LA PRAELECTIO UNE FORME DE TRANSMISSION DU SAVOIR
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  • leçon - matière potentielle : inaugurale

  • cours - matière potentielle : grâce aux praelectiones de muret

  • leçon - matière potentielle : consacrée

  • cours - matière potentielle : particulier

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  • leçon - matière potentielle : inaugurales


Lucie CLAIRE LA PRAELECTIO, UNE FORME DE TRANSMISSION DU SAVOIR À LA RENAISSANCE : L'EXEMPLE DE LA LEÇON D'INTRODUCTION AUX ANNALES DE TACITE DE MARC-ANTOINE MURET (1580) L'identité de la Renaissance s'est construite sur la redécouverte et la transmission des œuvres de l'Antiquité 1 . Des premiers humanistes italiens du Trecento qui, à l'instar de Pétrarque 2 , sillonnent l'Europe à la recherche de manuscrits et de textes encore inconnus d'auteurs anciens à Pierre de Ronsard qui fait publier en 1550 les quatre premiers livres de ses Odes d'inspiration horatienne, tous les hommes de lettres de cette période, entendue dans son extension temporelle la plus large, revendiquent cet héritage. Ce dernier peut apparaître sous des formes textuelles multiples : travaux philologiques, traductions, commentaires, réécritures ou encore imitations littéraires. Ce renouvellement de la culture s'accompagne d'un renouvellement de l'éducation : à la pratique médiévale qui, certes, connaît et lit déjà certains auteurs classiques, mais « en les subordonnant à ses propres buts, en les enfermant dans ses cadres » 3 , la Renaissance oppose sa volonté de former des hommes dotés d'une conscience critique forgée par la fréquentation des Anciens 4 , comme l'exposent les traités d'éducation qui se multiplient à cette époque 5 . Dès lors, il est naturel que les méthodes pédagogiques héritées de la scolastique médiévale connaissent elles aussi de profonds bouleversements.

  • rhétorique épidictique

  • humaniste

  • édition de référence des œuvres latines de l'humaniste

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  • renaissance en matière de pédagogie

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  • annales de tacite


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Langue Français

Extrait

Lucie CLAIRE
LA PRAELECTIO, UNE FORME DE TRANSMISSION DU SAVOIR
À LA RENAISSANCE : L’EXEMPLE DE LA LEÇON D’INTRODUCTION
AUX ANNALES DE TACITE DE MARC-ANTOINE MURET (1580)
L’identité de la Renaissance s’est construite sur la redécouverte et la transmission des
1œuvres de l’Antiquité . Des premiers humanistes italiens du Trecento qui, à l’instar de
2Pétrarque , sillonnent l’Europe à la recherche de manuscrits et de textes encore inconnus
d’auteurs anciens à Pierre de Ronsard qui fait publier en 1550 les quatre premiers livres de
ses Odes d’inspiration horatienne, tous les hommes de lettres de cette période, entendue
dans son extension temporelle la plus large, revendiquent cet héritage. Ce dernier peut
apparaître sous des formes textuelles multiples : travaux philologiques, traductions,
commentaires, réécritures ou encore imitations littéraires. Ce renouvellement de la culture
s’accompagne d’un renouvellement de l’éducation : à la pratique médiévale qui, certes,
connaît et lit déjà certains auteurs classiques, mais « en les subordonnant à ses propres buts,
3en les enfermant dans ses cadres » , la Renaissance oppose sa volonté de former des
4hommes dotés d’une conscience critique forgée par la fréquentation des Anciens , comme
5l’exposent les traités d’éducation qui se multiplient à cette époque . Dès lors, il est naturel
que les méthodes pédagogiques héritées de la scolastique médiévale connaissent elles aussi
de profonds bouleversements. Tel est notamment le cas de la praelectio : la Renaissance fait
évoluer ce genre scolaire que le Moyen Âge a figé. Rappelons qu’est désigné
traditionnellement par le terme de praelectio l’exercice universitaire qui consiste pour un
professeur en un discours propédeutique à l’explication d’un auteur. Il s’agit donc bien a
priori d’une forme de transmission du savoir. La question qui se pose est de savoir
comment la Renaissance s’est réapproprié ce genre médiéval, conventionnel par nature, et
si elle a su l’adapter à ses nouveaux idéaux en matière de pédagogie. J’ai choisi de construire
cette étude à partir des travaux de l’humaniste français Marc-Antoine Muret, en particulier
à partir de sa praelectio consacrée aux Annales de l’historien latin Tacite, prononcée en
novembre 1580 à l’université de Rome, la Sapienza. L’analyse s’articulera en trois temps :
tout d’abord, je tenterai de définir les bases théoriques du genre de la praelectio à la
Renaissance. Les caractéristiques ainsi dégagées seront appliquées, dans un deuxième
temps, à la praelectio de Muret sur les Annales de Tacite. À partir de cet exemple, il sera
possible, enfin, de voir à quels outils Muret recourt pour faire de cette praelectio une forme
de transmission du savoir.
1 L’ampleur du sujet rend vaine toute prétention à une bibliographie exhaustive dans les limites imposées par
un travail tel que celui-ci. Je me contenterai de renvoyer aux quelques références suivantes, capitales : Catalogus
translationum et commentariorum. Medieval and Renaissance Latin translations and commentaries. Annotated lists and guides,
éd. F. E. Cranz et P. O. Kristeller, Washington, The Catholic University of America Press, 1960-... (8 volumes
parus à ce jour, dernière parution : 2003) ; Classical influences on European culture a.d. 500-1500, éd. R. R . Bolgar,
Cambridge, University Press, 1971 ; Classical influences on European culture a.d. 1500-1700, éd. R. R . Bolgar,
Cambridge, University Press, 1976 ; L. D. Reynolds et N. G. Wilson, D’Homère à Érasme. La transmission des
classiques grecs et latins, traduction française C. Bertrand, mise à jour par P. Petitmangin, Paris, CNRS éditions,
1988.
2 Voir à ce sujet l’ouvrage bien connu de Pierre de Nolhac, Pétrarque et l’Humanisme, Paris, Champion, 1907,
réédition Genève, Slatkine reprints 2004.
3 Eugenio Garin, L’Éducation de l’homme moderne. La pédagogie de la Renaissance 1400-1600, Paris, Fayard
[L’Histoire sans frontières], traduit de l’italien par Jacqueline Humbert, p. 78.
4 Ibidem, pp. 94-95.
5 Notamment ceux d’Érasme (1529), de Juan Luis Vivès (1531), de Guillaume Budé (1532), de Jacques
Sadolet (1533)…Camenulae n° 3 – juin 2009
LES BASES DE LA PRAELECTIO HUMANISTE
Une pratique universitaire multiple
Comme l’indique son étymologie, la prae-lectio est un exercice préalable à la lectio, la
lecture, en d’autres termes le cours, qui consiste majoritairement à la Renaissance à lire et à
commenter de façon linéaire des auteurs de l’Antiquité, comme au Moyen Âge. Dans cette
pratique universitaire, la Renaissance ne se démarque donc pas de ses prédécesseurs de
6façon aussi radicale que le souhaitent les humanistes . Des équivalents modernes de ce
terme pourraient être « leçon inaugurale » ou « leçon d’introduction ».
À première vue, il est possible de distinguer trois types de praelectiones : d’une part, les
7discours sur les arts libéraux qui inaugurent l’année scolaire lors des cérémonies de
rentrée ; d’autre part, les discours qui ouvrent un cours particulier sur un auteur en début
de semestre ; enfin, les discours d’habilitation, c’est-à-dire les discours prononcés par un
8professeur qui monte pour la première fois en chaire dans un collège universitaire .
Indiquons au passage que cette dernière pratique trouve encore des prolongements de nos
jours. Dans les trois cas, il faut d’emblée souligner le caractère mondain de ces discours : le
public n’est pas exclusivement composé d’étudiants lors de ces séances officielles, qui
9offrent l’occasion aux professeurs de faire parade de leurs talents d’orateur . La rivalité
fréquente entre les maîtres d’un même établissement implique en outre un effort particulier
10dans la composition de ces discours . Une première contradiction se dessine donc entre la
finalité théorique de la praelectio, introduire l’ œuvre d’un auteur, et son objectif réel mais non
avoué, briller par les talents rhétoriques déployés. Dès lors, quelle place réelle reste-t-il pour
la transmission du savoir dans un genre qui lui est a priori consacré ?
11Un certain nombre de ces praelectiones humanistes nous sont conservées et si on étudie
plus précisément leur dénomination, il est possible de voir qu’elles hésitent entre deux
12termes : l’appellation praefatio vient parfois se substituer à celle de praelectio . En fait, une
analyse plus fine montre que le nom de praefatio est réservé dans la majeure partie des cas au
discours que fait un maître qui prend la parole pour la première fois dans un établissement.
Cette praefatio est généralement composée de deux parties : la laus des arts libéraux, où le
professeur expose les divisions de la philosophie et fournit un tableau des branches du
savoir, et la cohortatio aux élèves, pour les encourager dans leur travail. Le terme de praelectio
semble quant à lui plus spécifiquement réservé à la leçon par laquelle un professeur aborde
la lecture d’un auteur. Elle comprend la même division en laus et en cohortatio, mais la laus
concerne l’auteur qui fait l’objet de l’explication et la discipline à laquelle il se rattache.
Cette division entre laus et cohortatio place d’emblée la praelectio dans le champ de la
rhétorique épidictique. J’aurai l’occasion de revenir sur ce point. Parfois, il peut arriver que
ces deux types de discours fusionnent en un discours unique. Ainsi, pour célébrer sa prise
6 Arlette Jouanna, article « Université », La France de la Renaissance. Histoire et dictionnaire, éd. A. Jouanna, Ph.
Hamon, D. Biloghi, G. Le Thiec, Paris, Robert Laffont [Bouquins], 2001, pp. 1111-1113.
7 Les arts libéraux sont les sept du Triuium (grammaire, logique, rhétorique) et du Quadriuium (musique,
arithmétique, géométrie et astrologie). Y sont souvent ajoutés la philosophie, la théologie, la médecine, le
droit civil et canon et la poétique. Voir Remigio Sabbadini, Il Metodo degli Umanisti, Florence, Le Monnier,
1922, p. 36.
8 Karl Müllner, Reden und Briefe italienischer Humanisten, Vienne, Alfred Hölder, 1899, pp. III-VIII. Ouvrage de
référence sur les praelectiones humanistes.
9 Perrine Galand-Hallyn dans son introduction à Ange Politien, Les Silves, Paris, Les Belles Lettres [Les
Classiques de l’Humanisme], 1987, p. 28.
10 Ibidem, p. 28.
11 Notamment dans Karl Müllner, Reden und Briefe italienischer Humanisten.
12 Selon la distinction faite par Ida Maïer, Ange Politien. La formation d’un poète humaniste (1469-1480), Genève,
Droz [Travaux d’Humanisme et Renaissance LXXXI], 1966, p. 48.
2Camenulae n° 3 – j

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