CUTIE BOY
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Extrait de la publication CUTIE BOY www.casterman.com © Casterman 2009 ISBN : 978-2-203-05979-5 Cet ouvrage a été publié en 2002 aux éditions Syros, sous le titre : Alex. Imprimé en Espagne Dépôt légal : avril 2009 ; D.2009/0053/218 Déposé au ministère de la Justice, Paris °(loi n 49.956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse). Tous droits réservés pour tous pays. Il est strictement interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie ou numérisation) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le co mmuniquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. Yaël HASSAN Chapitre 1 Où l’on fait la connaissance d’Alexander Barnie Chesterfield, qui est tout de même le héros de cette histoire. epuis toujours, et ce bien malgré lui, Alexander Barnie Chesterfield comblait sa mère, Lady RuthD Mary Charlotte Chesterfield née Nathanson, de désespoir. Son père aussi d’ailleurs, mais beaucoup moins depuis que celui-ci n’était plus. À vingt-cinq ans passés de quelques poussières, le jeune homme conservait un physique d’adolescent gracile. Il avait dans le regard la candeur de l’innocent, la pureté de l’agneau, la générosité du démuni, l’humanité du Secours populaire, la rêverie du poète et cette lueur vive d’intelligence propre aux simples d’esprit. Cela dit, il ne correspondait en rien à la définition de l’attardé.

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Langue Français
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Extrait

Extrait de la publication
CUTIEBOY
www.casterman.com
© Casterman 2009 ISBN : 978-2-203-05979-5
Cet ouvrage a été publié en 2002 aux éditions Syros, sous le titre :Alex.
Imprimé en Espagne Dépôt légal : avril 2009 ; D.2009/0053/218 Déposé au ministère de la Justice, Paris ° (loi n 49.956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse).
Tous droits réservés pour tous pays. Il est strictement interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie ou numérisation) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
YaëlHASSAN
Chapitre 1
Où l’on fait la connaissance d’Alexander Barnie Chesterfield, qui est tout de même le héros de cette histoire.
epuis toujours, et ce bien malgré lui, Alexander D Barnie Chesterfield comblait sa mère, Lady Ruth Mary Charlotte Chesterfield née Nathanson, de désespoir. Son père aussi d’ailleurs, mais beaucoup moins depuis que celui-ci n’était plus. À vingt-cinq ans passés de quelques poussières, le jeune homme conservait un physique d’adolescent gracile.Ilavaitdansleregardlacandeurdelinnocent,la pureté de l’agneau, la générosité du démuni, l’humanité du Secours populaire, la rêverie du poète et cette lueur vive d’intelligence propre aux simples d’esprit. Cela dit, il ne correspondait en rien à la définition de l’attardé. Si Alexander s’attardait, c’était que rien ne le pressait. Et s’il avait fréquenté l’école, on l’y aurait, à coup sûr, taxé du qualificatif hideux de mauvais élève, alors que tout œil averti se serait immédiatement rendu compte qu’il n’y avait meilleur élément que cet enfant-là. Il advint que plus d’un jugement hâtif le classa dans la
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catégorie des benêts. Pourtant, il aurait été à la portée du commun des mortels de détecter chez Alexander le plus fulgurant des génies. Mais encore eût-il fallu pour cela que les gens se remettent à se regarder les uns les autres avec les yeux du cœur et non ceux de leurs seules orbites. De santé physique plus que fragile, il avait grandi loin des miasmes et vicissitudes du monde extérieur, et ses pieds, qu’il avait longs, beaux et blancs, ne foulèrent jamais les sols de la moindre école, collège ou high school. Si Lady Chesterfield avait préféré le garder par-devers elle à Flowerstone Manor, elle avait toutefois veillé à ce que son fils fût pourvu de la plus parfaite des éducations et à ce que les meilleurs maîtres lui formassent la pensée, lespritetlecorps.Misàpartlefaitquilexcellaitauyoga, il connaissait de mémoire toute l’œuvre de Shakespeare, jouait à merveille de la viole d’amour et faisait les pieds au mur mieux que quiconque. Mais seul Winston C., huitièmedunom,jouissaitdeladiversitédesacultureet vouait à son maître l’admiration gratuite, aveugle et tota-lement dénuée d’intérêt que le jeune homme aurait été en droit d’attendre de ses congénères s’il les avait fréquen-tés. Le fait que Winston C. ne fût qu’un setter irlandais ne perturbait nullement le jeune homme, dont le jugement subtil excluait d’emblée toute forme d’ostracisme, plaçant ainsi sur le même degré de l’échelle de ses valeurs les natures aussi mortes que vivantes, le ver de terre, le nénu-phar, la souris, la châtaigne, l’éléphant et même l’homme, quelle que fût la couleur de sa peau ou de ses idées.
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Comme, de fait, Alexander ne connaissait que fort peu les Hommes, faute de les avoir suffisamment côtoyés, une peur plus instinctive que raisonnée le poussait à une cer-taine retenue à l’égard du sexe masculin. Quant à la gent féminine qui l’entourait depuis son plus jeune âge, rigou-reusement sélectionnée par Lady Chesterfield, elle n’of-frait aucune des caractéristiques propres à son sexe, ceci non pas pour protéger son fils d’une éventuelle curiosité mais plutôt pour éviter que feu son ethnologue de mari, qui était plus que volage, ne poussât trop loin l’étude du genre. À la mort de ce dernier, Lady Ruth Chesterfield craignitfortpourléquilibredesonfilsdontelledevrait supporter seule désormais le fardeau ; non qu’il fût un enfant difficile, mais il était d’humeur si fantasque et avait l’esprit si souvent traversé par les idées les plus incongrues que cette pauvre femme aurait pu tricoter de ses nerfs en pelote un cache-nez à la Tour de Londres. Pourtant, pour peu qu’on le laissât vaquer en paix à ses loisirs, le jeune Chesterfield était l’être le plus doux et de loin le plus attachant de la Terre. Qui plus est, les craintes de sa mère n’étaient assises sur aucune réflexion ration-nelle, dans la mesure où Lord Chesterfield n’avait jamais fait preuve de la moindre autorité sur son rejeton qu’il ne voyait somme toute que très peu, puisque, en tant qu’eth-nologue rattaché au service de la reine, il se trouva, par la force des choses, très souvent détaché des siens. Contrairement aux apparences, Alexander n’avait rien d’un oisif. Ses occupations étaient aussi variées que
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