ISFA 2003 epreuve de francais
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I. S. F. A. 2003-2004 __________ _________ Concours d'Entrée ______________ ÉPREUVES DE FRANÇAIS _______________________ ère1 Epreuve : Contraction de texte (2 heures) ème2 Epreuve : Dissertation (1 heure) Les copies de la première épreuve seront rendues au bout de deux heures. Le sujet de la deuxième épreuve sera alors communiqué aux candidats. 1ère EPREUVE CONTRACTION DE TEXTE ------------------------------------- (Durée : 2 heures) Vous résumerez en 250 mots (tolérance + ou - 10 %) ce texte d’environ 2 600 mots, extrait du livre de Emmanuel TODD, Après l’Empire. Essai sur la décomposition du système américain, Gallimard, 2002 CHAPITRE 5 Le recul de l’universalisme L’une des forces essentielles des empires, principe à la fois de dynamisme et de stabilité, est l’universalisme, la capacité à traiter de façon égalitaire hommes et peuples. Une telle attitude permet l’extension continue du système de pouvoir, par l’intégration au noyau central des peuples et des individus conquis. La base ethnique initiale est dépassée. La taille du groupe humain qui s’identifie au système s’élargit sans cesse, parce que celui-ci autorise les dominés à se redéfinir comme dominants. Dans l’esprit des peuples soumis, la violence initiale du vainqueur se transforme en générosité. Le succès de Rome, l’échec d’Athènes, on l’a vu, tinrent moins à des aptitudes militaires différentes qu’à l’ouverture progressive du droit de cité romaine et à la fermeture de ...

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Langue Français

Extrait

2003
I.
S.
F.
A.
2003-2004
__________
_________
Concours d'Entrée
______________
ÉPREUVES DE FRANÇAIS
_______________________
1
ère
Epreuve : Contraction de texte (2 heures)
2
ème
Epreuve : Dissertation (1 heure)
Les copies de la première épreuve seront rendues au bout de deux heures.
Le sujet de la deuxième épreuve sera alors communiqué aux candidats.
1ère EPREUVE
CONTRACTION DE TEXTE
-------------------------------------
(Durée : 2 heures)
Vous résumerez en 250 mots (tolérance + ou - 10 %) ce texte d’environ 2 600 mots, extrait du livre de
Emmanuel TODD,
Après l’Empire. Essai sur la décomposition du système américain
, Gallimard, 2002
CHAPITRE 5
Le recul de l’universalisme
L’une des forces essentielles des empires, principe à la fois de dynamisme et de stabilité, est l’universalisme, la
capacité à traiter de façon égalitaire hommes et peuples. Une telle attitude permet l’extension continue du système de
pouvoir, par l’intégration au noyau central des peuples et des individus conquis. La base ethnique initiale est dépassée. La
taille du groupe humain qui s’identifie au système s’élargit sans cesse, parce que celui-ci autorise les dominés à se redéfinir
comme dominants. Dans l’esprit des peuples soumis, la violence initiale du vainqueur se transforme en générosité.
Le succès de Rome, l’échec d’Athènes, on l’a vu, tinrent moins à des aptitudes militaires différentes qu’à l’ouverture
progressive du droit de cité romaine et à la fermeture de plus en plus marquée du droit de cité athénienne. Le peuple athénien
resta un groupe ethnique, défini par le sang : à partir de 451 av. J.-C. il fallut même avoir deux parents citoyens pour y
appartenir. Le peuple romain, qui n’avait rien à lui envier originellement quant à la conscience ethnique, s’élargit en
revanche sans cesse pour inclure, successivement, toute la population du Latium, celle de l’Italie, enfin celle de tout le bassin
méditerranéen. En 212 apr. J.-C., l’édit de Caracalla accorda à tous les habitants libres de l’empire le droit de cité. Les
provinces finirent par donner à Rome la majorité de ses empereurs.
D’autres exemples pourraient être cités, de systèmes universalistes capables de démultiplier leur potentiel militaire par
un traitement égalitaire des peuples et des hommes : la Chine, qui rassemble encore aujourd’hui la plus grande masse
d’hommes jamais réunie sous un seul pouvoir étatique ; le premier empire arabe, dont la croissance fulgurante s’explique
autant par l’égalitarisme extrême de l’islam que par la force militaire des conquérants ou la décomposition des États romain
et parthe. Dans la période moderne, l’empire soviétique, emporté par sa fragilité économique, s’appuyait sur une capacité de
traitement égalitaire des peuples, qui semble bien à l’origine caractéristique du peuple russe plutôt que de la superstructure
idéologique communiste. La France, qui fut, avant son déclin démographique relatif, un véritable empire à l’échelle de
l’Europe, fonctionnait avec un code universaliste. Parmi les échecs impériaux récents, on peut mentionner celui du nazisme,
dont l’ethnocentrisme radical interdisait qu’à la force initiale de l’Allemagne s’agrégeât la puissance supplémentaire des
groupes conquis.
L’examen comparatif suggère que l’aptitude d’un peuple conquérant à traiter de façon égalitaire les groupes vaincus
ne résulte pas de facteurs extérieurs mais se trouve logée dans une sorte de code anthropologique initial. C’est un a priori
culturel. Les peuples dont la structure familiale est égalitaire, définissant les frères comme équivalents – les cas de Rome, de
la Chine, du monde arabe, de la Russie et de la France du Bassin parisien –, tendent à percevoir les hommes et les peuples en
général comme égaux. La prédisposition à l’intégration résulte de cet a priori égalitaire. Les peuples dont la structure
familiale originelle ne comprend pas une définition strictement égalitaire des frères – cas d’Athènes et encore plus nettement
de l’Allemagne – ne parviennent pas à développer une perception égalitaire des hommes et des peuples. Le contact militaire
tend plutôt à renforcer une conscience de soi « ethnique » du conquérant. Il conduit à l’émergence d’une vision fragmentée
plutôt qu’homogène de l’humanité, à une posture différentialiste plutôt qu’universaliste.
Les Anglo-Saxons sont difficiles à situer sur l’axe différentialisme/universalisme. Les Anglais sont clairement
différentialistes, ayant réussi à préserver l’identité des Gallois et des Écossais dans les siècles des siècles. L’empire
britannique, établi outre-mer grâce à une supériorité technologique écrasante, dura peu. Il ne tenta nullement d’intégrer les
peuples soumis. Les Anglais firent du pouvoir indirect, l’
indirect rule
, qui ne remettait pas en question les coutumes locales,
une spécialité. Leur décolonisation fut relativement indolore, un chef-d’oeuvre de pragmatisme, parce qu’il n’avait jamais été
question pour eux de transformer les Indiens, Africains ou Malais en Britanniques de format standard. Les Français, dont
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