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Épreuve d’histoire : sujet 1 Premier exercice : Composition Sujet : La Résistance a-t-elle préparé et réalisé une totale transformation de la République française (1940-1946) ? En 1940, lorsque le maréchal Pétain signe l’armistice avec Hitler, il ne signe pas uniquement la capitulation du peuple français, de la démocratie et de la liberté, mais il signe aussi la capitulation dramatique d’un régime : la République. Face à cette défaite sanglante des républicains face aux criminels nazis et vichystes, un groupe minoritaire de citoyens et de résidents français décide d’agir pour sauver cette France qu’ils chérissent. C’est donc en regardant les actions et les réflexions menées par cette force républicaine qu’est la Résistance que nous nous demanderons si elle a préparé et réalisé une totale transformation de la République française. Il semble évident qu’un phénomène aussi important que la Résistance, dans le processus de rétablissement de l’ordre et de la République après la guerre, ait engagé une transformation de la République, qui renaît des e cendres de la IIIRépublique. De ce fait, nous verrons premièrement qu’une transformation est préparée entre 1940 et 1944, puis que cette transformation est réalisée entre 1944 et 1946. Toutefois, nous nuancerons notre propos en regardant les aspects des républiques héritières de la Résistance, qui les inscrivent dans la continuité des précédentes, et donc nous laissant penser que cette transformation n’est pas totale.

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Publié le 03 octobre 2018
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Langue Français

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Épreuve d’histoire : sujet 1
Premîer exercîce : Composîtîon
Sujet :La Résistance a-t-elle préparé et réalisé une totale transformation de la République française (1940-1946) ?
En 1940, lorsque le maréchal Pétaîn sîgne l’armîstîce avec Hîtler, îl ne sîgne pas unîquement la capîtulatîon du peuple rançaîs, de la démocratîe et de la lîberté, maîs îl sîgne aussî la capîtulatîon dramatîque d’un régîme : la Républîque. Face à cette déaîte sanglante des républîcaîns ace aux crîmînels nazîs et vîchystes, un groupe mînorîtaîre de cîtoyens et de résîdents rançaîs décîde d’agîr pour sauver cette France qu’îls chérîssent. C’est donc en regardant les actîons et les réflexîons menées par cette orce républîcaîne qu’est la Résîstance que nous nous demanderons sî elle a préparé et réalîsé une totale transormatîon de la Républîque rançaîse. Il semble évîdent qu’un phénomène aussî împortant que la Résîstance, dans le processus de rétablîssement de l’ordre et de la Républîque après la guerre, aît engagé une transormatîon de la Républîque, quî renaït des e cendres de la III Républîque. De ce aît, nous verrons premîèrement qu’une transormatîon est préparée entre 1940 et 1944, puîs que cette transormatîon est réalîsée entre 1944 et 1946. Touteoîs, nous nuancerons notre propos en regardant les aspects des républîques hérîtîères de la Résîstance, quî les înscrîvent dans la contînuîté des précédentes, et donc nous laîssant penser que cette transormatîon n’est pas totale.
Dans un premîer temps, îl est împortant d’observer de quelle manîère la transormatîon de la Républîque a été orchestrée entre 1940 et 1944 à travers l’esprît républîcaîn et des înstances et îndîvîdus quî posent les bases d’une reconstructîon.
En juîn 1940, le Parlement, réunî en Congrès à la demande du présîdent de la Républîque, décîde d’applîquer un artîcle, réservé aux heures les plus sombres de la Républîque, quî consîste à céder les pleîns pouvoîrs au che de l’État. C’est aînsî qu’à l’unanîmîté des élus présents, le général rançaîs Phîlîppe Pétaîn est placé à la tête de l’État rançaîs e à la suîte de la déaîte de la France ace au III Reîch
nazî. Les pleîns pouvoîrs maîntenant exercés par celuî quî ut un héros de la Premîère Guerre mondîale, îl abolît la Républîque et met en place un régîme autocratîque, autorîtaîre et antîsémîte. Dès le jour du vote de cette cessîon du pouvoîr du peuple, des voîx s’élèvent pour protester parmî, notamment, les élus de la Républîque déchue. En efet, une soîxantaîne de députés votent contre les pleîns pouvoîrs, et îls seront vîctîmes de leur protestatîon lorsque le régîme vîolent de Vîchy sera pleînement mîs en place. Cette opposîtîon à la mîse en place d’un régîme antîrépublîcaîn et émînemment autorîtaîre concerne l’ensemble du spectre polîtîque, maîs de manîère graduelle. En efet, certaînes personnalîtés îssues des partîs dîts « classîques » s’opposent dès la prîse de pouvoîr de Pétaîn et la sîgnature de l’armîstîce en juîn 1940, et, pour une part, décîdent de ormer des groupes et groupuscules dîvers de Résîstance. D’autres actîons polîtîques, comme les communîstes, ne s’engagent pas îmmédîatement massîvement dans la Résîstance. En efet, compte tenu du pacte de non-agressîon quî est sîgné entre l’Unîon des républîques sovîétîques socîalîstes (URSS) et l’Allemagne nazîe, le Partî communîste, dont l’organîsatîon est basée sur un système de coopératîon mîlîtante strîcte dans le cadre de l’Internatîonale communîste, ordonne à ses antennes rançaîses de ne pas prendre de posîtîon trop vîolente contre le régîme nazî et le régîme collaboratîonnîste. Il est touteoîs împortant de noter que, même sî les consîgnes reçues par la dîrectîon natîonale du Partî communîste rançaîs (PCF) ordonnent un évîtement de tout afrontement dîrect, les dîrectîons régîonales et les mîlîtants du partî s’engagent, pour une partîe, assez rapîdement dans la Résîstance. En outre, cette Résîstance n’est pas lîmîtée aux partîs classîques et aux communîstes, car certaîns groupes d’extrême droîte – dont l’îdéologîe rejoînt celle de Pétaîn – décîdent de rejoîndre la Résîstance, ou car îls se consîdèrent comme républîcaîns, ou encore car îls ont preuve d’înîmîtîé à l’égard de Pétaîn. Ces éléments sont étroîtement lîés à la préparatîon de
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la transormatîon de la Républîque, parce que cette nécessîté de cohésîon républîcaîne apolîtîque règle une partîe des problèmes précédemment rencontrés par les républîcaîns. On peut îcî dîre que l’esprît républîcaîn résîste à la tyrannîe vîchyste et permet un enracînement des valeurs de la Républîque. En efet, e la III Républîque est l’un des régîmes républîcaîns les plus contestés en France. Par son îneicacîté et les contestatîons de groupes puîssants comme les monarchîstes, la Républîque est souvent mîse sur la sellette. La Résîstance réussît donc à transormer une partîe des conscîences, car, à travers la nécessîté vîtale d’une unîon de l’ensemble des orces républîcaînes, elle oblîge les mîlîtants de tous les bords polîtîques à travaîller pour la remîse en place de la Républîque. Sans un tel événement dramatîque, on peut dîicîlement îmagîner que les dîrîgeants des partîs républîcaîns auraîent pu s’entendre pour transormer la Républîque et la aîre exîster de nouveau. On peut donc dîre que la Résîstance prépare une transormatîon de la relatîon entre les orces polîtîques en présence, par l’învocatîon de l’esprît républîcaîn ace à la tyrannîe vîchyste.
Au-delà d’une certaîne unîon sacrée des orces polîtîques résîstantes, la transormatîon est préparée par le bîaîs d’înstances et d’îndîvîdus clandestîns quî posent les bases de ce que sera la Républîque après ces sombres heures. En efet, certaînes figures de la Résîstance comme Jean Moulîn ou encore Germaîne Tîllîon sont bîen plus que des membres actîs d’organîsatîons clandestînes, elles sont également de vérîtables penseurs du monde de demaîn. Au lendemaîn de la mîse en place du régîme vîchyste, les mouvements résîstants sont désorganîsés et leurs actîons ne sont pas coordonnées. C’est à des îndîvîdus comme Jean Moulîn que l’on doît la mîse en place d’înstances de coopératîon des mouvements résîstants, quî leur permettent de lutter eicacement contre les ennemîs vîchystes et nazîs, et aînsî de acîlîter la lîbératîon de la France. La créatîon du Conseîl natîonal de la Résîstance (CNR) dans les années 1940 est le résultat d’une longue négocîatîon entre les groupes résîstants, et elle permet d’augmenter de manîère consîdérable l’eicacîté des actîons de la Résîstance avec le soutîen de la France en exîl, représentée par le général Charles de Gaulle. C’est donc la rencontre entre des înstances comme le CNR et la France en exîl du général de Gaulle quî permet à la Résîstance de s’înscrîre dans un mouvement de transormatîon de la Républîque rançaîse, avec pour objectî sa remîse en place durable à la suîte du renversement à venîr du régîme nazî. Le CNR, dès 1942, établît un programme
précîs, quî, tenant compte des déauts majeurs qu’avaîent rencontrés les précédentes républîques, arbore dîverses proposîtîons dans des domaînes allant des droîts du cîtoyen à l’économîe. En proposant des mesures révolutîonnaîres comme la mîse en place de la Sécurîté socîale, le CNR donne le ton de la réponse à e apporter à la déaîte de la III Républîque. En efet, on peut dîre que le mal le plus împortant de la Républîque précédente est le manque de présence dans la vîe des admînîstrés. Face à la contestatîon sous-jacente des royalîstes, la Républîque n’avaît pas su répondre à cela de manîère adéquate. Avec des polîtîques trop lîbérales et laîssant peu de place à l’actîon de l’État, la Républîque ne semblaît pas être, aux yeux de la plupart des Françaîs, un régîme concerné par leurs préoccupatîons et leurs întérêts. C’est donc en prônant la mîse en place d’une Républîque suîvant le concept d’État-provîdence que la Résîstance a préparé la transormatîon de la Républîque entre 1940 et 1944.
Nous voyons donc que la Résîstance a tout d’abord joué un rôle de préparatîon, à la oîs en renorçant l’attachement des Françaîs à l’îdée de la Républîque, maîs également en mettant en place des înstances quî cherchaîent à réfléchîr à la structuratîon du monde de demaîn. La préparatîon de la transormatîon républîcaîne par la Résîstance est donc à la oîs dans les esprîts et dans les aîts avec la rédactîon de textes ondateurs quî joueront un rôle împortant à la Lîbératîon.
Nous avons donc vu que la transormatîon de la Républîque étaît un mouvement préparé avec attentîon dès le début de l’Occupatîon et du régîme, maîs îl aut également regarder de quelle manîère cette transormatîon a été réalîsée entre 1944 et 1946. Pour ce aîre, nous étudîerons la mîse en place du Gouvernement provîsoîre de la Républîque rançaîse (GPRF), puîs le jugement des collaborateurs, quî permet à la Républîque de se transormer vérîtablement.
La lîbératîon de la France se termînant à l’automne de l’année 1944, le réseau unîfié des résîstants, sous l’égîde du général de Gaulle, met en place le GPRF. Une oîs Parîs et les grandes vîlles rançaîses débarrassées des orces nazîes, la prîorîté des républîcaîns est de maîntenîr l’ordre et de rétablîr la Républîque. Aînsî, le Gouvernement provîsoîre, mîs en place par le général de Gaulle, cherche à rétablîr la présence de la
Républîque sur l’ensemble du terrîtoîre en s’assurant, par exemple, que les orces de l’ordre soîent aux ordres de leurs mînîstères respectîs. En efet, lors de l’Occupatîon et du régîme vîchyste, les orces de l’ordre ont souvent été utîlîsées par les régîmes autorîtaîres en puîssance, et îl étaît prîorîtaîre pour l’État de s’assurer que ses orces de coercîtîon permettant de maîntenîr l’ordre et de aîre respecter la Républîque étaîent bîen aux ordres de cette Républîque. Un autre aspect central des mîssîons urgentes du GPRF est la nécessîté de permettre à l’ensemble du peuple de subvenîr à ses besoîns. En efet, les combats occasîonnés par les afrontements entre allîés et occupants, couplés à des sabotages efectués par les résîstants, ont pour conséquence un accès dîicîle aux vîvres et empêchent l’État de permettre à tous ses admînîstrés d’avoîr accès à des bîens de premîère nécessîté. Les servîces étatîques encore onctîonnels sont alors mobîlîsés pour rétablîr les communîcatîons entre les espaces. Tout d’abord, les onctîonnaîres des Postes, transports et communîcatîons (PTC) sont mobîlîsés, afin que les lîeux les plus reculés de la Républîque puîssent être relîés aux înstances natîonales, pour aînsî rétablîr la cohésîon de la Républîque, quî se devaît d’être « une et îndîvîsîble ». Dans un second temps, les servîces lîés à la maîntenance des înrastructures terrestres de communîcatîon œuvrent pour rétablîr les lîgnes de traîn et les routes, afin que les vîvres puîssent cîrculer et que les orces de l’ordre puîssent s’assurer du maîntîen de la Républîque partout en France. Après la chute de l’État vîchyste, on observe une émergence rapîde de groupes de délînquants vîolents quî pîllent les domîcîles et les commerces en profitant du chaos occasîonné par la Lîbératîon. C’est donc l’une des premîères mîssîons orchestrées par les résîstants, par le bîaîs du GPRF, que de s’assurer du maîntîen de l’ordre en France. En plus de ces mîssîons à caractère urgent, le GPRF met en place rapîdement une polîtîque d’État-provîdence. En efet, avant même la tenue d’électîons légîslatîves et présîdentîelles, le Gouvernement provîsoîre, par le bîaîs de loîs par ordonnance, décîde de la mîse en place, par exemple, de la Sécurîté socîale. Ce sont ce genre de mesures quî sont les vecteurs de la permutatîon essentîelle générée par les résîstants, et quî permettent à la Républîque de renaïtre plus stable et puîssante. Nous avons aînsî vu que la transormatîon réalîsée dès la Lîbératîon par la Résîstance passaît essentîellement par le GPRF, et ses décîsîons novatrîces et nécessaîres.
Touteoîs, cette transormatîon de la Républîque se doît d’être construîte par la Résîstance sans oublîer les
plus sombres heures de la Républîque quî précédèrent la Lîbératîon. Aînsî, îl est împortant d’observer la réactîon à la oîs du peuple et des înstîtutîons polîtîco-judîcîaîres à la sîtuatîon des îndîvîdus collaboratîonnîstes. En efet, dès la lîbératîon des vîlles rançaîses, des îndîvîdus de tous bords polîtîques, et paroîs résîstants, décîdent d’efectuer des actes de vengeance à l’encontre des îndîvîdus ayant commîs, ou suspectés d’avoîr commîs, des actes relevant du collaboratîonnîsme. Il est împortant de précîser îcî la dîférence entre les notîons de « collaboratîon » et de « collaboratîonnîsme ». En efet, même sî ces deux termes qualîfient des actes ou îndîvîdus quî collaborent avec le régîme de Vîchy, ou à déaut avec les nazîs, le degré de coopératîon et l’aspect volontaîre ont que l’on qualîfie des actîons d’une certaîne manîère. Certaîns îndîvîdus auraîent été amenés à coopérer avec les régîmes dîctatorîaux sous la menace, étant plutôt qualîfiés de collaborateurs. Tandîs que d’autres îndîvîdus étaîent des soutîens vîrulents et sans mesure de Pétaîn, et de ce aît pouvaîent être qualîfiés de collaboratîonnîstes. On note dans les mouvements spontanés vîsant à punîr les collaboratîonnîstes les mîllîers de emmes dont la chevelure est tondue après avoîr été accusées d’avoîr eu une relatîon avec des oicîers allemands. De manîère plus extrême, des mîllîers de cîtoyens sont exécutés sommaîrement et sans jugement dans les jours et semaînes quî suîvent la Lîbératîon. Ces mouvements spontanés sont par la suîte remplacés par des trîbunaux spécîalîsés à l’înîtîatîve du Gouvernement provîsoîre. Ce phénomène de jugements de dîférentes natures est, dans une certaîne mesure, préparé et réalîsé grâce à la Résîstance, et porte une part du changement opéré à la Républîque, car îl permet d’élîmîner les îndîvîdus quî sont opposés à la Républîque, et, même sî cela peut passer par des exactîons condamnables, de telles actîons posent les bases d’une uture Républîque solîde.
De ce aît, la transormatîon engagée par la Résîstance est réalîsée par le bîaîs d’înstîtutîons comme le GPRF, maîs aussî par des processus comme celuî du jugement des collaboratîonnîstes.
Malgré l’ensemble des éléments précédemment étudîés quî nous laîssent penser que la transormatîon, préparée et réalîsée par la Résîstance et ses hérîtîers, est une transormatîon împortante de la Républîque, ce propos doît être modéré, car la transormatîon n’est pas totale. Nous verrons, dans un premîer e temps, les sîmîlîtudes entre la III Républîque et e la IV Républîque, nouvellement ondée, puîs les
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sévères dysonctîonnements quî montrent que la transormatîon ne ut pas totale.
À la suîte de la Lîbératîon et de la mîse en place du GPRF, ce Gouvernement provîsoîre organîse des électîons afin d’établîr une Assemblée constîtuante, dont le but sera de définîr les bases jurîdîques de la nouvelle Républîque quî sera mîse en place. Touteoîs, malgré les proposîtîons novatrîces du e GPRF, la IV Républîque s’înscrît dans la contînuîté des précédentes. Tout d’abord, on note qu’une très grande partîe de la classe polîtîque en présence lors de la pérîode précédant l’Occupatîon est toujours présente. Cela constîtue un rîsque pour dîverses raîsons. Dans un premîer temps, on retrouve une partîe de cette classe polîtîque, quî, après l’annonce de la mîse en place de mesures autorîtaîres par le régîme de Vîchy, décîda de quîtter le pays pour rejoîndre la Résîstance à l’étranger du général de Gaulle. Même sî ces îndîvîdus semblent attachés aux valeurs de la Républîque, ayant vécu ces cînq années de terreur à l’étranger, îls sont en réelle déconnexîon avec la réalîté. Les Françaîs de tout le terrîtoîre, en partîculîer des zones occupées par les nazîs, ont dû survîvre à une constante vîolence des orces mîlîtaîres adverses. Cette partîe des membres e constîtuant la classe polîtîque de la IV Républîque n’est donc pas en phase avec la douleur ressentîe par le peuple rançaîs pendant ces années, et aînsî ne peut engager une transormatîon dîte « totale ». Dans une mesure plus înquîétante, un certaîn nombre d’îndîvîdus élus à la tête des organes légîslatîs de la nouvelle Républîque sont d’ancîens collaborateurs. Par le manque de preuves, ou bîen par la puîssance de leur réseau polîtîque et judîcîaîre, certaînes personnes ont pu échapper aux maîlles du filet et se retrouver en sîtuatîon d’être élîgîbles, puîs élus en tant que représentants et membres ondateurs de cette nouvelle Républîque censée être à la source d’une transormatîon. En plus de l’absence de renouvellement polîtîque, on note l’absence d’alternance polîtîque. Lorsque Pétaîn prend le pouvoîr en 1940, la France sort de plusîeurs années de gouvernance des partîs conservateurs domînants depuîs la fin du Front populaîre. De ce aît, même en e l’absence du général de Gaulle, la IV Républîque est domînée par des orces de la droîte conservatrîce. En efet, le général de Gaulle, quî încarne une vîsîon très conservatrîce de la socîété, n’est pas un acteur e de la ondatîon de la IV Républîque, car, ace au désaccord majeur qu’îl entretîent à l’égard des dîrîgeants polîtîques chargés de la rédactîon de la
Constîtutîon, îl décîde de se retîrer jusqu’en 1958 de la vîe polîtîque rançaîse. On peut donc dîre que l’absence de renouvellement de la classe polîtîque et d’alternance, par la aîble place des progressîstes, est un acteur quî rend împossîble la totalîté de la transormatîon générée par la Résîstance.
Dans un dernîer temps, nous observerons le e aît que les sévères dysonctîonnements de la IV Républîque ont que la Républîque n’a pas pu être e totalement transormée. En efet, la IV Républîque e est vîctîme de deux hérîtages nocîs : celuî de la III Républîque et celuî du régîme vîchyste. En efet, de e manîère moîndre, maîs împortante, la IV Républîque ne permet pas une gouvernance împortante de la part du présîdent de la Républîque. En raîson de la peur des nouveaux élus de permettre à un nouveau dîrîgeant autorîtaîre de mettre en place une nouvelle dîctature, les hommes polîtîques à la tête du Gouvernement provîsoîre décîdent de donner un pouvoîr împortant au Parlement et de lîmîter celuî du présîdent. Cela a pour conséquence une împortante înstabîlîté înstîtutîonnelle, et partîculîèrement au nîveau de l’exécutî. En efet, le Parlement n’étant pas capable de se mettre d’accord sur une composîtîon de l’exécutî, les Premîers mînîstres et gouvernements se succèdent, créant aînsî une înstabîlîté polîtîque grave. Cela a pour conséquence une nouvelle perte de confiance des Françaîs envers la Républîque, car cette înstabîlîté se traduît notamment par une grande îneicacîté et bureaucratîsatîon de l’admînîstratîon, à laquelle les Françaîs sont conrontés quotîdîennement. En e plus de cet aspect émanant de la III Républîque, l’hérîtage du régîme de Vîchy peut nous questîonner sur l’aspect total de la transormatîon. Il est împortant de noter que la transormatîon quî est engagée par la Résîstance n’est pas lîmîtée à la transormatîon e des règles établîes sous la III Républîque, maîs concerne aussî la transormatîon des décîsîons dîscrîmînantes et autorîtaîres du régîme vîchyste. Prenons l’exemple d’une înstîtutîon créée sous le régîme vîchyste et dont le rôle aujourd’huî est toujours au centre du débat publîc. Cette înstîtutîon est la Polîce natîonale, et son rôle, majeur. En efet, avant la mîse en place du régîme de Vîchy, les orces de l’ordre étaîent prîncîpalement des entîtés munîcîpales sous la dîrectîon du maîre et de ses représentants. La coopératîon entre les orces de polîce étaît quasî înexîstante et leurs compétences terrîtorîalement lîmîtées. C’est sous le gouvernement de Pîerre Laval que la Polîce natîonale est créée, le gouvernement autorîtaîre cherchant aînsî à unîfier
les polîces de « l’État rançaîs » pour aîder leur entreprîse crîmînelle, dîscrîmînatoîre et génocîdaîre. Une înstîtutîon natîonale de la polîce leur donna aînsî une possîbîlîté de coordonner eicacement ceux quî încarnent l’ordre, et par exemple de permettre au régîme d’aîder de son propre gré le régîme nazî à extermîner les populatîons juîves et tzîganes. Le aît que la Polîce natîonale ut créée par un e e régîme autorîtaîre puîs conservée sous les IV et V Républîques montre bîen que la Résîstance n’a pas réalîsé une totale transormatîon de la Républîque, puîsqu’elle décîde de maîntenîr et d’adapter certaîns éléments dont la créatîon date du régîme de Vîchy.
Il semble donc que cette transormatîon que nous avons étudîée n’est pas totale, car le régîme républîcaîn nouvellement créé reprend des îndîvîdus et des éléments de la Républîque précédente, et que e des dysonctîonnements majeurs de la IV Républîque laîssent penser que la transormatîon ne ut pas totale.
L’étude mînutîeuse des actîons résîstantes et de leurs conséquences nous a permîs d’avoîr une îdée de la portée de la transormatîon engagée par la Résîstance. Nous avons vu que la Résîstance avaît préparé une transormatîon puîs qu’elle l’avaît réalîsée, maîs également que cette transormatîon ne pouvaît pas être qualîfiée de totale. Nous pouvons nous înterroger sur les conséquences de ces décîsîons e sur notre V Républîque, quî, plus que jamaîs avec les dernîères électîons, place la cohérence de cette Républîque et la volonté de la rénover au centre du débat publîc.n
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Second exercîce : Étude crîtîque d’un document
Sujet :Simone Veil devient ministre de la Santé
Vous présenterez le document de la façon la plus précise possible, et vous montrerez son intérêt e et ses limites pour la connaissance de la place des femmes dans la société française au XX siècle.
1 Pendant sa campagne, le nouveau Présîdent avaît assuré les Françaîs qu’îl appelleraît des emmes au gouvernement. L’îdée étaît d’aîlleurs dans l’aîr du temps. Quelques moîs plus tôt, à l’occasîon des êtes de 2 fin d’année, un magazîne émînîn,Marie Claireme semble-t-îl , avaît publîé un retentîssant artîcle sur un éventuel gouvernement de emmes. J’en avaîs été bombardée Premîer mînîstre. L’hypothèse étaît d’autant plus pîttoresque que j’étaîs înconnue du grand publîc, que je n’avaîs jamaîs exercé le moîndre mandat électoral 3 nî assumé de onctîon mînîstérîelle . Je n’appartenaîs en rîen à la sphère polîtîco-mondaîne dans laquelle les journalîstes aîment généralement puîser des noms pour alîmenter leurs artîcles de polîtîque-fictîon. 4 Françoîse Gîroud figuraît évîdemment en bonne place sur le ce podîum vîrtuel. (…) Survînt l’électîon de Gîscard. Dans les jours quî suîvîrent, une rumeur, étayée cette oîs, commença à se répandre selon laquelle, parmî d’autres emmes plus en vue que je ne l’étaîs moî-même, le nouvel hôte de l’Elysée songeaît à moî. 5 C’étaît le Premîer mînîstre , paraït-îl, quî luî avaît suggéré mon nom. (….)
J’étaîs lîée avec sa prîncîpale conseîllère, Marîe-France Garaud, magîstrat comme moî. Nous nous étîons 6 rencontrées alors qu’elle étaît chargée de mîssîon au cabînet de Jean Foyer , entre 1962 et 1967. (…) Nommée au cabînet du nouveau Premîer mînîstre, je croîs bîen que c’est elle quî a prononcé mon nom devant Jacques Chîrac quî, à la demande du nouveau Présîdent, cherchaît des emmes « nouvelles en polîtîque ». (…)
Un soîr, alors que nous dïnîons chez des amîs, la maïtresse de maîson m’învîta à sortîr de table. Quelqu’un désîraît, de toute urgence, me parler. C’étaît Jacques Chîrac, quî me demandaît sî j’acceptaîs, le cas échéant, de aîre partîe de son gouvernement. Il me prîa de réfléchîr et de rappeler le lendemaîn. Le calme dont j’aî su aîre preuve jusqu’à la fin de la soîrée n’a pas manqué de surprendre mon marî. Pour dîre le vraî, je n’avaîs qu’une très vague îdée de ce quî m’attendaît. La curîosîté aîdant, je n’aî guère hésîté. C’est aînsî que je me suîs retrouvée dès le lendemaîn mînîstre de la Santé, convaîncue qu’une néophyte comme moî n’allaît pas tarder à commettre une sottîse telle qu’on la renverraît dans ses oyers. En outre, pourquoî le Présîdent m’avaît-îl confié la santé, secteur dont je n’étaîs pas, et c’est le moîns que l’on puîsse dîre, une spécîalîste ? Pensaît-îl déjà à l’IVG, thème sur lequel îl avaît prîs des engagements ? Sans doute. Quoî qu’îl en soît, j’étaîs la seule emme mînîstre, mes consœurs n’occupant que des secrétarîats d’État, Annîe Lesur à l’Éducatîon, Hélène Dorlhac à la Justîce, Françoîse Gîroud à la Condîtîon émînîne.
Simone Veil,Une Vie,Paris, Stock, 2007, p. 147-150.
1 Valéry Giscard d’Estaing, élu en mai 1974. 2 En février 1973. 3 Simone Veil a mené jusquelà une carrière de haut fonctionnaire au ministère de la Justice et a été secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature. 4 Célèbre journaliste deL’Express. 5 Jacques Chirac. 6 Garde des Sceaux (ministre de la Justice) de 1962 à 1967.
Le document soumîs à notre analyse est un extraît des mémoîres de la emme polîtîque Sîmone Veîl. Ces mémoîres autobîographîques, dont le document est extraît, se nommentUne Vieet urent publîées chez l’édîteur Stock en 2007. Dans cet extraît, la emme polîtîque expose les prémîces, puîs l’annonce de sa nomînatîon en tant que mînîstre du gouvernement de Jacques Chîrac sous la présîdence de Valéry Gîscard d’Estaîng en 1974. Dans cet extraît, elle présente sa vîsîon et sa conceptîon du rôle des emmes en polîtîque, et la manîère dont elle examîna ce bouleversement de sa carrîère et de sa place de emme dans la socîété. En efet, elle décrît dans un premîer temps l’actîvîté médîatîque lîée à la possîbîlîté de la présence de emmes au gouvernement Chîrac. Puîs, dans un deuxîème temps, elle précîse ces rumeurs en montrant qu’elle est consîdérée comme une avorîte pour întégrer l’exécutî. Dans un dernîer temps, elle décrît son étonnement et sa réactîon lorsque le Premîer mînîstre luî demande de rejoîndre son gouvernement. Afin de bîen appréhender ce texte et sa sîgnîficatîon, nous nous demanderons quel est son întérêt, puîs quelles sont ses lîmîtes dans notre observatîon de la place e des emmes dans la socîété rançaîse du XX sîècle. Pour répondre à cette questîon, nous regarderons les aspects quî montrent le progrès de la condîtîon de la emme et ceux quî montrent qu’elle n’est toujours pas consîdérée comme égale à l’homme.
Par l’aspect honnête et dîrect du verbe de Sîmone Veîl, le texte étudîé nous permet de mîeux comprendre la place des emmes dans la socîété rançaîse du e XX sîècle. Tout d’abord, l’auteure soulîgne l’aspect nouveau de la place des emmes en polîtîque. En efet, dès la premîère phrase du texte, Veîl montre que le aît d’întégrer des emmes au gouvernement est quelque chose d’essentîellement nouveau. Elle dît que le présîdent « avaît assuré les Françaîs » (l.1) qu’îl se dîrîgeraît vers une plus grande représentatîon des emmes, ce quî montre que cecî est une orme de promesse de campagne et donc que, jusqu’en 1974, le aît d’avoîr une emme comme mînîstre n’étaît pas quelque chose de courant. Touteoîs, même sî elle montre que cecî est un aît nouveau, elle précîse que ces promesses vont dans le sens d’une évolutîon de la pensée des Françaîs. On saît qu’à partîr de 1944 et du droît de vote accordé aux emmes par le Gouvernement provîsoîre de la Républîque rançaîse (GPRF), les Françaîs commencent à se préoccuper graduellement de la représentatîon des emmes au seîn des înstances étatîques et terrîtorîales. Les
revendîcatîons des mîlîtantes émînîstes se basent sur le constat întéressant que, maîntenant que les emmes sont devenues des électrîces, îl n’y a pas de raîson qu’elles ne soîent pas consîdérées comme assez compétentes pour exercer les plus hautes onctîons de l’État rançaîs. Dans la contînuîté de ce constat, l’auteure donne l’exemple du reflet de cette réalîté dans la presse. En efet, la presse étant dans une certaîne mesure le reflet de la socîété qu’elle înorme, îl est întéressant d’étudîer les orîentatîons des organîsmes médîatîques afin d’avoîr une îdée des mentalîtés de l’époque en questîon. Un autre concept împortant soulevé par l’auteure, et quî nous éclaîre sur la sîtuatîon des emmes, est l’assocîatîon du genre des îndîvîdus au renouvellement de la polîtîque. En efet, Valéry Gîscard d’Estaîng est élu contre tous les pronostîcs sur un programme novateur et surprenant pour une partîe de la classe médîatîque et de la populatîon. Son programme est moderne, îl est le présîdent le plus jeune que la Républîque aît connu, et aînsî, selon l’auteure, le aît d’ouvrîr des postes à responsabîlîté aux emmes permettraît de soutenîr cette îmage de changement et de renouveau en polîtîque. Compte tenu du aît qu’hîstorîquement les emmes urent néglîgées dans le mîlîeu polîtîque, et leur absence manîeste, vouloîr aîre de la place des emmes un enjeu polîtîque permet de montrer claîrement aux électeurs que le présîdent a l’întentîon de rénover la France afin de résoudre les nombreux problèmes, notamment économîques, quî ont créé le mécontentement ayant permîs au présîdent d’être élu.
Dans une autre mesure, l’auteure nous éclaîre sur e la place des emmes dans la socîété du XX sîècle, car les métîers exercés par les emmes dans son écrît sont unîquement des métîers d’exécutîon ou de conseîl, à savoîr « magîstrat » et « conseîllère ». De plus, l’auteure décrît avec une certaîne îronîe le aît que son marî ut étonné de la voîr calme après l’annonce de sa désîgnatîon au seîn du gouvernement, ce quî sous-entend une orme de e sexîsme toujours ortement présent au XX sîècle, où une bonne part de la populatîon jugeaît les emmes comme étant des êtres supposément « hystérîques ». Dans la contînuîté de ce sexîsme sous-jacent, on note que l’auteure elle-même a peur de commettre une « sottîse », terme à connotatîon enantîne quî décrédîbîlîse la responsabîlîté des emmes et montre qu’elle ut éduquée avec l’îdée que les hommes exercent une certaîne orme de domînatîon dans la socîété. On voît tout de même à travers l’exemple de l’artîcle du magazîne émînîn
XI
XII
que Veîl ne s’attend pas à être appelée à exercer des onctîons à responsabîlîté au seîn de l’État, car elle qualîfie ces rumeurs comme étant « pîttoresques », ce quî montre bîen que, malgré le aît que de telles rumeurs s’înscrîvent dans l’aîr du temps, la place des emmes est telle qu’évoquer une emme Premîère mînîstre semble îllusoîre à Sîmone Veîl. De surcroït, îl sembleraît que Veîl sous-entend qu’elle ut choîsîe également par stratégîe polîtîque. En efet, en plus d’être le symbole d’un renouvellement de la classe polîtîque, Sîmone Veîl est probablement consîdérée par le présîdent et son Premîer mînîstre comme étant le bon « profil » pour présenter la loî sur l’IVG. Que ce soît en raîson de sa potentîelle popularîté, de son hîstoîre personnelle ou encore de son statut de emme orte, on comprend qu’elle est la seule emme mînîstre pour une raîson polîtîque.
Aînsî, ce texte nous éclaîre consîdérablement sur la condîtîon des emmes à l’époque de Sîmone Veîl. En efet, îl nous permet d’observer à la oîs la place des emmes dans les promesses polîtîques et dans la socîété en général, par le bîaîs des rapports socîaux entre les îndîvîdus. Malgré l’întérêt certaîn de ce texte d’une îmmense emme polîtîque dîsparue récemment, îl nous aut questîonner les lîmîtes de l’întérêt de ce document. En efet, ces écrîts sont lîmîtés au poînt de vue subjectî et personnel de l’auteure, et ne permettent pas d’obtenîr une vîsîon globale de la place des emmes dans la socîété e du XX sîècle. Sîmone Veîl évolue dans un mîlîeu bourgeoîs et réquente des îndîvîdus de classes socîoproessîonnelles supérîeures par sa proessîon de magîstrat. Aînsî, l’întérêt reste lîmîté, car îl ne permet pas d’étudîer plus concrètement dans un nombre plus împortant de oyers la place des emmes dans la socîété et la mesure dans laquelle elles sont respectées. Il audraît aînsî prendre du recul sur ce texte quî nous éclaîre partîellement afin de mîeux comprendre la sîtuatîon des emmes au e XX sîècle dans la socîété.n
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