Sciences Po - Meilleures copies 2018
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LES MEILLEURES COPIES ADMISSIONS AU COLLÈGE UNIVERSITAAppIréRciatEions du correcteur SESSION 2018 NOTE : NOTE (après harmonisation) Épreuve écrite du : Sujet : Chère lectrice, cher lecteur, Comme chaque année, plus de 5 000 lycéens passent les épreuves écrites de la procédure par examen pour intégrer le Collège universitaire, notre premier cycle. En 2018, 801 candidats ont été admis. Trois épreuves écrites font partie de la phase d’admissibilité : l’épreuve d’histoire, l’une des six disciplines fondamentales enseignées à Sciences Po, l’épreuve à option (littérature et philosophie, mathématiques ou sciences économiques et sociales) et l’épreuve de langue étrangère. Toutes les épreuves font appel aux connaissances acquises et maîtrisées dans les lycées d’enseignement général. Corrigées par des professeurs de lycées et de classes préparatoires aux grandes écoles, les copies sont évaluées à partir de plusieurs critères : maîtrise de l’expression écrite, rigueur de l’analyse, qualités de réflexion et d’argumentation, capacités d’organisation de la pensée. Vous trouverez dans les pages suivantes quelques-unes de nos meilleures copies. Elles ont été sélectionnées par les inspecteurs généraux de l’Éducation nationale, en charge de la conception des sujets et de la coordination de la correction. Les annales de l’ensemble des épreuves sont consultables sur le site des admissions de Sciences Po.

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Publié le 05 octobre 2018
Nombre de lectures 1 178
Langue Français

Extrait

LES MEILLEURES COPIESADMISSIONS AU COLLÈGE UNIVERSITAAppIRciatEions du correcteur SESSION 2018
NOTE :
NOTE (après harmonisation)
Épreuve écrite du :
Sujet :
Chère lectrice, cher lecteur,
Comme chaque année, plus de 5 000 lycéens passent les épreuves écrites de la procédure par examen pour intégrer le Collège universitaire, notre premier cycle. En 2018, 801 candidats ont été admis. Trois épreuves écrites font partie de la phase d’admissibilité : l’épreuve d’histoire, l’une des six disciplines fondamentales enseignées à Sciences Po, l’épreuve à option (littérature et philosophie, mathématiques ou sciences économiques et sociales) et l’épreuve de langue étrangère.
Toutes les épreuves font appel aux connaissances acquises et maîtrisées dans les lycées d’enseignement général. Corrigées par des professeurs de lycées et de classes préparatoires aux grandes écoles, les copies sont évaluées à partir de plusieurs critères : maîtrise de l’expression écrite, rigueur de l’analyse, qualités de réflexion et d’argumentation, capacités d’organisation de la pensée.
Vous trouverez dans les pages suivantes quelques-unes de nos meilleures copies. Elles ont été sélectionnées par les inspecteurs généraux de l’Éducation nationale, en charge de la conception des sujets et de la coordination de la correction. Les annales de l’ensemble des épreuves sont consultables sur le site des admissions de Sciences Po. Au-delà d’une restitution de connaissances bien rédigées, les candidats doivent démontrer une capacité à réfléchir, analyser, argumenter et problématiser. Les copies capables de poser une problématique, de la mettre en œuvre au moyen d’une véritable démonstration servie par des références culturelles, littéraires, historiques, défendant une vraie thèse tout en faisant preuve de nuances, sont valorisées.
Aucun«plan Sciences Po » ou«esprit Sciences Po » n’est attendu. Il n’existe pas de modèle prédéfini de composition parfaite. De même, Sciences Po intègre des élèves issus de toutes les séries du Baccalauréat de l’enseignement général, sans distinction.
Aussi, le meilleur conseil de préparation que l’on puisse donner aux candidats est de s’intéresser attentivement aux enseignements sur lesquels portent les épreuves dès la seconde. S’informer, réfléchir sur l’actualité pour développer une analyse critique et personnelle, faire preuve de curiosité personnelle sont aussi des éléments importants dans la préparation.
Très bonne lecture.
Bénédicte Durand Directrice des études et de la scolarité
Seule l’orthographe a été corrigée. Les copies peuvent comporter certaines erreurs factuelles ou d’analyse, qui ont été signalées aux candidats lors de la correction.
Épreuve de littérature et philosophie
Commentaîre de texte
Sujet :Louis Aragon,Le roman inachevé,1956.
Mobilisé en 1918 comme médecin auxiliaire, Louis Aragon (1897-1982) consacrera une section du recueilLe Roman inachevé(1956) à « La Guerre et ce qui s’ensuivit ». Voici le premier poème de cette section.
Les ombres se mêlaîent et battaîent la semelle 1 Un convoî se ormaît en gare à Verberîe Les plates-ormes se chargeaîent d’artîllerîe On hîssaît les chevaux les sacs et les gamelles
Il y avaît un lîeutenant roux et rîsé Quî crîaît sans arrêt dans la nuît des ordures On s’énerve toujours quand la manœuvre dure Et qu’au-dessus de vous éclatent les usées
On part Dîeu saît pour où Ça tîent du mauvaîs rêve On glîssera le long de la lîgne de eu Quelque part ça commence à n’être plus du jeu Les bonshommes là-bas attendent la relève
Le traîn va s’en aller noîr en dîrectîon Du sud en traversant les campagnes désertes Avec ses wagons de dormeurs la bouche ouverte Et les songes épaîs des respîratîons
Il tournera pour évîter la capîtale Au matîn pâle On le mettra sur une voîe De garage Un convoî quî donne de la voîx Passe avec ses toîts peînts et ses croîx d’hôpîtal
Et nous vers l’est à nouveau quî roulons Voyez La cargaîson de chaîr que notre marche entraïne Vers le ade parum qu’exhalent les gangrènes Au long pourrîssement des entonnoîrs noyés
Tu n’en revîendras pas toî quî couraîs les filles Jeune homme dont j’aî vu battre le cœur à nu Quand j’aî déchîré ta chemîse et toî non plus 2 Tu n’en revîendras pas vîeux joueur de manîlle
Louis Aragon,Le roman inachevé,1956.
1- Commune située dans le département de l’Oise 2- Jeu de cartes 3- Chansonnette composée par un soldat en 1915
Qu’un obus a coupé par le travers en deux Pour une oîs qu’îl avaît un jeu du tonnerre Et toî le tatoué l’ancîen Légîonnaîre Tu survîvras longtemps sans vîsage sans yeux
Roule au loîn roule traîn des dernîères lueurs Les soldats assoupîs que ta danse secoue Laîssent pencher leur ront et fléchîssent le cou Cela sent le tabac la laîne et la sueur
Comment vous regarder sans voîr vos destînées Fîancés de la terre et promîs des douleurs La veîlleuse vous aît de la couleur des pleurs Vous bougez vaguement vos jambes condamnées
Vous étîrez vos bras vous retrouvez le jour Arrêt brusque et quelqu’un crîe Au jus là-dedans Vous bâîllez Vous avez une bouche et des dents 3 Et le caporal chanteAu pont de Minaucourt
Déjà la pîerre pense où votre nom s’înscrît Déjà vous n’êtes plus qu’un mot d’or sur nos places Déjà le souvenîr de vos amours s’eface Déjà vous n’êtes plus que pour avoîr pérî
I
II
Louîs Aragon, poète avant-gardîste rançaîs, lîvre dans la sectîon « La Guerre et ce quî s’ensuîvît » de son recueîl de poésîesLe Roman inachevé un témoîgnage poîgnant et cru sur les horreurs de la Premîère Guerre mondîale, celle quî ut appelée « La Grande Guerre », tant elle représenta un traumatîsme înefaçable dans la mémoîre des Françaîs. Le témoîgnage de ce traumatîsme nous est îcî transmîs par le premîer poème de cette sectîon. À déaut de décrîre les horreurs du combat, caractérîstîques de cette guerre de tranchées, le poète propose le tableau du traîn en partance pour le ront, transportant à son bord les soldats quî prendront la relève d’une armée épuîsée. À travers cette œuvre, Aragon propose au lecteur un témoîgnage orîgînal de cette pérîode sombre de l’hîstoîre. L’artîste est îcî celuî quî rend compte de l’atrocîté du monde extérîeur, et quî, au lîeu de l’esthétîser, tente de rendre le plus vîvant possîble la nature de ces temps troublés. Le poète est le passeur, celuî quî transmet aux génératîons suîvantes ce morceau d’hîstoîre commun. Le poème proposé à notre étude met donc en lumîère cet aspect méconnu du voyage vers le ront, et donne de nombreuses réflexîons sur la posîtîon du soldat, la mort et le sens de cette guerre d’usure.
En quoî ce poème est-îl le témoîgnage orîgînal du départ des troupes vers le ront, rendant compte de l’atrocîté de cette guerre quî détruît physîquement et psychîquement les soldats quî y prennent part ?
Nous verrons l’întérêt de l’utîlîsatîon du genre poétîque et l’împortance de la place de l’auteur dans ce témoîgnage de la guerre, puîs la manîère dont le traîn constîtue le lîeu de transîtîon entre la socîété cîvîle et le ront. Enfin, nous essaîerons de comprendre pourquoî ce texte est symptomatîque du traumatîsme causé par ces combats.
Le poème que nous étudîons trouve sa sîngularîté
dans le sujet traîté, maîs aussî dans sa constructîon
et dans le rôle qu’y jouent l’auteur et le lecteur.
Publîé dans un recueîl datant de 1956, le poème surprend au premîer abord par sa orme, quî relève des canons de l’esthétîque classîque. En efet, la structure du poème est rîgîde, ce quî surprend lorsqu’on connaït la manîère dont Aragon aîme à jouer avec les ormes (voîr lesAventures du Télémaque par exemple). Le poème est constîtué de douze strophes de quatre vers, eux-mêmes des alexandrîns (donc douze pîeds), même sî certaîns
sont plus à définîr comme des dodécasyllabes (v.18 par exemple), rendant le poème moîns strîct et rîgîde. Les vers sont rîmés, et la plupart des rîmes sont rîches ou suisantes. La dîsposîtîon des rîmes est dîte « embrassée » (ormatîon ABBA). Le classîcîsme apparent laîsse cependant place à certaîns écarts, comme la multîplîcatîon des enjambements (v.19-20) ou des rejets (v.18-19), quî ont perdre au poème sa rîgîdîté lorsqu’îl est lu. La rîgîdîté du poème peut s’explîquer par l’îdée, développée par Joachîm du Bellay, selon laquelle plus la orme est contraîgnante, plus elle est propîce à l’orîgînalîté et à l’înventîvîté du poète, dont la pensée est guîdée par un cadre. Aussî, on peut estîmer que, pour traîter un sujet sî grave, Aragon a souhaîté opter pour cette orme restrîctîve, quî témoîgne de la dureté du combat, et dont la décadence est îcî témoîgnée par les enjambements et les rejets.
Sî poème îl y a, alors le poète endosse le rôle de celuî quî partage sa vîsîon du monde grâce aux mots les plus justes. Icî, le narrateur est un médecîn, réquîsîtîonné pour le ront. C’est en aît Aragon luî-même, quî a aît l’expérîence de cette guerre totale. En tant que poète, îl analyse la sîtuatîon et aît part de ses sentîments et împressîons. On a l’împressîon d’une caméra quî filme dîférents détaîls précîs et dîférents personnages. En aît, plusîeurs personnages, tels que des archétypes de soldats, sont présentés : « lîeutenant roux » (v.5), celuî quî « couraît les filles » (v.25) ou encore le « joueur de manîlle » (v.28). Le poète aît aussî part de son expérîence sensorîelle de ce trajet, notamment à travers les odeurs (« le tabac, la laîne et la sueur », v.36). Il observe les soldats dans la nuît, quî dorment et sont dans le plus vulnérable des moments. C’est cela quî captîve l’attentîon de l’auteur et, par cela, du lecteur. De plus, le texte pose de nombreuses questîons sémantîques. En efet, l’emploî de certaîns mots soulève l’înterrogatîon du lecteur, comme celuî du mot « noîr » (v.13) ou l’expressîon énîgmatîque « couleur des pleurs » (v.39). Aînsî, l’auteur reste en relatîon avec son lecteur.
La place du lecteur est prîmordîale dans ce poème. En efet, le poème constîtuant un témoîgnage cru de ce quî s’est réellement passé, le lecteur accueîlle le poème comme le récît précîeux d’un témoîn à l’œîl aîguîsé. Quelques réérences sont aîtes à la censure quî étaît en vîgueur lors de la guerre, et quî donnaît une vîsîon édulcorée de la réalîté du ront. On peut par exemple cîter la phrase « îl tournera pour évîter la capîtale » (v.17), quî rappelle cette îdée. En efet, l’auteur montre îcî la
rupture entre deux mondes : celuî du ront et celuî de la socîété cîvîle. En efet, est montrée îcî la volonté de cacher, de censurer une réalîté. Le but de ce poème est de mener l’actîon contraîre, c’est-à-dîre de montrer, dans toute sa cruauté, la réalîté du ront. De plus, le lecteur est régulîèrement prîs à partîe par l’auteur, comme au vers 37, dans cette questîon rhétorîque « comment vous regarder sans voîr vos destînées » (l.37), dénuée de ponctuatîon, comme le reste du texte. Elle est adressée aux soldats, maîs convoque surtout l’attîtude du lecteur : comment ne pas prendre conscîence de l’horreur en tant que cîvîl ? Comment peut-on îgnorer que ces hommes sont délîbérément envoyés à l’abattoîr ? C’est le but de ces quelques passages, quî tendent à montrer au lecteur l’împortance de consîdérer entîèrement l’horreur de cette guerre.
Donc le poème, à travers l’actîon sîmultanée de l’auteur et du lecteur, est une orme propîce à la dénoncîatîon des horreurs de la guerre.
L’élément prîncîpal du texte est, outre le narrateur – vérîtable acteur du poème –, le traîn quî emmène les hommes au combat. C’est le traîn quî mène à la mort. Il est le cadre de l’observatîon des soldats par le narrateur et l’espace de transîtîon entre ces deux mondes quî se côtoîent sans se connaïtre.
C’est tout d’abord le traîn quî emmène les hommes à l’abattoîr, au ront, où leur mort est presque certaîne. Il est l’încarnatîon du départ et du déchîrement de quîtter ses proches (v.33 : « roule au loîn », témoîn de l’éloîgnement, du déchîrement). C’est aussî le traîn de la atalîté, quî emmène les soldats vers un endroît dont îls ne revîendront sans doute jamaîs. On peut cîter « traîn des dernîères lueurs », au vers 33, ou encore « le traîn va s’en aller noîr » (v.13), quî connote à la oîs la couleur de la umée quî s’en échappe et la couleur quî définît sans doute le mîeux le lîeu vers lequel les soldats se dîrîgent. De plus, les mouvements du traîn lorsqu’îl est en marche sont qualîfiés de « danse » quî berce les soldats. C’est îcî une vîsîon morbîde, une sorte de danse macabre, de rîtuel mortuaîre, quî aît sa place dans l’actîon du poème.
Le traîn, c’est aussî le lîeu des rencontres.Le poète profite du sommeîl des soldats pour en lîvrer une analyse. Aînsî, îl aît les prédîctîons du sort des voyageurs. Quatre personnages sont évoqués : le « lîeutenant roux et rîsé » (v.5), quî a été vîctîme de « l’obscurîté », c’est-à-dîre du traumatîsme provoqué par la vîolence des combats. Il hallucîne totalement et voît des « umées » (v.8) au lîeu de voîr des obus.
Celuî quî « couraît les filles » (v.25) va mourîr : l’auteur airme avoîr vu son « cœur ». Bîen que ce ut en déchîrant sa chemîse, cette vîsîon sanglante aît écho aux nouvelles technîques d’armement quî peroraîent les tîssus et aîsaît exploser les organes.
Il y a aussî le « joueur de manîlle » (v.28), quî va mourîr également. L’auteur joue sur la polysémîe du mot « tonnerre » (v.30), quî qualîfie le bon jeu du personnage aînsî que les bruîts des obus.
Enfin, îl y a le « tatoué l’ancîen légîonnaîre ». Il ne va pas mourîr, maîs on s’înterroge îcî pour savoîr sî son sort n’est pas encore moîns envîable : îl va être défiguré « sans vîsage, sans yeux » (v.32) : îl est îcî aît réérence aux gueules cassées, représentées par exemple dans les œuvres d’Otto Dîx, un autre artîste ayant subî le traumatîsme du combat. Cela aît réérence au tître de l’ouvrage « et ce quî s’ensuîvît » : les « gueules cassées » subîssent le méprîs et la dîscrîmînatîon de l’arrîère.
Dans ces témoîgnages sur les dîférents soldats de la guerre, on observe que le narrateur aît usage de la prolepse : îl antîcîpe sur ce quî va se passer, comme sî le sîmple aît de monter dans le traîn constîtuaît la fin. Cela donne lîeu à une conusîon voulue dans l’usage des temps (strophe 1 : împaraît ; strophe 5 : utur et présent).
Le traîn est aussî le lîeu quî permet de aîre la transîtîon entre deux mondes totalement antagonîstes et quî ne se connaîssent pas. Le traîn est l’endroît où l’on passe du statut de cîvîl à celuî de soldat. Le contraste est partîculîèrement vîsîble au vers 20, où îl est questîon de « toîts peînts » et de « croîx d’hôpîtal », montrant bîen les dîférences presque manîchéennes entre les deux partîes, les deux unîvers quî séparent la France à cetteépoque-là. De tout temps, le traîn a constîtué l’endroît où l’on perd son îdentîté. Avec notre lecture rétrospectîve du poème, on peut voîr dans ces traîns de la mort les traîns quî déportèrent des mîllîons de juîs, tsîganes, homosexuels ou opposants polîtîques vers les camps de concentratîon du Reîch lors de la guerre de 1939-1945. Donc, la symbolîque d’un traîn aîsant le lîen entre deux mondes est très vîsîble îcî.
Aînsî, le traîn est le lîeu de la prîse de conscîence de la mort très probable quî attend les soldats. C’est le lîeu de la réflexîon sur leurs destînées et le traît d’unîon entre deux mondes antagonîstes.
Enîn, ce poème montre le processus de déshumanîsatîon dont urent vîctîmes les soldats, aînsî que les manîères dont îls appréhendent leurs
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destîns et dont îls consîdèrent leur mort plus que probable.
Lors de la Premîère Guerre mondîale, les soldats urent vîctîmes de la déshumanîsatîon du aît de leur posîtîon vulnérable. Dès le début du texte, les soldats sont qualîfiés d’« ombres » (v.1). Ils ne seront même plus des humaîns à part entîère, maîs sîmplement des reflets de ceux-cî. De plus, on remarque l’usage réquent du pronom împersonnel « on » (v.4), quî contrîbue à donner l’împressîon qu’îls ne sont plus des îndîvîdus, maîs une sîmple masse, exploîtable comme de la « chaîr à canon » (expressîon née à l’époque). Cette îdée est reprîse dans le vers 22, « cargaîson de chaîr », et connote paraîtement le processus de déshumanîsatîon dont urent vîctîmes les soldats. De plus, de nombreuses oîs, des partîes du corps des soldats sont évoquées : « vîsages » (v.32), « ront » (v.35), « jambes » (v.40). Cela connote l’îdée qu’îls ne sont pas des corps entîers, maîs sîmplement un ajustement de membres, destînés à exploser lors de l’assaut. D’autres éléments extérîeurs, comme « le tabac, la laîne » (v.36), connotent cette îdée de masse organîque utîlîsable par les états-majors, un drôle d’équîpage pour un traîn.
Enfin, les soldats sont constamment renvoyés à leur destînée : en allant s’enterrer dans les tranchées, îls sîgnent déjà leur arrêt de mort. Le aît de prendre le traîn est luî-même le symbole d’une mort assurée. Au vers 38 sont employés des termes « fiancés » et « promîs », quî montrent que les soldats auront du mal, à l’îssue du combat, à trouver autre chose que la mort. Le mot « condamné » (v.40) montre à quel poînt toutes les partîes du corps des soldats eront l’objet d’aucune mercî dans cette lutte acharnée contre l’ennemî, désîgné unîquement par le mot « est », vers 21. Aussî, les soldats sont condamnés à mourîr et cela est vîsîble avant même leur mort, sur leur vîsage, à cause des jeux de lumîère que la « veîlleuse » (v.39) provoque. Aussî, la dernîère strophe, quî se dîstîngue par l’emploî d’une anaphore en « déjà », terme quî désîgne que tout est déjà trop tard, évoque les seuls souvenîrs quî resteront des soldats morts dans ces combats. Seules les « pîerres » (v.45), quî connotent à la oîs le monument aux morts et la tombe, seront les témoîgnages des actîons héroques et tragîques de ces hommes. Ils ne seront plus des hommes, îls n’auront plus de noms, îls ne seront que des « mot(s) d’or », seul réconort dont la mémoîre collectîve leur aît grâce. Enfin, le poème se termîne par une phrase atale, un coup de usîl, à la manîère d’une poînte
dans un sonnet de la Renaîssance, en airmant que la seule mémoîre que l’on aura de ces hommes, c’est qu’îls auront « pérî » (v.48).
Donc, la déshumanîsatîon et la réductîon des soldats à leur atalîté orment le vérîtable message de ce poème.
L’œuvre îcî lîvrée par Aragon s’înscrît dans la lîgnée de nombreux ouvrages, des témoîgnages qu’on aît les artîstes de la guerre : on pense notamment auFeu, d’Henrî Barbusse, quî ut publîé sous orme de euîlleton dans le journalL’Œuvre. Ces artîstes se sont engagés pour dénoncer l’horreur de cette guerre chronîque, cette guerre de barbarîe quî mettaît fin au mythe d’une Europe des savants, une Europe éclaîrée, une Europe des Lumîères, quî a aît la preuve de la barbarîe.n
Épreuve d’histoire : sujet 1
Premîer exercîce : Composîtîon
Sujet :La Résistance a-t-elle préparé et réalisé une totale transformation de la République française (1940-1946) ?
En 1940, lorsque le maréchal Pétaîn sîgne l’armîstîce avec Hîtler, îl ne sîgne pas unîquement la capîtulatîon du peuple rançaîs, de la démocratîe et de la lîberté, maîs îl sîgne aussî la capîtulatîon dramatîque d’un régîme : la Républîque. Face à cette déaîte sanglante des républîcaîns ace aux crîmînels nazîs et vîchystes, un groupe mînorîtaîre de cîtoyens et de résîdents rançaîs décîde d’agîr pour sauver cette France qu’îls chérîssent. C’est donc en regardant les actîons et les réflexîons menées par cette orce républîcaîne qu’est la Résîstance que nous nous demanderons sî elle a préparé et réalîsé une totale transormatîon de la Républîque rançaîse. Il semble évîdent qu’un phénomène aussî împortant que la Résîstance, dans le processus de rétablîssement de l’ordre et de la Républîque après la guerre, aît engagé une transormatîon de la Républîque, quî renaït des e cendres de la III Républîque. De ce aît, nous verrons premîèrement qu’une transormatîon est préparée entre 1940 et 1944, puîs que cette transormatîon est réalîsée entre 1944 et 1946. Touteoîs, nous nuancerons notre propos en regardant les aspects des républîques hérîtîères de la Résîstance, quî les înscrîvent dans la contînuîté des précédentes, et donc nous laîssant penser que cette transormatîon n’est pas totale.
Dans un premîer temps, îl est împortant d’observer de quelle manîère la transormatîon de la Républîque a été orchestrée entre 1940 et 1944 à travers l’esprît républîcaîn et des înstances et îndîvîdus quî posent les bases d’une reconstructîon.
En juîn 1940, le Parlement, réunî en Congrès à la demande du présîdent de la Républîque, décîde d’applîquer un artîcle, réservé aux heures les plus sombres de la Républîque, quî consîste à céder les pleîns pouvoîrs au che de l’État. C’est aînsî qu’à l’unanîmîté des élus présents, le général rançaîs Phîlîppe Pétaîn est placé à la tête de l’État rançaîs e à la suîte de la déaîte de la France ace au III Reîch
nazî. Les pleîns pouvoîrs maîntenant exercés par celuî quî ut un héros de la Premîère Guerre mondîale, îl abolît la Républîque et met en place un régîme autocratîque, autorîtaîre et antîsémîte. Dès le jour du vote de cette cessîon du pouvoîr du peuple, des voîx s’élèvent pour protester parmî, notamment, les élus de la Républîque déchue. En efet, une soîxantaîne de députés votent contre les pleîns pouvoîrs, et îls seront vîctîmes de leur protestatîon lorsque le régîme vîolent de Vîchy sera pleînement mîs en place. Cette opposîtîon à la mîse en place d’un régîme antîrépublîcaîn et émînemment autorîtaîre concerne l’ensemble du spectre polîtîque, maîs de manîère graduelle. En efet, certaînes personnalîtés îssues des partîs dîts « classîques » s’opposent dès la prîse de pouvoîr de Pétaîn et la sîgnature de l’armîstîce en juîn 1940, et, pour une part, décîdent de ormer des groupes et groupuscules dîvers de Résîstance. D’autres actîons polîtîques, comme les communîstes, ne s’engagent pas îmmédîatement massîvement dans la Résîstance. En efet, compte tenu du pacte de non-agressîon quî est sîgné entre l’Unîon des républîques sovîétîques socîalîstes (URSS) et l’Allemagne nazîe, le Partî communîste, dont l’organîsatîon est basée sur un système de coopératîon mîlîtante strîcte dans le cadre de l’Internatîonale communîste, ordonne à ses antennes rançaîses de ne pas prendre de posîtîon trop vîolente contre le régîme nazî et le régîme collaboratîonnîste. Il est touteoîs împortant de noter que, même sî les consîgnes reçues par la dîrectîon natîonale du Partî communîste rançaîs (PCF) ordonnent un évîtement de tout afrontement dîrect, les dîrectîons régîonales et les mîlîtants du partî s’engagent, pour une partîe, assez rapîdement dans la Résîstance. En outre, cette Résîstance n’est pas lîmîtée aux partîs classîques et aux communîstes, car certaîns groupes d’extrême droîte – dont l’îdéologîe rejoînt celle de Pétaîn – décîdent de rejoîndre la Résîstance, ou car îls se consîdèrent comme républîcaîns, ou encore car îls ont preuve d’înîmîtîé à l’égard de Pétaîn. Ces éléments sont étroîtement lîés à la préparatîon de
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la transormatîon de la Républîque, parce que cette nécessîté de cohésîon républîcaîne apolîtîque règle une partîe des problèmes précédemment rencontrés par les républîcaîns. On peut îcî dîre que l’esprît républîcaîn résîste à la tyrannîe vîchyste et permet un enracînement des valeurs de la Républîque. En efet, e la III Républîque est l’un des régîmes républîcaîns les plus contestés en France. Par son îneicacîté et les contestatîons de groupes puîssants comme les monarchîstes, la Républîque est souvent mîse sur la sellette. La Résîstance réussît donc à transormer une partîe des conscîences, car, à travers la nécessîté vîtale d’une unîon de l’ensemble des orces républîcaînes, elle oblîge les mîlîtants de tous les bords polîtîques à travaîller pour la remîse en place de la Républîque. Sans un tel événement dramatîque, on peut dîicîlement îmagîner que les dîrîgeants des partîs républîcaîns auraîent pu s’entendre pour transormer la Républîque et la aîre exîster de nouveau. On peut donc dîre que la Résîstance prépare une transormatîon de la relatîon entre les orces polîtîques en présence, par l’învocatîon de l’esprît républîcaîn ace à la tyrannîe vîchyste.
Au-delà d’une certaîne unîon sacrée des orces polîtîques résîstantes, la transormatîon est préparée par le bîaîs d’înstances et d’îndîvîdus clandestîns quî posent les bases de ce que sera la Républîque après ces sombres heures. En efet, certaînes figures de la Résîstance comme Jean Moulîn ou encore Germaîne Tîllîon sont bîen plus que des membres actîs d’organîsatîons clandestînes, elles sont également de vérîtables penseurs du monde de demaîn. Au lendemaîn de la mîse en place du régîme vîchyste, les mouvements résîstants sont désorganîsés et leurs actîons ne sont pas coordonnées. C’est à des îndîvîdus comme Jean Moulîn que l’on doît la mîse en place d’înstances de coopératîon des mouvements résîstants, quî leur permettent de lutter eicacement contre les ennemîs vîchystes et nazîs, et aînsî de acîlîter la lîbératîon de la France. La créatîon du Conseîl natîonal de la Résîstance (CNR) dans les années 1940 est le résultat d’une longue négocîatîon entre les groupes résîstants, et elle permet d’augmenter de manîère consîdérable l’eicacîté des actîons de la Résîstance avec le soutîen de la France en exîl, représentée par le général Charles de Gaulle. C’est donc la rencontre entre des înstances comme le CNR et la France en exîl du général de Gaulle quî permet à la Résîstance de s’înscrîre dans un mouvement de transormatîon de la Républîque rançaîse, avec pour objectî sa remîse en place durable à la suîte du renversement à venîr du régîme nazî. Le CNR, dès 1942, établît un programme
précîs, quî, tenant compte des déauts majeurs qu’avaîent rencontrés les précédentes républîques, arbore dîverses proposîtîons dans des domaînes allant des droîts du cîtoyen à l’économîe. En proposant des mesures révolutîonnaîres comme la mîse en place de la Sécurîté socîale, le CNR donne le ton de la réponse à e apporter à la déaîte de la III Républîque. En efet, on peut dîre que le mal le plus împortant de la Républîque précédente est le manque de présence dans la vîe des admînîstrés. Face à la contestatîon sous-jacente des royalîstes, la Républîque n’avaît pas su répondre à cela de manîère adéquate. Avec des polîtîques trop lîbérales et laîssant peu de place à l’actîon de l’État, la Républîque ne semblaît pas être, aux yeux de la plupart des Françaîs, un régîme concerné par leurs préoccupatîons et leurs întérêts. C’est donc en prônant la mîse en place d’une Républîque suîvant le concept d’État-provîdence que la Résîstance a préparé la transormatîon de la Républîque entre 1940 et 1944.
Nous voyons donc que la Résîstance a tout d’abord joué un rôle de préparatîon, à la oîs en renorçant l’attachement des Françaîs à l’îdée de la Républîque, maîs également en mettant en place des înstances quî cherchaîent à réfléchîr à la structuratîon du monde de demaîn. La préparatîon de la transormatîon républîcaîne par la Résîstance est donc à la oîs dans les esprîts et dans les aîts avec la rédactîon de textes ondateurs quî joueront un rôle împortant à la Lîbératîon.
Nous avons donc vu que la transormatîon de la Républîque étaît un mouvement préparé avec attentîon dès le début de l’Occupatîon et du régîme, maîs îl aut également regarder de quelle manîère cette transormatîon a été réalîsée entre 1944 et 1946. Pour ce aîre, nous étudîerons la mîse en place du Gouvernement provîsoîre de la Républîque rançaîse (GPRF), puîs le jugement des collaborateurs, quî permet à la Républîque de se transormer vérîtablement.
La lîbératîon de la France se termînant à l’automne de l’année 1944, le réseau unîfié des résîstants, sous l’égîde du général de Gaulle, met en place le GPRF. Une oîs Parîs et les grandes vîlles rançaîses débarrassées des orces nazîes, la prîorîté des républîcaîns est de maîntenîr l’ordre et de rétablîr la Républîque. Aînsî, le Gouvernement provîsoîre, mîs en place par le général de Gaulle, cherche à rétablîr la présence de la
Républîque sur l’ensemble du terrîtoîre en s’assurant, par exemple, que les orces de l’ordre soîent aux ordres de leurs mînîstères respectîs. En efet, lors de l’Occupatîon et du régîme vîchyste, les orces de l’ordre ont souvent été utîlîsées par les régîmes autorîtaîres en puîssance, et îl étaît prîorîtaîre pour l’État de s’assurer que ses orces de coercîtîon permettant de maîntenîr l’ordre et de aîre respecter la Républîque étaîent bîen aux ordres de cette Républîque. Un autre aspect central des mîssîons urgentes du GPRF est la nécessîté de permettre à l’ensemble du peuple de subvenîr à ses besoîns. En efet, les combats occasîonnés par les afrontements entre allîés et occupants, couplés à des sabotages efectués par les résîstants, ont pour conséquence un accès dîicîle aux vîvres et empêchent l’État de permettre à tous ses admînîstrés d’avoîr accès à des bîens de premîère nécessîté. Les servîces étatîques encore onctîonnels sont alors mobîlîsés pour rétablîr les communîcatîons entre les espaces. Tout d’abord, les onctîonnaîres des Postes, transports et communîcatîons (PTC) sont mobîlîsés, afin que les lîeux les plus reculés de la Républîque puîssent être relîés aux înstances natîonales, pour aînsî rétablîr la cohésîon de la Républîque, quî se devaît d’être « une et îndîvîsîble ». Dans un second temps, les servîces lîés à la maîntenance des înrastructures terrestres de communîcatîon œuvrent pour rétablîr les lîgnes de traîn et les routes, afin que les vîvres puîssent cîrculer et que les orces de l’ordre puîssent s’assurer du maîntîen de la Républîque partout en France. Après la chute de l’État vîchyste, on observe une émergence rapîde de groupes de délînquants vîolents quî pîllent les domîcîles et les commerces en profitant du chaos occasîonné par la Lîbératîon. C’est donc l’une des premîères mîssîons orchestrées par les résîstants, par le bîaîs du GPRF, que de s’assurer du maîntîen de l’ordre en France. En plus de ces mîssîons à caractère urgent, le GPRF met en place rapîdement une polîtîque d’État-provîdence. En efet, avant même la tenue d’électîons légîslatîves et présîdentîelles, le Gouvernement provîsoîre, par le bîaîs de loîs par ordonnance, décîde de la mîse en place, par exemple, de la Sécurîté socîale. Ce sont ce genre de mesures quî sont les vecteurs de la permutatîon essentîelle générée par les résîstants, et quî permettent à la Républîque de renaïtre plus stable et puîssante. Nous avons aînsî vu que la transormatîon réalîsée dès la Lîbératîon par la Résîstance passaît essentîellement par le GPRF, et ses décîsîons novatrîces et nécessaîres.
Touteoîs, cette transormatîon de la Républîque se doît d’être construîte par la Résîstance sans oublîer les
plus sombres heures de la Républîque quî précédèrent la Lîbératîon. Aînsî, îl est împortant d’observer la réactîon à la oîs du peuple et des înstîtutîons polîtîco-judîcîaîres à la sîtuatîon des îndîvîdus collaboratîonnîstes. En efet, dès la lîbératîon des vîlles rançaîses, des îndîvîdus de tous bords polîtîques, et paroîs résîstants, décîdent d’efectuer des actes de vengeance à l’encontre des îndîvîdus ayant commîs, ou suspectés d’avoîr commîs, des actes relevant du collaboratîonnîsme. Il est împortant de précîser îcî la dîférence entre les notîons de « collaboratîon » et de « collaboratîonnîsme ». En efet, même sî ces deux termes qualîfient des actes ou îndîvîdus quî collaborent avec le régîme de Vîchy, ou à déaut avec les nazîs, le degré de coopératîon et l’aspect volontaîre ont que l’on qualîfie des actîons d’une certaîne manîère. Certaîns îndîvîdus auraîent été amenés à coopérer avec les régîmes dîctatorîaux sous la menace, étant plutôt qualîfiés de collaborateurs. Tandîs que d’autres îndîvîdus étaîent des soutîens vîrulents et sans mesure de Pétaîn, et de ce aît pouvaîent être qualîfiés de collaboratîonnîstes. On note dans les mouvements spontanés vîsant à punîr les collaboratîonnîstes les mîllîers de emmes dont la chevelure est tondue après avoîr été accusées d’avoîr eu une relatîon avec des oicîers allemands. De manîère plus extrême, des mîllîers de cîtoyens sont exécutés sommaîrement et sans jugement dans les jours et semaînes quî suîvent la Lîbératîon. Ces mouvements spontanés sont par la suîte remplacés par des trîbunaux spécîalîsés à l’înîtîatîve du Gouvernement provîsoîre. Ce phénomène de jugements de dîférentes natures est, dans une certaîne mesure, préparé et réalîsé grâce à la Résîstance, et porte une part du changement opéré à la Républîque, car îl permet d’élîmîner les îndîvîdus quî sont opposés à la Républîque, et, même sî cela peut passer par des exactîons condamnables, de telles actîons posent les bases d’une uture Républîque solîde.
De ce aît, la transormatîon engagée par la Résîstance est réalîsée par le bîaîs d’înstîtutîons comme le GPRF, maîs aussî par des processus comme celuî du jugement des collaboratîonnîstes.
Malgré l’ensemble des éléments précédemment étudîés quî nous laîssent penser que la transormatîon, préparée et réalîsée par la Résîstance et ses hérîtîers, est une transormatîon împortante de la Républîque, ce propos doît être modéré, car la transormatîon n’est pas totale. Nous verrons, dans un premîer e temps, les sîmîlîtudes entre la III Républîque et e la IV Républîque, nouvellement ondée, puîs les
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sévères dysonctîonnements quî montrent que la transormatîon ne ut pas totale.
À la suîte de la Lîbératîon et de la mîse en place du GPRF, ce Gouvernement provîsoîre organîse des électîons afin d’établîr une Assemblée constîtuante, dont le but sera de définîr les bases jurîdîques de la nouvelle Républîque quî sera mîse en place. Touteoîs, malgré les proposîtîons novatrîces du e GPRF, la IV Républîque s’înscrît dans la contînuîté des précédentes. Tout d’abord, on note qu’une très grande partîe de la classe polîtîque en présence lors de la pérîode précédant l’Occupatîon est toujours présente. Cela constîtue un rîsque pour dîverses raîsons. Dans un premîer temps, on retrouve une partîe de cette classe polîtîque, quî, après l’annonce de la mîse en place de mesures autorîtaîres par le régîme de Vîchy, décîda de quîtter le pays pour rejoîndre la Résîstance à l’étranger du général de Gaulle. Même sî ces îndîvîdus semblent attachés aux valeurs de la Républîque, ayant vécu ces cînq années de terreur à l’étranger, îls sont en réelle déconnexîon avec la réalîté. Les Françaîs de tout le terrîtoîre, en partîculîer des zones occupées par les nazîs, ont dû survîvre à une constante vîolence des orces mîlîtaîres adverses. Cette partîe des membres e constîtuant la classe polîtîque de la IV Républîque n’est donc pas en phase avec la douleur ressentîe par le peuple rançaîs pendant ces années, et aînsî ne peut engager une transormatîon dîte « totale ». Dans une mesure plus înquîétante, un certaîn nombre d’îndîvîdus élus à la tête des organes légîslatîs de la nouvelle Républîque sont d’ancîens collaborateurs. Par le manque de preuves, ou bîen par la puîssance de leur réseau polîtîque et judîcîaîre, certaînes personnes ont pu échapper aux maîlles du filet et se retrouver en sîtuatîon d’être élîgîbles, puîs élus en tant que représentants et membres ondateurs de cette nouvelle Républîque censée être à la source d’une transormatîon. En plus de l’absence de renouvellement polîtîque, on note l’absence d’alternance polîtîque. Lorsque Pétaîn prend le pouvoîr en 1940, la France sort de plusîeurs années de gouvernance des partîs conservateurs domînants depuîs la fin du Front populaîre. De ce aît, même en e l’absence du général de Gaulle, la IV Républîque est domînée par des orces de la droîte conservatrîce. En efet, le général de Gaulle, quî încarne une vîsîon très conservatrîce de la socîété, n’est pas un acteur e de la ondatîon de la IV Républîque, car, ace au désaccord majeur qu’îl entretîent à l’égard des dîrîgeants polîtîques chargés de la rédactîon de la
Constîtutîon, îl décîde de se retîrer jusqu’en 1958 de la vîe polîtîque rançaîse. On peut donc dîre que l’absence de renouvellement de la classe polîtîque et d’alternance, par la aîble place des progressîstes, est un acteur quî rend împossîble la totalîté de la transormatîon générée par la Résîstance.
Dans un dernîer temps, nous observerons le e aît que les sévères dysonctîonnements de la IV Républîque ont que la Républîque n’a pas pu être e totalement transormée. En efet, la IV Républîque e est vîctîme de deux hérîtages nocîs : celuî de la III Républîque et celuî du régîme vîchyste. En efet, de e manîère moîndre, maîs împortante, la IV Républîque ne permet pas une gouvernance împortante de la part du présîdent de la Républîque. En raîson de la peur des nouveaux élus de permettre à un nouveau dîrîgeant autorîtaîre de mettre en place une nouvelle dîctature, les hommes polîtîques à la tête du Gouvernement provîsoîre décîdent de donner un pouvoîr împortant au Parlement et de lîmîter celuî du présîdent. Cela a pour conséquence une împortante înstabîlîté înstîtutîonnelle, et partîculîèrement au nîveau de l’exécutî. En efet, le Parlement n’étant pas capable de se mettre d’accord sur une composîtîon de l’exécutî, les Premîers mînîstres et gouvernements se succèdent, créant aînsî une înstabîlîté polîtîque grave. Cela a pour conséquence une nouvelle perte de confiance des Françaîs envers la Républîque, car cette înstabîlîté se traduît notamment par une grande îneicacîté et bureaucratîsatîon de l’admînîstratîon, à laquelle les Françaîs sont conrontés quotîdîennement. En e plus de cet aspect émanant de la III Républîque, l’hérîtage du régîme de Vîchy peut nous questîonner sur l’aspect total de la transormatîon. Il est împortant de noter que la transormatîon quî est engagée par la Résîstance n’est pas lîmîtée à la transormatîon e des règles établîes sous la III Républîque, maîs concerne aussî la transormatîon des décîsîons dîscrîmînantes et autorîtaîres du régîme vîchyste. Prenons l’exemple d’une înstîtutîon créée sous le régîme vîchyste et dont le rôle aujourd’huî est toujours au centre du débat publîc. Cette înstîtutîon est la Polîce natîonale, et son rôle, majeur. En efet, avant la mîse en place du régîme de Vîchy, les orces de l’ordre étaîent prîncîpalement des entîtés munîcîpales sous la dîrectîon du maîre et de ses représentants. La coopératîon entre les orces de polîce étaît quasî înexîstante et leurs compétences terrîtorîalement lîmîtées. C’est sous le gouvernement de Pîerre Laval que la Polîce natîonale est créée, le gouvernement autorîtaîre cherchant aînsî à unîfier
les polîces de « l’État rançaîs » pour aîder leur entreprîse crîmînelle, dîscrîmînatoîre et génocîdaîre. Une înstîtutîon natîonale de la polîce leur donna aînsî une possîbîlîté de coordonner eicacement ceux quî încarnent l’ordre, et par exemple de permettre au régîme d’aîder de son propre gré le régîme nazî à extermîner les populatîons juîves et tzîganes. Le aît que la Polîce natîonale ut créée par un e e régîme autorîtaîre puîs conservée sous les IV et V Républîques montre bîen que la Résîstance n’a pas réalîsé une totale transormatîon de la Républîque, puîsqu’elle décîde de maîntenîr et d’adapter certaîns éléments dont la créatîon date du régîme de Vîchy.
Il semble donc que cette transormatîon que nous avons étudîée n’est pas totale, car le régîme républîcaîn nouvellement créé reprend des îndîvîdus et des éléments de la Républîque précédente, et que e des dysonctîonnements majeurs de la IV Républîque laîssent penser que la transormatîon ne ut pas totale.
L’étude mînutîeuse des actîons résîstantes et de leurs conséquences nous a permîs d’avoîr une îdée de la portée de la transormatîon engagée par la Résîstance. Nous avons vu que la Résîstance avaît préparé une transormatîon puîs qu’elle l’avaît réalîsée, maîs également que cette transormatîon ne pouvaît pas être qualîfiée de totale. Nous pouvons nous înterroger sur les conséquences de ces décîsîons e sur notre V Républîque, quî, plus que jamaîs avec les dernîères électîons, place la cohérence de cette Républîque et la volonté de la rénover au centre du débat publîc.n
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