrement pour ce sec
teur, dont la valeur ajoutée progressa plus
rapidement que le PIB graphique 1( ). La part
du BTP dans la richesse nationale atteignit
un maximum de 9 % en 1967 ; elle n’était
que de 7 % en 1949.
En 1975, la reconstruction était depuis long
temps achevée, les retards en grande partie Source : Comptes nationaux, rétropolation base1980
Pendant l’année de son cinquantenaire, l’INSEE publie une série d’études rétrospectives
?
INSEE PREMIEREtaculaire, tant en lignes électriques l’État. Aussi engagea t il une politique
L’investissement en BTP
qu’en équipements hydroélectriques : de "débudgétisation", en transférant la
et l’in vestissement total plus de vingt cinq barrages furent mis charge des investissements vers des
en service entre 1948 et 1952 (Génis établissements financiers publics. Ain
siat, Bort les Orgues, Tignes etc.). si la loi Minjoz du 24 juin 1954 autorisa
Ainsi les travaux publics furent ils, la Caisse des Dépôts et Consignations
dans l’immédiat après guerre, le à accorder directement aux HLM et
moteur de la croissance du BTP : de aux collectivités locales des prêts
1950 à 1952 leur production augmenta adossés aux ressources des livrets de
presque trois fois plus vite que celle decaisse d’épargne. Pendant l’hiver
l’ensemble de la branche. Mais ils 1954 l’appel de l’abbé Pierre fit écho
n’échappèrent pas aux restrictions du aux mesures gouvernementales. La
plan Pinay (1952 1953) : leur activité construction doubla en cinq ans, pour
se stabilisa pendant deux ans. Après dépasser 300 000 logements à la fin
Source : Comptes nationaux, rétropolation base1980
un rebond, elle ralentit de nouveau à des années cinquante. Elle représen
la fin des années cinquante. tait 60 % de l’activité du bâtiment en
(1) 1959, contre 40 % en 1949. Le rôleLa demande du BTP par secteur
des aides restait toutefois considéra 1953 1959 : l’État oriente son
institutionnel
ble : moins de 10 % des logementseffort vers le logement
construits relevaient du secteur libre. 29 %
Sans doute parce qu’ils ne pouvaient agir de la production du BTP étaient destinés à
sur tous les fronts à la fois, les gou satisfaire la demande des ménages en
vernements limitèrent leurs interventions 1949, 41 % en 1959 ( graphique 3).
dans le domaine du logement jusqu’en
1953. L’ordonnance du 28 juin 1945 1959 1974 : croissance
autorisait certes les pouvoirs publics à soutenue et uniforme
intervenir dans ce secteur, jusqu’alors
laissé à l’initiative privée ; mais ils Vers la fin des années soixante, les
prirent surtout dans un premier temps générations nombreuses d’après
des mesures "d’entraînement". guerre commencèrent à s’installer. En
er La loi du 1 septembre 1948 organisa raison notamment de l’aspiration des
la fin du blocage des loyers. Celui ci, jeunes à plus d’indépendance, les mé
(1) Investissement et consommation finale ou intermédiaire hérité du "moratoire" de la Grande nages tendaient en outre à se morce
Source : Comptes nationaux, rétropolation base1980
Guerre, avait fortement réduit l’inves ler. Leur nombre augmenta de plus en
tissement locatif entre les deux guer plus vite : 160 000 par an vers 1960,
res : on construisait alors environ 300 000 au début des années
endommagés. Les bombardements et 100 000 logements par an. Au lende soixante dix. Il fallut aussi loger les
"la bataille du rail" engagée par la Ré main des hostilités, la situation écono rapatriés d’Algérie, rentrés en France
sistance avaient rendu inutilisables mique n’était toujours pas propice à après les accords d’Evian (1962 et
plus de 20 000 kms de lignes de chemin l’investissement immobilier. Le pou 1963). Enfin, l’exode rural entraîna un
de fer sur 40 000. Les voies naviga voir d’achat des ménages était faible, important mouvement d’urbanisation,
bles et les équipements hydrauliques l’inflation galopante, et le peu d’épar et nombre de logements vétustes ou
avaient aussi beaucoup souffert. Pour gne disponible s’orientait vers le finan mal situés étaient condamnés à dispa
faire revivre un pays privé de moyens cement de l’industrie. Les "aides à la raître. 100 000 logements par an fu
de transport et d’une partie de son pierre", distribuées avec parcimonie, rent ainsi désaffectés entre 1954 et
capital productif, les gouvernements profitèrent principalement au loge 1962, puis 150 000 de 1962 à 1975.
décidèrent de participer financièrement ment social : des prêts directs du Tré L’augmentation de la construction
à sa reconstruction. Ils fournirent aux sor à des taux très avantageux (2 % neuve, qui culmina à plus de 550 000
entreprises publiques et privées des sur 65 ans) furent ainsi accordés aux logements en 1972, permit de satis
dotations en capital et des prêts à long HLM. En 1950 le gouvernement fit un faire ce

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